vendredi 20 septembre 2013

Disparitions inquiétantes (2)



Le cas du Captain Iglo (en dehors de ce qu’il souffrait d’un grave problème de dysorthographie qui l’amenait à écrire jusqu’à son nom (Capitaine Igloo) de manière fantaisiste) est plus complexe.  Car sa disparition, au début des années 2000, fut l’objet d’une pathétique tentative de dissimulation : on le remplaça de 2008 à 2011 par un acteur, Gerd Deutschmann, mais cela ne trompa personne.

Le Capitaine adorait les enfants. En tout bien tout honneur, précisons le. Aussi, afin que ceux-ci  grandissent en se fortifiant, consacra-t-il sa vie à pêcher pour eux de savoureux colins qu’il transformait sur son navire-usine en bâtonnets pannés dont il surveillait la surgélation avec un soin sourcilleux. Hélas, le capitaine  était d’une distraction que n’arrangeait aucunement ce goût pour les boissons fortes qui est trop souvent  le lot des vieux loups de mer. Une nuit qu’inquiet de la qualité d’un lot de colins il se releva, bien imbibé, pour aller vérifier que leur surgélation se passait bien, il confondit la porte de l’atelier de préparation avec celle d’une chambre froide. Ayant oublié  d’allumer la lumière et distraitement fermé la porte derrière lui, il ne parvint pas à retrouver à tâtons  le système  d’ouverture de cette p****** de porte de m**** avant que le froid ne l’engourdisse. Ce n’est qu’au matin qu’un magasinier découvrit sa dépouille, raide comme un bâtonnet.  On raconte que, reconnaissants, les fabricants de congélateurs lui offrirent un linceul panné et  érigèrent sur sa tombe un monument en forme d’Iglo (igloo dont le dôme est amputé de 20 %). Afin de ne pas trop attrister les enfants pour le bonheur desquels il avait tant fait, on prétendit qu’il avait fait valoir ses droits à une retraite bien méritée, avant de le faire rempiler sous les traits d’un acteur hélas bien trop jeune pour  être convaincant. 


Et l’ami Ricoré, me direz-vous ?  Le drame qui mit fin à une saga publicitaire qui dura plus de vingt ans fut soigneusement étouffé. 

Avec pour fond sonore une chanson niaise, on voyait  arriver, à l’heure du petit déjeuner, le facteur  ou le boulanger  (les clips avec le plombier, le gars de chez EDF, le marchand de tapis, le représentant en aspirateurs, etc. ne furent jamais diffusés) arrivaient au sein d’une famille apparemment unie occupée à boire du Ricoré. Examinons celui du facteur : La mère de famille, toute pimpante et, malgré l’heure matinale, déjà pomponnée et chapeautée, s’écrie feignant la surprise : «  Ah, le facteur ! Bonjour facteur ! »( comme si le passage du facteur, en dehors du dimanche avait quoi que ce soit de surprenant). Le facteur se met à table sans que personne ne l’en ait prié et se met à boire d’un bol  tandis que la maîtresse de maison lui dit qu’il arrive  « toujours à la bonne heure ».  Le facteur (notons qu’il s’exprime avec un accent ridicule  visiblement bidonné) constate que le bol  contient de la Ricoré avant que la dame ne lui dise l’avoir surnommé « Ricoré » (ces gens cultivent un humour particulièrement imaginatif. Il aurait eu du mal à ne pas se voir nommé « Pastaga » s’il s’était pointé à l’heure de l’apéro).  Le facteur s’en va sur son vélo en lançant un « Au revoir, à demain ! » auquel la femme répond  par un « A demain » que vient vite compléter un « Pour la Ricoré » lancé sur un ton gourmand…  Si vous ne me croyez pas, c’est  ici

Ne faut-il pas avoir l’aveuglement de son pauvre mari pour ne pas voir que le facteur se conduit comme s’il était chez lui et que les propos échangés le sont dans un langage codé ?  « A demain, pour la Ricoré » signifie, bien évidemment : « mon couillon de mari ne va pas tarder à aller bosser, planque toi avec ton  vélo derrière la grange à Raymond et dès qu’il sera passé reviens me prendre à la barbare comme tu le fais si bien, grand fou! »(Le ton gourmand de la dame ne pouvant évidemment pas être motivé par l’absorption de ce triste breuvage).

Tout alla pour le mieux de la dame jusqu’à ce qu’un beau matin le pauvre mari, après avoir conduit les enfants à l’école et pris le chemin du travail se rendit compte qu’il avait oublié un dossier à la maison, rebroussa chemin et trouva la camionnette du boulanger garée devant sa porte. Les gémissements qui s’échappaient de la chambre conjugale lui laissèrent peu de doute quant au peu de place que tenait la Ricoré dans leur origine. Ravagé de douleur, le mari trompé voulut connaître l’ampleur de sa déconvenue et revint plusieurs jours de suite après avoir feint un départ et vit successivement garés devant chez lui, un vélo, une camionnette bleue siglée EDF, un camion de pompiers, les véhicules de nombreux artisans. Sa rage alla grandissante, jusqu’au jour où excédé par l’inconduite de son épouse, il revint armé d’un fusil. Voyant arriver un véhicule, il ouvrit le feu sur son occupant qui s’avéra être Steve, dit Stevounet,  coiffeur pour dame à domicile, qui venait en ami prendre un bol de Ricoré. Réalisant sa bévue, le mari retourna son arme contre lui. Nestlé étouffa l’affaire et il ne fut plus jamais question de l’ami Ricoré.

22 commentaires:

  1. "...l'ampleur de sa déconvenue", je peux facilement l'imaginer.
    Dans la boulangerie où j'ai mes habitudes, les clients sont avisés par affiche publicitaire, représentant une Campaillette, occupant une place d'honneur sur les murs du magasin : "Cinquante centimètres de plaisir !"

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. De telles publicités font perdre la tête à certaines femmes volages...

      Supprimer
  2. Notons aussi la disparition de Monsieur Propre qui sous couvert de rendre rutilants nos intérieurs, s'est commis à de nombreux actes répréhensibles en toute impunité, et que la pudeur m'empêche de nommer ici ...
    La lumière sera t-elle faite un jour sur ces turpitudes sans nom cautionnées par nos chaines de télévision ?
    Mediapart pense sérieusement à s'attaquer à cette nébuleuse du vice !

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Un joli coco, ce M. Propre ! Vous faites bien d'attirer l'attention sur lui !

      Si Mediapart s'en occupe, je renonce à mon enquête : ces gens-là sont d'un sérieux et d'une rigueur que je ne saurais égaler.

      Supprimer
  3. C'est malin, j'ai l'impression d'être orphelin, maintenant ! (Quant à la fin de l'ami Ricoré, la connaître me plonge dans une infinie tristesse. Mes matins mous au Nescoré (qui s'appelle maintenant Ricoré, également) seront désormais endeuillés par cette triste histoire :'-(

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Eh oui, Al, je comprends votre tristesse mais il faut bien qu'à un moment ou à un autre la vérité éclate !

      Supprimer
  4. Vous avez raison de dénoncer le goût du Captain Iglo pour ces boissons fortes qui l'ont mené à sa perte. Quand il avait un coup dans le nez, il chantait une chanson qui est restée dans les mémoires de tous les buveurs: "Igo, Igo Iglo, Iglo, il est des nôôôôtres etc".

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Je serais mal placé vu mon hymne familial : "A la tienne, Étienne, à la tienne mon vieux...", pour critiquer le bon Captain.

      Supprimer
  5. Sauriez-vous, par hasard, ce qui est advenu de Groquick ? Sa disparition a été l'un des grands drames de mon enfance.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. La question fut évoquée dès hier. Mais, vu le sérieux de mes enquêtes, vous conviendrez qu'il m'est difficile, voire impossible, d'en mener trop de front.

      Supprimer
    2. Son nom était discriminant envers les gens en surcharge pondérale, et une assoce de droits de LOM (Liberté des Obèses Méchants) a eu sa peau.

      Désolé.

      Supprimer
    3. mat, j'ai écris que Groquick avait pris le train, certainement pour une retraite méritée, il fut remplacé par un lapin dont les oreilles peuvent faire un nœud.

      Supprimer
    4. mat, j'ai écris que Groquick avait pris le train, certainement pour une retraite méritée, il fut remplacé par un lapin dont les oreilles peuvent faire un nœud.

      Supprimer
    5. mat, j'ai écris que Groquick avait pris le train, certainement pour une retraite méritée, il fut remplacé par un lapin dont les oreilles peuvent faire un nœud.

      Supprimer
    6. J'ai bien compris, pas la peine de le dire trois fois.

      Supprimer
  6. Bon sang mais c'est bien sûr,Jacques, vous êtes le Bourrel de la publicité.

    RépondreSupprimer
  7. Bon sang mais c'est bien sûr,Jacques, vous êtes le Bourrel de la publicité.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Vous me flattez, Grandpas ! Personne ne s'approchera jamais de Bourrel !

      Supprimer
  8. et le petit lapin du métro alors ? sacrifié sur l'autel du progrès ? (il y a un groupe sur Facebook pour sa sauvegarde)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Il a fini par se faire pincer pour de bon. Quelle idée aussi pour un lapin de prendre le métro !

      Supprimer
  9. Quelle triste affaire que l'histoire de l'ami Ricoré. Je
    m'inquiétais à son sujet et je vois que je n'avais pas tort.
    Merci, en tout cas, grâce à vous je vais pouvoir commencer mon deuil.
    Amitiés.

    RépondreSupprimer

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.