dimanche 10 février 2013

Du bon, de l’excellent Goux !



Sitôt reçu, sitôt lu, je viens de terminer Mémoire d’en France de Didier Goux.

Par certains côtés, le livre est décevant* : c’est en vain qu’on y chercherait d’utiles enseignements sur l’élevage ducanard de Barbarie, des astuces de bricolage (comme la manière d’extraire une vis dont la tête est abimée), de savoureuses manières d’accommoder les restes de gigot. S’il en est question c’est de façon si métaphorique que ça m’a totalement échappé. Ce livre est profondément inutile.  C’est peut-être  de là qu’il tire sa beauté, comme disait Edmond.

Il parle de tout plein d’autres choses et surtout  il en parle bien.  Ça se lit comme on boit du petit lait, sauf que, normalement, la boisson de petit lait, en quelque quantité que ce soit, ne provoque pas l’hilarité. A moins qu’on y ait mêlé des substances…  C’est le tour que réussit le style  fluide de M. Goux quand  il dérape, fondant dans une langue formellement impeccable de réjouissantes trivialités.

Inutile, disais-je. Comme peuvent l’être des considérations sur la mort, les livres, la France qui s’en va, les films d’horreur, les femmes,  les lapins incongrus. Quant aux messages d'outre-tombe...

Etant de nature sombre, ma préférence va vers ce qui fait rire. Ainsi me régalai-je à la (re)lecture des textes sur les personnages de film d’horreur hollywoodiens (PF2H). Bêtement sentimental, j’admirai ce bijou d’émotion pudique où Didier, s’imaginant  privé par la mort de son Irremplaçable, déclare : « on peut imaginer que je me saoulerai déraisonnablement –et  pleurerai pour finir ; mais des larmes d’ivrogne : pour un homme c’est plus digne. »  Brute épaisse, j’appréciai moins les passages littéraires consacrés à Renaud Camus, auteur que je ne connais pas et vers qui rien ne m’attire.

Étant peu amateur de critique, je ne me livrerai pas à de longues,  vaines et pataudes analyses. A ceux pour qui quelques heures d’heureuse lecture sont un régal  précieux je dirai simplement : procurez vous ce livre !

*Normalement, c’est in cauda que se trouve le venenum. Je le mets in capite, pour faire mon original.

6 commentaires:

  1. Dites pas ça, malheureux ! Le pauvre est déjà en train d'attraper la grosse tête à cause de Claude Durand.

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    1. Je viens de m'en apercevoir ! Je vous jure que Claude et moi ne sommes pas de mèche !

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  2. Après ça, je peux mourir tranquille : mon passage sur cette foutue planète n'aura pas été vain…

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    1. Vous fîtes l'objet d'une bien plus flatteuse louange pas plus tard qu'hier, me semble-t-il !

      Permettez-moi de souhaiter égoïstement que vous prolongiez ce passage.

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  3. "...ce bijou d'émotion pudique où Didier, s'imaginant privé par la mort de son irremplaçable..."
    C'est sûr, ça fait envie !

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    1. Il ne s'agit pas d'envie mais d'émotion face à une peine si pudiquement exprimée.

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