dimanche 29 juin 2014

D’une curieuse malédiction (qui pourrait s’avérer une bénédiction)



Hier nous fûmes en la belle province du Perche. Nous quittâmes le Mortainais sous un ciel gris mais sans que la moindre goutte tombât des nuages qui l’obscurcissaient. Arrivés à destination, après un petit tour de jardin, nos charmants hôtes proposèrent que nous prissions l’apéritif dehors. C’est alors que les premières gouttes commencèrent à tomber. Le subséquent déluge ne cessa de tout l’après midi et du début de soirée. Lorsque nous reprîmes la route, il pleuviottait toujours. Un peu après Argentan ça se corsa. Des cataractes vinrent rendre la conduite malaisée. Plus loin, la pluie se calma jusqu’à disparaître et nous pûmes constater, en approchant de la maison qu’au cours de notre absence AUCUNE goutte n’était venue abreuver nos sillons. Toutefois, une fois arrivés, nous constatâmes que quelques gouttes commençaient à tomber. Il plut durant la nuit et, au matin, se déchaîna l’orage.

Tous les voyages que nous entreprîmes avec la Daimler s’avérèrent copieusement arrosés. Qu’elle nous menât à Troyes, dans le Perche ou dans les Landes, à chaque fois les trombes d’eau furent au rendez-vous. Comment tout esprit rationnel n’en viendrait-il pas à conclure à l’existence d’une corrélation entre les déplacements de cette automobile et les précipitations ? 

Ces douloureuses expériences m’amènent à penser qu’il existe une malédiction de la Daimler. Quelque maligne divinité s’acharne donc à gâcher, au niveau météorologique, toute excursion à son volant gâchant partiellement l’agrément de la conduite sans pour autant nuire à celui des rencontres.

Cet irrécusable constat pourrait paraître décourageant. Seulement, si toute médaille a son revers, on peut en inférer que tout revers a sa médaille. Et si cette apparente malédiction s’avérait une bénédiction ? Pensons à toutes ces régions arides où l’on prie pour que tombe la pluie ! Sahara, Sahel, Gobi, pour n’en citer que les plus vastes. Que n’y donnerait-on pas pour que ces désolantes étendues de pierre ou de sable se transforment en luxuriantes prairies où brouterait un nombreux et gras bétail ? Pour qu’on puisse s'y livrer à de rémunératrices cultures ? Quand on pense qu’un passage de Daimler de temps à autre transformerait ces rêves insensés en enrichissantes réalités, on ne peut s’empêcher d’envisager les profits financiers qu’on pourrait en tirer…

Seulement, vu que je répugne à quitter mes pénates et qu’aucun désir d’enrichissement ne m’habite, je crains de ne jamais exploiter ce filon. Toutefois, si quelque jeune (ou moins jeune) aventurier (ère), ambitionnant une rapide fortune, avait envie d’en tirer profit, mon amour du genre humain me dicterait de lui céder cette voiture miraculeuse pour un nombre de millions d’Euros qui reste à déterminer. Ce serait  un crève-cœur, bien sûr, mais un cœur généreux et une âme élevée me dicteraient de m’y résoudre.

16 commentaires:

  1. Irréfutable démonstration.

    RépondreSupprimer
  2. Ces douloureuses expériences m’amènent à penser qu’il existe une malédiction de la Daimler.
    ...que celle-ci.

    RépondreSupprimer
  3. Cette histoire, Dieu sait pourquoi, me fait penser à tous ces enfants qu'on a rendus obèses, à force de leur dire de manger en pensant à tous ces petits Africains, Chinois ou autres (suivant les époques) qui mouraient de faim.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Je ne vois pas très bien le rapport moi non plus. N'empêche que quand ma mère me tenait ce genre de propos, je lui conseillais de leur envoyer nos restes par la poste.

      Supprimer
  4. Voilà ce qui arrive quand on roule dans une voiture anglaise, la météo s'adapte.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Possible... Dans ce cas, pourquoi n'offrirait-on pas des Bentley aux Sahéliens pour résoudre leurs problèmes de sécheresse ?

      Supprimer
  5. C'est en effet une grande merveille qu'une auto qui fait tomber la pluie.
    Le fait qu'il s'agit d'une Anglaise y est sans doute pour quelque chose
    mais il ne faut jamais regarder les miracles de trop près, la déception
    risque de se révéler terrible.
    Amitiés.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Avec de tels propos, on a vite fait de désenchanter un rêve qui venait d'être réenchanté à grands frais...

      Supprimer
  6. "... proposèrent que nous prissions..."

    RépondreSupprimer
  7. Voiture merveilleuse, j'aurais dû vous inviter votre daimler et vous, outre le plaisir de vous rencontrer cela m'aurait épargner les deux-trois heures quotidiennes d'arrosage! Mais là c'est plus la peine, hier, une voiture jumelle s'est probablement baladée près chez nous, un déluge durant des heures, le bassin est plein, la fontaine donne plus, le spectre de la sécheresse s'est éloigné.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. J'en suis heureux pour vous. Ici aussi, le spectre de la sécheresse s'est dissipé en quelques heures. Si par malheur, il venait à réapparaître, n'hésitez pas à faire appel à mes services !

      Supprimer
  8. Mon cher Jacques, j'ai toujours pensé que cette voiture ne vous vaudrait que des malheurs. Mais fort heureusement pour vous je suis spécialiste du désenvoutement automobile. Voilà comment ça marche : vous me confiez la voiture et, lorsque je vous la rend, elle est débarrassée du mauvais oeil. Bien entendu cela peut prendre un certain temps,mais de toute façon une voiture maudite ne vous est d'aucune utilité. Donc n'hésitez surtout pas. Et en plus le prix est modique !

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Merci pour vos offres de services, M. Aristide ! Il y a cependant un problème : je suis arrivé à la conclusion que, sous vos dehors d'honnête et profond universitaire, vous n'êtes rien moins,que M. Bibi, faux marabout et escroc notoire. Bas les masques, soi-disant Aristide !

      Supprimer
  9. Changer la couleur de votre automobile, il me semble que cette dernière soit rouge alors qu'une Daimler doit être verte, il le pleut pas, le ciel pleure de honte.

    RépondreSupprimer

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.