mercredi 5 décembre 2012

Le Louvre à Lens !





Je note avec bonheur que notre cher omni-prés(id)ent  nous a gratifiés d’une de ses apparitions quotidiennes sur nos plats écrans. Cette fois, il était  à Lens. Il y inaugurait  des chrysanthèmes le Musée du Louvre. Outre le fait qu’il n’est pour rien dans  cette merveilleuse opération de décentralisation, cet événement considérable m’amène à me poser des questions.

Puisqu’il y a Beaubourg à Metz, pourquoi pas Le Louvre à Lens, me direz-vous ? En effet, pourquoi pas ? Seulement, j’ai comme une impression d’arnaque quand j’entends ça. Si on  avait voulu transférer le palais parisien à Lens ou le Centre Georges Pompidou à Metz, il aurait fallu les démonter, les reconstruire en ces lieux  et y transférer l’ensemble de leurs collections. Est-ce ce qu’on a fait ? Que nenni ! On y a construit des bâtiments qui n’ont rien à voir avec les originaux et les institutions en question ont condescendu à y transférer une partie de leurs collections puis on a baptisé ça du nom prestigieux de l’établissement dont ils ne sont au mieux qu’une modeste annexe.

J’imagine la mine déconfite du pauvre touriste abusé demandant à un gardien « Pardonne, Missiou, où il être le Joconde,  please ? » et se voyant répondre qu’elle n’est pas à Lens ! Parce que le Louvre pour beaucoup, c’est la Joconde. Un Louvre sans Joconde, c’est comme un pain sans farine ni sel ni eau ni levure : pas grand-chose.  

Mais triple con, m’objectera-t-on, tu ne comprends donc rien à rien ? Il ne s’agit pas de transférer mais d’implanter, dans le cadre de la décentralisation, des musées de qualité dans des lieux  jusque là dépourvus de ces atouts culturels !

Cher monsieur, chère madame (notez à quel point je sais rester poli avec des personnes qui s’adressent à moi en  termes discourtois), leur rétorquerai-je, je comprends ce souci. Mais pourquoi reprendre le nom d’une institution prestigieuse pour ce faire ? Si Lens tient à ce point à offrir au monde de magnifiques collections que lui prêterait l’établissement parisien, pourquoi ne le nommerait-il pas « Le Terril » et n’attendrait-il pas que leur qualité lui attire les foules qu’il mérite ? Comment ça, ça prendrait trop de temps ? Ça risquerait même de ne jamais venir ?

En fait, il ne s’agit que de profiter du prestige d’un lieu culturel éminent pour attirer dans des endroits improbables des amateurs qui s’intéressent  davantage à une image qu’aux œuvres. C’est du marketing.

Partant du fait qu’on peut  attirer les foules  dans un édifice qui ne ressemble en rien à l’original et ne saurait receler ses richesses, pourquoi  ne construirait-on pas une « Notre-Dame de Paris » à Romorantin, un  « Sacré-Cœur » à Châteauroux, Une « Sainte Chapelle » à Rodez, un  « obélisque »  à Hénin-Beaumont ou une « Chapelle  Sixtine » à Rodez ?


Dans un souci d’économie, ils pourraient se contenter d’un bâtiment modeste, toujours le même, le gros des dépenses consistant en l’installation de nombreux  panneaux routiers dans un rayon de quelques centaines de kilomètres autour de ces localités. Le retour sur investissement serait rapide !

Voici ce que je propose :

La « Notre-Dame de Paris » de Romorantin
Le « Sacré-Cœur » de Châteauroux
 La « Sainte Chapelle » de Rodez
L’« obélisque »  d’Hénin-Beaumont
La « Chapelle  Sixtine » de Rodez

Arnaque ? Ben oui ! Un peu plus un peu moins, ne chipotons pas !

24 commentaires:

  1. Comme je l'écrivais chez Corto, Lens est une ville triste à mourir que voulez vous après tant de gestion socialiste, il ne faut pas être étonné mais là n'est pas le sujet du billet.

    Votre proposition d' installer des abris de jardin n'est pas idiote et surtout moins onéreuse car dans ce bassin du Nord et du Pas de Calais existe une société qui en construit:

    http://www.destombes-bois.fr/

    Cela ne s'invente pas, quand je disais que c'était triste à en mourir et comme disait Brel; "Avec un ciel si gris qu'un canal s'est pendu".

    Pour éviter toutes remarques désobligeantes, je suis né dans ce département à quelques kilomètres de Lens et les rares fois où j' y retourne, j'ai envie de pleurer.

    On dirait l' Allemagne de l'Est des années 70.

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    1. Il serait honnête de votre part d'évoquer au passé la noirceur et la tristesse du pays minier : comme l'a si bien dit notre bon président, depuis hier, le soleil du Louvre l'illumine !

      Quand à la société que vous évoquez, son nom, allez savoir pourquoi, ne m'inspire qu'à moitié confiance...

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  2. "Un Louvre sans Joconde c'est... pas grand-chose."
    D'autant qu'on vient d'apprendre que LA Joconde serait Un Jocond !
    D'autre part, je ne sais ce qu'il est est pour Romorantin, Châteauroux ou Hénin-Beaumont, mais en ce qui concerne Rodez, cette ville possède une cathédrale qui peut rivaliser avec les plus belles cathédrales de France, donc je dirais que votre exemple a été mal choisi.

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    1. Je veux bien tout ce qu'on veut, Mildred mais si belle soit-elle la cathédrale de Rodez peut-elle vraiment rivaliser avec la Chapelle Sixtine ?

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  3. Habitant Strasbourg, je suis allée deux fois à Beaubourg - Metz. Pour moi : une arnaque. Un saupoudrage moderno-contempo-crypto-décadent. Pas la moindre oeuvre majeure de la maison mère n'est offerte au visiteur. L'attractivité du nom "Beaubourg" se doit d'attirer le gogo. Et ça marche : 1 million de visiteurs par an. (Le marché de Noël - pouah ! - à Strasbourg, c'est 2 millions de visiteurs en 5 semaines...). Je suis du Ch'Nord et je sais cette région déshéritée par un siècle de socialisme obséquieux et redoutable - voir ancien maire Dallongeville qui a volé la ville d'Hénin-Beaumont et ses citoyens pendant des lustres et qui maintenant enseigne l'écononmie dans un lycée professionnel des Vosges!!! Pour ce qui est du Louvre 2, la générosité socialiste des bobos parisiens opère encore : on offre quelques miettes du gâteau aux pauvres analphabètes incultes et on a sa conscience tranquille. Je suis de l'avis de Jacques-Etienne, une petite coquille montable en kit et que ne coûte pas plus de quelques centaines d'euros, ça devrait suffire pour les ploucs. En tout cas j'ai bien ri. Ici au moins on démasque les intentions...

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  4. Vous avez omis d'évoquer
    "Le Tombeau de Napoléon" de Tulle,
    "Les colonnes Buren" de Nantes,
    "Le palais de l'Elysée" de Lascaux,
    "l'Arc de Triomphe et son soldat inconnu" d'Echirolles,
    "L'ossuaire de Douaumont" de la route des Sanguinaires,
    ...

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    1. On ne peut pas tout évoquer. J'avais également en tête le Taj-Mahal de Guéret, mais je craignais de faire trop long.
      Merci pour votre contribution !

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  5. Je n'ai entendu aucun commentaire sur les coûts de l'opération : déplacer un tableau aussi célèbre que le Delacroix doit coûter une petite fortune non ? j'avais lu une entrevue avec le directeur du Grand-Palais qui expliquait que dans les expositions le premier poste de défense c'était les assurances pour les oeuvres empruntées

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    1. Je ne me souviens plus de la somme, mais les frais de fonctionnement s'annoncent élevés !

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    2. Poste de dépense, désolée; voilà ce que c'est de commenter pendant les heures de bureau, on se dépêche et on ne se relit pas !

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  6. Deux remarques : pourquoi faire figurer Rodez deux fois parmi les bénéficiaires de ces délocalisations prestigieuses ?
    D'autre part, il y a un peu partout en France des églises bien plus intéressantes que la Sainte chapelle de Paris. A Rodez par exemple (je confirme).
    Pour le reste, vous avez totalement raison.

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    1. Pour la double mention, il s'agit d'une erreur. Je ne vois aucune raison pour avoir à ce point gâté une ville qui selon vous et Mildred peut déjà s’enorgueillir d'une merveille gothique. Mal reconnue puisque dans le gros livre sur l'art gothique que je possède et viens de consulter on ne la mentionne que par deux fois et on n'en donne qu'une illustration ce qui est très faible par rapport à Notre-Dame de Paris, Chartres, Strasbourg, Amiens, Reims et bien d'autres édifices religieux (dont la Sainte-Chapelle qui à mes yeux est un pur joyau difficilement dépassable).

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  7. Au départ, l'idée n'est pas bête, la preuve à Bilbao avec le Guggenheim. Beaucoup d'objections cependant :
    -Lens n'est pas Bilbao
    -C'est la fondation Guggenheim qui finance les collections
    -il n'y a pas de Guggenheim en Espagne qui viendrait concurrencer celui ci tandis qu'entre le Louvre et le Louvre-Lens, le choix est vite fait
    Au final, je doute fort que les retombées soit significatives

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    1. La fondation Guggenheim est le Louvre n'ont en commun que d'exposer des œuvres d'artL Le Louvre, comme L'Ermitage sont des institution séculaires enracinées dans une ville et un lieu précis...

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  8. On construit bien un Louvre à Abou-Dhabi, chez les pétro-bédouins! On pense bien qu'ils ne verront pas la différence eux non plus.

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    1. A Abou-Dhabi un Louvre n'a pas grand sens non plus. A moins de considérer qu'il ne s'agit que d'une marque comme les Galeries Lafayette ou le Printemps...

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    2. Ce fut une marque,les Grands Magasins du Louvre.
      http://fr.wikipedia.org/wiki/Grands_Magasins_du_Louvre

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  9. Oh, mais comme vous avez l'esprit chagrin... Un musée, ce n'est pas de l'argent gâché, tout de même ! On ne va pas pleurer sur l'ouverture d'un musée !
    (J'aime bien les musées de province)

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    1. Je n'ai rien contre les musées, et tant qu'à faire je les préfère, ayant horreur de la foule, dans de petites villes. Devrait-on pour autant les appeler tous des "Louvre" ?

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  10. "A moins de considérer qu'il ne s'agit que d'une marque comme les Galeries Lafayette ou le Printemps..."

    Oui, aussi.
    Combien de visiteurs viennent juste vérifier la présence, la vérité de l'existence de la matrice de l'illustration de leur tee-shirt, de leur bol, de leur calendrier.

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  11. A quoi sert en effet de construire un Louvre à Lens alors qu'on n'a même pas un crâne de Mozart enfant à exposer ?

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  12. Attention, on risque de se retrouve avec un "Elysée de Tulle"!

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