lundi 31 octobre 2011

Du youpala et des stabilisateurs...



Hier soir, j'ai pris plaisir à suivre, chez un pélicanidé avide de plaisir,  un débat entre partisans de plus ou moins d'état dans les domaines de la santé et de l'éducation. Les participants étaient de qualité et les échanges très généralement courtois. D'un côté on prônait la suppression pure et simple du "service" public, de l'autre on expliquait l'impossibilité d'un tel bouleversement. Personnellement, j'aurais tendance à être d'accord avec les deux camps : d'une part le système étatique nous mène dans le mur et devrait donc être supprimé et d'autre part sa suppression est impossible.

Porte nawak, vous exclamerez vous (si vous ête djeun') !  Votre goût du paradoxe, vous perdra, me diront d'autres. Je vais pourtant tenter de m'expliquer. Et pour ce faire je prendrai une double métaphore : celle du youpala et des stabilisateurs.

Le youpala (ou trotteur), pour ceux qui l'ignoreraient, est un appareil composé d'un cadre à roulettes et d'un dispositif destiné à soutenir le corps et les jambes d'un jeune enfant dans l'apprentissage de la marche.Les stabilisateurs de vélo se compose de deux petites roulettes que l'on fixe à la roue arrière d'un vélo d'enfant afin d'éviter les chutes en attendant que l'enfant ait dominé l'équilibre nécessaire à la circulation sur deux roues.

Je ne suis pas certain que ni l'un ni l'autre ne soient nécessaires, ni même utiles à l'apprentissage qui de la marche qui du vélo. Ce sont des prothèses qui donnent l'illusion aux parents et/ou à l'enfant qu''il domine ces deux activités alors qu'il n'en est rien. Dès que l'enfant sait marcher, adieu le youpala, dès qu''il sait rouler, on démonte les roulettes. Beaucoup n'utilisent même jamais ces prothèses.

Cela dit, imaginons que plutôt que d'apprendre à rouler à vélo et à marcher on décide que ces appareils sont indispensable et que les enfants, les enfants de ces enfants et leurs descendants prennent l'habitude de ne se déplacer qu'à leur aide. Imaginons que grosso-modo cet usage se soit établi depuis plus de 6 décennies. Imaginons encore que des réformateurs audacieux décident du jour au lendemain la suppression du youpala et des stabilisateurs. Que se passerait-il ?  Les gens se révolteraient. Et à juste raison. Non préparés, le sens de l'équilibre atrophié, ils se casseraient la gueule en masse, forcément. Et plus on est âgé, plus se vautrer fait peur et mal.

Si on tentait de supprimer brutalement aux français le youpala de la sécu et les stabilisateurs de l’Éducation nationale, plus rien n'irait. Aussi sont-ils prêts à dépenser jusqu'à leur dernier sou pour les garder. On les comprend. Il est impossible de réformer en profondeur sans l'assentiment de la population. Sans qu'une pédagogie précède l'action.

Or à quoi assistons-nous ? Il existe un consensus quasi-général sur le système youpala-stabilisateur. A droite, on dit qu'on le sauvera en réduisant d'un poil la taille des roues, à gauche on prétend (hypocritement) qu'on peut sans problèmes les équiper de roues de plus grand diamètre en allant chercher l'argent "là oùsqu'elle est". Et bien sûr ça ne marche pas. Youpala et stabilisateurs continuent leur brimbalant chemin avec de plus en plus de jeu dans les rouges.

La solution ? Elle viendra d'elle même. C'est comme quand on a une bagnole pourrie : on trouve qu'elle rend quand même service, on se ruine en réparations diverses, on 'a pas les moyens de s'en payer une autre, et puis un jour elle vous lâche en rase campagne, le garagiste dit qu'elle est morte de chez morte, vous annonce un montant de réparations tel qu'avec ça on pourrait acquérir un véhicule décent. Alors,tout compte fait, on la laisse à la casse, et on s'en paye une autre. Ou on se met à la marche à pied, au vélo ou aux transports en commun...

dimanche 30 octobre 2011

Je suis d'ici .



On nous encourage à nous sentir "citoyens du monde" à ne donner à notre appartenance à une nation aucune espèce d'importance. Tous des frères, tous profondément semblables, avec, tout de même, ça et là quelques minimes différences qui sont richesses.  L'humanité serait comme un tissu damassé : de loin, elle paraît unie mais quand on s'en approche on voit les subtils motifs que dessine sa texture et qui font tout son prix...

Mouais... Et si l'humanité n'existait pas plus que la lapinité ? Au sens où tous les lapins du monde appartiennent à la même espèce sans pour autant se sentir lié aux autres lapins par un irrésistible élan d'amour ? Mais me direz-vous, entre le lapin et l'homme, il existe tout de même une petite différence : l'homme est doué de raison, d'intelligence,  il a des aspirations spirituelles, certains diront même une âme immortelle... Eh bien justement ! Cette intelligence l'a amené à se différencier, à créer des cultures différentes. Par le costume, par le patois,  il affirmait son appartenance à une tradition locale. Habillé différemment, incompréhensible par qui ne partageait pas son idiome, il était enraciné.

Le développement des transports, la mobilité qu'ils permettent, le développement des systèmes d'éducation ont tendu, dans le cadre de l'état-nation, a atténuer ces différences sans pour autant les faire disparaître : des différences demeurent comme les accents, traces de dialectes ou de langues disparues ou en voie de disparition. 

Ce qui a peut-être le plus évolué, c'est le vêtement. Aujourd'hui l'employé de banque  japonais s'habille ordinairement de la même manière que son homologue anglais. Le costume, l'habit tendent à perdre leur signification étymologique. Mais il ne s'agit là que de transformations de surface. Même si j'adoptais leur costume traditionnel, aucun chinois ne me prendrait pour un mandarin. Ne serait-ce qu'à cause de la langue...


Mais une langue, ça s'apprend, tête d'âne ! Oh que oui. Seulement, parler une langue n'est pas tout. Il se trouve qu'ayant passé quelques années en Angleterre je parle cette langue couramment et sans beaucoup d'accent. Je prends même plaisir à lire des romans anglais dans le texte. J'en ai aussi traduit pour me distraire. Mais quand bien même aurais-je passé toute ma vie d'adulte en (pas si) perfide (que ça) Albion, je ne serais JAMAIS devenu anglais. Parce qu'il existe entre une langue et la culture qu'elle véhicule de subtiles interactions. La langue structure la pensée etc. De plus, tout plein de détails entrent en jeu : tout français de mon âge (et de mon  niveau socio-culturel) sait où il ne faut pas oublier de monter s'il va à Rio, quand le canard de Robert Lamoureux était toujours vivant, de quoi Rome est l'unique objet, ce qui blanchit à l'heure où Victor partira, ce que le petit cordonnier serait bête de penser pouvoir acheter avec une paire de souliers et des milliers d'autres petites choses qu'un étranger ne connaîtra jamais quels que soient ses efforts et sa profonde culture livresque. Tous ces détails infimes structurent un groupe, font qu'il est d'un temps et d'une culture.

Si on ne partage jamais tout avec tout le monde, du moins peut-on partager un minimum avec ceux qui appartiennent à une même communauté :  quand je parle avec le vieux qui élève ses moutons dans le pré d'en face, je n'ai pas besoin d'un  interprète. Je soupçonne que si je lui récitais des tirades de Racine ou de Corneille, il me trouverait un rien bizarre, mais tant que nous en restons au prix des pommes à cidre ou au niveau d'eau des puits, nous nous entendons très bien. Quand il me raconte sa guerre d'Algérie, je vois de quoi il parle. 

En dehors de mes années anglaises, d'un an et demi au Sénégal et de quelques mois à Brive La Gaillarde, j'ai toujours vécu dans le quart Nord-Ouest de la France. C'est là que le me sens le plus chez moi. Dans le reste de la France, c'est moins mon climat, mais ça va encore. Ailleurs, je suis étranger. Irrémédiablement.

Les imbéciles heureux qui se croient de nulle part devraient de temps en temps sortir de leur trou, que celui-ci soit urbain ou rural, histoire de réaliser à quel point la diversité sépare plus qu'elle ne rapproche. A quel point en échangeant en mauvais anglais avec un ouzbek on ne peut rester qu'à l'extrême surface des choses...
N'importe comment, avant d'aller vers l'autre et le comprendre, il faut avoir une claire conscience de ce que l'on est. Nier les différences, c'est se priver de l'éventuel apport que pourrait constituer la rencontre avec l'autre. 

Je suis à fond pour la diversité. De là à souhaiter qu'elle s'installe en nombre chez moi, qu'au lieu d'apporter une touche d'exotisme elle m'impose ses coutumes et tente de transformer en profondeur ce qui a fini par faire, après des siècles et des siècles d'efforts vers un minimum de convergence, le groupe national auquel j'appartiens il y a de nombreux pas dont je ne suis pas prêt à faire le premier.

samedi 29 octobre 2011

Apprendre à lire, pourquoi pas ?



Pendant que j'étais en Bretagne, occupé par la succession de mon père, un des grands esprit de ce temps a consacré un billet à une de mes contributions majeures à la culture française. C'est beau, c'est grand, c'est généreux. Si un jour Dieu me fait la grâce de m'accorder la foi, je ne l'oublierai pas dans mes prières.

Le seul problème c'est qu'il n'a pas compris de quoi je parlais. Comme quoi on peut être le Pic de La Mirandole du net et ne rien biter à quoi que ce soit. La vie fourmille de ces petits mystères. Ils en sont le sel.

Résumons les faits. Dans ce billet, je narrais une des pires déconvenues de ma vie : alors que je voulais obtenir quelques renseignements pratiques sur l'élevage de la volaille auprès d'un (permettez-moi de me citer) "marchand de poulets, poulettes, canetons, oisons" je constatai à mon grand dam l'absence dudit marchand. Impossible donc de savoir quelle race ou type de volailles seraient le mieux adaptés au terrain dont je dispose et au but que je poursuis. La question résolue, l'installation du matériel faite, mon but était bien entendu de lui acheter lesdits volatiles. Ingénu que j'étais ! J'ignorais que dans certaines régions on achète oisons, poulettes ou canetons non pour les élever mais pour les manger ! C'est ça la diversité...

Du coup, me voici devenu exemple archétypal de l'instituteur qui, sans complexes, ose aller demander au pauvre éleveur transi de froid quelles sont les petites ficelles de son métier afin d'à terme le priver des moyens de sa triste et laborieuse existence... Salauds d'instits ! 

S'ensuivit une kyrielle de commentaires absurdes. On m'inventa une vie bien chiante et une mentalité typique bien éloignées de ma réalité.

A ceux qui ne me connaissent pas dans la vraie vie, je signalerai que je n'étais pas instituteur mais professeur. Qu'alors que j'étais bien au chaud à l'abri du statut de fonctionnaire titulaire de l’Éducation Nationale, j'ai, en 1982, pour des raisons idéologiques, démissionné pour aller, avec mon épouse d'alors, vendre des fringues sur les marchés. Ce n'est que douze ans plus tard, suite à bien des vicissitudes, que je suis revenu à l'enseignement, sans sécurité cette fois-là, et avec l'espoir de le quitter à la première occasion. L'occasion, malgré mes efforts, refusant obstinément de se présenter, j'ai fini par me résigner et à attendre avec impatience que vienne le temps de la retraite...

J'ai toujours pensé qu'un statut à vie est plus un piège qu'une sécurité. Je suis partisan de la flexibilité professionnelle et de la mobilité géographique. Je l'ai prouvé maintes fois. Malheureusement, nous vivons dans une société sclérosée avide d'immobilisme. Qu'y puis-je ?

En résumé, quelqu'un qui ne me connaît aucunement, suite à une mauvaise compréhension de mes billevesées, m'invente une vie et une personnalité à sa convenance. Le plus amusant est que cette bonne personne dit partout, à qui veut l'entendre, ne pas me lire...

Heureux les pauvres en esprit car le royaume des cieux est à eux (Mat. 5.3). Quel dommage qu'ici-bas ils n'aient pour récompense que le ridicule...

mercredi 26 octobre 2011

Quelle surprise !




J'entends sur France Inter que les "intellectuels" tunisiens (il est inutile d'ajouter "de gauche" car chacun sait qu'à droite il n'y a que des abrutis primaires) seraient déçus des résultats des élections à la constituante. Je suppose que leurs homologues français le sont également mais n'osent pas trop le dire. Ils nous ont trop bassiné avec leur "Printemps arabe" pour retourner leur veste maintenant. Et puis il ne s'agit que d'islamistes modérés qui établiront dès que possible une charia modérée avec la liberté et la démocratie modérées qui vont si bien avec. De plus, pour un bon démocrate, tout n'est-il pas préférable à la dictature, y compris la dictature sortie des urnes ?

Ce qui me plaît chez les "intellectuels", c'est leur agilité d'esprit et leur capacité à complexifier l'évident. Un intellectuel, c'est quelqu'un qui ne trouve JAMAIS les choses simples. Sa fine dialectique sait faire sortir, au delà des apparences trompeuse la profonde complexité du réel. Ainsi tout "intellectuel" digne de ce nom saura vous démontrer en seulement quelques milliers de mots que les inondations sont signe de sècheresse. S'il trouve un homme couché avec sa femme plutôt que de se juger cocu, il y verra un exemple typique du réchauffement global qui, entraînant une chute des températures, pousse les êtres à partager leur chaleur corporelle. Un "intellectuel" entretient avec la réalité des rapports distants quand il n'a pas rompu tout rapport avec elle. Il ne voit que ce qu'il a envie de voir et transforme sa cécité sélective en supérieure lucidité. Non content d'être malade, il se veut contagieux...

Dans le documentaire sur Hitler diffusé hier soir, j'ai vu avec amusement que M. Léon Blum avait annoncé fin 1932 la mort de l'hitlérisme. Sur cette base, comment aurait-on pu refuser de voir en lui un "intellectuel" distingué et comment s'étonner que 4 ans plus tard on ait confié l'avenir de la France à quelqu'un doté d'un jugement si sûr ?

Mais revenons à nos jasmins. Certains esprits bornés n'ont pas manqué de voir, dès le début, dans les barbus qui défilaient en beuglant  de frénétiques "Allahou akbar" comme qui dirait le signe de l'existence d'un soupçon d'islamisme. Les pauvres imbéciles ! Heureusement que les "élites intellectuelles" étaient là pour leur démontrer qu'il s'agissait en fait de démocrates made-in-Internet rêvant d'une Tunisie laïque gouvernée au centre-gauche !

Je ne serais qu'à moitié surpris si un jour tous ceux qui tentent de nous vendre à tout prix une FRANCE MULTICULTURELLE se trouvaient étonnés voire même un peu déçus par les résultats obtenus.

mardi 25 octobre 2011

Les incertitudes du marché



Ne croyez pas que je vais me lancer dans un développement sur l'économie. Comme bien des sujets, je laisse ça aux gens sérieux dont je m'honore de ne pas faire partie.

Non, quand je parle du marché, il s'agit de celui de la bourgade voisine qui a lieu, comme les plus attentifs de mes lecteurs s'en souviendront peut-être,  le mardi matin et dont je reviens frustré à l'instant. J'y étais allé dans un but précis. Erreur : c'est sans idées préconçues qu'il faut s'y rendre. Ainsi, la dernière fois que j'ai voulu y acquérir une montre, le commerçant qui m'en avait vendue une il y a plus de deux ans pour un prix qui prêterait à sourire si ma déconvenue était moins rude n'était pas là. Exceptionnellement.

Ce matin donc, j'avais un projet. Depuis quelques mois l'idée de créer une basse-cour me trotte dans la tête. J'ai acheté un livre sur la question, j'ai erré sur les forums Internet dédiés à la volaille mais j'ai bien du mal à me faire une idée claire de la manière dont je devrais commencer. On ne se refait pas : en tant que vieux croûton, j'ai besoin de cours magistraux, de cet enseignement poussiéreux qui n'est que perte de temps. J'ai besoin qu'un spécialiste me transmette de vive voix son expertise. Je n'en ai même pas honte !  Or qui mieux qu'un marchand de poulets, poulettes, canetons, oisons et autres volatiles comestibles saurait me dispenser les bases d'un savoir indispensable au début de cette aventure ? 


J'avais, cet été, pris langue avec un marchand de ce type qui m'avait paru sympathique. Il me semblait bien connaître son affaire. Je lui demandai s'il venait tous les mardis. Il m'assura que oui. Depuis je ne l'ai plus revu. Résigné à cette défection, j'avais donc dans l'idée de prendre de plus amples renseignement auprès d'un autre qui, s'il me donne moins l'envie d'échanger, a au moins le mérite d'une présence régulière. Eh bien ce matin, pour la première fois, il n'était pas là...

J'ai parcouru, désabusé, les allées du marché, j'ai erré sans grand enthousiasme sous la halle du marché aux bestiaux en me disant que si un jour l'envie d'acheter un mouton ou un veau me venait, ce mardi-là il n'y en aurait, EXCEPTIONNELLEMENT, aucun...

lundi 24 octobre 2011

Hommage à Tonton Georges




Le propre des esprits supérieurs est d'être en avance sur leur temps. J'en donne une preuve nouvelle en rendant hommage à Georges Brassens 5 jours avant le trentième anniversaire de sa mort. Des esprits chagrins diront que je le fais 2 jours après le quatre-vingt-dixième anniversaire de sa naissance : je les ignorerai avec superbe.

Georges Brassens, donc. Qu'en dire ? Rien. Je me contenterai de le laisser parler.

J'ai choisi pour ce faire un texte profond. Je m'imagine la scène : un pauvre vieux  sur une place de Paris exprime la douleur qui le ronge, une femme généreuse (ne le sont-elles pas toutes, chacune à sa manière ?) vole à son secours mais  trop tard : ambitions avortées, douleur de l'obsession mais aussi solidarité et dévouement, enfin dénouement tragique. Tout l'absurde de la condition humaine résumé en quelques strophes.

Il n'existe malheureusement pas de vidéo disponible montrant le grand George la chantant. Pour vous consoler, en voici une où il chante "Carcassonne" sur le même air. Tâchez de faire avec...


LE NOMBRIL DES FEMMES D'AGENTS



Voir le nombril de la femme d'un flic
N'est certainement pas un spectacle
Qui, du point de vue de l'esthétique,
Puisse vous élever au pinacle...
Il y eut pourtant, dans le vieux Paris,
Un honnête homme sans malice
Brûlant de contempler le nombril
De la femme d'un agent de police...

"Je me fais vieux, gémissait-il,
Et, durant le cours de ma vie,
J'ai vu bon nombre de nombrils
De toutes les catégories:
Nombrils de femmes de croque-morts, nombrils
De femmes de bougnats, de femmes de jocrisses,
Mais je n'ai jamais vu celui
De la femme d'un agent de police..."

"Mon père à vu, comme je vous vois,
Des nombrils de femmes de gendarmes,
Mon frère a goûté plus d'une fois
De ceux des femmes d'inspecteurs, les charmes...
Mon fils vit le nombril de la souris
D'un ministre de la Justice...
Et moi, je n'ai même pas vu le nombril
De la femme d'un agent de police..."

Ainsi gémissait en public
Cet honnête homme vénérable,
Quand la légitime d'un flic,
Tendant son nombril secourable,
Lui dit: "Je m'en vais mettre fin
A votre pénible supplice,
Vous faire voir le nombril enfin
De la femme d'un agent de police..."

"Alléluia! fit le bon vieux
De mes tourments voici la trêve!
Grâces soient rendues au Bon Dieu,
Je vais réaliser mon rêve!"
Il s'engagea, tout attendri,
Sous les jupons de sa bienfaitrice,
Braquer ses yeux sur le nombril
De la femme d'un agent de police...

Mais, hélas! il était rompu
Par les effets de sa hantise,
Et comme il atteignait le but
De cinquante ans de convoitise,
La mort, la mort, la mort le prit
Sur l'abdomen de sa complice:
Il n'a jamais vu le nombril
De la femme d'un agent de police...

dimanche 23 octobre 2011

J'aime bien les jeunes


J'en ai un peu honte, je sais que ça ne se fait pas, il me faut pourtant le reconnaître : j'aime bien les jeunes. Pour des tas de raisons. Ils sont l'avenir, ils ont de l'énergie, des certitudes à revendre. De ces certitudes dont ils riront plus tard, une fois que, comme le disait Romain Gary, "les camions de la vie leur auront roulé sur la gueule". Ou dont ils ne riront pas, car parfois, souvent même, l'homme se fossilise vite. Il reste attaché, ou feint de le rester, aux "valeurs de sa jeunesse". Bien sûr, il les aménage en passant de petits compromis avec la réalité : ainsi le trotskyste se fait socialo et chante encore l'Internationale quand l'occasion se présente tout en sachant pertinemment que ce n'est pas demain que du passé on fera table rase et que "L'internationa-a-a-a-le sera le genre humain" le jour où les poules auront des dents.

J'aime bien les jeunes parce qu'aussi curieux que ça puisse paraître j'ai, il y a longtemps, été jeune moi-même. Ayant encore un rien de mémoire, me reviennent les enthousiasmes, les colères, les mépris, les révoltes, les intransigeances  de mes jeunes années voire leurs amours compliquées. Je me les remémore avec un rien d'étonnement, tant leur intensité et leur objet me paraissent curieux. Pourtant ils ont été. Ils sont parties de moi. Je ne vois donc aucune raison de reprocher aux jeunes de maintenant de ressembler au gamin que j'étais.

Bien sûr, il est parfois agaçant de se faire traiter de vieux con par de jeunes coquelets qui vous attaquent tous ergots dehors et semblent croire que leurs assauts vont vous déchiqueter alors qu'au fond ils ne vous mettent pas plus en question qu'une mouche importune qui bourdonne à vos oreilles. Et c'est peut-être ça le pire :  quelque part, le jeune agressif réalise qu'il fonce tête baissée contre un mur de certitudes et de morgue qu'il ne risque aucunement d'ébranler. Dans le fond, plutôt que de provoquer une  bienveillance un rien paternaliste, le jeune aimerait qu'on le prenne au sérieux, qu'on voit en lui un redoutable adversaire...

Certains se verraient bien "gardes rouges" de je ne sais quelle révolution sans réaliser que les jeunes chinois,  alors que dans un bain de sang et par leur ferveur iconoclaste ils pensaient créer un monde nouveau, n'étaient que les pions dont se servait un vieillard sanguinaire pour récupérer un pouvoir qui lui échappait...

Alexandre Sanguinetti répondit un jour qu'on lui parlait des problèmes de la jeunesse que la jeunesse n'était pas un problème, vu qu'on était sûr qu'elle passerait. Ma mère disait qu'il faudrait être vieux avant d'être jeune, histoire d'éviter les erreurs... Tu parles ! Comme si les erreurs ne faisaient pas partie intégrante et indispensable de la construction d'une personne !

Ce qui déséquilibre les rapports inter-générationnels c'est une injustice fondamentale : les vieux ont TOUS été jeunes (même ceux qui refusent de l'admettre) mais les jeunes n'ont JAMAIS été vieux.

samedi 22 octobre 2011

graffiti


La mode est au recyclage : ce texte je l'ai publié ailleurs il y a quelques années...


Ça s’annonçait comme une journée normale. Réveil pénible. Petit dèje, rasage, douche, habillage –changer de pull ?- avant d’aller gratter les vitres du break et de parcourir les 15 kilomètres – sas salutaire ! – vers son lieu de travail. L’irascible Jacquou en maugréait presque tandis qu’il parcourait la campagne engivrée par l’infâme Bompti Froisec. Pas trop de verglas quand même. L’hiver lui était, avec les temps de canicule, devenu un ennemi personnel. Et surtout ce fameux « bon petit froid sec » qui, pour des raisons qui lui échappaient semblait recueillir tous les suffrages. Le personnifier, c’était l’amadouer, donner un rien d’humanité à cette charogne enragée qui vous mordait nez, oreilles, doigts, pieds et guibolles.
Du parking au collège, il n’y a qu’un pas. Une centaine de mètres à être harcelé par Bompti.

La porte d’entrée du personnel franchie, Jacquou tourna immédiatement dans un couloir qui menait à ses salles. Evidemment, on était encore venu en son absence : ordinateur débranché, BD en vrac sur le bureau, chaises mal rangées. En soupirant, le documentaliste entreprit de remettre de l’ordre avant que les premiers doryphores n’arrivent. Ce surnom affectueux, il le donnait aux chèreux têteux blondeux qui comme ce coléoptère tendaient à tout ravager sur leur passage.

Et c’est en rétablissant l’ordonnancement impeccable des tables qu’un sacrilège brûla ses yeux. Inscrite au blanco sur le bord d’une table s’étalait une inscription en majuscules appliquées :

M. JACQUOU EST CON


C’était plus qu’il ne pouvait supporter. Le voile de demi sommeil qui nimbait d’ouate ses matinées laborieuses se déchira d’un coup. Fermant à clé la porte de la bibli, Jacquou parcourut au pas de charge le couloir menant aux bureaux. A la jeune secrétaire qui le gratifiait d’un sourire et lui souhaitait le bonjour il demanda :
- Il est là Trebeau ?
- Oui, M. Trebeau est arrivé. Vous voudriez le voir ?
- Un peu que je veux le voir. Et tout de suite !
Mlle Berton saisissant l’interphone, annonça au directeur que M. Jacquou désirait le voir. L’oreille fine du documentaliste lui permit d’entendre le peu d’enthousiasme que sa visite semblait susciter. Il était question de passer plus tard, d’être très occupé…
- C’est hyper-urgent vociféra Jacquou de manière à court-circuiter l’intermédiaire, il faut que je vous parle IMMEDIATEMENT !
Au bout du fil Trebeau ne savait trop que faire. Les urgence de Jacquou… Les humeurs de Jacquou… Les problèmes de Jacquou… Tout ça le gavait grave. A ceci près que, n’étant plus si djeune, ça se contentait de le faire prodigieusement chier.
- Faites-le entrer, finit-il par se résigner.
- Comment-allez vous, M. Jacquou s’enquit, faussement cordial, le directeur dès que ce dernier eut franchi la porte de son bureau. Belle matinée d’hiver, pas vrai ? Rien de tel qu’un bon petit froid sec pour vous mettre de bonne humeur !
- Je ne suis pas là pour parler météo. J’aimerais avant tout que vous me disiez ce que vous pensez de ce que je vais vous montrer.

Le ton était sans réplique. Sans plus réfléchir, le directeur suivit Jacquou qui lui montra l’objet du délit.
Il est parfois très difficile de réprimer un sourire. Maître de lui comme toujours, Trebeau y parvint pourtant. Il réussit même à afficher un air mi-navré-mi-outré adapté aux circonstances.
- Quelles réflexions vous inspire ce graffiti, avança le documentaliste ?
- Les mots me manquent… temporisa Trebeau avant d’hasarder quelques mots sur l’absence de respect des jeunes d’aujourd’hui.
- Les jeunes d’aujourd’hui, ceux d’hier, ceux de demain, c’est toujours les mêmes ! Là n’est pas la question ! Ce que j’aimerais savoir, c’est d’où ça vient, qu’on sanctionne les coupables…
- Mais il seront sanctionnés, M. Jacquou, il seront sanctionnés. Et sévèrement ! Oser de tels propos à l’encontre d’un homme de votre savoir, de votre âge, de votre dévouement…
Le documentaliste eut un geste comme pour dire « n’en jetez plus, la cour est pleine ». Trebeau l’agaçait. Sa cravate, ses souliers dernière mode impeccablement cirés, son costume prince de Galles, son visage poupin que tentait de viriliser un fin collier de barbe, sa voix posée, son sourire teinté d’ironie : rien qui vaille. Mais cette fois-ci c’en était trop, il irait jusqu’au bout.

- Je veux que l’on punisse le (ou les) VRAI(S) coupable(s). La main qui trace le message est innocente face à l’esprit qui l’inspire. Vous parlez d’irrespect, mais il n’en est rien. Regardez : il est question de MONSIEUR Jacquou. Jacquou eût été déplacé, irrévérencieux. Monsieur Jacquou, est empreint de respect. Ce qui m’ennuie, c’est la fuite.
- La fuite interrogea Trebeau, perplexe?
- Eh bien oui, il faut bien que quelqu’un ait organisé cette fuite. Comment voulez-vous que ces malheureux enfants aient pu se rendre compte par eux-mêmes que j’étais con ? Ils ne sont pas très observateurs, vous savez… Pour moi, il a fallu que quelqu’un les alerte sur cet aspect de ma personnalité !
- Soupçonneriez-vous vos collègues ?
- Un peu que je les soupçonne ! Ils ne savent pas tenir leur langue. Et patati, et patata… M. Trebeau saute sa secrétaire, Mme Deleuze aime les très jeunes hommes, M. Bourdieu est passé rond comme une queue de pelle à la radio locale… Comme si personne ne savait tout ça ! Mais non, faut qu’ça jacte…
- Il est vrai, admit le directeur que la discrétion qu’exigerait une déontologie minimale n’est pas toujours respectée par l’équipe. Mais de là à aller faire des révélations aux élèves…
- Et ça viendrait d’où , alors, cette fuite ?
- Je ne sais pas… Peut-être vous êtes-vous laissé aller à des indiscrétions envers un parent d’élève…
- Non, M. Le directeur, à part aux journées portes-ouvertes, je ne vois jamais les parents. Je ne vois pas en quoi le fait que je sois con pourrait constituer un argument en faveur du recrutement des élèves ?
- On ne sait jamais…Vous ne pouvez pourtant pas nier, que votre connerie vous aide à effectuer avec zèle vos missions, avança Trebeau…
- Certes pas ! Mais trêve de considérations générales, que comptez-vous faire au juste ?
- Je ne sais pas… Il y a jeudi un conseil des professeurs, nous pourrions y évoquer la question, tenter de voir d’où vient la fuite…


Comme prévu, le jeudi soir venu, l’équipe au complet fut mise au courant du scandale. L’annonce provoqua bien des remous. Chacun se sentait menacé dans son intimité. Que la prof de gym soit nymphomane ne regardait qu’elle et les plus ardents mâles de l’arrondissement… Que Bourdieu se pique la ruche ne rendait ses digressions que plus brillantes… Pourquoi n’irait-on pas raconter aux élèves que Mme l’intendante volait dans les boutiques… Des peccadilles, certes, pas plus graves que la connerie de Jacquou, mais on commence comme ça et ensuite on en vient à révéler des choses plus gênantes… Il fallait réagir ! Tout le monde en convint.

Tout d’abord il fallait tenter de déterminer d’où provenait la rumeur. A la question « Quelqu’un ici aurait-il déclaré, ou laissé entendre à ses élèves que M. Jacquou était con ? », répondit un non unanime. Cependant, dans un coin, la jeune prof de musique semblait en proie à ce genre d’agitation que créent les affres moraux. N’y tenant plus, elle réclama la parole qui lui fut donnée. Le brouhaha se calma instantanément et c’est dans un silence total qu’on l’écouta relater d’une voix hésitante ce qui suit :
- Eh bien voilà : je me demande si je ne serais pas involontairement, bien sûr, à l’origine de cet incident. Lundi, en heure de vie de classe en 6 e C, un élève m’a demandé s’il y avait des cons parmi l’équipe pédagogique. J’ai d’abord été tenté de dire non, mais dans un second temps, j’ai réalisé que leur mentir serait trahir la confiance que les jeunes placent en nous. J’ai par conséquent dû reconnaître qu’en effet il y avait bel et bien des cons parmi les professeurs de l’établissement. Plutôt que de les étonner, mon affirmation sembla les rassurer, Kévin Laroute, dont le frère est maintenant au Lycée Paul Verlaine a même affirmé que là-bas tous les profs étaient cons. Je me suis sentie tenue, toujours par cette exigence de vérité de leur assurer qu’ici ce n’était pas le cas et que les cons n’étaient qu’une minorité parmi nous.
Cette dernière phrase provoqua une série de réactions contrastées au sein de l’assemblée, certaines chaudement approbatives, d’autres dubitatives, d’autres franchement réprobatrices.
Ayant laissé passer les murmures, la jeune musicienne reprit :
- Alors les enfants ont souhaité connaître les noms des cons. Bien entendu j’ai refusé de leur en dresser la liste. J’ai même profité de cette occasion pour leur expliquer ce qu’était la déontologie et comment celle-ci ne s’opposait pas nécessairement à la solidarité.
Ce disant, elle quémanda du regard le soutien du directeur qui, n’étant pas homme à mesurer son approbation aux pédagogues pourvues d’un buste avantageux, le lui accorda volontiers sous forme de hochements de tête.
- C’est alors que Marine Baronnet est intervenue et de sa petite voix timide m’a demandé avec bien des précaution si M. Trebeau était con comme il lui avait semblé entendre dire par son papa. Bien entendu, j’ai répondu que c’était faux et même que, comparé à M. Jacquou, il était très intelligent. Ensuite nous sommes passé à un autre sujet, mais, vu la suite des événements, je me demande si cette remarque n’a pas entraîné certains esprits portés à la déduction à en conclure que M. Jacquou était bougrement con… Quoi qu'il en soit, M. Jacquou, je vous prie d'accepter mes excuses...

Débonnaire, Jacquou accepta.

Le directeur se leva pour prendre la parole.
- Il est en effet possible que l’incident ait trouvé là son origine. Toutefois, je ne peux que louer l’honnêteté et la droiture de notre jeune collègue. Qui n’a pas, en début de carrière, commis quelque maladresse ? Il n’en reste pas moins que M. Jacquou se trouve en bien mauvaise posture. Que pourrions-nous faire pour lui? Un démenti formel froisserait notre intégrité…
- On pourrait, comme on a fait en 68 pour montrer notre solidarité avec Cohn-Bendit tourner dans la cour en scandant « on est tous des cons ! » pendant quelques récréations hasarda Bourdieu…
- C’est une super idée ! s’exclama Mme Dérida. Je vois déjà la banderole !
Trebeau doucha bien vite son enthousiasme :
- Non, ce serait exagéré…
- Et surtout inexact s’exclama Mme Barthes.
Comment trouver une solution qui tout en étant honnête, saurait satisfaire la susceptibilité froissée de Jacquou ?

M. Stephane, professeur de français se leva à son tour. Tout le monde était un peu inquiet car on ne savait jamais ce qu’il allait sortir. Sa voix forte et grave, patinée par des décennies de tabagisme intensif, articula en quelques phrases ce qui allait être la solution :
- Quel est le problème ? Quelqu’un a écrit « M. Jacquou est con » sur une table au CDI, D’accord ? Ça l’a vexé, car il n’aime pas, et c’est compréhensible, qu’on révèle aux élèves des faits qui ne les regardent pas, d’accord ? Seulement, le mal est fait. Maintenant tous les élèves savent qu’il est con. Alors, moi, ce que je propose, c’est qu’on atténue la chose. On pourrait par exemple faire savoir aux élèves ainsi qu’aux parents que M. Jacquou n’est pas plus con qu’un autre. Cette formule a l’avantage de ne pas nier sa connerie tout en la relativisant. Elle est donc parfaitement honnête et loyale, à condition bien sûr que l’autre à qui on le compare soit d’égale connerie et qu’on évite de le nommer…


Cette formule convint à tous et dès le lendemain, les élèves s’attroupaient devant les affiches apposées aux points névralgiques de l’établissement qui disaient en substance que contrairement à un bruit qui avait circulé dans l’établissement Monsieur Jacquou n’était pas plus con qu’un autre. Cette déclaration était signée par l’ensemble de l’équipe éducative. Pendant ce temps, Jacquou, ravi, retouchait au blanco l’inscription du délit afin que cette dernière corresponde à la version affichée.

vendredi 21 octobre 2011

Histoire cochonne



Grâce à M. Paul Hodell-Hallite, un ami de Facebook, j'ai eu ce matin la joie ineffable de lire un très intéressant article. Pour ceux qui auraient la flemme de le lire in extenso, je le résumerai. Dans un charmant village d'Ardèche, Alba-la-Romaine, vivent côte à côte les familles G. et B. Comme bien des voisins, ils entretiennent d'excellentes relations. M. G. montre ses fesses aux enfants B. tandis que M. B. déclare que « La cabane (NDLR : du cochon), va brûler avec de l’essence. Mais pas vu, pas pris. Ils font ch… ces Français de m… ». Bref, tout va pour le mieux dans le meilleur des voisinages possibles.

Les plus perspicaces d'entre vous auront  noté qu'un porcin semble être venu semer le trouble entre ces braves gens. Eh oui ! Ce suidé est, pour reprendre l'expression d'Audiard,"la mouche dans le lait", la pomme de discorde, le grain de sable qui va venir détraquer la délicate mécanique de l'amitié et du vivre ensemble. En effet, selon M. B. les G. auraient donné au porc son prénom : Mohamed !  Plutôt que de se sentir  flatté de cette délicate attention, M. B., bon musulman, s'en offusqua. Il crut y déceler on-ne-sait-quelle insulte raciste puisqu'il saisit le MRAP local de l'affaire.

De son côté, les G. nient la réalité de ces faits. Selon Mme G., le cochon, qui ne lui appartient pas, s'appellerait en vérité "Babe, comme dans le film."

C'est parole contre parole. 

Si quand les G. appelaient ce cochon de passage, d'emprunt ou d'adoption "Babe",   M. B. entendait "Mohamed", on ne saurait trop lui conseiller de passer un test d'audition, voire de consulter un psy, histoire de se faire expliquer le sens du mot "paranoïa".

Si, au contraire,  les G. avaient bel et bien surnommé le porcin de discorde "Mohamed", son homonyme d'outre-clôture n'aurait pu y voir qu'une de ces plaisanteries de bon voisinage qui ne saurait résister à un franc échange de coups de feux à l'arme lourde. Au lieu de cela, il saisit le MRAP ! Alors que les G., eux, ne l'ont pas fait lorsque le facétieux B. les traitait, dans un accès de bonhommie bien compréhensible, de "Français de m...".

Le pire est que la direction locale du MRAP au lieu, comme l'eût fait tout en chacun, d'éclater d'un irrépressible rire à l'énoncé de ces différends semble prendre l'affaire au sérieux...

Cette histoire me fait repenser à un ivrogne breton, rencontré du temps de ma jeunesse, qui avait nommé son chien "Pompidou" et le traitait ...  ...comme un chien ! Je ne me souviens pas que le président, vexé, ait poursuivi l'irrespectueux citoyen. A moins que, se  contentant d'en rire, personne n'ait jugé utile de prévenir le bon auvergnat des affronts qu'on lui faisait quotidiennement subir ?

Peut-être que les temps et les gens ont changé ?

jeudi 20 octobre 2011

L'Education Nationale va finir par avoir des problèmes d'effectifs...




Il y a deux jours, une ex-collègue et néanmoins bonne copine m'annonçait par mail qu'une autre prof, selon le site de la radio locale, avait été "fusillée". Je crus d'abord à une plaisanterie. Mais force fut, après m'être rendu sur le site en question, de constater qu'il n'en était rien. Une professeur de français de mon ex-collège avait bel et bien été victime de deux coups de feux tirés à bout portant par son ex-mari qui lui avait tendu une embuscade tandis qu'elle quittait son domicile en compagnie de sa fille et de ma remplaçante pour se rendre au travail. ! 

Le coupable a d'ailleurs été arrêté hier, après avoir, comme il se doit, tiré sur les gendarmes. Sa victime n'est pas morte, mais a néanmoins dû être héliportée vers un hôpital parisien.

Je me suis toujours demandé comment un homme pouvait en arriver à devenir ce qu'il est coutume de nommer un "forcené". Ça demeurera pour moi comme la plupart des gens un mystère...

Quoi qu'il en soit, entre ceux qui s'immolent ou se suicident de manière plus classique, ceux qui se mettent à découper du gendarme au sabre et ceux qui se font tirer comme des lapins ça va finir par faire beaucoup de défections. Si on ajoute à cela la baisse des candidatures aux concours, ce système d'éducation que le monde entier nous envie (ou devrait nous envier) risque à terme de souffrir d'un problème d'effectifs.

mercredi 19 octobre 2011

Réflexions sur le verbe décéder.



Hier soir, écrivant de mes nouvelles à une amie, j'eus soudain un doute : le verbe "décéder" se conjuguait-il avec l'auxiliaire être ou avoir ? Incapable de trancher, je consultai donc mon fidèle Google qui m'amena vers un tableau de conjugaison. La bonne réponse était "être".

Ce tableau me plongea cependant dans une grande perplexité. Si, pour la première personne du singulier ou du pluriel, on peut à la rigueur envisager d'utiliser ce verbe au présent et au futur ( "je décède, nous décéderons") en revanche, il est difficile d'envisager comment pourraient être utilisées les temps du passé. Exemple : "En 1992, j'étais décédé mais maintenant ça va beaucoup mieux".

De même, la deuxième personne, même au présent et au futur me semble difficile à caser dans la conversation : des phrases telles que "Marcel, il me semble que tu décèdes !" ou "Selon moi, vous décéderez demain !" font preuve d'un manque de tact certain. Il en va de même pour les temps du passé : "On m'a dit que vous étiez décédé, je m'aperçois avec bonheur qu'il n'en est rien !"

Ne serait-il pas plus convenable de considérer que ce verbe est défectif  et que seule la troisième personne lui convient ? Surtout qu'il ne s'agit que d'un euphémisme remplaçant "mourir" devenu tabou et qu'il me semble lui-même être devenu trop violent laissant la place à "partir" ou "quitter"...

mardi 18 octobre 2011

Test : Êtes-vous un plombier ?



Comme tout un chacun vous vous demandez parfois si vous ne seriez pas un plombier. Ce rapide test vous permettra de mettre fin à votre questionnement. 
 Dans la série des test, j'ai un temps songé à vous proposer "Êtes-vous un crustacé ?" mais la question m'a paru moins urgente que celle que j'ai finalement retenue.


Groupe A :
1. Utilisez-vous quotidiennement un chalumeau afin de souder entre eux des tuyaux de cuivre ?
2. Au cas où votre client a de moindre moyens, remplacez-vous cuivre et soudure par PER et sertissage ?
3. Passez-vous une partie de votre temps de travail sous des éviers ?
4. Fait-on appel à vos services pour installer ou réparer douches, lavabos, éviers, cuvettes de WC ou tout autre article sanitaire nécessitant un raccordement au réseau de l'eau ?
5. La caisse à outil qui vous sert quotidiennement contient-elle des joints d'étanchéité et tout plein de petits bidules en cuivre ?

Groupe B :


N.B. : Les questions du Groupe B ne s'adressent qu'à ceux qui ont répondu par l'affirmative aux questions du groupe A
1. Riez-vous sous cape à la pensée de la tête que fera votre client en recevant votre "petite" note ?
2. Menez-vous de front trois (voire plus) chantiers en laissant sur chacun une boite à outils tandis que vous vous rendez de l'un à l'autre ?
3. Prétendez-vous TOUJOURS qu'il vous manque un outil indispensable que vous allez chercher en facturant, bien entendu, le temps de votre absence au client ?
4. Passez-vous le temps que vous êtes supposé consacrer à la recherche de l'outil manquant au bistrot du coin ?
5. La piscine intérieure de votre résidence principale est-elle plus grande que les piscines chauffées de vos résidence secondaires ?

RÉSULTATS : 

Si vous avez répondu positivement à TOUTES les questions du groupe A, vous êtes sans conteste un plombier.
Si vous n'avez répondu positivement qu'à la question 3, vous n'êtes pas un plombier. Peut-être n'êtes vous qu'un peu timide ? Ou un rien farouche ?

Si vous avez répondu OUI à toutes les questions du groupe B, vous êtes un excellent artisan.
Si vous n'avez répondu OUI qu'aux questions 2, 3 et 4, vous êtes un ouvrier plombier. Votre heure viendra peut-être un jour... Sait-on jamais ?

lundi 17 octobre 2011

L'immigration en Sud-Manche.




Ils sont là, partout. Ils ont leur journaux, leurs magasins, leur nourriture, leurs entreprises...

On ne voit qu'eux dans les magasins de bricolage ou autres jardineries. Ils s'attardent en groupes bruyants au milieux des allées, s'exprimant dans un langage étrange, riant entre eux. J'en ai même vu installer leurs enfants dans un coin de magasin. Tandis que les parents faisaient leurs emplettes, les petits monstres lisaient tranquillement. Ils ne sont pas comme nous !

Et puis leurs voitures... C'est le passager qui les conduit ! Heureusement, ils placent le volant de son côté ! Certains poussent la rouerie jusqu'à se faire immatriculer en France, pour mieux nous inquiéter : imaginez les sueurs froides de qui voit dans son rétroviseur s'approcher un véhicule dont le conducteur est absorbé dans la lecture d'un journal !

Ces anglais, tout de même !

dimanche 16 octobre 2011

J'ai honte !




Les sujets de billets ne manquent pas : j'en ai plein en réserve mais, ce matin, j'ai la flemme de me lancer dans un plus ou moins long exposé.

On peut aussi commenter l'actualité qui, comme chaque jour que Dieu fait, fourmille de nouveautés:
Pas plus tard qu'hier, la France s'est qualifiée pour la finale de la coupe du monde de rugby. Qu'en dire sinon que je m'en fous ?

Dans le monde entier, quelques (plus ou moins) jeunes gens, indignés comme c'est la mode, ont défilé en se déclarant être les 99% alors que, par leur nombre ils n'en étaient même pas 1,  de pour cent. Avouerai-je, à ma courte honte, que je me bats le coquillard de ceux qui défilent ici ou là pour ceci ou pour cela ? - Oui.

Aujourd'hui, le peuple de gôche va désigner celui ou celle qui affrontera notre bon président lors des prochaines présidentielles. Vu que je ne compte pas voter à gauche, ils pourraient présenter un cochon avec une casquette que ça ne changerait pas grand chose pour moi. Je m'en tape donc totalement.

En fait, l'actualité ne m'inspire rien d'autre que de l'ennui.

Deux choses positives cependant : les chenilles de piérides ont été dûment ratatinées par la froidure, me laissant à la tête d'un carré de choux tout de fine dentelle. Ce qui n'est pas donné à tout le monde. Et aussi, M. Goux est de retour et j'espère qu'il va nous régaler de ces billets savoureux qu'il mitonne si bien.

Comment n'aurais-je pas honte de mon indifférence à ce qui importe comme de mon intérêt pour le futile ?

samedi 15 octobre 2011

Prof, un métier où on s'éclate !



Une prof s'immole par le feu dans la cour de son lycée, en pleine récréation. Le lendemain, un autre zigouille au sabre japonais une femme policier à la préfecture de Bourges. Il ne peut, évidemment, s'agir que de pures coïncidences. On imagine mal une coordination :
- Qu'est-ce que tu fais, toi demain ?
- Je m’immolerais bien par le feu, histoire de manifester le malaise de la profession, et toi ?
- Moi, après-demain, je vais chercher un permis de port d'armes à la préfecture. S'il me le refusent, je compte bien en saucissonner quelques uns à coup de sabre, histoire de montrer que nos métiers sont mal rémunérés.

Impossible de tirer des conclusions générales pertinentes de faits isolés, découlant de problèmes personnels.

L'an dernier, il y aurait eu deux fois moins de candidats aux concours de professeurs. C'est conjoncturel, vous dit-on. Et les salaires, parlons-en des salaires. Et les réductions de postes, ça joue. Et les changements au niveau de la formation, vous en faites quoi ? On pourrait rétorquer à tout ça que la conjoncture, pas très favorable à l'emploi des jeunes, devrait au contraire les pousser vers un emploi stable. Que si les salaires ne sont pas terribles, ça ne date pas d'hier et que dans les autres secteurs d'activité les rémunérations ne s'envolent pas. Quant à la formation, ceux qui en ont fait l'expérience dans le passé ne peuvent que souhaiter que les pompiers soient mieux préparés à combattre l'incendie qu'ils ne l'étaient à enseigner...

A France Télécom, quand on se suicide, c'est à cause de la direction. A l’Éducation Nationale, c'est parce qu'on est fragile. La solution : cessons de recruter des gens vulnérables et on finira par y mettre moins volontiers fin à ses jours.

A part ça, pas trop de problèmes : la preuve, les enseignants n'ont pas de médecine du travail. Si ce n'est pas un signe de bonne santé, ça ! Bon, certains se montrent critiques, écrivent des livres sans queue ni tête sur je-ne-sais-quel malaise... Il y a des brebis galeuses partout.

On vous le dit, on vous le répète : le système d'éducation français est parmi les meilleurs du monde. Pas par ses résultats, certes, mais par nature. C'est indiscutable.

Tout ce qu'il lui faut, c'est une augmentation des salaires et des postes.

Ceux qui affirmeraient que l’Éducation Nationale est une pétaudière où les syndicats se refusent à identifier les problèmes réels, dont les parents attendent ce qu'elle ne peut donner (comme par exemple transformer leur petit chéri au QI d'huitre et à l'attention flottante en  génie) et dont les usagers ambitionnent souvent de réussir sans apprendre, sont des esprits chagrins.

En fait, tout va très bien Madame la marquise !

vendredi 14 octobre 2011

Elle veut changer ma vie !



Ce matin, sur France Inter, j'ai entendu une femme me dire qu'elle allait changer ma vie. Rien moins. 

Je ne la connais même pas, cette Martine-là. Pourtant j'en ai connu des Martine...

Alors comme ça, on est tranquillement en train de prendre son petit déjeuner, le café est bon, le pain un peu mou, mais l'un dans l'autre c'est un moment agréable et une furie arrive et vient me dire qu'elle va changer mon quotidien. Et pas qu'un peu, hein, elle va me le changer en profondeur

Et de quel droit, s'il vous plaît, Madame ? Je ne suis pas macho, pourtant je n'aime pas qu'une femme vienne me changer le quotidien, en profondeur ou pas. J'ai été jeune, moi aussi. Il m'est arrivé de penser qu'une femme allait changer ma triste vie en  paradis. Le temps a passé. Je sais maintenant que ça relève du rêve. La simple perspective du changement ne me séduit plus. Je me suis accepté. Je serais même plutôt heureux. Alors tout foutre cul par dessus tête, vous pensez...

Un choc pareil, ça donne quand même à penser. Qu'est-ce qu'elle pourrait changer à ma vie la Martine ? Bien sûr, mes fidèles lecteurs le comprendront, elle pourrait me débarrasser de la piéride... Mais, vu que les premières gelées approchent, le problème sera bientôt résolu. Alors quoi changer au juste ? Comme toutes les femmes qui souhaitent changer un homme (ou tous les hommes qui veulent changer une femme), c'est forcément une chieuse, ou, pour employer un terme scientifique, une emmerdeuse. Une chieuse (ou emmerdeuse), ça veut votre bien. C'est à ça qu'on les reconnaît. Et votre bien, il est facile à définir : il faut manger sain, faire du sport, ne plus boire de whisky ni de vin, même pas de vodka et arrêter de fumer. Elle pourrait aller jusqu'à me pousser à quitter mes collines pour la ville afin de participer à la vie associative ! TOUT ÇA EST HORS DE QUESTION, MARTINE, JE TE LE DIS TOUT NET !

Des esprits fins, il n'en manque jamais, me diront que je fais fausse route, que ces changements sont d'une toute autre nature, qu'il s'agit de réforme fiscale, de meilleure répartition des richesses, de redressement national et tout ça. Et alors ? Je ne vois pas comment la création d'une nouvelle tranche d'impôts ou de nouvelles allocations pourraient révolutionner mon quotidien. Vu ce que je vais finir par payer comme impôts, je ne suis pas directement concerné. Quant aux allocations, je n'en ai pratiquement jamais touché de ma vie. En admettant que la gauche parvienne à changer l'image de la France, je doute qu'à mes yeux elle le fasse dans un sens positif...

Cela dit, une conclusion s'impose : cette femme me connaît bien  mal. Ou alors, pour elle, je ne fais pas partie de ces français auxquels elle s'adresse et dont elle veut changer la vie.

jeudi 13 octobre 2011

Vous êtes nés en France ? Vous en avez de la chance !



On entend souvent ce genre d'ânerie : on aurait de la chance d'être né en France. Partant, en tant que chanceux, la moindre des choses serait d'accueillir à bras ouverts (voire plus si affinités) tous ceux qui ne le sont pas. Certes, certes... Mais, étant de nature mauvaise, j'ai du mal à voir en quoi le fait d'être né en France relève de la chance. J'y vois plutôt une certaine logique : mes parents étant français et pas suffisamment aventuriers pour aller tenter leur chance loin de la mère patrie, je suis donc né ici.

On peut cependant penser différemment. Il se pourrait que nous soyons en fait de petites âmes voletant dans l'azur avant de s'incarner. L'incarnation se ferait  fonction de quoi ? Va savoir... Par tirage au sort ? Au gré des vents ? Suivant les plans de je ne sais quel destin ? Il y aurait des gagnants et des perdants :
- Tu t'incarnes où, toi ?
- En France !
- Ouah ! La chance! Moi je m'incarne au Burkina Fasso...

Mouais... Pas très convaincant...

De plus, naître en France n'est pas nécessairement une chance en soi. A bien des époques notre pays fut ravagé par guerres, invasions et disettes, comme le sont d'autres aujourd'hui. C'était d'autant plus dommage qu'en ces temps difficiles c'est en vain qu'on se serait usé les yeux à guetter l'avion ou le bateau nous apportant des victuailles venues de lointaines contrées...

Même aujourd'hui, on peut naître dans ce beau pays avec de graves handicaps qu'ils soient physiques, mentaux, sociaux ou les trois à la fois ce qui rend cette fumeuse chance très relative...

En admettant que l'on soit né en  France, dans une famille de niveau socio-culturel acceptable et sans tares trop prononcées, ce qui est un cas heureusement assez répandu, cela n'est pas le résultat d'un quelconque hasard mais plutôt d'une longue histoire d'efforts, de travail, d'inventivité, de progrès culturel, technique, médical et commercial.

A mes yeux, être français est un héritage qu'il appartient à chacun de faire fructifier par respect pour ceux qui nous l'ont légué et aucunement un privilège dont nous devrions nous excuser.

dimanche 9 octobre 2011

samedi 8 octobre 2011

Au revoir, à bientôt !




Il va falloir que je m'absente pendant quelques jours. Tout dépendra du téléphone qui peut sonner dans la minute, dans l'heure, dans le(s) jour(s) qui vien(nen)t. Il sonnera bientôt, c'est la seule chose certaine et alors je prendrai la route de la Bretagne. Ceux qui m'ont fait l'amitié de suivre ce blog depuis le début comprendront...

A ce propos, je voudrais remercier tous ceux qui sont venus ici  lire mes modestes contributions à l'édification de ce monument impérissable qu'est la Culture Française. Si j'ai pu, ces quatre dernières semaines, les faire sourire un peu mon combat n'aura pas été vain.

Je continuerai donc à écrire des conneries dès mon retour. Ceux à qui ça déplaît ne pourront s'en prendre qu'à ceux qui m'y ont encouragé.

vendredi 7 octobre 2011

Adieu, veaux, vaches, blogroll !



J'ai, sur les conseils avisés de M. Jégou, il y a un peu plus de trois semaines, décidé de me lancer dans une des aventures les plus périlleuses que peut tenter un homme (ou une femme) en ce vingt-et-unième siècle balbutiant :  j'ai créé ce blog, mon blog. Je fus surpris du nombre et de la qualité* de ceux qui me firent l'honneur et la joie de venir le visiter dès le premier billet. Ce succès ne se démentit pas et le niveau de fréquentation du premier jour fut largement dépassé à plusieurs reprises. Une chose pourtant me turlupinait :  l'essentiel de mes visiteurs venait de l'excellent blog de M. Goux. Presque deux tiers ! Car M. Goux, sans que je ne l'en supplie, sans même me réclamer le moindre petit chèque m'avait inscrit dans sa blogroll magique. Une redoutable machine, cette blogroll ! Y apparaître assure le succès, en disparaître est la fin des z'haricots. D'où les multiples pressions, menaces et peut-être voies de fait dont le propriétaire de l'endroit ne manquait d'être l'objet de la part de ceux qui ne s'y affichaient pas ou plus. Ça le lassa. On le comprend. Et que fit-il hier soir, le brave homme ? IL LA SUPPRIMA ! Ou, si j'ai bien compris, la refondit et partit la cacher "là ou personne ne va" ce qui revient pratiquement au même.

Quelles seront les conséquences de cette nouvelle donne ? Vais-je voir mes visites fondre comme prospérité  en socialisme ? Alors que je caracolais vers largement  plus de 5000 visites pour mon premier mois, vais-je devoir réviser mes attentes ? Pour réveiller l'intérêt de la blogosphère, me faudra-t-il aller poser nu chez ILYS, participer hypocritement aux primaires citoyennes, poster d'innombrables commentaires dument liés sur tous les blogs de la création ?

Ou bien l'élite des lecteurs de blogs* continuera-t-elle de venir ici abreuver sa soif de savoir et de sagesse comme devant ?

L'avenir nous le dira...


*On ne le soulignera jamais assez !

jeudi 6 octobre 2011

De Badinter, du bonneteau et d'autres escroqueries.




"Choisirez-vous de couper un homme en deux ?" demanda le gentil Maître Badinter aux jurés du procès de Patrik Henry, à Troyes, en 1976. Il avait au préalable convoqué quelques experts afin qu'ils leur expliquassent le fonctionnement de la guillotine. Les braves membre du jury, émus, condamnèrent le coupable à la réclusion criminelle à perpétuité.

Couper un homme en deux ! Ce n'est vraiment pas "cool". Un mauvais esprit dirait que c'est plus "sympa" que de le couper en mille morceaux en commençant par les orteils. Ou encore que de le rouer vif  avant de l'écarteler à quatre chevaux comme on fit au bon Ravaillac.

N'empêche qu'il fut 'achement habile, le vieux Robert. Il défendait l'indéfendable : un meurtrier d'enfant, indubitablement coupable, et qui avait lui même, avant qu'on ne le confonde, déclaré que le meurtrier mériterait la mort ! Pas évident... Un des principaux arguments des opposants à la peine capitale est son irréversibilité en cas d'innocence. Dans ce cas, plaider l'innocence eût été hasardeux, vu qu'on avait trouvé le cadavre du petit Philippe Bertrand sous le lit du ravisseur et suivant ses indications... Il fallait donc trouver autre chose.

Et Badinter trouva la faille : puisqu'en l'état de la législation la raison aurait voulu que l'on infligeât à M. Henry la peine de mort, il fallait faire appel à l'irrationnel, à l'émotion. Insister  sur l'horreur du châtiment, la hisser au même niveau que celle du crime qui l'eût justifié. Avec en plus l'avantage qu'ainsi ce seraient de braves gens, d'honnêtes citoyens et non un criminel endurci qui se trouveraient responsables d'un acte de barbarie.

On peut penser ce qu'on veut de la peine de mort. Personnellement, dans le cas où aucun doute n'est possible et du moment que le crime jugé est particulièrement odieux, je suis pour. Mais là n'est pas la question. Ce qui me choque, dans ce cas, c'est la méthode utilisée pour éviter qu'elle ne s'applique.

 Transformer le bourreau en victime, faire naître chez ceux qui sont chargés de le juger un sentiment de culpabilité, susciter leur pitié est une vieille ficelle. Le pire est que, comme les plus anciennes arnaques, elle marche à tous les coups. Prenez le bonneteau, par exemple. Ça remonte au moins au Moyen Age. Il faut être d''une innocence et d'une ignorance insondables pour ne pas savoir que le jeu est truqué. Eh bien,  tous les matins,  se lèvent  des pigeon qui s'y font piéger

Les escamoteurs "moraux", eux aussi, gagnent souvent. Il leur suffit de faire virevolter les idées comme au bonneteau on jongle avec les cartes. Le chaland finit par penser que le rouge se trouve là où est le noir, que le châtiment est pire que la faute.

Prenons le cas de la "double peine".  Un étranger, proxénète avéré ou trafiquant de drogue, se voit condamné à la prison. Avant la suppression de la "double peine", à sa sortie, on l'envoyait méditer sur ses erreurs dans son pays d'origine et s'y refaire une santé morale. Parce qu'on pouvait juger que la France avait peu d'avantage à conserver sur son sol cet hôte discutable. Eh bien, on avait tort : on oubliait que ce brave homme avait quitté bien jeune son pays d'origine, qu'il avait, à grand peine, développé dans notre sol généreux de profondes racines. Que le "renvoyer" dans un pays qu'il connaît si mal ou si peu serait d'une cruauté inouïe. Que deviendraient, sans lui, sa tendre épouse, ses malheureux enfants ? Sans parler de la peine qu'en auraient ses "protégées" ou ses "clients"... Inadmissible, on vous dit...

Autre exemple. M. X est entré en France sans autorisation. Il y vit sans papiers (on se demande comment c'est possible) depuis dix ans, quinze ans, plus parfois. Et voilà qu'à la suite d'on ne sait quel malheureux concours de circonstances il se fait arrêter et on s'apprête à l'expulser. C'est honteux ! Vous vous rendez compte, un gars qui avait quitté bien jeune son pays d'origine, qui avait développé dans notre sol généreux...etc. Régularisons bien vite M. X ! L'ancienneté de son délit lui donne des droits ! Un peu comme si se livrer impunément depuis dix ans ou plus au vol à l'étalage était un argument en faveur du pardon.

On pourrait multiplier les exemples.

Bonneteau, je vous dis ! Ne vous laissez pas abuser par les bonimenteurs de foire, qu'ils soient ancien garde des sceaux ou pas : ils ne veulent pas nécessairement votre bien ni celui de la société où vous vivez.

mercredi 5 octobre 2011

Préservons nos écosystèmes, certes, mais lesquels ?.



J’ai beau ne pas traiter mes légumes, trier consciencieusement mes déchets et de manière générale tenter de ne pas trop saloper mon environnement,  je ne me considère en rien écologiste. Plus qu’une idéologie rétrograde, c’est un minimum de bon sens qui me dicte ma conduite. Ça, et la certitude que si mes tomates, comme elles en ont la fâcheuse  coutume, pourrissent à cause du mildiou au moment où elles s’apprêtaient à murir, j’aurai toujours la possibilité d’en acquérir à la supérette du bourg voisin. Ces dernières ne seront peut-être pas aussi bonnes, pas aussi « bio » mais je n’en serai pas privé.

Mes lecteurs attentifs, si j’en ai, auront senti leurs cheveux se dresser sur leur tête en me voyant qualifier l’écologie d’ « idéologie rétrograde ». Ou alors c’est qu’ils sont de bien mauvais sujets, ce qui ne m’étonnerait qu’à moitié. Pourquoi osé-je ce blasphème ?  Eh bien  parce que la préservation des écosystèmes me semble une idée très conservatrice.

Procédons par ordre : Qu’est-ce qu’un écosystème ? Selon le Petit  Robert, un copain à moi qui, malgré son jeune âge est d’une culture quasi-mirandolesque, un écosystème  est une « unité écologique de base formée par le milieu (=>biotope) et les organismes végétaux, animaux et bactériens(=>biocénose) qui y vivent. Et Bobby de nous citer pour exemple : « La forêt, la montagne, les déserts dont des écosystèmes ».
Ce qui me chiffonne là dedans, c’est que l’écosystème à préserver est présenté comme stable, voire immuable. Moi je veux bien. Mais si je lève les yeux de mon écran, qu’aperçois-je ? Des collines.  Et un bout de la petite départementale qui serpente entre elles.  Je suppose que ces collines sont plutôt anciennes. Elles appartiennent au massif armoricain, formation géologique remontant au Paléozoïque , ce qui ne nous rajeunit pas. Jadis fières montagnes, les 330 millions d’années qui se sont écoulées depuis l’apparition du plissement hercynien les ont vues grandir puis s’éroder. Tout ça pour dire qu’elles n’ont rien d’éternel. Mais ne chipotons pas.  Admettons que ces quelques derniers millions d’années elles n’ont pas trop changé. 

A part que sur ces collines, j’aperçois de drôles de choses : un champ de maïs, des prés où paissent des vaches, des talus surmontés de hêtres et de chênes. Rien moins !  Ça n’a RIEN de naturel. Tout ça a été créé par un être relativement récent appelé « homme » apparu dans la région il n’y a pas si longtemps, soyons larges, disons quelques dizaines de  milliers d’années. C’est ce coquin qui a défriché, monté les talus, tracé la route, élevé les vaches, semé le maïs (plante arrivée hier seulement  de la lointaine Amérique). Autant le dire clairement, dans nos vieux pays, que ce soit à la mer à la montagne, à la campagne, la « nature » n’a rien de bien naturel.

Admettons que  voici seulement quelques millénaires  régnait ici la lande d’ajoncs, de genêts  et de bruyères. On peut penser  que conséquemment y prospérait  le couineur des  ajoncs (oiseau imaginaire uniquement là pour détendre l’atmosphère et illustrer mon propos, comme toutes les autres espèces que je citerai), qu’insectivore, il se repaissait de la mouche à perruque mauve laquelle prospérait grâce aux déjections du gougnassier genêtivore, etc.  Bref, que l’écosystème y était TOTALEMENT différent.
 
En faisant pousser des chênes sur les talus qu’il a construit, l’agriculteur a permis que le geai (des chênes ) s’y installe, en se spécialisant dans l’élevage bovin, il a assuré la fortune de la mouche à bouse dont se repaissent les joyeux zoziaux, etc.

Tout cela pour dire que ceux qui défendraient l’écosystème de mes collines ne feraient que tenter de figer l’histoire en un point précis alors que celle-ci est perpétuel mouvement, interaction entre la « nature », la géologie, le climat et l’homme.
Là-dessus, je vais planter des fraisiers.