mercredi 20 août 2014

Bien que personne ne me l’ait demandé, je le confesse : ma grand-mère ne faisait pas de vélo !



Je ne vais plus que très rarement chez celle dont on ne dit pas le nom (règle que je vais m'empresser de transgresser). Et quand je vais jeter y un coup d’œil, ça ne dure guère car la lecture de ses interminables pensums écrits en pur charabia suivis de quelques dizaines de liens probablement aussi passionnants que ce qui les précède me rebute. Mais il arrive que je me donne la peine d’y parcourir un billet quand celui-ci est court. C’est en général sans intérêt mais il arrive que ce soit amusant. Ce fut le cas hier.

Notre spartakiste de combat y traitait de l’ « Affaire Morano » qui déchaîne les passions d’un pays qui n’avait pas besoin de ça pour qu’on s’y entre-déchire. La belle Nadine s’étant offusquée de voir une femme voilée sur une plage, la bonne Rosa lui répondit que, bien que catholique, sa grand-mère ne se mettait pas en maillot sur la plage mais y gardait robe et fichu.  Si c’est pas un argument définitif, ça !  En effet, comparer les pratiques d’hier voire d’avant-hier de nos concitoyens à celles  de nos musulmans d’aujourd’hui est d’une rigueur  sans faille. Ayant l’avantage d’être bien plus âgé que Mme Elle, je peux confirmer ses dires : ma propre mère (qui pourrait bien être de la génération de sa grand-mère) ne se mettait pas en maillot sur la plage. La plupart des femmes de son âge non plus. Quand à ma propre grand-mère, bien qu’elle vécût à 300 mètres de la mer, c’était encore pire : elle n’allait pas à la plage du tout, portait des robes noires lui arrivant au pied et surmontait son chignon d’une coiffe du Trégor !  Curieusement, ces excentricités ne choquaient personne, vu que toutes les paysannes bretonnes de sa génération faisaient de même (avec des variations au niveau de la coiffe). Ma grand-mère ne faisait pas non plus de vélo, n’avait pas de portable, ne tenait pas de blog (elle était illettrée mais est-ce une excuse valable ?), ne regardait pas la télé, n’avait ni permis ni voiture, ne sortait pas en discothèque, etc.

Sans bien s’en rendre compte, notre amie, quand elle justifie l’aujourd’hui de certains par notre hier, met en évidence l’archaïsme des mœurs des premiers. A moins, bien entendu, que les femmes qui vont habillées de pied en cap à la plage ne soient des excentriques qui, l’hiver venu, font du ski en monokini…

Parlant de maillot la sage Rosa conseille à Mme Morano « si elle veut parler de la liberté de la femme, [de faire] du monokini ». Il est vrai que le monokini est la tenue qui s’impose aux femmes quand elles veulent parler de leur liberté comme l’a prouvé en son temps et à maintes reprises Mme de Beauvoir. Seulement « faire du monokini » est une curiosité linguistique. Je savais qu’on pouvait (bien que ce ne fut pas le cas de ma grand-mère)  faire du vélo, du jet-ski, de la broderie, un détour par Romorantin ou un bon score aux élections européennes mais je croyais qu’un vêtement, si réduit fût-il, se portait.  Bien sûr,  là je pinaille, je me montre homme d’un autre temps attaché à d'obsolètes usages, un peu comme ma grand-mère, la sienne et la brave femme que défend si ardemment notre blogueuse de choc…

34 commentaires:

  1. On ne saurait mieux dire !

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  2. J'dois être con, car je n'ai toujours pas compris qui est "celle dont on ne dit pas le nom" ...

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    1. Madame Rosa (ça fait tenancière de bordel) s'offusque ! La pauvre...
      Ayant lu la note au bas de la page de son blog je me gausse: Madame Rosa n'admet que les commentaires qui disent du bien de ses billets. Elle aime l'odeur de l'encens...

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    2. Oui Cher Adamastor, elle aime qu'on l'admyrrhe et qu'on lui rende hommage ...
      La tenancière de claque aime qu'on lui fasse la claque, et peut-être même qu'on lui claque la fesse.

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    3. @ Dominique : Je vois qu'on pratique le contrepet avec autant de maestria que le calembour !

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  3. Rosa Luxemburg ...
    Certains cale en bourg d'autres s'y luxe.
    Mais pourquoi ne faudrait-il pas dire le nom ?
    En l'occurrence de la Rose ...

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  4. L'argument de Dame Rosa est en effet plaisant. Il le devient encore plus si on le pousse au bout. Elle justifie la femme voilée de Morano au nom de sa grand-mère qui faisait pareil ? Fort bien, je vais donc, moi, justifier les bombardements israéliens sur Gaza, au nom de mes ancêtres croisés qui massacraient eux aussi du gardien de chameau aux alentours des XIIe et XIIIe siècles.

    Et voilà.

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    1. Voilà en effet qui va bien. Ne pourrait-on aussi justifier que l'on brûle quelques Sarrasins en place publique en s'inspirant de l'exemple donné par l'inquisition? Et puis ce serait l'occasion de créer quelques emplois (publics, ça va de soi) d'allumeurs de bûcher. Rien que du bon.

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    2. En place publique: vers le Moulin de la Galette ?

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  5. C'est faire beaucoup d'honneur à cette pauvre femme que de polémiquer avec elle. C'est aussi reconnaître à ses "opinions", à ses "arguments" et à sa "rhétorique" (là je suis gentil) une valeur qu'ils n'ont pas. Tout au plus peut-on rire d'elle (et là, ce ne serait pas gentil). La blogosphère regorge de ces illuminés. Pourquoi elle? Pourquoi Rosa?

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    1. Oh, vous savez Pangloss il y a bien longtemps que je ne polémique plus avec la dame. Au delà d'elle, il s'agissait de démontrer que l'argument suivant lequel il n'y a pas si longtemps, en France, etc. est ridicule. D'autant plus quand il vient de gens qui se disent "progressistes".

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    2. De toute façon on ne peut pas polémiquer, elle censure tous les commentaires qui ne vont pas dans son sens et qui démontrent (arguments factuels à l'appui) qu'elle a tort.

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  6. Notez que l'argument peut aussi être rétroactif. Si le bâchage islamique des femmes ne pose pas problème parce que nos grand-mères ne faisaient pas de monokini, cela ne signifie-t-il pas que les moeurs d'il y a un siècle ne posaient pas problème non plus ? Et que devient le progressisme de madame R en ce cas?

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    1. Tout à fait ! Ce "progressisme" à géométrie variable est ridicule.

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  7. Plutôt qu'aux remugles de votre égérie, je m'en tiendrai à l'avertissement de l'archevêque de Mossoul : "Vos valeurs ne sont pas les leurs.Si vous ne comprenez pas ceci très vite, vous allez devenir les victimes de l'ennemi que vous aurez accueilli chez vous."
    A bon entendeur !

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    1. Par Charles Maurras, L’Action Française le 13 juillet 1926
      pour l'inauguration de la grande mosquée de Paris ...

      Quelques rues du centre de Paris sont égayées par les très belles robes de nos visiteurs marocains. Il y en a de vertes, il y en a de toutes les nuances. Certains de ces majestueux enfants du désert apparaîtraient « vêtus de probité candide et de lin blanc » si leur visage basané et presque noir ne faisait songer au barbouillage infernal. Que leurs consciences soient couleur de robe ou couleur de peau, leurs costumes restent enviables ; le plus négligent des hommes serait capable des frais de toilette qui aboutiraient à ces magnifiques cappa magna, à ces manteaux brodés de lune et de soleil. Notre Garde républicaine elle-même, si bien casquée, guêtrée et culottée soit-elle, cède, il me semble, à la splendeur diaprée de nos hôtes orientaux. Toute cette couleur dûment reconnue, il n’est pas moins vrai que nous sommes probablement en train de faire une grosse sottise. Cette mosquée en plein Paris ne me dit rien de bon. II n’y a peut-être pas de réveil de l’Islam, auquel cas tout ce que je dis ne tient pas et tout ce que l’on fait se trouve être aussi la plus vaine des choses. Mais, s’il y a un réveil de l’Islam, et je ne crois pas que l’on en puisse douter, un trophée de la foi coranique sur cette colline Sainte-Geneviève où tous les plus grands docteurs de la chrétienté enseignèrent contre l’Islam représente plus qu’une offense à notre passé : une menace pour notre avenir.

      On pouvait accorder à l’Islam, chez lui, toutes les garanties et tous les respects. Bonaparte pouvait se déchausser dans la mosquée, et le maréchal Lyautey user des plus éloquentes figures pour affirmer la fraternité de tous les croyants : c’étaient choses lointaines, affaires d’Afrique ou d’Asie. Mais en France, chez les Protecteurs et chez les Vainqueurs, du simple point de vue politique, la construction officielle de la mosquée et surtout son inauguration en grande pompe républicaine, exprime quelque chose qui ressemble à une pénétration de notre pays et à sa prise de possession par nos sujets ou nos protégés. Ceux-ci la tiendront immanquablement pour un obscur aveu de faiblesse. Quelqu’un me disait hier :

      - Qui colonise désormais ? Qui est colonisé ? Eux ou nous ?

      J’aperçois, de ci de là, tel sourire supérieur. J’entends, je lis telles déclarations sur l’égalité des cultes et des races. On sera sage de ne pas les laisser propager, trop loin d’ici, par des hauts-parleurs trop puissants. Le conquérant trop attentif à la foi du conquis est un conquérant qui ne dure guère.

      Nous venons de transgresser les justes bornes de la tolérance, du respect et de l’amitié. Nous venons de commettre le crime d’excès. Fasse le ciel que nous n’ayons pas à le payer avant peu et que les nobles races auxquelles nous avons dû un concours si précieux ne soient jamais grisées par leur sentiment de notre faiblesse.

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    2. @ Mildred : Rosa mon égérie ? Vous plaisantez ?
      Je suis bien d'accord avec l'archevêque de Mossoul. Ridiculiser ceux et celles qui ne le comprennent pas est une manière, entre autres, de dénoncer leur aveuglement.

      @ Locks : Un texte d'une remarquable prescience ! Merci.

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  8. Eh bien moi, je suis désolé mais ma grand-mère, dans les années vingt-trente, allait à la plage en
    "costume de bains", comme on disait à l'époque mais on voyait déjà les jambes et les bras. Quant
    à ma mère dans les années cinquante-soixante, elle "faisait du bikini" comme dirait l'autre gourde,
    bien sûr pas avec une micro-culotte mais tout de même.
    En revanche, si nous laissons courir, bientôt sur nos plages nous verrons des palanquées de bonnes
    femmes voilées accompagnées de ribambelles de barbus en caleçon...ce qui donnera vachement
    envie d'aller se baigner (je regrette de ne pas savoir dessiner j'aurais bien vu un petit crobar dans le
    style de Sempé, sur le sujet, avec un petit bonhomme tout blanc et tout seul au milieu de la smala ).
    Amitiés.

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    1. Je soupçonne qu'elles étaient citadines... En milieu rural et marin, les bains de mer étaient peu à la mode. Chez nous, dans le Trégor, les maisons de bord de mer lui tournaient le dos. La mer était ressentie (à juste titre) comme un danger même quand on en tirait sa subsistance...

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  9. Aganton, d'Er, Grande, Iles de Buguélès, Maudez, Milliau, Molène, Pors Scaff, Sept-Iles, Sillon du Talbert, Tomé : autant d'îles au Trégor ...

    Il est bien heureux qu'émirs saoudiens et oligarques russes n'aient pas encore fait de votre littoral d'origine de même qu'avec la Côte d'Azur, ainsi cela reste le Trégor public !

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    1. Tomé, juste en face de Louannec où est né (et repose) mon père. Île solitaire et déserte ! Île que, enfant, quand nous pêchions à pied (et qu'il y avait encore poulpes, crabes (rouges, étrilles et dormeurs), anguilles et "blontecs" à foison) je pensais pouvoir atteindre à pied ! Vous remuez là des souvenirs longtemps enfouis, Dominique ! Ce n'est pas bien !

      Seriez-vous Breton ?

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    2. Landais comme certains commentaires récents auraient pu vous le laisser supposer.
      Donc avec l'Atlantique comme point commun.
      Mais avec de très bons souvenirs de Bretagne (surtout Fouesnant et la Cornouaille, puis un peu Belle-Île, Penvénan, Rennes) et le premier album des Tri-Yann dès mes huit ans, etc.

      Tomé à ne pas confondre donc avec Sao-Tomé & Principe que notre ami Adamastor doit connaître ...

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    3. Penvénan ! En Plein Trégor, à côté de Trestel où nous avions notre maison de vacances...

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    4. Trestel que chantait Pierre Perret ?
      (Si vous voyez Treste ...)

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  10. Un vélo remorquant un jet-ski sur la route de Romorantin, conduit par Rosa Morano en bi ou mono kini tête surmontée d'une coiffe se rendant à un atelier de broderie, que d'ingrédients pour un film Très gore !...

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    1. Un film très gore, c'est ni très breau ni très guiai ...

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    2. Dominique bisse20 août 2014 à 22:16

      Mais comme dit le poète qui s'en mord les doigts, "on est encore plus triste en Corbières" ...

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    3. Si vous le tournez, Al, j'espère que vous aurez l'honnêteté de m'en verser une partie des droits.

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  11. C'est une habitude chez les "degôche" que de faire référence au passé pour justifier les comportements des musulmans en France.

    @ Dominique, connaissez vous " Les Mauvais Qui-Colle-Qui ? de Daniel Hamelin ", il s'agissait de jeux de mots plus ou moins bons tel celui ci :

    Pourquoi les prêtres ne possèdent pas d'automobiles, car les habits sacerdotaux .

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    1. Bien sur qu'on se sert communément du passé, ce qui est contradictoire pour une progressiste...

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  12. A noter que son dernier Billet sur Duflot est magnifique !! Que des conneries, des mensonges et des contre-vérités alors que la réalité montre et démontre que Duflot et sa loi sont ce qui est arrivé de pire au logement français ces 30 dernières années.

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    1. Je ne l'ai pas lu, mais vous me tentez...

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    2. Allez y, vous ne serez pas déçu ! Dans le genre négation de la réalité on fait difficilement mieux.

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  13. Merci de cette communication. je la lirai dès que j'en aurai le temps (beaucoup de travaux divers à effectuer au jardin). Pour la pub, il n'est pas question que M. Blogger nous en impose. Du moins pour l'instant...

    Il est vrai qu'au lieu de voir du machisme dans l'attitude du "mari" (qu'est-ce qui nous assure que ce gentil couple ne vit pas dans le péché , ) on pourrait considérer qu'il s'agit d'une attention raffinée : alors qu'en homme chevaleresque, il prend des risques, il tente d'éviter à son aimée les dangers mortels du mélanome.

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