jeudi 28 mars 2013

Vaticinations d’un extrémiste modéré



Mon pauvre Jacques, me direz-vous, vous oxymorez à plein tube ! Ce titre n’a pas de sens ! 

Je crois qu’une explication s’impose.

Pourquoi serais-je un extrémiste ? Parce que d’autres en ont décidé ainsi au nom de la bien-pensance*. Vous savez, ce truc que nos « élites » essaient de nous vendre avec de moins en moins de succès depuis des décennies. Selon cette école de « pensée » tout ce qui relève du simple bon sens est à rejeter au nom d’un progressisme soi-disant généreux  basé sur une la négation systématique des évidences.  Pour un bien pensant nul ne saurait tirer meilleur profit des bretelles qu’un lapin  et le tablier est un must pour la vache. Celui qui pense différemment est un Réac dont le rêve secret,voire avoué après exégèse de propos déformés,  est de voir revenir tonton Adolf.

Car le bien-pensant, dès qu’il cesse de ratiociner et qu’il a bien coupé les cheveux en 1024 devient un redoutable généralisateur prompt à mettre tout le monde dans le même sac et le sac à la Seine. Alors qu’il supporte et même admire l’extrême différence chez l’exotique, chez son voisin,  la plus infime entorse à son catéchisme est hissée au rang de péché mortel et devrait entraîner la damnation.

Je suis donc un extrémiste et me trouve dans un sac en diverse compagnie. M’y côtoient jeunes et vieux, calmes et agités, diserts et taiseux, ultras et modérés. Sur le Net, on appelle ça la réacosphère. Dire que je partage en tout point les opinions de ceux qui figurent dans ma blogroll serait mentir. La virulence ou la monomanie de certains, le profond racisme ou le philosémitisme  d’autres (personnellement, je n’aime ni ne déteste personne en raison de sa couleur ou de sa religion) me sont étrangers.  Étant pour la liberté d’expression, je ne vois pourtant aucun inconvénient à ce qu’on soutienne que les guerres napoléoniennes n’ont fait qu’un mort et deux blessés légers ou que toutes les cultures se valent.  Avoir fait de certaines opinions des délits me choque. Je supporte parfaitement qu’on soutienne des thèses différentes des miennes. C’est pourquoi je me considère comme un extrémiste modéré.

Maintenant, la bien-pensance est en train de perdre du terrain* et les Français ont de plus en plus de mal à admettre que la meilleure façon de marcher c’est encore sur la tête.  Nos chères élites mettent ça sur le dos de la crise, certains réacs y voient le signe de l’imminence d’orages salvateurs.

La question est de savoir si les orages (métaphore de troubles civils) ont jamais apporté quoi que ce soit de bon. Je ne le pense pas. Je laisse à la gauche les révolutions. Je sens monter  dans la réacosphère  un désir d’actions qui ne sauraient mener qu’à des troubles graves. Et, puisque je suis parti à vaticiner, je dirai que cela ne mènera non seulement à rien de bon mais à rien tout court. A mon sens, il n’y aura de victoire contre la bien-pensance et les catastrophe qu’elle entraînera fatalement que le jour où, quel que soit le bord où l’on se situe politiquement,  à gauche, à droite, dessus, dessous, devant, derrière, il deviendra impossible de tenir son discours sans s’assurer d’être défait et d’engendrer les rires d’une large majorité.  Pour assurer cette ÉVOLUTION culturelle, il faut du temps, de la patience, des arguments.  Il faut qu’elle transcende des divisions qui n’ont rien à voir avec elle. Qu’on soit pour un rôle plus ou moins important de l’état dans l’économie ne devrait pas impliquer ipso-facto que l’on soutienne ou pas les plus ubuesques réformes sociétales. C’est précisément du contraire que les « élites » veulent nous convaincre.

Rendre la vie impossible à M. Hollande au point qu’il en vienne à partir serait certes bien beau mais également inutile si pour le remplacer on ne trouve qu’un partisan de ce que l’on combat. Ces alternances, à quoi servent-elles si la ligne générale continue de nous mener, au niveau sociétal et accessoirement économique, dans le mur ?

S’opposer de manière frontale à un pouvoir quelconque ne servira à rien si l’on n’a pas auparavant convaincu  de manière durable les Français que les idées défendues par la bien-pensance sont nuisibles. Si on ne lui a pas fait sentir que, loin d’être secondaires, épiphénoménales voire fantasmées, certaines questions sociétales sont fondamentales et que si l’on continue à en nier l’importance la société ne pourra que se déliter chaque jour un peu plus.
*Intéressant échange sur le sujet entre MM. Zemmour et Caron  ici entre 24.49 et 26.24

8 commentaires:

  1. Nous sommes toujours l'extrémiste d'un bien pensant, la belle affaire!

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  2. Voilà un très joli manifeste rad-soc. Convaincre de manière durable..... ah la durée en matière de politique et de conviction ! C'est du Hollando-Chiraco-sarkoz.......

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    1. N'empêche que faute de le faire on n'arrive à rien. Exemple la révolution de 1789.

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  3. A mon avis, la droite aime trop l'argent pour oser prendre ses responsabiliés. Elle sera européiste, et en acceptera toutes les contraintes, jusqu'au bout. Ecrit autrement, quand le FN sera souvent au second tour, elle appellera à voter PS.
    jard

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  4. J'entends bien ce que vous dites et vous avez peut être raison. Seulement, depuis près de quarante ans, je vois la
    gauche imposer sa loi, la situation du pays qui se dégrade progressivement, l'insécurité qui monte et surtout, surtout, la population qui change. Apparemment notre belle démocratie ronronne paisiblement sur un volcan qui explosera un jour ou l'autre. Si nous laissons faire les choses, quand ça pètera vraiment, nous ne serons plus en mesure de maîtriser, nous subirons.
    Amitiés.

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    1. Je comprends votre agacement, mais agir quand on n'a pas une majorité derrière soi mène à l'échec.

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