samedi 6 mai 2017

Jour de réflexion

Dans sa grande sagesse le code électoral français interdit tout discours, déclaration, meeting, acte de propagande, etc. à partir de 0h le samedi précédant une consultation électorale. L'idée est de laisser une journée aux Français afin de peser le pour, le contre, le dessus, le dessous et tous les aspects des programmes des candidats en lice. Quoi de mieux que cette période de silence total pour se décider en toute tranquillité ?

A part que c'est stupide et l'a toujours été. Je m'explique : du temps où n'existait aucun moyen d'enregistrer la parole seuls les analphabètes étaient à l'abri de la propagande institutionnelle . Aujourd'hui, ne le sont vraiment que les sourds analphabètes ne connaissant pas la langue des signes* qui ne constituent qu'une infime minorité du corps électoral.

En effet, si la production de nouveaux discours est proscrite, rien n'empêche cependant un électeur de découvrir sur le Net un discours du candidat Bidule datant de quelques jours déjà mais dont la profondeur de pensée, la clarté de l'argumentation et la profonde humanité modifieront son opinion et son vote. Qui empêchera tel autre de se voir influencé par lecture d'un article du Petit Gaulois du 17 août 1891 portant sur une question fondamentale, comme par exemple les avantages et désavantages respectifs du port de la casquette ou du béret, et de prendre conscience que seul Tartempion a préconisé le remboursement du béret, couvre-chef devenu préférable à ses yeux suite à cette lecture ?

Et même si la lecture ou l'audition de tout media se montrait évitable, il n'en reste pas moins que l'indécis demeurerait influençable par son entourage. Qui pourrait empêcher ce beau parleur de Tonton Marcel de pousser à voter Bidule le jeune Léon alors que sans ses talents oratoire ce dernier aurait préféré Tartempion ? De même séduite par un bellâtre Tartempioniste, qui pourrait éviter que Ginette, folle d'amour, ne tourne le dos à Bidule qu'elle avait jusque là soutenu ?

De plus, comme j'ai pu le constater, au Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande-du-Nord la campagne se poursuivait jusqu'à la clôture du scrutin. Aurions nous des leçons de démocratie et de sage retenue à donner à ce vieux royaume ? Les convictions de l'électeur français seraient-elles plus volatiles que celles de son homologue d'Outre-Manche ? Permettez moi d'en douter.

Je ne discerne donc pas bien quelle peut être l'utilité de cette trêve. Son seul avantage étant de nous éviter d'être bassinés à longueur de journée par les déclarations des candidats ainsi et même surtout que par les commentaires des journalistes qui, malgré leur fervent désir de neutralité, se montrent parfois partisans ? Si tel était le but de la manœuvre, pourquoi ne nous accorderait-on pas, une semaine, un mois ou un an de suspension de la campagne ?

* Notons que cette catégorie est déjà difficile à influencer quand la campagne bat son plein et qu'on est en droit de se demander sur quelles bases elle se décide.

6 commentaires:

  1. Laissez nous donc notre journée de réflexion.
    Personnellement je ne réfléchis qu'une fois tous les cinq ans, je n'abuse donc pas.

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    1. Oh, loin de moi l'idée de priver de cette trêve ceux qui en sentent le besoin. N'empêche elle me semble aussi inutile qu'inefficace.

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  2. Je croyais que vous aviez besoin d'un jour de réflexion pour décider de la couleur de la porte du garage !

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    1. En ce domaine comme en celui du vote, mon opinion est faite depuis des mois.

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  3. On pourrait même supprimer carrément les campagnes électorales, cela nous ferait gagner du temps et des sous!
    Amitiés.

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