jeudi 23 novembre 2017

Ecologie (Chronique de la folie ordinaire)

J'apprends, sidéré, qu'un agriculteur de la Manche s'est vu condamné à 500 € d'amende et à reboucher un trou qu'il avait lui-même creusé dans son champ afin d'en retirer du sable. Parce que, figurez vous, des espèces protégées étaient venues s'installer dans la mare qui s'y était formée, le sol étant marécageux. La mare devint donc un biotope auquel il était criminel de nuire ! Des inspecteurs de l'environnement constatèrent le délit de remblayage. En 2015, le pauvre paysan se vit d'abord condamné à 200 € d'amende. Mais on avait affaire à un criminel endurci. Ivre de cupidité, le paysan finit de reboucher son trou sous prétexte de cultiver sur son lopin du maïs ou des céréales. Ce grave manquement au respect des biotopes le mena donc, ce mardi 21 novembre de l'an de disgrâce 2017, à se voir infliger la peine susmentionnée par le tribunal de Cherbourg.

Cette affaire m'inquiète à plus d'un titre : ainsi il devient dangereux de creuser un trou voir de créer des ornières sur son propre terrain. Car qui vous dit qu'au mépris de tout droit de propriété ne va pas s'y installer une famille de crapouillots malingres à crête mordorée ou de mélenchons à col stalinien ? Espèces rares et protégées qu'un observateur distrait pourrait prendre pour de vulgaires boudinets nauséabonds dont la destruction est non seulement permise mais recommandée. Détruire leur biotope serait criminel !

D'autre part, je ne comprends pas très bien la logique du tribunal. Si le trou a été rebouché on peut penser que les espèces protégées vivant dans la mare ont migré ou été détruites. Le mal étant fait, qu'est-ce qui nous garantit que ces espèces reviendront s'installer dans le nouveau trou ? Qu'elles n'auront pas trouvé un nouveau biotope où vivre à l'abri des paysans reboucheurs ?A moins qu'elles ne pullulent auquel cas pourquoi les protéger ?

De plus, des événements récents me font m'inquiéter. Figurez-vous que cette semaine ma fidèle Nicole a constaté les ravages opérés par des rongeurs dans le placard sous l'évier. De même après avoir arraché mes poireaux j'ai pu constater que la plupart d'entre eux abritaient des bestioles qui les rongeaient. Face à ces constats, j'ai réagi rapidement, trop peut-être, et le placard vidé et nettoyé j'y ai installé des pièges qui ne tardèrent pas à éliminer les squatters. Les poireaux atteints se virent dûment épluchés et les parties attaquées supprimées ainsi que leurs auteurs. Seulement un doute m'étreint : et si j'avais commis un crime ? Et si,au lieu de supprimer des campagnols ou autres mulots et de répugnantes larves j'avais détruit le biotope d'espèces rares d'insectes et de rongeurs ressemblant à ces nuisibles hélas trop communs ? N'aurait-il pas été plus prudent de capturer un spécimen de rongeur et d'aller, poireau en main, faire examiner ces animaux par les services compétents ?

Si l'affaire était éventée, ne peut-on pas envisager qu'un tribunal me condamne à replanter des poireaux et à remettre des pommes de terre sous l'évier avec interdiction de changer quoi que ce soit à l'écosystème ayant permis l'installation de ces braves animaux ? Je me vois déjà, après m'être acquitté d'une forte amende, contraint de remettre en place les sacs poubelles et les produits d'entretien à l'endroit exact où ils se trouvaient au temps béni où pullulait le rongeur. Devrais-je, afin d'éviter toute récidive, leur abandonner le placard et trouver un autre lieu ou entreposer sacs poubelles et produits d'entretien en espérant que ne s'y installent de nouveaux squatters avec, de proche en proche, la perspective de me voir finalement contraint d'abandonner la maison entière aux rongeurs protégés ?

Voilà où nous en sommes aujourd'hui. Toute personne qui ne trouve pas notre époque formidable devrait être sévèrement fusillée.

15 commentaires:

  1. C'est vrai ça ! Fusillons avec bénévolence : le vivre-ensemble ne s'en portera que mieux.

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  2. Rassurez-moi, ce texte n'a rien de métaphorique? On ne peut en rien le rattacher à des évènements passés ou actuels?

    Le Page.

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  3. Eh oui, fini la rigolade, les squatters de toute espèce sont désormais sacrés...tremblez sales bourgeois, votre fin est proche!
    Amitiés.

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  4. Tu fais bien de me prévenir, je vais faire attention à ne pas faire de trous dans mes bacs sur mes fenêtres, surtout que maintenant les mésanges s'y attardent dans la cantine que je leur ai installé

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    1. Sois prudente et assure toi que les mésanges ne creusent aucun trou.

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  5. C'est ce qu'on appelle des espèces opportunistes (les bestioles ou les écolos).
    Amike

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    1. Les écolos sont utiles : ils défendent notre matrimoine (entre autres belles actions).

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  6. Charbonnier n'est plus maître chez lui. Quelle époque !

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  7. Un peu de sévérité est parfois nécessaire.

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  8. De là à en venir à ce genre d'absurdités, il y a de la marge.

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  9. Le sapeur Camembert (un de vos voisins!) en connaissait un rayon sur les trous. Je vois avec plaisir que le relais a été pris, et de quelle façon ! par les écologistes de la région.
    Ces gens-là creusent de plus en plus profondément la fosse qui nous engloutira au milieu du compost et des espèces protégées. Mais nous mourrons dans un monde enfin dépollué, surtout de notre présence...
    Je vais de ce pas lancer le "hashtag" #balancetonecolo même si au fond c'est injuste car si dans le porc tout est bon, c'est le contraire chez un écolo, animal qui s'engraisse sans rien restituer, comme une vulgaire Royal Ségolène, par exemple.
    Au passage une bonne nouvelle, le glyphosate, alias le roundup, n'est pas nocif. (http://imposteurs.over-blog.com/2017/11/glyphosate-perturbateurs-endocriniens-nous-et-nos-enfants-allons-tous-trepasser-dans-d-atroces-souffrances-par-jerome-quirant.html?utm_source=_ob_email&utm_medium=_ob_notification&utm_campaign=_ob_pushmail)

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