samedi 3 novembre 2012

Bavard !



Didier Goux, à qui rien n’échappe, suite à notre rencontre, m’a dans son journal de septembre qualifié de « fichu bavard ». Il faut dire qu’il n’est pas le seul à avoir noté cette « légère » propension  à, comme dit le Petit Robert, « aime[r]  parler, parle[r]  avec abondance, intempérance ».

Selon des témoins dignes de foi j’ai commencé à parler très tôt.  Et depuis je n’ai pas arrêté.  Pas même la nuit où plutôt que de grommeler des paroles confuses du genre  « Hollande gnn bouffon… », je tiens de longs discours en français comme en anglais.

D’où me vient cette douce manie ? Si j’en crois Susan qui m’avait par dérision surnommé « Le taciturne », il s’agirait d’un phénomène à la  fois héréditaire et de compensation. Quand je la présentai à mes parents, elle fut impressionnée par la phénoménale aptitude au bavardage de ma mère. Il est vrai que cette brave femme parlait beaucoup.

Combien de fois l’entendis-je justifier un retard par le fait qu’elle avait rencontré Mme Untel ou Mme Machin et que celles-ci lui avaient « tenu la jambe ». Je doute pourtant que les dames en question aient eu beaucoup d’occasions d’en placer une au cours de leurs longues conversations. 

Au mariage de mon frère aîné,  elle se trouva placée auprès du grand père de la mariée. Nous nous amusâmes à observer ce qui s’apparentait à un match sportif. Les nombreuses tentatives de prise de parole du brave vieux se soldèrent par pratiquement autant d’échecs. On le voyait ouvrir la bouche, commencer d’articuler un mot, mais il avait affaire à trop forte partie : la balle lui était immédiatement saisie au bond et l’anecdote, l’avis ou le commentaire qu’il s’apprêtait à formuler étaient immédiatement engloutis dans le torrent verbal maternel. Malgré quelques succès méritoires, l'aïeul, battu à plates coutures, fut tout de même jugé très sympathique quoiqu’un peu bavard…

Susan en arriva donc à expliquer mon bavardage comme une revanche sur une enfance frustrée de parole par une mère trop loquace. Admettons.

Après tout, ce défaut s’est montré utile. Il a grandement favorisé ma pratique des langues. Ayant embrassé la profession d’enseignant à une époque où la parole du maître l’emportait encore sur l’écoute de l’apprenant, je fus payé pour bavarder.

J’ai également remarqué qu’en parlant beaucoup, on en apprenait plus sur autrui qu’en se montrant taiseux. Persuadé que le bavard s’écoute parler, son interlocuteur se laisse à son tour aller et livre bien plus de confidences qu’il ne ferait d’ordinaire.

Il m’arrive souvent de regretter d’être si loquace. Ça me laisse parfois une impression désagréable. Celle que laisserait à  un éléphant  ou à un chien scrupuleux leurs  présences respectives dans un magasin de porcelaine ou dans un jeu de quilles.

25 commentaires:

  1. Et si vos lecteurs trouvent encore le temps de jacasser sur les commentaires ; c'est donc que vous les invitez à la table des négociations :)

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  2. Non ! aucune repentance ne saurait être admise.
    Vous êtes bavard ? Vous êtes bavard. Point.
    Et apprenez à prendre les remarques de Didier Goux, pour ce qu'elles sont : des compliments.
    C'est une bavarde qui vous le dit.

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    1. Je me repentirai si je veux ! Non mais !

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    2. Compliment, peut-être pas, mais reproche encore moins ! D'autant que, venant de moi, ce serait vraiment l'hôpital qui se fout de la charité : je ne pense pas, durant notre soirée commune, m'être montré particulièrement taiseux

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    3. Mais comment avez-vous fait pour vous entendre ?

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    4. @ Didier : J'admets que vous en êtes un autre !

      @ Al : Les bavards écoutent comme je le signalais dans mon pénultième paragraphe.

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  3. Vous fumez, vous buvez trop d'alcool, vous êtes bavard, vous êtes exhibitionniste, vous méprisez vos proches et vous vous livrez en permanence à la contemplation bienveillante de vos propres travers, bref vous êtes un blogueur masculin banalement standard.

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    1. Croyez-vous nécessaire de me flatter ? Vous avez déjà toute mon affectueuse estime.Vous l'avez acquise par votre extraordinaire capacité à comprendre autrui.

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  4. Cher Monsieur, quand autrui s'expose de façon aussi obscène, je l'encule et je prie pour que ses proches n'en voient rien !

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    1. Vous m'enculez ? Mais ce n'est pas bien du tout ça, surtout que je n'en ai nulle envie. Sans compter que nous nous connaissons à peine, qu'il n'est pas dans mes mœurs de me livrer à ce genre de pratique et qu'aux yeux de certains pudibonds votre commentaire pourrait passer pour obscène.

      Priez toujours, ça ne peut pas faire de mal à votre.

      Sur le fond je vous dirai que j'admire votre capacité à ne rien comprendre à rien

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    2. Voilà ce que c'est d'offrir ainsi et à un inconnu sa respectueuse estime. Cher Jacques, vous êtes encore trop gentil, malgré ce que certains essayent de laisser entendre en vous stigmatisant odieusement.

      -)

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    3. Et sans même un petit bisou avant ? Non mais quel rustre !

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    4. Je loue cependant votre grande sagesse qui vous fait garder un calme olympien en toute circonstance. Et après, on osera dire que vous n'êtes pas un homme de dialogue !

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    5. @ Didier : Même avec préliminaires, je ne suis pas certain d'être d'accord.

      @ Al : Laisser la parole est, malgré mon côté bavard, une attitude qui me paraît essentielle.

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    6. Oui, enfin, ça doit aider à “faire passer”, tout de même…

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    7. Croyez-en Didier qui, en principe, ne parle que de ce qu'il connaît.

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  5. Il me semble que chez certains individus, le babil augmente avec la prise concomitante de boissons pathogènes.

    Je suis moi-même un grand « taiseux » (vous aurez noté que le subtil Goux, qui sait son lexique, a mis ce mot en italiques, puisqu'il est employé plutôt en Belgique et dans le Nord de la France), capable de rester seul et silencieux trois semaines durant en dehors de quelques grommellements et jurons du genre haineux adressés à l'univers. Le moindre compagnon que m'offre le hasard excite ma verve et ma verve seulement. C'est alors que je constate que j'en sais donc bien, des choses (étant donné que je zappe avec le plus grand naturel les préliminaires météorologiques et autres courtoisies).

    Nota : mon père était un vrai taiseux (je suis Belge, pas d'italiques), la tante qui m'a élevé avait avalé en sa jeunesse un moulin à paroles).

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    1. Je ne sais pas si c'est dû à ma vie vagabonde mais il me semble avoir entendu le mot "taiseux" un peu partout en France.

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    2. Le Belge est un envahisseur discret, mais tenace.

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  6. Je confirme étant natif de la région d' Arras chef lieu du Pas de Calais, j'ai souvent entendu le terme taiseux.

    Quant au mal embouché, un aigri!

    Pour un bavard cher Jacques, vous écrivez très bien et souvent alors qu'on soutient que les grands bavards sont de piètres écrivains.

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    1. On entend dire tant de choses... Merci pour le compliment !

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  7. Ce n'est pas de parler beaucoup qui est condamnable, c'est de dire des conneries. Proverbe serbe.
    A priori, vous êtes à l'abri...
    Amitiés.

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    1. Ces Serbes sont des sages. Pour le reste, c'est vous qui jugez...

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