lundi 3 mars 2014

La Réaquie, pays divers et terre d’avenir ?



Depuis quelques années déjà mais surtout depuis deux ans et demi que je tiens blog, j’ai été amené à fréquenter cet étrange peuple qui s’auto-qualifie de Réac.  Je n’ai pas la prétention de le connaître totalement. Tout savoir, même le plus spécialisé dans le domaine le plus pointu, n’est jamais que partiel. Il n’empêche que j’ai fini par m’en faire une idée.

Quitte à enfoncer une porte ouverte, ce qui frappe chez ce peuple, c’est sa diversité, sa bigarrure. On irait jusqu’à parler de totale hétérogénéité qu’on n’aurait pas forcément tort. Car sous la bannière réactionnaire  se rassemblent des catholiques quasi-intégristes ou modérés aussi bien que des athées sincères, des tenants du drapeau blanc comme du tricolore, de fanatiques philosémites quand d’autres ont bien du mal à faire taire leur scepticisme quant aux mérites du peuple élu (doux euphémisme !), des racistes pur jus et des gens que la question n’intéresse pas, des libéraux acharnés comme des étatistes, des passéistes convaincus comme des partisans du changement, des qui trouvent que Sarko est le plus beau, d’autres qui lui préfèrent Marine, d’autres encore qui les mettraient dans le même sac et le sac à la Seine, des aisés, des modestes, des hommes, des femmes, des jeunes, des vieux, des entre-deux âges. 

On aurait beau jeu de se demander ce qui peut bien les unir. La réponse est assez simple : tous refusent la doxa moderno-socialo-collectiviste et ce qu’elle essaie de leur vendre pour LE progrès.  C’est d’ailleurs en écoutant le discours ordinaire des « progressistes » que l’on voit le mieux se dessiner en creux les points d’accord des Réacs. Quand le progressiste est « citoyen du monde », le Réac se contente d’être Français, quand on lui parle de société multiculturelle, le Réac se rattache à une culture spécifique, quand on ne jure que par l’égalité, le Réac met en avant la différence, quand on parle de « genre », le Réac répond famille, quand on n’envisage que des droits, le Réac continue de penser qu’existent des devoirs, quand on veut de l’état et de la loi partout, le Réac craint pour la liberté, etc.
                                                                                                                       
En résumé, le Réac a des racines, s’inscrit dans une tradition pas nécessairement immuable, croit en la hiérarchie des valeurs et des personnes, ne se rêve pas apprenti-sorcier créateur d’une humanité nouvelle, est attaché à la liberté, etc.. Tout ça est bel et bon mais ça mène à quoi au juste ?

D’un point de vue politique, l’offre étant ce que nous savons, AUCUN mouvement ou parti n’est en mesure de rassembler ce peuple car tous semblent peu ou prou, que ce soit au niveau économique ou idéologique, contaminés par l’idéal « progressiste ». Se borner à ce constat serait plutôt désespérant. En revanche, si on admet que cette unanimité n’est pas « naturelle » mais le résultat de décennies de confiscation de la parole par la gauche, que cette suprématie est de plus en plus battue en brèche par des voix qui la dénoncent et qu’elle tente de faire taire, la voie est toute tracée :  il faut mener le combat idéologique jusqu’à ce que les idées progressistes deviennent aussi difficilement admissibles que ne l’étaient naguère jugées les conservatrices, jusqu’à ce que l’on n’ait plus le choix qu’entre diverses options réacs comme on n’a ces dernières décennies pu choisir qu’entre des nuances de progressisme. Sauf à réaliser cette mutation en profondeur et de longue haleine, les « victoires » électorales ne se feront qu’à la Pyrrhus.

22 commentaires:

  1. Un raciste n'est pas un réactionnaire, un idéologue ne l'est pas plus -- tous deux sont issus du monde moderne et démocratique.
    Le combat (?) que mène le réactionnaire est d'ordre moral et esthétique.

    Les élections sont inesthétiques.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. N'empêche qu'il y a tout de même un gouvernement, que ce gouvernement est plus ou moins nocif et qu'il émane d'élections que ces dernières soient ou non esthétiques...

      Supprimer
  2. Pour que les diverses sensibilité de ce que vous appelez la Réaquie puissent s'exprimer, il faudrait tellement de partis qu'ils n'auraient aucune chance face à des partis monolithiques comme le PS ou l'UMP où les contradictions se réduisent dans des débats internes ou des partages d'influence entre courants au moment des élections. Mais on peut rêver;

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Pourquoi ne rêverait-on pas ? D'autre part, je ne suis pas certain du monolithisme des grands partis. Seulement, à force de se trouver en position minoritaire, les Réacs ont tendance à être fascinés par leur impuissance et préfèrent voir ce qui les sépare que ce qui les rassemble.

      Supprimer
  3. Effectivement, les réacs sont davantage unis par ce qu'ils rejettent que par ce qu'ils approuvent. Mais il n’y a pas de honte, en politique, à s’appuyer sur la force de cohésion que fournit un ennemi commun, et ce n'est pas non plus un obstacle insurmontable pour l'emporter. La "réaquie" incarne la vraie diversité, celle des opinions sur les questions fondamentales.
    Quant à votre conclusion, je ne peux que la partager.

    RépondreSupprimer
  4. Parfois, je ne vous comprends pas. L'esprit du bassin parisien domine-t-il totalement vos gênes bretonnisantes? Tout n'est-il pas déjà sur les rails? Dans l'espace jacobin et en gros, Ririne pour les jeunes et les pauvres, l'UMP qui se transformera en satellite du PS ou en droite européenne raciste, unie aux droites européennes islamophobes des pays racistes. Vous imaginez, il faut un lideur et une organisation, je reste donc sur Ririne et Nicolaï. L'espace girondin peut aller vers les identitaires, vraie droite raciste à l'allemande (Brrr!).
    jard

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Tant qu'une large majorité n'aura pas rejeté le dogme socialo-progressiste, peut importera sur quel rails on se trouvera. je parle d'une transformation culturelle, pas de politique politicienne.

      Supprimer
    2. Tiens l homme au "bassin parisien" écume ici aussi ...

      Supprimer
  5. Bien vu. Vous avez mille fois raison, il importe de mener le combat idéologique. C'est une peu ce que nous faisons, à notre façon, chacun de son côté. Ce n'est pas trop mon truc mais sans doute, en fédérant tout cela, pourrions nous arriver à nous faire vraiment entendre. Mais, comme vous le soulignez, la cacophonie empêcherait peut être la bonne diffusion du message. Bref, la question mériterait d'être clairement posée.
    Amitiés.
    Amitiés.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Comme je le disais dans ma réponse à Pangloss, il serait urgent que pour être entendus, les Réacs se rassemblent sur ce qui les unit au lieu de se diviser sur ce qui les sépare.Mais c'est un problème que les extrêmes ont du mal à résoudre, surtout à droite. Les extrême-gauchistes, eux, sont militants. Avec pour corollaire de penser que la révolution est au coin de la rue. Les Réacs semblent préférer la délectation morose à cet injustifié optimisme, ces deux attitudes ne menant à rien.

      Supprimer
    2. C'est vrai. Nous manquons de conviction. On plutôt, nous sommes convaincus d'être battus d'avance.

      Supprimer
  6. Le cercle vertueux, il n'y a que cela de vrai, je suis d'accord avec Maître Jacques. A chacun à son niveau de travailler au corps sa famille, ses amis, ses relations. C'est vrai, c'est dur, de longue haleine, ingrat, les résultats ne sont pas visibles à court terme, même au niveau local. Mais si chacun y met du sien, ça finira par payer, l'offre politique sera obligée de s'aligner sur la demande ou de nouvelles formations apparaîtront et viendront les concurrencer. Pour ma part, je peux me vanter d'une dizaine de conversions au royalisme, d'une quarantaine aux thèses de la réaquie. Dit comme cela ça peut forcer le respect, mais c'est plusieurs années de taf, ce qui relativise sérieusement le bilan. Mais ceux-là, de leur côté font de même. Le seul truc, c'est qu'il faut être entier, ne rien cacher de ses idées quitte à déplaire, à voir des gens s'éloigner, à voir sa carrière être moins fructueuse qu'envisagée. C'est une forme de sacerdoce. Mais le vrai réac est de toute manière un loup solitaire qui ne se bat pas pour des avantages acquis, une place, mais parce que le combat qu'il mène est juste, beau, bon, noble et désintéressé. Il se bat pour la reconnaissance du travail accompli par ses aïeux, pour sa préservation et si possible son amélioration, et surtout pour le transmettre à ses descendants.

    L'opinion est travaillée de l'intérieur, et ça commence à se voir et inquiéter. Le dernier sondage qui met en lumière une forte défiance des Français envers les partis, quels qu'ils soient, leur étonnante inclination pour un éventuel homme fort qui se foutrait des valeurs faisandées de la gueuse pour s'attaquer aux problèmes, c'est une sacrée nouveauté. Tout comme ce sondage de juillet 2013 du Parisien qui montrait que 47% des Français ne seraient pas contre le retour de la monarchie.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Le retour du roi, c'est dans le seigneur des anneaux et pour l'instant nous ne sommes même pas à l'épisode " Des deux tours"

      Supprimer
    2. Dans ma famille, c'est sans espoir : ça ne mène qu'à la traditionnelle engueulade. Mon cercle de relations étant extrêmement réduit, peu de chance de ce côté-là non plus. Reste le blog qui, hélas, ne semble intéresser que des convertis...

      Supprimer
  7. Nos différences font notre mais comme nous sommes avant tout des français, on ne peut s’empêcher de se foutre sur la gueule, c'est ainsi!

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Si vous ne précisez pas ce que peuvent bien faire nos différences, il me sera difficile de vous répondre...

      Supprimer
  8. Excellent billet. Au delà de la diversité des réacs, c'est le refus d'un progrès de pacotille qui unit la Réaquie. Un peu comme aux temps de la Guerre de Cent Ans: au delà de la diversité régionale de la France, c'était alors le refus d'être Anglais qui avait permis d'unir la nation.

    Aussi, aujourd'hui, le réac a en effet un combat idéologique à mener contre le progressisme -et si ce combat est également d'ordre moral et esthétique, tant mieux. Mais il me semble que le premier des combats qu'il doit mener, c'est encore contre lui-même, contre son inclination naturelle au fatalisme.

    RépondreSupprimer
  9. Excellente analyse du milieu "réac" à laquelle je ne peux que souscrire.
    Comme l'ont dit si bien mes prédécesseurs en commentaires, nous sommes peut-être divisés sur les formes que peut prendre la "Réaquie", mais sur le fond, nous sommes ou devons nous unir, à savoir la lutte le conformisme ambiant qui est la mort de l'intelligence.

    Vous me permettrez quand même pour finir, que pour moi, le véritable réac est le royaliste qui milite pour le retour à une monarchie de droit divin, amoureux du drapeau blanc et catholique traditionaliste. un petit clin d’œil à notre ami Koltchak.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Merci pour votre appréciation.

      Pour votre second paragraphe, il me semble qu'établir une hiérarchie entre réac véritable et réac en peau de lapin n'est pas souhaitable et peut nuire à l'unité de la "réaction" et remettre en cause ses chance de succès.

      Supprimer
    2. Comme je vous le disais, je ne faisais qu'un petit clin d'oeil à notre Koltchak. Même si je pense réellement que seule la monarchie de droit divin sauvera notre pays du déclin, dans lequel il s'est mis, je suis effectivement pour, toutes les tentatives d'union entre les forces de la réaction. A ce titre je salue l'initiative d'un certain nombre de personnes, afin de lutter contre le genre, notamment en milieu scolaire et qui a réuni des gens aussi différents qu'une Christine Boutin, Alain Escada de Civitas, Farida Belghoul et des musulmans souverainistes (si,si ça existe).

      Supprimer

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.