vendredi 10 août 2012

Homme libre, toujours tu chériras la mer!





Tu parles, Charles ! La mer j’en reviens. Elle n’est pas si loin. Mais mes visites se font rares. Hier, je suis allé à la pêche avec le beau-frère de ma compagne. C’est toute une expédition. Le littoral ouest du Cotentin connaît peu de ports. Alors quand on a un bateau, on l’amène sur la plage monté sur une remorque que traîne un tracteur. On le mouille puis  remonte le tracteur au sec. Sur la plage, c’est un musée du tracteur agricole à ciel ouvert. Car, si les engins ne sont pas de première jeunesse, tout propriétaire de bateau possède le sien.

Notre partie de pêche ne fut ni honteuse ni glorieuse. D’abord nous avons relevé les casiers. Les deux premiers ne contenaient  qu’un bébé homard, quelques étrilles et araignées et un tourteau minuscule. Les  enfants furent rejetés à une mer qu’ils n’auraient jamais dû quitter et les araignées conservées pour servir d’appât  pour les casiers à bulots que nous visitâmes après avoir dûment regarni les premiers de maquereaux pourris afin qu’il attirent crabes et autres homards. Du bulot, il y en avait ! Seulement, ils n’étaient pas seuls. Des milliers de petits bigorneaux pointus que l’on nomme « perceurs »  leur tenaient compagnie. On vida donc les deux casiers dans une vaste bassine et après avoir garni les casiers de cadavres de crabes araignées, on les rejeta et passa au tri. Pas question de garder des bulots trop petits ni de perceurs sans intérêt.

Commença la pêche à la ligne. En dehors d’un rouget-grondin et d’un bar trop petits, nous finîmes tout de même par arracher à la mer seize maquereaux qui firent, grillés, notre repas du soir.

Ce fut une matinée agréable. Pourtant, je n’avais que moyennement envie de me rendre à la mer. Nous y allons une fois par an. Dire que fut un temps, je rêvais de bateau !

La mer fut dès mon enfance synonyme de vacances. Mon père était né sur la côte du Trégor où il mourut d’ailleurs. D’abord chez les grands-parents, puis en camping, puis, l’aisance venant, dans la petite maison  de bord de mer que mes parents firent construire au début des années soixante, nos vacances étaient  côtières. Nous allions à la pêche à pied et bravions la froidure lors de nos deux bains quotidiens…

Adulte, je continuai de fréquenter le littoral. J’eus quelques occasions de faire,  avec des amis,  des parties de pêche en mer. Posséder une coque de noix sur laquelle aller pêcher devint pour moi un de ces rêves qu’on caresse mollement, sans trop y croire. J’aurais alors eu le temps mais pas l’argent. Ensuite j’eus l’argent mais pas le temps. Les vaches maigres revenues, je retrouvai le temps. Maintenant que j’ai le temps et l’argent, j’en ai perdu l’envie. Comme quoi, la vie, hein…

Marcher dans le sable, retourner les cailloux, me baigner ou  mettre ne serait-ce que les pieds dans l’eau froide de la Manche, ne me dit plus rien. Partir à bord d’une coque de noix tremper du fil pour ramener quelques poissons suppose tant de frais, de savoir-faire et de connaissances du milieu que le jeu ne me paraît plus valoir la chandelle.

Je préfère traquer le haricot vert, la tomate, le petit pois, la patate, le poivron, la courgette, le chou ou le poireau. Je pense toujours être un homme libre mais maintenant je préfère la campagne. Et j’emmerde Baudelaire !

9 commentaires:

  1. Vous avez bien raison, la mer ça bouge tout le temps et les poissons aussi. Pas les légumes.
    Cela dit, si vous arrivez à vous en passer, très bien, plus de soucis, pour vous. Personnellement je ne pourrais pas. Même sans m'acharner forcément à aller dessus, la mer il faut que je la voie et que je sente sa présence, sinon je ne suis pas dans mon assiette.
    Du coup, Baudelaire, forcément, je ne l'emmerde pas.
    Amitiés.

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    1. Libre à vous Nouratin,libre à vous. Que ce goût m'ait passé est une chose. Qu'il demeure en autrui en est une autre...

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  2. Finalement à bien y réfléchir, pendant les vacances chacun traque ce qu'il peut.
    Pour ma part, mercredi, au marché, j'ai traqué le saucisson.
    Le marchand en avait une bonne vingtaine de sortes, et même du saucisson d'âne !
    J'ai acheté un saucisson porc et cerf, porc et canard, poivre, poivre vert et aux cèpes.
    Cinq saucissons délicieux pour la modeste somme de dix euros !
    Alors moi non plus je ne regrette pas la mer, surtout celle glacée du Trégor où ma soeur cette année a eu trois heures de soleil en trois semaines de vacances !

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    1. Méfiez vous, Mildred ! Si j'en crois certains de mes commentateurs, vous seriez en train de constituer un stock d'armes de dissuasion massive !

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  3. Moi aussi, je préfère cultiver le saucisson et pêcher la paupiette de veau.

    Ce qui ne m'empêche pas d'emmerder Baudelaire autant qu'un autre.

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  4. "Et j’emmerde Baudelaire !"

    A double titre, puisqu'il disait "je hais les légumes sanctifiés !"

    Je ne suis pas d'accord avec ça, mais j'aime Baudelaire quand même.

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    1. Qui aime bien (Baudelaire), emmerde bien (Baudelaire)...

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  5. Un certain Beau de l'air, vous aurez libéré des piérides contre la promesse de vous exiler loin en mer et certain Beau Frère aurait abordez la flûte qui vous emmenait sur le lieu de votre disgrâce et pour quelques panier de crabes mal remplis, vous a promptement rétabli dans vos fonctions de pourfendeur de piérides.

    Quant à la mer c'est sale, les poissons défèquent dedans pourtant les 40éme rugissants et les 50 éme hurlants, j' y ferais bien un tour.

    Dîtes moi les deux Beau sont ils des cousins?

    A propos, le lieu de votre futur ex exil,était il l' île de Serk ?

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