lundi 4 avril 2022

Référendum (s)

 


On ne s’est jamais autant abstenu et pourtant on parle de convier plus souvent les électeurs à se rendre aux urnes. Le but de la manœuvre serait de remplacer, du moins en partie, la démocratie « représentative » par la démocratie « directe » par le biais du RIC (Référendum d’Initiative Citoyenne) ou RIP (Référendum d’Initiative Populaire). Quoi de plus beau en effet que de voir le peuple souverain-ain s’a-avancer vers les bureaux de vote (Chant du départ vers les urnes), y prendre deux bulletins (un oui, un non), glisser l’un d’eux dans l’urne et ainsi décider des orientations majeures (ou pas) de la politique nationale.

Le référendum n’est pas en lui-même une nouveauté. Pour ne parler que de ceux s’adressant à l’ensemble du pays, la première république en organisa 7 entre 1791 et 1802. Le premier empire 2, le second 3, la 3e république 1 seul, la 4e 2, et la 5e 10 dont 5 sous la présidence de Charles de Gaulle. Le problème de ces référendums dont le gouvernement ou le Chef de l’État avaient l’initiative était leur tendance à se transformer en plébiscites c’est à dire en manifestation de l’adhésion ou non à la politique du ou des gouvernants qui l’ont organisé. En démissionnant, suite au rejet de son projet de création de régions et de réforme du Sénat, de Gaulle illustra la confusion référendum/plébiscite, confusion qui perdure et peut amener l’électorat à voter pour ou contre le ou les gouvernants plutôt que de répondre spécifiquement à la question posée.

Je ne reviendrai pas sur le dernier en date qui vit un projet rejeté par les Français adopté d’une autre manière, envoyant la souveraineté populaire se faire voir chez Plumeau.

Pour toute ces raisons, les gouvernants ont, depuis bientôt dix-sept ans prudemment évité d’avoir recours à ce genre de scrutins.

Maintenant, le RIC ou RIP pose une foultitude de questions sur bien des points entre autres sur ses domaines d’application, sur le nombre de signatures à réunir pour le déclencher, sur la forme de la question, sur l’examen de constitutionnalité du texte soumis par le Conseil constitutionnel ou sur sa compatibilité avec les règles européennes, sur le quorum à réunir pour en valider les résultats, sur le temps du débat précédent la consultation, sur le temps pouvant séparer la remise en question d’un texte et son remplacement, etc. Si la question vous intéresse tous ces sujets et bien d’autres sont développés ici.

En bref, ce qui paraît à première vue une mesure simple et susceptible d’améliorer le fonctionnement de la démocratie s’avère en fait un véritable sac de nœuds. Surtout qu’il n’est pas assuré que le peuple soit enthousiaste à l’idée de (ou ait les compétences nécessaires pour) se prononcer raisonnablement sur les questions posées. La moindre des choses serait que le RIC ou RIP soit préalablement adopté par référendum, lequel, étant proposé par les gouvernants, pourrait se transformer en plébiscite… ...et le serpent se mordrait la queue.

Pour reprendre (en lui ajoutant l’adjectif en gras) je ferai mienne la formule de de Sir Winston Churchill : « On a pu dire que la démocratie représentative était la pire forme de gouvernement à l’exception de toutes celles qui ont été essayée au fil du temps », la démocratie « directe » via le RIP ou RIC me semblant, sauf si on l’entoure de conditions très précises susceptibles d’en garantir l’acceptabilité, risquerait de poser plus de problèmes qu’elle n’en résoudrait et pourrait même ouvrir la porte à la dictature de minorités agissantes et motivées.

21 commentaires:

  1. L'assertion de sir Winston m'a toujours paru relever de l'affirmation gratuite… et assez opportuniste puisque lui-même vivait précisément dans une démocratie représentative (déguisée en monarchie, je vous l'accorde).

    Quant à vos RIC et à vos RIP, le partisan du retour à la monarchie absolue que je suis en rigole doucement dans son coin. Essayer de faire le bonheur du peuple, d'accord ; mais lui demander son avis, il ne faudrait pas exagérer non plus, hein !

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    1. Mon monarchisme ne va pas aussi loin que le votre : selon moi, une monarchie constitutionnelle aurait l'avantage de nous dispenser de cette pantalonnade qu'est devenue la présidentielle. Ce serait déjà ça...

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    2. Mais à quoi bon avoir un roi sans pouvoir ? Surtout si c'est pour rester soumisà l'indigne cuisine politicienne et électorale pour tout le reste (députés, sénateurs, etc.).

      Non, non, je maintiens : une monarchie absolue, éventuellement tempérée par le régicide.

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    3. @ Didier : M'étant renseigné sur la question, sir ne prend pas la majuscule quand on parle de ce titre en général mais la prend devant un nom particulier.

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    4. J'ai hésité, je l'ai joué à pile ou face… et j'ai perdu !

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  2. Encore faudrait-il que la démocratie représentative soit... REPRESENTATIVE!
    La quasi totalité des élus n'obtiennent au premier tour que 10 à 15% des voix des inscrits. Au deuxième ils sont élus avec les voix Contre leurs concurrents et non pas avec des voix Pour eux. Les voilà donc avec pleins pouvoirs alors qu'ils ne représentent au mieux que 20 à 25% des inscrits.
    Quant à la représentation de la population: 45% d'employés et d'ouvriers et 1% de représentants. En revanche pléthore d'élus chez les fonctionnaires et professions libérales.
    C'est ainsi que des lois sont votées au grand effarement de la populace qui grogne dans son coin mais au final accepte tout au nom bien sûr de la DEMOCRATIE.

    Le Page.

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    1. Je suis tout à fait d'accord avec vous, Le Page. Mais quel système serait préférable ? Je crains que la démocratie ne puisse être être parfaite. Plus qu'une réalité, je pense qu'il s'agit d'un rêve présenté comme réalité.

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    2. Je souscris au fait que notre démocratie ne soit plus tout à fait représentative. Les ouvriers, paysans, artisans, chefs d'entreprise sont sous-représentés à l'AN ou au Sénat par contre les politiciens professionels y abondent.
      Lorsque j'étais militant à l'Alliance Royale, Yves-Marie Adeline, son président, avait proposé dans son programme pour les présidentielles de 2007 de faire monter en puissance la troisième chambre, celle du CESE. En effet, les membres du CESE sont nommés par les syndicats ouvriers et patronaux, les professions libérales, les artisans, les agriculteurs, et diverses associations ... brefs les forces vivent du pays.
      On me dira que les réalisations du CESE n'ont pas été très folichonnes ces derniers temps mais si on mettait ces braves gens sur le devant de la scène, peut-être feraient-ils mieux que nombres de sénateurs et de députés.

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    3. Je serais bien en mal de me prononcer sur le rôle que devrait jouer le CESE. Il est certes plus représentatif de la réalité sociale de la France que les deux chambres du parlement. Seulement in n'est pas élu...

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  3. Le despotisme éclairé ne correspondant plus à notre époque peut être qu'une mafia éclairée conviendrait à l'évolution des moeurs et des techniques?

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    1. Mafia éclairée ! Comme vous y allez ! Certes, dans une démocratie réellement représentative les mafieux auraient leur place, comme les pédophiles, les ivrognes, les assassins, les braves gens, les marchands de peaux de lapin, etc. Mais comment établir de justes quotas ?

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    2. La mafia, nous l'avons déjà !

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  4. Vous vous êtes donné beaucoup de mal, Oncle Jacques, et votre article est admirable mais j'ai peur qu'il ne soit plus d'actualité.
    Il me semble que même les "Gaulois réfractaires", et "ceux qui ne sont rien" ont enfin compris que notre avenir ne nous appartient plus mais qu'en plus aujourd'hui, c'est peut-être en Ukraine qu'il se joue !
    Alors on pourra toujours - si on on est bien sages - faire des référendums pour du beurre qui amuseront la galerie, rempliront les poches des journaleux et autres instituts de sondages, car comme dit la chanson : faut bien que ces gens bouffent !

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  5. Vive la poïéocratie comme forme d'organisation et le scaphandre autonome comme habitat ! Bon, en attendant, le masque et le confinement individuel leur préparent la voie.

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    1. Je suppose qu'avec la poïéocratie mes blogueurs (et surtout moi)se verraient attribuer un grand pouvoir. Mais qu'en ferais-je ?

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    2. C quoi la poiéoocratie?
      poieo » est traduit dans la Louis Segond par :

      faire, aplanir, produire, observer, exposer, rendre, agir, pratiquer, porter, mettre en pratique, dire, donner, dresser, traiter, travailler, … ; 579

      Le Page

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    3. Il suffit de demander : poïéocratie, du grec ancien poïéo-, faire, et -cratie, gouverner) est une forme d'organisation dans laquelle les individus ont du pouvoir à la mesure de ce qu'ils accomplissent, des tâches qu'ils choisissent et exécutent de manière autonome.

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  6. La dictature c'est "ferme ta gueule !" et la démocratie "cause toujours ..."

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