vendredi 27 décembre 2013

Et ta courbe à toi, elle s’inverse ?



M. Dupont est malade. Pas dans son assiette. 38.5 de fièvre ! Le nouveau médecin qu’il a choisi lui dit de ne pas s’en faire : dans quelques jours il courra comme un lapin. Le lendemain, sa température monte à 39. Le médecin revient et lui prescrit de l’aspirine. Il va voir ce qu’il va voir ! Un jour passe et sa température atteint les 39.5. Appelé de nouveau, cette fois le praticien va lui donner des anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) et lui garantit qu’avec ça sa courbe de température va s’inverser. C’est une madame Dupont affolée qui le lendemain téléphone au médecin pour lui annoncer que son mari, au bord du délire fiévreux, affiche une température de 39 .9. Le généraliste a l’air satisfait : 0.4 degré seulement en un jour, il y a du mieux ! On continue le traitement ! Le lendemain, Dupont atteint les quarante. Le Médecin exulte. Seulement 0.1 de plus ? La courbe est inversée !  On tient le bon bout !

Curieusement, Mme Dupont, dont le pauvre mari claque des dents et sue en se plaignant du froid, est inquiète. Elle met en doute les capacités du praticien et l’efficacité de son traitement. Allez savoir pourquoi…

Trêve de métaphore. Venons-en au cher M. Hollande et à sa fameuse « inversion »

Il se peut qu’ « inverser la courbe du chômage » ne soit pas synonyme de  « faire baisser le nombre des chômeurs » mais signifie simplement « ralentissement du rythme de son augmentation ». Dans ce cas et dans ce cas seulement on peut en effet dire que nous assistons à une inversion de la courbe du chômage.

Seulement, je crains que les Français, dans leur grande simplicité, n’aient pas tous un sens des nuances aussi développé que celui dont bénéficient M. Hollande, les membres du ministère Ayrault et  un blogueur de gouvernement à l’esprit subtil. Pour le français de base, il est à craindre que ce ne fût compris comme une baisse pure et simple des inscrits à Pôle Emploi.  Dans ce cas, M. Hollande, ses ministres et son blogueur risquent d’être pris pour de tristes rigolos.

Que le chef de l’État n’ait pas de baguette magique dans sa célèbre « boîte à outils » n’a rien  d’étonnant. Il n’a que des contrats aidés pour tout remède. Malheureusement, leur montée en puissance est insuffisante pour enrayer l’augmentation du nombre de chômeurs. Il est vrai que sans eux il n’y aurait même pas de ralentissement du rythme de cette augmentation.  Il lui faut faire avec une crise dont il n’est, pas plus que ne l’était son prédécesseur, nullement à l’origine. On peut émettre des doutes sur les remèdes qu’il lui applique. S’est-il privé de critiquer ceux de M. Sarkozy ?

Il a cependant, en répétant sans cesse un engagement qu’il n’était pas assuré de tenir,  commis une faute qui risque de miner définitivement le peu de crédit que lui accorde l’opinion. Sa promesse de septembre 2012, s’il ne l’avait réitérée sans cesse eût été oubliée, comme tant d’autres, depuis belle lurette. Seulement, il s’est enferré. Même en admettant que les chiffres de décembre donnent à son engagement un semblant de crédibilité, il sera bien difficile d’assurer, sans une forte croissance, la pérennité de l’ « embellie ». Les  emplois aidés ont leurs limites …

Une fois de plus, M. Hollande sera allé au-devant du ridicule. Sauf à avoir les yeux d’une Chimène bourrée d’aphrodisiaques (ou d’un blogueur de gouvernement), il sera de plus en plus difficile de ne pas le rejeter.

26 commentaires:

  1. Ce qui est certain, c'est que les courbes du mensonge, de l'incurie, du misérabilisme et tutti quanti du même acabit , elles ne cessent de grimper ers de vertigineux sommets.

    Pour le blogger de gouvernement, il faut le laisser dans son aveuglement.

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    1. Ces "courbes" là, on ne cherche pas à les inverser, c'est vrai...

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  2. La loyauté d'un blogueur de gouvernement est inentamable. Ces gens sont les paladins de notre temps.

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    1. Comme vous y allez cher Mat, je les comparerais plutôt à des miliciens arborant la francisque, après tout leur premier président en fut décoré car des paladins que nenni, c'est leurs faire trop dhonneur.

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    2. Cette loyauté serait émouvante si elle n'était ridicule.

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  3. Avec les socialistes les plus deviennent des moins.
    C'est même ce qui les caractérise, leur définition même.

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  4. L'accélération se ralentit puisque l'augmentation diminue. Quand il y aura encore plus de chômeurs, la tendance se confirmera. Moins il y aura de gens susceptibles de perdre leur boulot plus la courbe tendra vers l'asymptote du "plein non-emploi".
    Et pour la courbe de popularité? Pareil!
    Plus le nombre de satisfaits diminuera moins on pourra mécontenter de nouveaux sondés.

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    1. Alors ça c'est magnifique !
      Vous pourriez écrire les discours d' Ayrault et devenir le conseiller du Prince !

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  5. "Sauf à avoir les yeux d’une Chimène bourrée d’aphrodisiaques (ou d’un blogueur de gouvernement)".
    J'ai d'abord plaint la pauvre Chimène, puis une seconde lecture m'a fait réaliser qu'il s'agissait "d'un" et non "par un". Ouf...
    Cessez donc d'accabler ce brave homme. Déjà qu'il en est réduit à faire diversion et à devoir poster des plats en sauce sur son compte twitter, vous ne voudriez pas en plus qu'il se mette à boire?

    Ah, la fameuse croissance, sans laquelle nos gouvernants semblent désarmés et excusés par avance de ne rien pouvoir faire. Faudrait que je retrouve l'article, mais j'étais tombé un jour sur un commentaire qui expliquait, en partie, la "croissance économique" du XXème siècle par la croissance démographique et par l'urbanisation de la planète (quand vous vous installez "à la ville", le simple achat d'une tomate - que vous alliez auparavant chercher dans votre potager - crée une ligne comptable et donc de la croissance).

    (Sinon, un peu en retard pour Noël, alors meilleurs vœux pour tout ce qui vient).

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    1. Ce n'est pas parce que l'on sait qu'elle ne viendra pas qu'on ne doit pas l'attendre...

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  6. Il faut comprendre ce pauvre blogueur de gouvernement : c'est son propre jugement qui est en cause dans cette affaire. Lui qui a affirmé haut et fort qu'il soutenait Hollande depuis longtemps, et pas seulement depuis 2012, que deviendrait sa réputation s'il s'avérait - à Dieu ne plaise! - que ledit Hollande ne soit qu'un pitre doublé d'un incapable?
    Vous le voyez se déjuger en public et ainsi reconnaitre implicitement qu'il a autant de sens politique qu'un pot de géranium?
    Non, non! S'il n'en reste qu'un à soutenir notre Président, ce sera lui. Vous pouvez en être sûr.
    Que diable, c'est son honneur qui est en jeu!

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    1. Certains pots de géranium ont un jugement plus sur : ils ont la prudence de se taire.

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  7. Cette histoire de courbe qui s'inverse me rappelle la cagade réchauffiste de l'an dernier. Selon des pontes du GIEC nous avions eu droit à un hiver rigoureux à cause du réchauffement climatique. En clair, plus ça monte, plus ça baisse.

    Logique inoxydable.

    Quant à moi, la seule courbe qui m'intéresse vraiment, c'est celle des hanches de ma voisine.

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    1. C'est du propre, Amiral ! On vous parle de choses élevées et vous vous vautrez dans le trivial ? Honte à vous !

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  8. "la seule courbe qui m'intéresse vraiment, c'est celle des hanches de ma voisine."
    Et celle-là ne risque pas de s'inverser, elle non plus!

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  9. Le miracle attendu n'ayant pas eu lieu, nos bons socialistes qui ne ratent jamais une occasion de faire prendre les vessies pour des lanternes, passent à la méthode Coué...ils en mesureront les effets l'année prochaine, au moment des élections.
    Amitiés.

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    1. Le ridicule ne tuant pas, ils garderont quelques soutiens moribonds...

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  10. La pratique de l'hypotypose ( qui consiste à "donner à voir ce qui n'est pas" ) est le socle de tout discours socialiste.
    Que le Traité des tropes de Dumarsais permet d'analyser plus finement.

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    1. Dans "Les Figures du Discours" de Pierre Fontanier ( qui s'inscrit en le critiquant dans la tradition de Dumarsais et étudie tropes et non-tropes), ouvrage que j'ai conservé depuis le temps lointain de mes études, il est dit de l'hypotypose qu'elle "peint les choses d'une manière si vive et si énergique, qu'elle les met en quelque sorte sous les yeux, et fait d'un récit ou d'une description, une image, un tableau, ou même une scène vivante." Définition ambiguë qui semble faire de l'hypotypose une description réussie susceptible de créer en l'esprit du lecteur des images vivantes de la scène décrite...

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    2. Voire ! dit Picrochole, mais nous ne bûmes point frais.

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    3. Je faisais allusion au passage de Rabelais où les conseillers de Picrochole lui représentent qu'il a déjà conquis le monde et franchi les déserts. Je gage que notre souverain doit avoir les mêmes.

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    4. Je connaissais, mais ne voyais pas bien le rapport...

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