dimanche 27 mars 2016

L'artisanat, terre de contraste

On a beau être un vieux fou que (presque) rien n'arrête, on n'en a pas moins ses limites. Ainsi, moi qui vous parle suis-je sujet au vertige et même si je parviens à surmonter ma peur, monter sur une échelle n'est pas mon passe-temps favori et me promener sur un toit l'est encore moins. Je déplore d'autant plus cette phobie que mon toit de Corrèze s'est avec le temps couvert de mousse et que les gouttières s'en sont trouvées bouchées avec pour conséquence des chutes d'eau le long des murs. Il fallait y remédier. Le gougnafier qui devait refaire le plancher s'était également porté volontaire pour pallier ce défaut mais notre brouille laissa le problème irrésolu.

En novembre dernier, je contactai deux couvreurs afin qu'ils m'établissent des devis. Le premier me dit venir le lendemain même et je n'en entendis plus jamais parler. Le second, moins disponible, passa quelques jours après puis m'envoya ses employés afin qu'ils prissent les mesures de mon toit. Quand je lui avais demandé une estimation à la louche du coût des travaux, le brave artisan s'en était déclaré incapable. Je recevrai le devis et me déciderai à sa lecture. Je le reçus et me décidai. Le démoussage était estimé à un peu plus de 1600 € mais débouchage, réparation des gouttières et éventuel remplacement de tuiles abîmées m'étaient offerts. Je me trouvai profondément ému par tant de générosité. D'autant plus que sa proposition était quatre fois supérieure à celle du gougnafier. Je ne donnai donc pas suite.

Je m'étais presque résigné à faire le travail moi-même lorsque, avant-hier, par curiosité, j'allai voir si durant ma longue absence quelque courrier ne serait pas arrivé dans ma boîte aux lettres. Hypothèse fort improbable. Je ne fus pas déçu. Seuls s'y trouvaient l'agenda officiel de la commune et deux prospectus. L'un d'eux attira mon attention en ce qu'il vantait les mérites et spécialités d'un couvreur parmi lesquels figurait en bonne place le démoussage. Noms et prénoms semblaient plus britanniques que limousins. J'appelai et une jeune femme, que l'on peut présumer charmante, me répondit en anglais. Je la priai de me mettre en relation avec Mr Banks mais celui-ci n'étant pas rentré de sa longue journée de labeur, elle me pria de lui laisser mes coordonnées afin qu'il me rappelât dès son prochain retour. Ce qu'il fit et, mon adresse prise, m'annonça arriver dans quelques minutes. Je rencontrai donc ce brave jeune homme, lui exposai mes besoins, lui indiquai la surface du toit et lui demandai une estimation approximative de sa prestation. Il l'estima peu ou prou à 300 €, réparation des gouttières comprise, tout en m'indiquant que le prix exact serait fonction du prix du produit de traitement. Nous parlâmes de choses et d'autres et nous quittâmes sur sa promesse d'effectuer le travail sous huitaine si les conditions atmosphériques le permettaient.

Que les mêmes services puissent voir leur prix passer du simple au quintuple me laisse perplexe. Je conçois qu'un entrepreneur débutant comme ce jeune anglais ait à se créer une clientèle et qu'un artisan établi ait de nombreux frais (charges, piscine couverte, maîtresses, etc) mais tout de même... Il se peut également que ce genre de travaux ne présentant que peu ou pas d'intérêt pour une entreprise ne manquant pas d'ouvrage, elles établissent, par politesse, des devis un rien dissuasifs...

Quoi qu'il en soit, d'ici mardi ou mercredi, je devrais recevoir la visite de Mr Banks, dûment muni d'un devis et constater, à l'usage, si c'est un homme non seulement de parole mais d'actes.
es.

18 commentaires:

  1. Ces anglais depuis les Plantagenêt,ils rêvent toujours d'empire.

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  2. Lorsque j'habitais dans les Yvelines, le démoussage de toiture était souvent proposé par les « gens du voyage ».
    Tél en 06 ?
    Un fil de cuivre sur la crête du toit permettrait de limiter les mousses, c'est ce qu'on dit, pourquoi ne pas essayer ?

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  3. Après avoir fait suer le burnous, voilà qu'on en est arrivé à faire suer le rosbif !

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    1. Oui, et ce ne sont pas les mêmes quartiers pour un roast-beef que pour un steak ...

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  4. Proverbe voltaïque:
    "Fisher qui roule (à train d'enfer vers Ouagadougou ?) n'amasse pas mousse !..."

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  5. "...et qu'un artisan établi ait de nombreux frais (charges, piscine couverte, maîtresses, etc) ...":
    Cher Jacques!
    Contrairement à un billet précédent vous n'évoquez pas expressément le divorce parmi les nombreux frais, vous limitant à l'étape précédente ...

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  6. En être rendu à faire confiance à un anglais et lui confier son toit c'est une abdication. On voit par là où en est le pays.
    Comment voulez-vous que les Corréziens puissent s'en sortir si les Normands ne leur versent pas un impôt sur les toitures, en attendant les autres taxes locales.
    Les grands propriétaires, tous les mêmes.
    C. Monge



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  7. Je confirme la pratique du "devis de politesse" pour un chantier sans grand intérêt, mais fort lucratif si le devis est signé en l'état.

    Encore que la politesse ne soit à trouver que dans le fait de répondre. Parce que le taux de marge qui en résulte, loin de la politesse, confine à l'usuraire.

    Popeye

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  8. "A-t-on des nouvelles de monsieur Adamastor ?"

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  9. Réponses
    1. Question on ne peut plus à propos par rapport à votre identité ou "pseudo" ...

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  10. Et y'a t'il des contrastes entre les strates de cons ?

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  11. Ce Mr. Banks porte bien mal son nom vu la modestie peu bancaire de ses tarifs.
    Au cas où il se révèlerait efficace et compétent je serais prêt à lui confier des travaux chez moi, même si la Cote d'Azur peut lui sembler un peu lointaine...à ce prix-là j'irais jusqu'à lui offrir l'hôtel.
    Amitiés.

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