A ma grande surprise, j'ai pu remarquer
hier en me rendant à Tulle (Tula en occitan) qu'une grande majorité
des automobilistes se déplaçaient sans avoir au préalable placé
leur gilet jaune sur leur tableau de bord. Je l'avais fait car pour
la première fois depuis que cet accessoire est devenu obligatoire ça
lui donnait une utilité. J'avoue ignorer dans quels cas il est
obligatoire de l'endosser. Lorsque je m'arrête au bord de la route
pour satisfaire un de ces besoins que l'âge et les traitements
médicaux rendent de plus en plus urgents, devrais-je m'en vêtir ?
Surtout en période de chasse afin de ne pas être pris pour un
sanglier, un faisan ou un lièvre ? Mystère !
Mais revenons à nos pigeons. On peut
trouver plusieurs explications à ces absences de gilets. Par
exemple, certains, revenant de vacances sur la planète Mars
n'auraient jamais entendu parler de ce mouvement. Il se peut que
d'autres , j'en frémis de honte, NE POSSÈDENT PAS DE GILET.
D'autres encore peuvent trouver ce mouvement ridicule ou inutile.
Certains timorés, un brin complotistes, pourraient craindre
qu'afficher leur mécontentement ne les amène à se voir fichés
comme des éléments séditieux sur lesquels d'impitoyables sanctions
ne sauraient manquer de s'abattre. Enfin, rien n'interdit de penser
qu'une grande partie des automobilistes soient contents de voir les
taxes sur le carburant augmenter voire considèrent que cette
augmentation est insuffisante.
Quelles qu'en soient les raisons, mon
constat n'en reste pas moins valide : une immense majorité de
Corréziens ne manifestent pas visuellement leur soutien. Est-ce à
dire que, le faisant, je compte participer à un quelconque mouvement
de blocage ? La réponse est non vu que j'évite les foules et
que j'ignore où ceux-ci, s'il y en a, auraient lieu. Je pourrais
cependant bloquer le chemin de Goulmy en garant ma voiture devant ma
porte d'entrée. Seulement à part obliger à un détour la factrice
et un éleveur qui, en tracteur, va visiter ses vaches et leurs
veaux, je ne gênerais pas grand monde et mon blocage risquerait de
passer totalement inaperçu.
Mais venons-en à un mouvement qui
n'existe pas mais pourrait s'appeler « Les poumons noirs ».
Je veux parler de celui que pourraient mener les 16 millions de
fumeurs que compte la France à se révolter lorsque, en janvier
prochain, leur paquet augmentera d'un Euro. Chacun d'entre eux fumant
en moyenne 11 cigarettes par jour, ils se verront ponctionner
quotidiennement de 0,55 Euros supplémentaires soit de 200 Euros par
an, ce qui n'est pas rien et apportera à l'État la bagatelle de 3,2
milliards d'Euros. Ce qui n'est pas si mal. Et cela se fera sans
douleur et à la satisfaction générale. Celle des non-fumeurs qui
trouvent que c'est bien fait pour ces vicieux et celle des fumeurs
qui, culpabilisés à un degré extrême de leur sale manie,
finissent par penser que ces augmentations peuvent les aider à y
mettre un terme, ce qui est, de plus, le but avoué du gouvernement
alors que, peut-être, son but véritable est de prendre quelques
milliards de plus dans nos poches afin de boucler ses fins de mois.
Des études plus ou moins sérieuses
(je n'entrerai pas dans leur détail pour ne pas faire trop long),
déclarent que le coût du tabagisme est faramineux. Même en
admettant que ce soit le cas, il ne faut pas oublier que les coûts
ne sont pas supportés par qui perçoit les taxes. L'état encaisse
et l'assurance maladie paie. D'autre part, si les gens arrêtaient
tous, grâce à la taxation, de fumeur, les « bénéfices »
ne se feraient sentir qu'à moyen voire long terme tandis que le
manque à gagner serait immédiat.
Et puis penser que l'on fume parce que
ça ne coûte pas assez cher est profondément stupide. Si on suit
cette logique, les pays où le paquet est le moins cher devraient
être ceux où l'on fume le plus.
Ce
n'est pas le cas.
J'en conclus que la culpabilisation de
celui qui utilise tel ou tel produit est le meilleur moyen de lui
faire accepter les taxes qui le frappent. Il faut croire pour revenir
à nos gilets jaunes qu'une grande partie des français ne l'est pas
encore suffisamment pour accepter les taxes sur les produits
pétroliers. Il reste donc tout un travail de propagande à effectuer
pour que ces derniers aient vraiment honte de faire tant de mal à la
planète et paient de bon cœur. Dieu merci, les Français ne
réalisent pas que, vu que le pays ne produit que 1,2 % des
émissions mondiales de CO2 et que donc, si nous arrêtions
totalement nos émissions,
cela ne changerait pas grand chose au triste sort promis à la
planète. C'est triste de se sentir plus négligeable que
responsable, mais c'est comme ça.