samedi 22 février 2014

J’ai du mal à désespérer !



Je me refuse à me laisser séduire par les sirènes du « on est foutus ». Pardon cher Nouratin !  Je continue de croire qu’un sursaut est possible, qu’il n’est pas fatal que plus de deux millénaires de civilisation se trouvent à jamais effacés. Peut-être, et je n’en suis pas certain, vivons-nous une période obscure mais des moments difficiles, et bien plus, n’en avons-nous pas connus tant et tant au fil des siècles de notre histoire ?

La culture gréco-romaine a connu une longue éclipse avant de renaître parce qu’en d’autres lieux la flamme en avait été gardée. Pourquoi les splendides édifices que nous avons montés sur ces fondations disparaîtraient-ils à jamais ?

Bien sûr, tout n’est plus comme au temps du bon Charlemagne. Nos trouvères du douzième siècle s’en plaignaient déjà. Bien sûr rien n’est plus comme du temps de notre jeunesse fantasmée, cet âge d’or où les filles étaient moins farouches, les marches moins hautes, les printemps plus fleuris, les automnes moins pluvieux, les étés chauds, les hivers enneigés, le général De Gaulle encore là et le communisme gaillard. Il y a même aujourd’hui des jeunes pour regretter ces temps qu’ils n’ont pas connu. C’est dire…

N’empêche que notre époque a ses avantages, dont le moindre n’est pas l’absence de guerres*. J’apprécie entre autres son confort, ses facilités de communication, de transport, d’accès à l’information et à la culture. On m’objectera qu’au lieu de se ruer sur ces dernières, beaucoup préfèrent  des occupations futiles. Comme si depuis toujours le goût de se cultiver n’avait pas été le fait d’une infime minorité… Les masses ont d’autres choses bien plus urgentes à faire comme aller à la pêche, boire des canons, jouer aux cartes, regarder Plus belle la vie, sauter la voisine (ou le voisin, soyons moderne !), gagner des ronds pour se payer des objets inutiles ou des voyages en terres exotiques. Seule une élite a de tout temps porté et nourri  la culture.

On peut pleurer sur le succès présent des gougnafiers de tous ordres. On peut aussi s’en réjouir : belle époque que celle qui est riche au point de nourrir tant de gens sans talent aucun et de leur offrir un instant de gloire avant qu’ils ne disparaissent à jamais. Libre à nous de ne pas écouter leurs bruissements fugaces. Le temps élimine les scories et retient les pépites. Combien de gloires anciennes sont tellement passées que plus personne ne s’en souvient ?

La situation n’est pas désespérée. Elle ne le deviendra que si ceux qui rejettent le plus vivement les errances contemporaines baissent les bras, laissant le champ libre aux démolisseurs. Lesquels ne pourront toutefois tout détruire et ne connaîtront qu’un succès passager. De catastrophes en renaissances, ainsi va l’histoire…

*Au moins chez nous. A ceux à qui elles manqueraient, ce ne sont pas les causes à rallier qui manquent en notre vaste monde…

20 commentaires:

  1. Absence de guerres, vraiment ? Si, pour vous, les seules guerres qui comptent sont celles se déroulant sur le sol national, alors d'accord. Mais enfin, il y a toutes les autres. Sans parler du terrorisme musulman qui est bel et bien une forme de guerre.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. "*Au moins chez nous. A ceux à qui elles manqueraient, ce ne sont pas les causes à rallier qui manquent en notre vaste monde…"

      Ma note de bas de page vous aurait-elle échappé ?

      Quant au terrorisme, quand on compare le nombre de ses victimes en vingt ans à celui d'un seul jour de guerre entre 14 et 18, il apparaît marginal.

      Supprimer
  2. Vous classez les voyages en terres exotiques dans les activités n'apportant pas de nourriture culturelle.

    Pourtant les voyages permettent d'enrichir sa culture tout autant qu'une bibliothèque bien emplie. ça coûte juste un peu plus cher.

    Et d'ailleurs si les Français, jeunes ou vieux, voyageaient plus, ils auraient moins tendance à plaquer des jugements de valeur sur l'histoire car ils la découvriraient au travers d'autres cultures, y compris en ce qui concerne l'Histoire de France (vue par les chinois, par les américains, par les russes...).

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Ne nous méprenons pas : il est certain que les voyages peuvent être l'occasion d'un enrichissement culturel. Comme la télévision et le Net. Seulement, la plupart des vacanciers ne voyagent que pour se retrouver dans des villages touristiques "hors sol" où ils se font bronzer la couenne au bord de piscines ou sur des plages de sable blanc.

      Pour un voyage permettant d'enrichir sa connaissance d'autres civilisations, combien de voyages inutiles où les gens se retrouvent entre compatriotes sans daigner s'enquérir de ce qui less entoure ?

      Supprimer
    2. Oui, vous avez raison... Et on retrouve même ce désintérêt chez beaucoup d'expatriés qui sont envoyés en famille à l'étranger pour deux ou trois ans, avec double salaire, appartement et domestique(s) à disposition, école française payée pour leurs enfants, et qui se désintéressent complètement de leur pays d'accueil temporaire, vivant leurs deux ou trois années d'expatriation sous une bulle, entre compatriotes de même origine.

      Supprimer
  3. J’ai du mal à désespérer

    C'est une disposition qui vous conduira à l'euthymie, bienheureux homme.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. L'euthymie est devenue, avec le temps, mon état d'esprit ordinaire. Sauf quand je me trouve confronté au gauchisme, même sous sa forme la plus bénigne.

      Supprimer
    2. J'aurai appris un mot aujourd'hui, merci fredi.

      Supprimer
  4. Ceux qui désespèrent véritablement se taisent.
    Nous n'écrivons que parce que nous voulons croire à un espoir (ténu, infime, et pourtant...).

    RépondreSupprimer
  5. Michel Desgranges a sans doute raison et le désespoir n'est pas dans la nature de l'homme.
    Cela dit, votre optimisme me ravit, vous voyez en effet le bon côté des choses, et à juste titre.
    Cependant vous ne parlez guère des sujets d'inquiétude qui taraudent les pauvre types dans mon
    genre (mais la compagnie est grande) à commencer par le changement de population, lequel nous fait
    parfois voyager immobiles, si vous voyez ce que je veux dire...sans doute le phénomène est il moins
    évident en Sud-Manche, ceci explique sans doute cela.
    Vous avouerais-je aussi que mon pessimisme noir n'a d'autre fin que de sonner l'alarme...
    Amitiés.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Disons que ce phénomène est quasi inexistant ici. C'est d'ailleurs, entre autres choses, ce qui me pousse à choisir des lieux de résidence isolés.
      Donner l'alarme est utile. Le problème est que la plupart du temps on ne prêche que des convertis.

      Supprimer
  6. Bizarre autant qu hors sujet mais vos deux derniers billets, avant celui-ci, ne sont pas arrivés juqu à ma blogroll...

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Souvent Blogger varie, bien fol qui s'y fie...

      Plus sérieusement, j'ai le même problème avec Nouratin qui s'affichee toujours tard. Mystères du Net...

      Supprimer
  7. L'optimiste, c'est celui qui croit que l'avenir n'est pas écrit.
    Tout comme vous, je suis optimiste.

    RépondreSupprimer

  8. J'ai bien envie de vous piquer quelques phrases... ;)

    RépondreSupprimer
  9. Tant qu'il y a de la vie, il y a de l'espoir, dit-on. Mais nous allons tous mourir. Les choses s'arrangeront-elles avant notre mort?

    RépondreSupprimer

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.