samedi 27 juillet 2013

Jack of all trades



Je suis un « Jack of all trades » et par conséquent « master of none » comme ajoutent parfois  les anglais rendant ainsi la locution péjorative. On donne fréquemment pour traduction à cette expression proverbiale « qui trop embrasse mal étreint » mais littéralement  elle désigne une personne qui atteint  un certain niveau dans bien des domaines mais n’excelle dans aucun.

Par conséquent, je suis toujours impressionné par ceux qui cantonnent leur intérêt à un domaine et qui, s’y tenant toute une vie, finissent par atteindre un degré de savoir impressionnant qui vous rend bien humble voire un tantinet  envieux.

Pour tout arranger, mes intérêts sont fluctuants.  Fut un temps où je pouvais vous décrire avec une certaine exactitude une église romane ou une lampe à pétrole. Et puis mon intérêt pour l’architecture religieuse ou les becs de lampes s’est émoussé et faute d’être utilisées mes connaissances en ces matières se sont étiolées avant de quasiment disparaître. De cela, je pourrais multiplier les exemples. Ce qui doit faire de votre serviteur un homme de vaste culture si tant est que la phrase d’Édouard Herriot recèle une quelconque vérité.

Cette instabilité m’a longtemps inquiété, surtout qu’elle concernait à peu près tous les domaines. J’ai fini par me faire une raison ou plutôt par comprendre qu’en fait ce qui me motivait n’était pas le savoir mais la découverte. Or si le premier est une patiente édification, une sorte de thésaurisation, la seconde ne saurait  être qu’éphémère. On ne peut pas découvrir l’eau tiède  tous les matins.

Au plaisir de la découverte s’ajoute celui de relever des défis : serai-je ou non  capable d’accomplir correctement telle ou telle tâche ? C’est pourquoi les activités manuelles m’intéressent tant. Jusqu’à quarante ans passés, en dehors du jardinage, je n’avais quasiment jamais rien fait de mes dix doigts. Et puis, petit à petit je me suis lancé dans des travaux de plus en plus complexes qui m’ont amené à rénover entièrement, gros œuvre mis à part, une maison.

Une forme d’inconscience m’aide à relever de nouveaux défis : je minimise systématiquement les difficultés. Après une phase de collecte de renseignements, auprès de spécialistes ou sur le Net, ayant acquis une claire vision de la manière dont mon projet se réalisera, sa mise en action me paraît une partie de plaisir. Ce n’est qu’ensuite que je constate que rien ne s’obtient sans efforts. C’est alors que la rage et une certaine forme d’orgueil prennent le relais de l’enthousiasme.  Il faut que je réussisse coûte que coûte quitte à  terminer  épuisé (et toujours légèrement insatisfait).

J’espère que cette curiosité ne me quittera jamais.

11 commentaires:

  1. Ainsi dit, vous ressemblez au sept, que l'on dit généraliste épicurien.

    Voici ainsi dévoilés les tréfonds de votre âme torturée. Et j'vous fais pas payer la consulte :-)

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  2. Maître jacques vous êtes une épée du « Jack of all trades » , je serais extrêmement heureux d'arriver à votre dégrée de perfection manuelle.

    Mon côté "qui trop embrasse , mal étreint" ; c'est arrêté aux dames, j'ai eu du mal à comprendre que la quantité ne pouvait se substituer à la qualité même avec une feuille de chasse bien établie.

    Le seul objet que j'ai construit de mes mains est une maquette de voiture au 1/35 éme depuis ces dernières se sont mises à trembler pour des rondeurs moins froides.

    Ah, l' Été et ses journées courtes vêtues.

    Vos travaux manuels m'épatent, si un jour vous expliquez que vous vous attaquerez à un pont pour traverser la Manche, je vous croirais!

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  3. Robert Marchenoir27 juillet 2013 à 16:47

    De là à acheter 700 vis pour chercher du gaz de schiste dans son jardin, il y a de la marge...

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    1. Ne seriez-vous pas un brin moqueur, Robert ?

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    2. Robert Marchenoir28 juillet 2013 à 13:44

      Moi ? Noooon, pourquoi ?

      Au fait, vous ne connaîtriez pas un bon forum ou site sur l'électricité ?

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  4. Même si l'enthousiasme reste, la rage et l'orgueil finissent par céder devant les forces qui diminuent, hélas!
    Donc ne remettez plus à demain, je vous le dis par expérience.

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    1. On peut adapter ses objectifs, non ?

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    2. Ceux que l'on découvre des vôtres sont assez ambitieux, en tous cas.

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  5. C'est un gage d'éternelle jeunesse, ne vous inquiétez pas
    ça ne vous lâchera jamais, on ne se refait pas, n'est-ce pas? Et c'est tant mieux...dans votre cas.
    Amitiés.

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