dimanche 27 octobre 2013

Sentiment d’abandon ?



Je lisais hier un article du Nouvel Obs curieusement intitulé  Pourquoi les Français sont "en colère" : le rapport secret des préfets. Titre paradoxal car divulgué à tout vent, on ne voit pas comment celui-ci pourrait être qualifié de secret.  Ce qui est frappant c’est à quel point les préfets y font preuve d’une clairvoyance quasi surhumaine. Si les Français sont en colère, c’est qu’ils ressentent un sentiment d’abandon et un ras-le-bol fiscal. Leur colère s’exprimera par un vote défavorable ou par une abstention aux prochaines élections. On comprend qu’un tel brulot soit tenu secret !  


Une chose me chiffonne cependant : les Français auraient un « sentiment d’abandon ». Curieusement, j’ai le sentiment contraire. Je trouve en fait  que le gouvernement  s’occupe activement de moi. Bien plus que je ne le souhaiterais : il ne se passe pas de mois où de semaine sans qu’on m’annonce de nouveau prélèvements que ce soit sur mes maigres ressources ou mes modestes économies. Marques d’intérêt dont je me passerais assez facilement.

On ne peut se sentir abandonné qu’à partir du moment où, après avoir bénéficié d’une aide, d’un soutien, ceux-ci nous sont supprimés. Ce n’est pas mon cas. Certes, lorsque je travaillais pour lui, j’obtenais  de l’État la juste rétribution de mon travail. L’Éducation aurait été confiée au secteur privé, j’aurais eu les mêmes attentes vis-à-vis de mon employeur.  De même, je bénéficie de versements mensuels de différentes caisses de retraites (six actuellement et bientôt sept) mais je pense que si j’avais cotisé à des caisses privées, celles-ci m’auraient également versé un petit quelque chose. La CPAM me rembourse mes frais de santé mais ma complémentaire, moyennant une modeste contribution, en fait autant.

Pour le reste, j’ai pu constater que je me suis toujours trouvé exclu de l’allocation de ci, de l’aide au ça et du complément de truc. J’ai même pu constater, à une époque, qu’après avoir payé des années durant des sommes plutôt conséquentes à l’État et à ses succursales sociales ma famille et moi avions  droit à une aide cumulée de zéro franc zéro centime. Ce que, passé un agacement ponctuel, je trouve tout à fait positif : lorsqu’on sait n’avoir à compter que sur soi pour ne pas se retrouver à la rue, ça incite à se bouger le cul.

Se sentir abandonné implique donc une attente, laquelle,  n’étant pas satisfaite, entraîne une frustration.  L’État aime à jouer le rôle d’une providence qu’on a cessé d’attendre du Ciel. Il apparaît comme le preux chevalier qui protège la veuve et l’orphelin, le Robin des bois qui vole les riches pour donner aux pauvres, celui qui emprunte aux banques pour continuer son œuvre. Beaucoup en viennent à attendre que, mi-maman aimante mi-thaumaturge, il les guérisse de leurs moindres bobos comme de leurs affections fatales. C’est souvent lui prêter plus de pouvoir et de vertus qu’il n’en a…

Et si, au lieu de tenter de jouer ces rôles certes gratifiants mais menant plus sûrement au clientélisme qu’à une quelconque justice, l’État nous abandonnait un peu ? S’il se cantonnait à remplir ses fonctions  régaliennes ? Nous en trouverions-nous si mal ?

10 commentaires:

  1. Oh, Jacques ! Mais c'est horrible ce que vous dites là ! Tenez, c'est presque... presque... libéral !
    Ah, quel affreux mot ! Il faut immédiatement que j'aille me laver la bouche avec du savon.

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    1. J'avoue être parfois tenté par le libéralisme tout en sachant que c'est impardonnable.

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  2. Sentiment d'abandon, sentiment d'insécurité, les Français sont très sentimentaux depuis quelque temps.

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  3. Mais pourquoi lisez-vous le Nouvel Obs ?
    Vous voyez bien que cela vous fait du mal !

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  4. Ah, comme vous avez raison, sacrebleu!
    Si le citoyen était un peu moins veule, un peu plus lucide, un peu moins abruti par l'Education Nationale et les media, c'est cela qu'il demanderait, exigerait même. Hélas...
    Amitiés.

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    1. L'endoctrinement est général et permanent. Il est donc difficile d'y échapper.

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  5. Ses fonctions régaliennes, mais nous sommes en République, diantre!

    Jacques vous savez bien que le français est un grand enfant et il a besoin d'un maître qui le surveille en permanence sinon cela serait l'anarchie.

    Personnellement, l'état républicain est un peu trop présent mais je fais avec.

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    1. Bah, si les gens devenaient un peu plus responsables, ils n'auraient plus besoin de père fouettard...

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