mercredi 3 août 2022

Salauds d’Anglais !

 

Qu’on ne se méprenne pas, il ne s’agit pas de critiquer le bellicisme de M. Boris Johnson. Ce titre m’est inspiré par un article que je viens de lire sur Facebook consacré à l’achat par un couple d’Anglais, dans une commune proche de chez moi, de ce hameau pour la modique somme de 26 000 euros :


Bien plus que le papier d’un journaliste en manque d’inspiration, ce qui m’a frappé ce sont les nombreux commentaires qu’il a suscités. Si nombre d’entre eux saluent le courage de ces braves gens, certains se montrent critiques quand ils ne sont pas carrément insultants. Ce qui permet de réaliser à quel point l’envie, la bêtise et l’ignorance crasse se portent bien dans notre pauvre pays.

Précisons que ces deux hommes (car il s’agit d’un couple homosexuel) qui avant d’y acheter une première maison habitaient le Kent, en Angleterre, dans une caravane qu’on leur prêtait. Ils n’avaient donc rien de magnats de l’immobilier. On peut également s’interroger sur leur capacité à mener à bien le projet puis à l’administrer. Pour le financer ,ils ont participé à une émission de la chaîne de télé Channel Four appelant à aider financièrement ceux qui ont acheté un village abandonné en Europe. L’ambitieux plan de ces entreprenants britanniques serait de transformer leur acquisition en une destination touristique de prestige. Je leur souhaite de réussir mais j’ai du mal à me retenir d’exprimer des réserves quant à l’atteinte de leur but. Avant de louer à prix d’or à de riches touristes cet ensemble de bâtiments sur le point de crouler, il leur faudra réunir et employer à bon escient des centaines de milliers d’euros, si ce n’est plus. Pari qui n’est pas gagné d’avance. Combien d’Anglais, rêvant de vivre dans l’opulence grâce aux revenus que leur procureraient des gîtes se sont vus contraints d’abandonner leur projet sans parvenir à le terminer ? Combien, ayant atteint leur but, jettent l’éponge faute de pouvoir rentabiliser l’affaire ? Les annonces immobilières du coin montrent que ça arrive !

Cela dit, que disent nos envieux ? Que ce n’est pas juste ! Qu’eux-mêmes ne se voient pas proposer de telles « affaires » ! Que vendre à des Anglais devrait être interdit vu qu’ils ont quitté l’Union Européenne ! Qu’il y a anguille sous roche (l’un d’eux va jusqu’à parler de dessous de table pour une acquisition dont une personne raisonnable ne voudrait pas pas si on la lui offrait) !

La bêtise engendrant l’ignorance, à moins que ce ne soit l’inverse, les critiques vont bon train. Ce n’est pas en gîtes de luxe mais en logements sociaux que devraient être transformées ces quasi-ruines. L’idée est certes généreuse. Est-elle réaliste ? J’en doute. Comme j’émettais des réserves sur ce point un commentateur me répliqua qu’il y avait des milliers de personnes en France rêvant d’habiter ce genre d’endroit. Curieuse remarque qui témoignait de sa totale méconnaissance de la situation démographique de la commune où se trouve le hameau et de bien d’autres dans le Sud-Manche. Ayant dépassé les 2500 habitants dans la première moitié du XIXe siècle, Saint-Cyr-de-Bailleul (puisqu’il faut l’appeler par son nom) n’en comptait plus que 945 en 1954 et 369 en 2019 (population divisée par 2,5 en 65 ans). L’enthousiasme pour ce « genre d’endroits » où l’emploi ne court pas les rues semble donc modéré. En imaginant qu’il y existe une demande de logements sociaux, serait-il plus rentable pour la commune de rénover ces bâtiments que d’en construire de neufs ? Rien n’est moins assuré : refaire des toitures, installer une électricité et une plomberie aux normes, isoler correctement ces passoires thermiques, installer des systèmes d’assainissement des eaux usées, rendre le tout habitable coûterait des fortunes. Et avec quoi se retrouverait-on ? Un ensemble de logements mitoyens que le public apprécierait d’autant moins qu’il resterait en pleine campagne !

Plutôt que de se déchaîner contre ces salauds d’Anglais, il serait raisonnable de se réjouir de ce que nos régions rurales en voie de désertification les attirent. Il sauvent le patrimoine bâti de la ruine et font marcher le commerce et l’artisanat. Mais allez faire admettre cela aux crétins envieux et ignares qui « débattent »...



13 commentaires:

  1. Je suis d'accord avec vous, Oncle Jacques, d'autant que cela va vous faire deux petits copains avec qui prendre le thé !
    Mais d'un autre côté, on n'a tout de même pas le droit d'oublier qu'ils ont brûlé Jeanne d'Arc !

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    1. Désolé, chère Mildred mais n'étant pas buveur de thé, l'avantage que vous me signalez n'en est pas vraiment un. Vu que nos amisbritanniques pullulent déjà dans les environs, si je devais me convertir à la "good cup of tea" et améliorer ma sociabilité, je n'aurais que l'embarras du choix. Songez que les Britanniques représentant 10% de sa clientèle, le Crédit Agricole de Sourdeval a recruté un employé Anglais (homme très sympathique avec lequel j'entretiens de très bons rapports) pour s'occuper d'eux, qu'ils possèdent des commerces etdes entreprises artisanales et qu'ils ont une page facebook anglophone pour vendre des objets...

      Quant à la brave Jeanne d'Arc : à tout péché miséricorde !

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  2. "installer des systèmes d’assainissement des eaux usées,"

    ROTFLMAO (pour parler anglais)
    Ayant eu en vue d'une acquisition éventuelle à me renseigner sur à ce sujet je peux garantir que les nouvelles et bienveillantes réglementations Européennes vont gratifier, à ce titre, les heureux propriétaires d'un "bonus" d'au moins 10000 euros PAR HABITATION en ce qui concerne les frais de rénovation.
    Donc, le prix d'achat, comment dire, bof...

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    1. ROTFLMAO : vous avez enrichi mon vocabulaire ! Merci !
      Il est évident que le prix d'achat de ces masures est une partie infime du budget nécessaire à les transformer en "gites de luxe" (encore faudrait-il préciser ce qu'on entend par là !).

      L'émission en question est quotidienne et présente chaque jour 2 nouveaux sujets. C'est pour Channel Four un moyen de fabriquer des heures d'antenne pourpas cher. Je crains que nos deux valeureux Anglais n'aillent au devant de grandes déceptions !

      N'importe comment, ce qui m'a intéressé dans cette affaire ce sont les réactions des lecteurs. Il est triste de constater à quel point nous sommes cernés par des andouilles haineuses.

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  3. Moi non plus je ne leur en tiendrais pas rigueur !

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    2. Ben alors, cher Léon, seriez-vous en proie à des remords ?

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    3. Pour les jolies enfilades de maisons mitoyennes en bande, vous voulez dire ? Queue nenni ! Je pense qu'il y avait des choses à commenter quant à votre point de vue sur le réemploi allogène d'églises, de commerces , etc... Mais, laissons comme dirait Goux.

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    4. J'ai comme un doute, Léon, je me demande si mon Parrain mettrait une virgule après le mot : "mais" ?

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    5. Mildred, Je n'ai pas trop su comment marquer ce petit temps d'arrêt après le mais... qui s'entend si bien à l'oral. Et les trois petits points m'ont paru un peu "prout-proust" pour introduire un "laisser" de Goux. D'avoir reçu un si joli nom de baptême ne vous oblige nullement à l'orthopédie du rewriting qui fait tout le talent de votre parrain -comme vous dites.

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    6. Il a, par ailleurs, bien d'autres talents, mais il lui manque celui de s'accepter tel qu'il est et de prendre le risque de se raconter dans un livre comme s'il était un écrivain à part entière. Dommage !

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    7. Vous êtes très drôle Mildred !

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