jeudi 20 juin 2013

Ma santé m’emmerde !



Pour les bien portants, les non-hypocondriaques, en général on passe l’essentiel de sa vie sans voir un médecin beaucoup plus d’une fois par an et encore. De temps en temps, un consciencieux vous fait faire des analyses. Elles sont parfaites ou presque. R.A.S.

Et puis arrive la cinquantaine et ça se corse. On commence à vous trouver  trop de ci, pas assez de ça, votre taux de truc est « inquiétant », quand à celui de machin… Et l’analyse en entraîne une autre, plus fine.

Et ce bouton, là, ça s’rait-y pas un p’tit cancer de la peau ? Oh, rien de bien méchant, mais quand même…  Allez hop ! Chez le spécialiste ! Et pas de discussion ! Re-analyse. C’était bien ça ! Intervention !  Puis surveillance…

Et le cœur ? Il y a des trucs bizarres… Cette douleur fugace qui vous scia un soir, ça s’rait-y pas un signe avant-coureur de l’infarctus qui, vue votre déplorable hygiène de vie, devrait logiquement vous terrasser un de ces quatre ? Et vlan, en observation ! Une fois bien observé, on vous colle un traitement à vie. Ne serait-ce qu’à titre préventif. Avec visite chez le bon docteur pour le renouvellement et chez le cardiologue une fois l’an. Une crise de tachycardie ? Et toc, que je te colle un appareil qui va te faire un électrocardiogramme sur vingt-quatre heures des fois que…

De fil en aiguille, on passe de plus en plus de temps à voir de plus en plus de médecins. Des gens généralement bien élevés et propres sur eux. Un seul défaut : leur petite fixette sur la santé. Il est vrai qu’un médecin qui n’en aurait rien à foutre… N’empêche, ils sont lassants : faudrait pas boire, pas fumer, manger sainement, faire du sport. Et quoi encore ? Quand ils sentent que, selon vous, leurs bons conseils ils peuvent se les carrer quelque part, ça les rend maussades. Ils préfèrent les bons petits soldats, ceux qui qui les prennent pour une seconde maman et qui disent « le médecin m’a interdit les sushis et le lait de jument fermenté »…

D’un autre côté, le jour où j’ai fait une crise de colique hépatique, j’étais bien content qu’un chirurgien vienne m’enlever la vésicule. Quoique, vue l’intensité des douleurs, au bout de dix heures un gars serait venu me coller un bon coup de bêche derrière les oreilles, je lui aurais également dit merci…

En résumé, en dehors des urgences, je crois que la prise en charge médicale d’aujourd’hui est surtout faite pour ceux qui tiennent absolument à vivre indéfiniment. Ce n’est pas mon cas. Tant que je le pourrai, j’entretiendrai mes vices. Avec le taux de triglycérides qui me plaît. Des cancers du poumon, de la gorge, de la langue, de l’estomac, du colon ou de l’AVC et de l’infarctus qui tous me pendent au nez qui gagnera la course ? J’aurais une petite préférence pour un truc qui me laisse le temps de ranger mon bureau mais dans le fond je m’en fous. Et n’importe comment, on ne me laissera pas le choix.

Sans compter qu’une mort accidentelle est envisageable. Qui dit qu’un chasseur à la vue basse ne me prendra pas pour un lièvre (bien que je n’en aie pas le bec) ? Qu’une moissonneuse batteuse  ne viendra pas, fléau de Dieu moderne, me moissonner ? Qu’un taureau joueur ne me prendra pas pour une sorte d’El Cordobes ? Se promener dans la campagne présente tant de risques…

28 commentaires:

  1. Voilà qui est bien résumé. Et fort sage, moi j'dis.

    Amicalement.
    Al.

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  2. Moi j'dis connais pas votre âge, si vous ne vous mettez pas martel en tête. Je ne sais pas ce que je ferai si un jour je me sens, coincée. Pour le moment j'évite les médecins.

    Les médecins m’emmerdent depuis très longtemps, l'un me voyait, stérile, si si, si, l'autre en chaise roulante à 40 ans, il s'est heureusement planté et un dernier m'a inutilement angoissé vu un rétrécissement d'aorte,j'sais plus laquelle, enfin bref, j'évite l'angoisse de voir ces gens, qui s'avèrent très mauvais pour ma santé morale!

    Et? On ne prend et on en laisse, avec l'intelligence de notre appréhension de la vie, ce qu'on veut et ce qu'on veut éviter, par exemple.

    Portez vous bien néanmoins, le plus est mieux que le moins mais le mieux l'ennemi du bien.

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    1. Oh, mon âge n'a rien de secret : bientôt 63 ans. Je ne me sens aucunement coincé. Je suis poli avec des gens qui me proposent gentiment des services. Un peu comme on fait semblant d'apprécier un cadeau que l'on n'aime pas.

      J'en laisse plus que je n'en prends...

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  3. Sachez que nombre de médecins, ,je puis en témoigner, raisonnent pour leur propre compte comme vous le faites pour le vôtre.

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    1. J'en suis bien conscient. Ils font leur devoir cependant et il est difficile de leur en vouloir.

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  4. Il faut se faire une raison: à partir d'un certain âge, prendre soin de sa santé devient un boulot à plein temps.

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    1. Ben oui, mais si je suis à la retraite ce n'est pas pour prendre un boulot à plein temps.

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  5. Plus je vois mon médecin plus je suis malade!

    grandpas 2013.

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  6. Contrairement à Al West je ne trouve pas que votre attitude soit fort sage mais cela ne regarde que vous. Amen !

    La thérapie par le rire, vous connaissez ?

    Cadeau : http://www.youtube.com/watch?v=fSf2w23NYOA

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    1. Vous savez, la sagesse est comme toute chose : très relative...

      Merci pour le cadeau.

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  7. Je plains votre médecin, mon cher Jacques.
    Mais peut-être est-ce vous qui avez raison.

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    1. Ne vous en faites pas trop pour lui : la dernière fois que je l'ai vu il avait l'air en bonne forme et d'humeur joyeuse.

      Et si j'avais tort je ne pourrais m'en prendre qu'à moi-même...

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  8. J'évite les médecins comme la peste; j'accepte un bilan sanguin tous les 6 mois mais ma bonté s'arrête là. Foin du cardiologue qui vous propose ne varietur un "test d'effort" dont on ne sait à quoi il sert (parce que bien sûr on ne vous explique rien) et qui en a tué beaucoup, Goscinny en particulier.
    "faudrait pas boire, pas fumer, manger sainement, faire du sport. Et quoi encore ?"
    ABSOLUMENT!
    On vous bassine sur toutes les radios (j'ai supprimé la télé de mon propre chef sur mes propres conseils) avec le sport qui est in-dis-pen-sable et les conseils de santé.
    Je suis une émule de Churchill: "no sport!"

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    1. tous les 6 mois ? eh bien, c'est énorme ! Ca sert à quoi ? Une fois tous les 18 mois...

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    2. Malheureusement j'ai un côté influençable aussi.

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  9. Encore un moment, Monsieur le bourreau.21 juin 2013 à 08:04

    Parler de sa mort de son vivant ne prête guère à conséquence ; c'est banalement inutile et indécent.

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    1. Certes. Cependant, en parler après semble difficile.

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    2. assertion un peu ridicule Monsieur !

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    3. Jacques, oui, c'est du bon sens !

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    4. Merci, Brebis. Monsieur est un pince-sans-rire.

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    5. Je vous faisais, bien inconsidérément, le crédit de ne pas jouer à Coluche après avoir prétendu échapper à votre passé de clown. Quant aux brebis, ce sont des moutons lents et inoffensifs qui hantent volontiers l'herbage des collines.

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    6. Homme (ou femme) de tant de pseudos, je ne saisis pas très bien le sens de votre commentaire. Et j'en suis fort marri.

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  10. On vient d'apprendre qu'il n'y a plus d'antalgique ni d'anesthésique, en dehors du clou de girofle et du maillet. Préférez un truc qui ne vous laissera pas le temps de ranger votre bureau.

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    1. Si tel est le cas, vous avez raison. Solution : ranger dès maintenant mon bureau, au cas où.

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  11. Vous avez bien raison, laissez faire la nature, elle trouvera toujours le moyen de nous récupérer en temps utile.

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