dimanche 15 juin 2014

Douleur d’un banni



Hier, c’était la Journée Mondiale des Donneurs de Sang. Il est bien normal  qu’une journée spécifique soit dédiée à ce don porteur d’espoir pour blessés et malades. D’autant plus qu’au contraire des donneurs de leçons de tout bord qui nous bassinent quotidiennement, le nombre de donneurs de sang tend à stagner tandis que les besoins en produits sanguins augmentent. Quoi de plus beau, de plus généreux, de plus noble que de se joindre à la cohorte universelle des généreux donateurs en ce jour insigne ?  Eh bien cet honneur doublé de joie et récompensé d’une petite collation m’est refusé. Pour y participer, il me faudrait mentir sur mon passé, en gommer certain épisode.

En effet, il se trouve que la loi m’interdit A VIE tout don de ce genre. Parce qu’entre 1980 et 1996 j’ai séjourné plus de douze mois en Grande-Bretagne. Ce n’est pas la seule raison qui entraîne ce bannissement : si vous subi une transfusion sanguine, une greffe d’organe, de tissus ou de cellules, consommé de la drogue par injection intraveineuse, ou qu’homme vous avez pratiqué le coït avec un autre homme, c’est un NIET définitif ! Vu qu’une seule de ces raisons vous disqualifie, le junkie homosexuel ayant reçu un foie en échange standard tandis qu’il passait un an à Birmingham ne sera pas plus rembarré que moi. Dans ces conditions, pourquoi se gêner se demanderont certains ?

La raison de cette interdiction est le risque de transmission de la maladie de Creutzfeldt-Jacob, ou plus simplement (écrire Creutzfeldt sans fautes n’est pas donné à tout le monde !) maladie de la vache folle. Il se trouve qu’ayant au meilleur de l’épidémie vécu trois ans et demi durant en terre Britannique, je me trouve d’autant plus exposé que j’ai profité de ce que le bœuf était boudé par une foule timorée et que son prix s’en trouvait abaissé pour m’offrir une cure de bon gros steaks bien saignants tandis que ma compagne d’alors, aussi végétarienne qu’irascible se repaissait de tofu, burgers de soja et autres cochonneries immangeables.

Une chose me turlupine cependant : pourquoi un an ? Quelles études fiables ont permis de déterminer que douze mois étaient nécessaires pour qu’ait lieu une potentielle contamination ? N’est-il pas concevable qu’un individu trempant une bavette dans son café du matin, déjeunant d’une entrecôte, agrémentant son thé de cinq heures d’un steak tartare et dînant d’un épais tournedos bleu ait plus de chance d’être contaminé en trois mois qu’un végétalien en douze ?

La vérité semble être qu’on ne sait pas trop comment se propage cette maladie fatale censée prendre des années voire des décennies pour incuber. Si j’étais homme à m’inquiéter de ma santé, je pourrais donc plus de vingt ans après mon retour scruter mon comportement à la recherche d’éventuels symptômes précurseurs de la possible démence finale. Mais de syndrome pyramidal, point, mes troubles cognitifs sont modérés, je ne semble souffrir, et seulement passagèrement, de certains symptômes du syndrome cérébelleux  que suite à une erreur d’évaluation de la quantité de whisky ou de vodka nécessaire à mon bien être, quant aux mouvements anormaux involontaires, ils m’épargnent semble-t-il vu que je ne vote pas à gauche.

Même si dans les années qui viennent on revenait sur cette mesure, il se peut que ça ne serve pas à grand-chose vu que d’ici un peu plus d’un an je serai trop vieux pour un don de plasma et que 2020 me verra atteindre l’âge limite pour celui de sang. Je pourrais toujours, afin de compenser cette frustration, donner ma vie pour la Patrie (qui, comme chacun sait « est le sort le plus beau, le plus digne d’envie* ») mais ça encore, ça me paraît être un truc de jeunes…

*du moins d’après le « Chœur des Girondins »

19 commentaires:

  1. Robert Marchenoir15 juin 2014 à 12:21

    Ah, je comprends votre goût pour les artichauts. Prédilection injustifiable en temps normal.

    Franchement, quoi de plus con qu'un artichaut ?

    Une aubergine, peut-être.

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    1. Le niveau d'intelligence de l'artichaut est difficile à estimer. Comme vous le suggérez, il est évidemment supérieur à celui de l'aubergine mais l'avis des spécialistes diverge quant à sa suoériorité (ou son infériorité) par rapport à la courgette ronde de Nice.

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  2. "[...] quant aux mouvements anormaux involontaires, ils m’épargnent semble-t-il vu que je ne vote pas à gauche." Lire cela, puis vaquer, rassuré et serein.

    :)

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  3. Vous êtes en train de nous faire votre coming out sous prétexte de don du sang, c'est ça hein?
    Allons maitre Jacques, de nos jours ces pratiques ne sont plus honteuses, elles auraient même plutôt le vent en croupe, euh, en poupe, en tout cas elles vous font bien voir de ceux qui nous gouvernent, à ce qu'il semble.
    Alors, assumez-vous gayment !

    PS : végétarienne et irascible, ce ne serait pas un peu pléonastique ça?

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    1. Accuser un père de famille de telles turpitudes ! Seriez-vous sans vergogne ?

      Pour le pléonasme, je ne sais pas, n'ayant vécu qu'avec une seule végétarienne, le pannel me semble trop réduit pour en tirer quelque conclusion que ce soit.

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  4. Bon sang, c'est quoi encore cette histoire ?
    Si on vous laisse faire, vous allez finir par nous dire que vous voulez qu'on vous pique un rein, un lobe du foie, un testicule ou que sais-je encore.
    Que chacun garde donc son attirail ou - s'il ne peut pas payer ses impôts - qu'il le vende en pièces détachées, mais à prix d'or seulement.

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    1. J'en suis désolé mais votre attitude me semble en complète contradiction avec le vent de solidarité qui parcourt actuellement notre beau pays.

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  5. Pouvoir écrire Kreusst ... Crtreuz ... Kreuse ... sans faire de faute prouve bien que cette maladie vous a épargné.

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    1. Au prix d’efforts inouïs, j'y suis parvenu. Ne faut-il pas voir dans ce combat épique un signe que la maladie, si elle ne terrasse pas encore mes faibles facultés, a déjà commencé d'en attaquer les fondements (en tout bien tout honneur, cependant) ?

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  6. Oserais-je prétendre que c'est surtout un piège à cons?
    Donner son sang, à la rigueur, ça ne mange pas de pain, donner son sperme, éventuellement
    ça peut même apparaître comme motivant, tout dépend de la manière dont le prélèvement est opéré.
    En revanche, donner sa vie je ne conseille pas, après on n'est plus grand chose.
    Amitiés.

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    1. Votre cynisme me désole ! Seriez-vous ennemi du partage ?

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  7. je n'ai jamais compris que la viande ne soit pas gratuite au dessus de 70 ans au moment de la vache folle , les vieux incubaient jusqu'à leur mort et après ? quelle importance ?
    et les gars qui étaient au japon pendant Fukushima , ils peuvent donner leur sperme pour faire des PMA pour faire des bébés aux oreilles de lapin ou avec des cornes ?

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    1. Des bébés avec cornes et oreilles de lapin permettraient de renforcer leur ressemblance avec nombre de leurs ancêtres.

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  8. Est-ce à dire que les messieurs qui aiment les messieurs seraient des vaches folles?
    De tels propos ne tombent-ils pas sous le coup des lois?

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    1. Vous suggérez là un bien coupable amalgame !

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    2. je peux garantir à tout le monde que je n ai rien d une vache folle, non meuh !

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  9. Décidément, j'en apprends tous les jours en vous lisant. J'ai aussi vécu en Ecosse de 1991 à 1992 et en Angleterre de 1995 à 1999 et j'étais persuadé que cette interdiction de don du sang n'était que temporaire...

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    1. Robert Marchenoir16 juin 2014 à 22:51

      Apparemment non. Selon les autorités sanitaires, vous êtes définitivement transformé en bifteck.

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