vendredi 27 juin 2014

Euthanasie



Une belle mort, qui n’en rêve pas ?  Une mort qui ferait envie, vers laquelle tous se précipiteraient (à part, évidemment, l’immense majorité de nos contemporains qui se verraient volontiers immortels) ? Seulement, tous ne s’accordent pas sur ce qu’elle serait cette foutue « belle mort » et là commencent les questions…

Si on faisait un joli sondage, je pense qu’une immense majorité la verrait comme un non-réveil. On se couche, ravi d’avoir vu le 567 258e  épisode de Plus belle la vie, et puis dans la nuit, un quelconque AVC règle votre compte. Au matin, votre compagne, si vous en avez une, vous trouve bien froid. Enfin, plus froid que d’ordinaire. Elle en est un peu choquée mais elle finira bien par s’y faire… Si vous n’avez pas de compagne, de proches qui s’inquiètent, il se peut que l’on ne vous retrouve que quelques jours, semaines, mois, années, plus tard. Dans un état de décomposition ou de momification variable (au cas où,  à la différence du gars qui allait rendre visite à Perrine le soir après le diner  et qu’elle avait caché dans le hucher, vous n’auriez pas été bouffé par les rats)...

Tu parles d’une belle mort ! Personnellement, je préfèrerais regarder la mort en face, la voir venir comme une délivrance, lui emboiter le pas, guilleret, après un de ces bons vieux cancers bien mérités, tant les insupportables douleurs qu’il m’infligerait m’aideraient à la trouver séduisante … Quand je saurai que c’est foutu, qu’il serait illusoire d’espérer qu’une pénible chimio ait plus d’effet qu’une ONG en Afrique (ou ailleurs), je rangerai (brûlerai ?) mes papiers, réglerai mes comptes, et demanderai à une médecine dont je n’aurai, toute ma vie durant, eu rien à cirer, d’alléger voire, si possible, de mettre fin à mon « calvaire ».

Seulement, comme tout un chacun, je n’aurai pas le choix : il se peut que je connaisse l’abhorrée mort subite tant aimée de mes contemporains, il se peut aussi qu’une maladie dégénérative me fasse peu à peu sombrer corps et âme  dans un no-Jacques-Étienne-land, que je finisse dans un EHPAD, entouré d’autres épaves, pris en charge par de gentilles dames en blanc dont je n’aurai même plus l’idée de reluquer les rondeurs au passage. Je n’aurai pas le choix. C’est comme ça, la vie.

Alors, les grands principes, la vie sacrée, au risque de choquer certains, je dirai que je m’en tape, qu’au cas où je me retrouverais légume, où je continuerais à coûter un max à la société avec à peu près autant d’avenir qu’une décision socialiste, eh bien oui, je serais pour qu’on m’achève, qu’on arrête un cirque inutile. Il faut bien mourir un jour et d’ailleurs, qui s’étonne et s’émeut encore aujourd’hui de la mort du bon Charlemagne ?

20 commentaires:

  1. "Le trépas vient tout guérir
    Mais ne bougeons d'où nous sommes
    Plutôt souffrir que mourir
    C'est la devise des hommes."

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    1. Ou du moins de certains. N'importe comment, à la différence duvieillard de La Fontaine, nous n'avons ni le pouvoir de la convoquer ni celui de la refuser...

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  2. "La vie est une rêve dont la mort nous réveille" Hodjviri poète persan du XI siécle.

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  3. « qui s’étonne et s’émeut encore aujourd’hui de la mort du bon Charlemagne ? »

    Il me semble que nous en connaissons au moins un…

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  4. Certains craignent la mort et préfèrent la souffrance. D'autres refusent de souffrir et choisissent la mort.

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    1. On a beau être trouillard comme pas un, on n'arrive jamais à l'être au point d'éviter la mort.

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  5. Je vois dans cette volonté (sondagière) apparemment massive des français à souhaiter l'euthanasie une forme d'orgueil et de vanité. On ne supporte pas notre condition d'homme, et le long déclin qui accompagne la vieillesse, la sénilité qui va s'en venir. Pourtant ce sont là des leçons de sagesse qui devraient nous conduire à l'humilité et nous rappeler ce que nous sommes. Mais non, les modernes eux refusent tout ça, euthanasions les vies inutiles, ce n'est pas digne !

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    1. Pour avoir visité plus d'un an durant mon père devenu grabataire et l'avoir vu sombrer d'abord dans la démence sénile puis dans l'inconscience, j'ai pu apprendre la leçon d'humilité dont vous parler. Je n'i pas envie de la donner à d'autres...

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  6. "Savoir" n'est-ce qu'une punition ?
    Est-il permis de quitter la "guenille" ?
    Qui vit la vieille Eve nue continua-t'il à croire ?

    Vous avez quatre heures.

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    1. Vous posez là trois questions fondamentales. Je ne me déroberai pas mais me montrerai concis.
      1) Non
      2) Oui
      3) Je n'en sais rien.

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  7. Je suis d'accord avec votre dernier paragraphe.
    N'oubliez de le faire savoir dans un petit mot glissé dans votre larfeuille !!

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    1. J'ai glissé quelques mots ici-même, non ? Serait-ce insuffisant ?

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  8. Moi aussi. Il faut savoir "faire son deuil", de la vie, des autres.

    Amike

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  9. La mort de Charlemagne est un malheur personnel qui m'est arrivé hier.

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    1. Toutes mes condoléances. Je crois, vu la vidéo de votre billet du jour que vous avez trouvé des consolations dans l'humour canadien.

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  10. Le seul qui aurait vraiment de quoi s'émouvoir encore de la mort de Charlemagne c'est l'intéressé
    lui-même, mais comme, justement, il est mort, on peut penser qu'il s'en fout bien pas mal.
    Perso, je serais plutôt comme Panisse, le personnage de Pagnol "ce n'est pas de mourir qui m'ennuie,
    c'est de quitter la vie" excusez moi, je cite de mémoire. Parce que, n'étant ni crédule ni même croyant
    je vois arriver ma disparition comme la perte totale et définitive de toute existence...c'est embêtant, tout
    de même, non?
    Amitiés.

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    1. Embêtant ? Je ne sais pas... J'ai eu tout le temps de me faire à l'idée. Vu que je n'existais pas avant d'être conçu, je ne vois aucune raison de me désoler d'un retour au néant...

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  11. S'il y a un dogme catholique qui survit en ce siècle profane, c'est bien qu'il faut aussi souffrir.
    Souffrir sa maladie, son agonie.
    Je trouve ce dogme très peu chrétien.

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  12. Tu enfanteras dans la douleur...
    Mais quelle connerie aujourd'hui !
    Pareil pour le reste.

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