Il était bien mélancolique,
ce vieux Joachim lorsqu’éloigné pour gagner sa croûte auprès de son cardinal de
tonton en la lointaine Rome, il pleurait en alexandrins l’absence de son petit Liré
avec son ardoise fine, son Loir Gaulois, sa douceur angevine ! Il est vrai
que le voyage qui n’en finit pas peut être source d’ennui. En revanche, la
courte escapade peut être grande joie.
C’est ce que j’ai pu ressentir ces deux derniers jours en me rendant, à l’invitation
d’un blogueur féru de littérature épique
médiévale, en la lointaine et mystérieuse ville d’Évreux. Ce n’est jamais sans
appréhension que l’on part vers l’inconnu. Quitter la Basse-Normandie pour la
Haute ne va pas sans angoisse. Quelle langue y parle-t-on ? Des équipements
spéciaux n’y sont-ils pas nécessaires afin de lutter contre l’ivresse des cimes ?
Le moteur de mon cher break ne risquerait-il pas la surchauffe dans l’ascension
des pentes qui y mènent ?
Arrivé à Évreux je pus réaliser la vanité de ces alarmes.
Tout s’était très bien passé. Je trouvai sans trop de mal la demeure de mon
hôte. S’ensuivirent des heures d’agréables
conversations tour à tour doctes ou frivoles et un bon repas. Le lendemain,
après une matinée pluvieuse digne d’un printemps landais, nous allâmes, midi
passé, visiter la cathédrale Notre-Dame. Les splendides vitraux du XVe siècle de
la chapelle absidiale étant malheureusement en travaux, nous ne pûmes les admirer qu’en partie. Toutefois le mobilier,
des fragments de vitraux du XIIIe siècle, enchâssés dans les fenêtres latérales
et bien des éléments architecturaux de ce monument gothique tardif furent l’objet
de nos échanges et la source de notre ravissement.
Une visite du musée suivit. Situé dans l’ancien palais
épiscopal, l’établissement recèle des collections variées couvrant un large
spectre de l’histoire européenne. D’origine locale ou venus de loin, ces objets
nous firent voyager du paléolithique au dix-huitième siècle. Mobilier, montres
coquines, portraits et objets du quotidien tant par leur variété que leur
abondance rendirent l’excursion agréable.
Nous terminâmes notre périple ébroïcien par la visite de l’ancienne
abbatiale Saint-Taurin dont l’architecture
d’époques variées abrite en une
chapelle les reliques du bon Saint éponyme. La châsse
qui les contient est une merveille. Faite de bois et d’argent recouverts de feuille d’or, sa taille
imposante et la finesse des sculptures qui l’ornent font qu’à elle seule cette œuvre du XIIIe siècle
eût justifié mon voyage.
Après un agréable dîner et une nuit reposante, plein de gratitude
je quittai mon hôte, ravi de l’excursion avec pour seul regret la défection d’un
blogueur et de son épouse qu’un problème de santé contraignit à renoncer à nos
agapes. Que le brave homme qui s’autoproclame être à la littérature ce que l’entreprise
Chombier (peinture et décoration) est à Léonard de Vinci sache qu’il fut l’objet de
nos pensées et de nos souhaits de prompt rétablissement. J’emportai avec moi le
roman d’un autre blogueur que je soupçonne fort d’être habité par une vive
passion pour notre XVIIIe siècle et dont la lecture du premier chapitre s’avéra
prometteuse de moments réjouissants.
De retour dans mes collines, j’espère que mon hôte ne se
sent pas, pris qu’il fut dans le flot quasi-permanent de mes bavardages, dans l’état d’épuisement que connaît le rescapé
quand il atteint la sûreté de la rive, ayant de peu évité la noyade.
"Plein de gratitude", c'est bien mais vous avez oublié de lui baiser les mains - et pourquoi pas les pieds - et ça c'est impardonnable !
RépondreSupprimerCertes, j'ai oublié... Mais bon il y a des bénéficiaires de tôles qui oublient. Ainsi va la décadence. Nul n'en est exempt.
SupprimerJe me demande bien qui peuvent être ces personnages que vous évoquez en termes allusifs.
RépondreSupprimerDemandez vous, demandez vous...
SupprimerQuiconque sait comprendra. D'autant plus facilement que la mèche est vendue (voire donnée) ailleurs.
Que de félicités !
RépondreSupprimerJe suis passée je ne sais combien de fois par Evreux en allant en Normandie ou en Mayenne et je n'ai jamais pensé à m'arrêter, il faudra y remédier !
Et fissa !
SupprimerJe viendrai faire un compte-rendu ici-même promis !
SupprimerJ'y compte bien !
SupprimerAvec toutes ces conneries sur l'art, on ne sait même pas ce qu'il y avait à boire : il est nul, ce billet.
RépondreSupprimerCertes ! Je dois confesser que nous ne bûmes pas beaucoup...
SupprimerPourrait-on avoir l'adresse de l'entreprise Chombier ? La visite chez Bricorama me déprime d'avance.
RépondreSupprimerLes Chombier sont partout. Un véritable empire qui vous salope appartements et maisons en plus de temps que vous ne sauriez payer.
SupprimerUne sacrée dynastie, les Chombier. Les plus connus sont Marcel et Victor. Par ailleurs, "fabriqué chez Chombier" est un label de qualité reconnu.
SupprimerLa pensée de Victor est une source de sagesse où trop peu s'abreuvent.
SupprimerLe renom de M. Chombier dépasse largement les deux Normandies.
RépondreSupprimerAh, mais je m'en fous qu'il parte en vacances au Club Méditerranée, Monsieur Chombier... tant qu'il fait les enduits correctement...
SupprimerIl ne les fait pas correctement. C'est pourquoi il peut s'offrir des vacances de rêve au Club Med. Chombier est un escroc (ou artisan).
SupprimerNormandie , terre de voyage et rencontres; la cause en serait elle la venue des vikings ou de la rotondité des pommes qui peuvent ainsi aller très loin tant qu'il y a une pente.
RépondreSupprimerAllez savoir...
SupprimerIl n'y a pas que les pommes qui sont rondes en Normandie...
RépondreSupprimerExact. C'est le cas de la quasi-totalité des boules de pétanque et de bien des femmes.
SupprimerChez le blogueur de haute graisse l'art de la conversation est porté aussi haut que celui de l'écriture, au moins.
RépondreSupprimerJe puis donc ainsi dissiper vos inquiétudes.
Amitiés.
Ben oui, au moins, et c'est la le problème. On peut en devenir soulant.
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