samedi 10 novembre 2012

Streets of London (1)



Je ne peux entendre cette chanson sans avoir la chair de poule. Les paroles en sont émouvantes et simples. Et les rues de Londres, putain, je les connais !

Mon premier séjour à Londres m’en a appris des choses, et pas que sur la charcuterie industrielle ! En ces premières années 70, se loger à Londres n’était pas évident. Même avec un salaire acceptable. A mon arrivée, vu que je ne trouvais rien, je fus hébergé par unefamille de parents d’élèves. De charmants Cockneys francophiles. Une sorte d’oxymore (à cause de la francophilie). Ensuite, avec deux collègues nous parvînmes à trouver un appartement en collocation. Seulement, l’un d’eux avait un péché mignon : il picolait comme un malade et quand c’était son tour de cuisiner, il avait tendance à rentrer bourré et à nous proposer d’aller au restau. Vu ce qui nous restait une fois le loyer payé, ça ne le faisait pas. Au bout de 3 mois la colocation fut dissoute d’un commun accord. Nous restâmes cependant tous trois amis pendant de longues  années…

Seulement, ça ne me donnait pas un logement. Je ne demandais pas grand-chose : juste une chambre meublée mais même ça…  Je trouvai une sorte de solution sous la forme d’une chambre au dessus d’un pub qui un temps fut hôtel. Seulement le gars du pub louait ces chambres au noir et ne voulait pas se faire pincer. Ça se comprend... Il fallait donc bien tirer les rideaux, ne rentrer discrètement qu’aux heures d’ouverture du pub, en sortir par une porte dérobée et ne pas être là dans la journée. Ce qui posait un léger problème pour les week-ends.

C’est ainsi que j’ai appris ce que c’est de marcher à longueur de journées dans le froid des rues. Il y avait bien sûr les copains, mais ils ne sont pas toujours là. Et on ne va pas s’imposer chez l’un ou chez l’autre avec régularité. On finirait par lasser…

Alors on marche, dans le froid, sans trop de but. On visite bien des églises, des musées, ça enrichit et surtout ça réchauffe. On se prend un café, un sandwich mais quand on n’a pas le rond, ça ne tue que peu de temps. Car cerise sur le gâteau cette chambre me bouffait presque tout mon salaire. Une fois que je l’avais payée, réglé à la cantine il me restait peu pour faire le jeune homme…  Les jours de semaine, ma routine consistait, l’école quittée, à aller prendre une saucisse-frites dans un café en attendant l’ouverture du pub. Cette heure arrivée, je m’offrais un demi de bière et jouais vingt pence à la machine à sous. Jamais plus. Puis je regagnais ma chambre où je lisais. Une vie de rêve ! Mais rangez vos mouchoirs : j’étais jeune et c’était provisoire.

Une première esquisse de solution me vint de manière inattendue. En quittant l’appartement  j’avais laissé le gros de mes affaires chez une irlandaise avec qui j’étais vaguement sorti quelque temps. Il advint qu’elle déménagea et me demanda de les récupérer. Ce que je fis. Je les entreposai dans mon vieux break ami 6 qui se traînait à peine. Seulement, l’Anglais est méfiant et cafteur. Un beau soir, le patron du pub me demanda si par hasard cette voiture française chargée de toutes sortes de bricoles ne m’appartiendrait pas. J’en convins.  Il n’était pas content, mais alors pas du tout. Les voisins parlaient de signaler la voiture à la police, ça allait lui attirer des ennuis…

8 commentaires:

  1. J'aime bien votre façon de raconter vos galères.
    Ce qu'il m'a toujours manqué c'est somebody who took me by the hand through the streets of London.
    Du coup je n'ai jamais été à Londres car je ne SAIS pas faire du tourisme sans que quelqu'un me prenne par la main.
    Mais j'ai d'excellents souvenirs de balades dans les rues de New-York.
    Ah j'oubliais ! Dans les rues d'Amsterdam aussi.

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  2. C'est vrai que le ton est sympa, ça se lit bien, et puis le côté feuilleton donne envie de lire la suite.

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  3. @ Mildred et dsl : Heureux que vous appréciiez ! Je tente de narrer ces petites histoire sur un ton dégagé, badin. D'éviter le pathos. Pour une simple raison : avec le temps, ce qui a pu sur le coup être un rien douloureux finit par se transformer en simple anecdote, un peu comme si c'était arrivé à un autre. Je ne tire aucune amertume de mes galères. Un parcours sans faute m'aurait ennuyé.

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  4. Le retour de L'oncle Jacques et de ses belles histoires mais avez vous rencontré "Jack the ripper" ou un certain John Steed au coin de vos ballades londoniennes.

    Pour moi c'était Tokyo et San Francisco mais seulement 2 ou 3 jours et surtout les bars.

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    1. C'est bien plus tard que j'ai connu Whitechapel, Spitalfields, Mile End, Bow, ces charmants endroits où on croise des gens comme ceux qu'évoque Ralph Mc Tell dans sa chanson. le brave Jack, qui qu'il fût étant mort depuis longtemps...

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  5. En même temps ce n'est pas précisément une vie de homeless...
    Pas même de la vache enragée.
    Pas de quoi se lamenter et, peut-être, avec le recul, un bon souvenir.

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    1. Pas spécialement agréable non plus. Marcher sans but dans le froid ne constitue pas une douce expérience. Mais je l'ai dit, j'étais jeune et ce n'était qu'un (sale) moment à passer. Homeless, non. Juste mal logé.

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    2. Disons que c'est un peu comme quand on se coince le doigt dans une porte : on a beau savoir que ça ne va pas durer, c'est quand même désagréable sur le moment.

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