jeudi 7 mai 2015

Les « Intellos », sont-ils des rigolos ?



J’aime, que dis-je aimer, j’idolâtre les intellectuels. J’irais, si j’étais plus sociable et que j’en avais la place et les moyens nécessaires jusqu'à en adopterais un. Car, à l’exemple de ceux venus d’ailleurs (ne viennent-ils pas généralement d’une autre planète ?), ils nous enrichissent.

Là où l’imbécile ne voit que de la lumière, l’être supérieur voit toutes les couleurs du spectre. Là où le simple voit un tueur, l’intellectuel voit une victime d’une foule de déterminismes (généralement sociaux) qui le rendent au moins autant à plaindre que l’assassiné et ceux qui portent son deuil. L’intellectuel, c’est celui qui démasque sous les pseudo-évidences la complexité du réel. Celui qui, lorsque vous lui dites que, sans lumière, on y voit généralement moins bien la nuit que le jour, vous explique que ce n’est pas si simple avec un sourire paternaliste. Il préfère le doute à la certitude, le relativisme à la conviction, la complexité paralysante et passive à la simplicité agissante et réactive.

Hélas comme, le disait cet idiot de Michel Audiard, « Un intellectuel assis va moins loin qu'un con qui marche » A quoi ses partisans répondront : « mais l'intellectuel, quand il se lèvera, il ira dans la bonne direction ! ». Encore faudrait-il qu’il se lève un jour et que les résultats de son action corroborent cette objection. Ce que le passé n’a pas toujours clairement démontré. Qu’importe d’ailleurs puisque, amoureux du paradoxe, l’intellectuel vous démontrera sans mal que l’échec est une réussite, la défaite une victoire ou l’erreur une source de vérité.

D’où vous viennent ces considérations désabusées, me demanderez-vous ? Il se trouve qu’hier M. Michel Desgranges a commis un article que j’eus la faiblesse de trouver frappé au coin du bon sens en plus d’être impeccablement rédigé comme à l’accoutumée. Celui-ci provoqua sur Facebook une réaction d’un « ami » commun selon lequel « Le problème est que "le peuple" et la "mémoire collective" sont des fictions. » Dès lors, si peuple et mémoire collective n’existent pas réellement, comment le premier pourrait-il s’autodétruire et la seconde s’effacer. « Détruire ce qui n’a jamais existé est impossible, mon pauvre ami ! » sous-entend-on !

Il me semble que ce contradicteur a tendance à jeter l’enfant avec l’eau du bain. Certes, la mémoire « collective » n’est partagée qu’à des degrés divers par un peuple. Certes, ce dernier n’est, n’a été ni ne sera jamais unanime. Mais nier son existence pour ces raisons est une erreur typique de l’intellectuel relativiste. Qui, curieusement, passe du relatif au manichéen : si le degré de mémoire et l’homogénéité d’un peuple ne sont pas totaux, alors la notion même de peuple est illusoire. Mon voisin Raymond ne saurait donc, pas plus que moi, appartenir à un peuple français souffrant de ce défaut rédhibitoire qu’est l’inexistence.

Eh bien, je m’inscris en faux à cela. Il se trouve que je partage avec Raymond bien plus de choses que je ne saurais le faire avec le plus cultivé des Papous monolingue. Notre langue commune nous permet de communiquer. Quand il me parle de sa guerre d’Algérie, je sais à quoi il fait allusion. Faire une liste exhaustive de nos points communs comme de nos différences serait long. Il n’empêche que ce qui nous réunit l’emporte sur ce qui nous sépare, permet notre bonne intelligence et confirme notre appartenance commune au peuple français. Même les Français auxquels il arrive que je m’oppose me répondent d’une manière spécifiquement française et non comme pourraient le faire d’éventuels membres d’une humanité indifférenciée qui, elle, n’a d’existence que dans l’esprit fumeux de « citoyens du Monde »  qui seraient pour la plupart bien en peine de vivre, prospérer ou simplement communiquer au sein d’un autre peuple.

21 commentaires:

  1. Et oui, il y a toujours des penseurs à qui il faut expliquer que l'eau, ça mouille et ce sont les mêmes qui critiqueront votre barrage forcément stigmatisant.
    En revanche vous vous consolerez en sachant qu'ils ne savent pas nager et en attendant leur noyade vous les éviterez, car ils doivent manquer d'hygiène.
    Pourquoi perdez-vous votre temps avec cette engeance gauchiste ? Comme le dit un autre penseur, je ne parle pas aux cons, ça les rends intelligents.
    C. Monge

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    1. L'auteur de ma citation n'est pas un gauchiste, bien au contraire...

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  2. Tiens je ne résiste pas à vous adresser ce court texte, que vous détesterez, je suppose....

    CIVITAS


    Lorsque je passais le voir, il arrivait qu’il se lance dans de grands discours.
    Un jour, au soleil, sur sa terrasse, tandis que des chiens aboyaient dans la rue, qu’un léger souffle de vent apportait des senteurs du fleuve proche et les sonorités aiguës des cris de mouettes qui le remontaient au ras de l’eau, il me dit : Un être humain n’est pas une pièce sur un échiquier à qui on accorde un mouvement ou deux, le pion avance au compte gouttes, le cavalier marche comme un crabe, la tour saute, la dame aussi, le fou fait n’importe quoi et le roi joue au con. Comprenez bien ce que je veux dire : même si je ne connais rien au jeu d’échec, l’idée est là, nul humain ne se réduit à ce qu’il paraît être.
    Ne voulant pas le vexer, j’écoutais, les chiens s’étaient tus.
    Chacun d’entre nous est un foyer de tensions, de contradictions, de pas en avant, de pas en arrière, de projets, de hasards, d’indécisions, les êtres complexes que nous sommes ne sont ni sociaux, ni rebelles, ni misanthropes, ni pères, ni mères, ni enfants, ni extravertis, ni Arabes, ni catholiques, ni Noirs, ni musulmans, ni athées, ni riches, ni pauvres, ils sont tout ça à la fois, et plus encore, jusqu’à l’infini. De ce mélange, on extrait quelqu’un d’imparfait, de mal fagoté, qui se plaint sans cesse et gêne toujours son voisin : Un citoyen !
    Si ce citoyen n’est pas discipliné, on le rappelle à la discipline, s’il fricote avec la loi, il a à faire avec la justice, s’il pêche contre l’Esprit, cela ne regarde personne d’autre que lui, il n’a qu’à s’arranger avec l’Esprit et avec soi-même, pour le reste il est libre de s’édifier comme il l’entend. Ce qui est insupportable, c’est cette envie que l’on a, considérant sans doute qu’il n’est capable d’aucun discernement de lui coller sur le paletot un « kit identitaire » standard auquel, lui et nous tous, devrions nous conformer. Pour moi comme pour autrui, qu’il soit d’ici ou de là-bas, je déteste cette idée, je veux être libre d’aimer ou de ne pas aimer, de déconsidérer même tout ou partie de mon histoire personnelle, de l’histoire de ma famille, de l’histoire de ma ville et de celle du pays où je vis ou de celui d’où je viens. J’existe sans ressemblance ni avec autrui ni avec moi-même.
    Ce que je prends ou que j’emmène de l’extérieur, ne me constitue pas plus que ce que je refuse ou que je laisse. Je ne suis embrigadé sous aucun drapeau, sinon celui de l’humanité que je partage, que je le veuille ou non et qu’ils le veuillent ou non avec tous les vivants.
    La chaleur s’apaisait, on entendait à nouveau les chiens, le tapage des mobylettes dans la rue et parfois des chants andalous lâchés par des fenêtres.
    Ceci dit, fit-il, on va boire un verre ensemble, et il me versa un vin qui avait la couleur rousse d’un soleil couchant sur les Corbières.

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    1. Vous me prêtez plus de détestation que je n'en saurais avoir. S'il y a des passages de ce texte avec lesquels je suis d'accord, il n'empêche que je trouve la phrase "les êtres complexes que nous sommes ne sont ni sociaux, ni rebelles, ni misanthropes, ni pères, ni mères, ni enfants, ni extravertis, ni Arabes, ni catholiques, ni Noirs, ni musulmans, ni athées, ni riches, ni pauvres, ils sont tout ça à la fois, et plus encore, jusqu’à l’infini." complètement absurde et que je ne saurais m'y reconnaître.

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    2. Prenez a au sens de "je est un autre", vous verrez ça marchera!

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    3. Si" je est un autre" je ne vois pas pourquoi je paierais mes impôts.

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  3. Ah ce Raymond Chandeleur !...

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  4. Cpatcha ayant l'air un peu mieux disposé ce jeudi après-midi, c'est avec retard par rapport au deuxième billet sur le Japon que je vous transmets cette maxime :
    "Ne pas confondre le goût du saké et le coût de la sagaie" !...

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  5. Pour ce qui concerne Raymond cela ne fait aucun doute.
    En revanche nous avons désormais en magasin une catégorie de "français" ( dont le dénombrement
    apparaît toutefois prohibé) qui nous sont certainement tout aussi étrangers sinon plus qu'un papou monolingue.
    Vu la vitesse de propagation de la catégorie en cause, je crains qu'il ne vous appartienne bientôt de réviser
    quelque peu la théorie.
    Amitiés.

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    1. Même si les "vrais" Français devenaient minoritaires, ça ne changerait rien au fond.

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  6. Les "citoyens du monde" sont ils mitoyens de la Sonde et de ses îles ?

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    1. Pas une raison non plus pour eux de faire la Java en chantant Bali-balo et de se borner au kama-su(ma)tra ...

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  7. "J’irais, si j’étais plus sociable et que j’en avais la place et les moyens nécessaires jusqu'à en adopterais un."
    Tsk, tsk!

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    1. C'est vrai. Je bats ma coulpe et retire mes propos.

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    2. Vos doutes quant à ma sincérité m'affligent !

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  8. L' "ami" qui m'a contredit sur Fbook, cher Jacques, est un véritable ami dont j'ai publié plusieurs livres, tous excellents, mais si lui et moi avons en commun des convictions essentielles, nous ne sommes pas d'accord sur tout...

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    1. J'apprécie son humour et approuve certaines de ses positions. C'est sur "un point de détail" que je m'oppose.

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  9. Je ne sais pas si les "intellos" sont des rigolos, mais indubitablement certains sont comme des gigolos ...

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  10. Disons que leur connerie est une connerie française...

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