lundi 24 janvier 2022

Pour ou contre l’Europe ?

 


Autant se demander si on est pour ou contre la loi de la pesanteur ! L’Europe est une réalité, de l’Oural à l’Atlantique, de la Mer de Barents aux rives Nord de la Méditerranée. Ce qui caractérise cette péninsule du continent Eurasiatique, c’est la leucodermie de ses population et leur christianisation. En dehors des confetti islamiques balkaniques souvenirs de l’Empire Ottoman ainsi que ceux subsistant des anciens empires coloniaux européens (qui se trouvent en Afrique, en Océanie ou en Amérique, ce qui nuit gravement à leur Européanité), c’est une réalité indiscutable.

Le problème est que l’on tend à vouloir que s’établisse une confusion entre Europe et Union Européenne comme on est globalement parvenu, en France a établir une confusion entre France et République et entre république et démocratie (comme si, dans les douze monarchies subsistant en Europe régnaient encore le servage et autres joyeusetés d’un système révolu !).

A une réalité continentale indéniable on oppose la création, selon moi utopique, d’États Unis d’Europe dont serait exclue la Russie. Le but étant de créer une puissance économique seule capable de rivaliser avec les autres superpuissances mondiales (USA, Chine, Inde).

Pour nous allécher, on met en exergue des réussites européennes comme Ariane ou Airbus. Reste à savoir si les indispensables synergies entre industriels et états européens à l’origine de ces succès eussent été totalement impossibles en dehors de l’UE. On peut en douter, vu que dans le cas d’Airbus, la collaboration entre Anglais, Français et Allemands date d’avant l’entrée des Britanniques dans la CEE et l’émergence de L’UE. Il ne semble pas que le Brexit empêche Rolls-Royce d’équiper en moteurs les appareils produits par Airbus. On pourrait faire les mêmes observations pour ce qui est de l’ESA et d’Ariane.

Il n’est donc pas besoin d’une structure supranationale pour que se développent des projets communs en Europe. La coopération entre entreprises soutenues par des gouvernements nationaux suffit.

L’Europe-puissance, née d’une union économique puis politique, me semble utopique dans la mesure où il est difficile de fondre en un seul bloc plus ou moins homogène des nations que leur langue, leurs traditions, leur culture leur histoire, malgré le socle commun mentionné plus haut, séparent depuis des siècles. Sans compter qu’une puissance digne de ce nom se doit d’avoir une armée à la hauteur de ses ambitions, chose qui semble difficilement réalisable surtout lorsqu’à travers l’Otan, une partie de ses membres est inféodée à un de ses rivaux.

L’union monétaire qui prit si longtemps à se réaliser ne regroupe que 19 des 27 pays de l’Union connaît de temps à autre de graves crises et n’a pas réellement tenu les promesses de développement économique qu’on nous a faites tout en nous privant de la possibilité de dévaluations compétitives.

Pour ces raisons (et bien d’autres encore) j’ai du mal à croire au rêve fédéraliste européen. Il me semble que l’Europe existe, que les nations qui la composent ont suffisamment de points communs pour collaborer et trop de différences pour se fédérer.

A quoi bon d’ailleurs soutenir la notion fumeuse d’une Europe des Nations, vu qu’elle existe déjà de fait ?

13 commentaires:

  1. Voilà ce que j'aurais pu écrire si j'avais votre talent et si je n'étais pas régulièrement victime d'une crise d'àquoibonisme. Je vous remercie de m'avoir épargné cet effort et je souscris entièrement (et plus encore) à ce que vous écrivez.
    Pangloss

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    1. Cher Pangloss, vu l'estime que je vous porte, votre hommage (que je ne suis pas certain de mériter) me touche. J'ai simplement tenté de synthétiser mes idées sur l'Union Européenne. Les partage qui pourra.

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  2. Magnifique billet ! Digne d'un Riedmatten en verve. Mon ami Marcel, encouragé par son gérontologue, en écrit parfois de semblables. C'est bon pour la conservation des fonctions cognitives qu'il dit. En voici un extrait :

    "La constitution et la relation transatlantique jouent toutes les deux sur la vision qu'a l'Europe d'elle-même, de son identité (inexistante). Pratiquement personne ne parle ces derniers temps d'identité européenne sans les évoquer, soit en termes positifs (construction), soit en termes négatifs (isolement). Mais la première question à se poser est celle-ci : l'Europe a-t-elle besoin d'une identité ou, en termes métaphysiques, d'une âme ? Je pense que oui, car comme le montrent depuis quelques années les résultats des élections et les sondages, le sentiment d'identification des citoyens à l'Europe est en chute libre - à l'Ouest comme à l'Est, dans les anciens comme dans les nouveaux Etats membres."

    Cool non ?

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    1. J'accepte cet hommage que je sens aussi sincère que mérité !

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    2. On ne peut plus ravi de lire Léon, qui n'est donc pas encore au paradis des joueurs d'accordéon ...

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  3. "vouloir que s’établisse une confusion entre Europe et Union Européenne..."

    Analyse aussi inédite que percutante. Vous avez de la chance de pouvoir publier librement des vérités aussi dérangeantes pour les grands de ce monde sans provoquer le courroux de leurs censeurs.



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  4. Je vois sur votre carte que l'Ukraine a un beau bleu européen mais pas la Russie. Cela semble en opposition avec votre billet. Pour ma part je crois que c'est là que réside le problème de l'Union Européenne: ses frontières sont impossibles à définir, elle est donc impossible à réaliser.

    PS: Je note également que votre géographe a détaché la Sardaigne de l'Italie et a rattaché l'Ulster à l'Irlande. Etes vous certain de ne pas héberger un fauteur de troubles?

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    1. Selon les critères que j'énonce en début d'article, c'est pourtant aussi simple qu'évident !
      Vos remarques sur la carte sont pertinentes. J'en ajouterai une : pourquoi l'Ukraine et pas le Bélarus ?

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    2. Posez la question à votre géographe, mais je le sens comme un brin de parti pris chez lui et il est probable qu'il vous réponde que c'est parce que la Bielorussie est gouvernée par un dictateur très très méchant.

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  5. Opposer la démocratie et le servage est un non-sens : c'est la monarchie qui a aboli le servage.

    Quant à l'esclavage, il s'est toujours très bien accommodé de tous les régimes possibles…

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    1. C'est factuellement exact (à part que subsistaient quelques serfs en Franche-Comté) mais aucunement en accord avec la vulgate républicaine.

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  6. Nous sommes d'accord, bien que dans votre dernière phrase il me semble que vous tombiez dans le piège de l'équation Europe = U E.

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