jeudi 2 avril 2015

Des réglementations.



Il a été un moment dit qu’Andreas Lubitz, copilote chez Germanwings de son état, aurait voulu un peu comme Érostrate laisser un nom dans l’histoire. Il me semble avoir entendu quelque part que cette déclaration aurait été infirmée. Mais qu’importe ? Ce qui compte c’est le résultat : on ne parle que de lui et on envisage les mesures susceptibles d’empêcher que se reproduise un tel événement. Pour certains, la solution serait qu’il y ait en permanence deux personnes dans le cockpit. Pour d’autres que l’on y installe des toilettes. Pour ce qui est d’être à deux dans les toilettes du cockpit, c’est encore en discussion. Tout cela est bel et bon mais qu’est-ce qui nous garantit que le malade mental en crise n’assommerait pas la deuxième personne ou  ne parviendrait pas à enfermer son collègue dans les toilettes avant de précipiter son avion dans un endroit propice à sa désintégration ?

Notre époque est friande de règlements et de précautions censés éviter toute catastrophe voire tout risque. Je me demande si, après l’incendie du Temple d’Artémise à Éphèse par ce fou d’Érostrate, les autorités compétentes avaient renforcé les dispositifs de sécurité autour des six merveilles du monde restantes au cas où cet acte insensé aurait fait des émules prêts à passer les jardins suspendus de Babylone au Round-up*, à découper la statue chryséléphantine de Zeus en petits bouts pour les revendre aux puces, à mettre le feu à la pyramide de Gizeh (pas évident, ça), à saccager la statuaire du Mausolée d’Halicarnasse à coups de burin, à couper une jambe au colosse de Rhodes pour qu’il s’effondre ou à faire exploser le phare d’Alexandrie grâce à un procédé innovant (la poudre n’ayant été inventée par les chinois que bien plus tard)… On est en droit d’en douter, ne serait-ce que parce que la date de l’établissement de la liste de ces merveilles est incertaine et qu’elle n’était probablement pas clairement et définitivement établie à l’époque de l’incendie.

Une chose est certaine : la manie réglementaire supposée nous garantir une sécurité absolue est récente. On peut en effet penser que si chaque événement exceptionnel avait provoqué la mise en application de mesures pérennes visant à en prévenir la reproduction il y a fort à parier que leur nombre serait incalculable et leur connaissance humainement impossible. N’importe comment, même si nous parvenions à nous prémunir contre les catastrophes exceptionnelles et somme toute peu meurtrières, il n’en demeure pas moins que les plus importantes, comme celles provoquées par les chutes de météorites géants et à un moindre degré les guerres, invasions et autres gigantesques tsunamis se contrefichent des règlements et des précautions qu’on pourrait tenter de leur opposer…

*Si on n’a plus droit à un anachronisme de temps à autre, à quoi bon vivre ?

20 commentaires:

  1. N'oublions pas que la manie règlementaire est en partie responsable de cette catastrophe. Si le cockpit n'avait pas été fermé à clé (conséquence du 11 septembre 2001), le pilote aurait peut-être empêché que son collègue n'écrase l'avion contre la montagne. La sécurité absolue est impossible, il y aura toujours un risque d'accident ou de malveillance.

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  2. En parlant de pub (je suis en retard, je sais!), j'adore "la petite robe noire de Guerlain", la nouvelle pub et toutes les précédentes.
    https://www.youtube.com/watch?v=pyGEdGG8sOA

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    1. Le lien n'a pas fonctionné mais je vous fais confiance même si tout Français digne de ce nom devrait boycotter tout produit de Guerlain...

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  3. Ira-t-on jusqu'à interdire à un allemand de piloter un avion?

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  4. Parfois cela a un sens de changer des règles qui se sont révélées inadéquates, ou bien d'en prendre lorsque leur absence s'est révélée préjudiciable. En revanche on ne peut pas atteindre avec un égal succès deux objectifs contradictoires, ce qui est le cas ici : rendre le cockpit inviolable, et pouvoir y rentrer facilement. Mais étant donné la probabilité respective d'un attentat terroriste et d'un pilote cinglé prenant le contrôle de l'avion il ne devrait pas être trop difficile de choisir entre les deux objectifs.

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    1. Ben oui, mais il est à la mode de s'occuper des minorités, si faibles soient-elles.

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  5. Bon ! Ce coup-là, c'est parce que le pilote n'avait pas pu passer par la case toilettes au départ de Barcelone, que le co-pilote était cinglé et que le cockpit était inviolable, que l'avion s'est écrasé. Mais je suis sûre qu'à part ces trois raisons, il doit exister un bon millier d'autres raisons pour qu'un avion tombe. Alors on fait quoi ?

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  6. A -t- on souvenir d'un pilote militaire qui se soit écrasé avec son chargement sur une ville de son propre camp ? Je ne veux pas parler d'un simple soldat qui ait défouraillé sur ses camarades, mais plutôt un officier. Je me demande si le devoir - cette empreinte d'obligation morale - ne serait pas une barrière automatique pour ce genre d'individu dont le cerveau "disjoncte", d'abord terminer "ma mission" avant d'en finir...

    Amike

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  7. Erostrate ? De la famille d'Uscumulus ?

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  8. "Si on n’a plus droit à un anachronisme de temps à autre, à quoi bon vivre ?"
    Sage précepte, surtout assorti de l'avertissement "de temps à autres" car si Anna trop nique ...

    Il semblerait que déjà enfant le si célèbre co-pilote était tellement obsédé d'aviation que sa mère lui répétait sans cesse: "Y'en a marre de tes lubies Andréas !..."

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    1. De temps à autrE, si vous n'y voyez pas d'inconvénient. A part ça, je n'ai pas saisi votre dernier jeu de mots.

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    2. Je n'y voit aucun inconvénient, c'est dès publication, donc il était trop tard, que j'ai vu ma faute !
      Rassurez-vous j'ai expié toute la nuit en cauchemardant ...

      Les lubies d'Andréas Lubitz !

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    3. Mouais... On a vu mieux (et pire aussi)....

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    4. Ouaip ! Un calembour au ras des pâquerettes destiné à se crasher lamentablement ...

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  9. C'est curieux, cette histoire, il s'agit d'une mesure de sécurité (l'inviolabilité des portes d'accès au cockpit) qui a provoqué une catastrophe induisant elle même la recherche de mesures de sécurité susceptible de parer aux effets pervers de la première. Si jamais la solution choisie générait elle même la potentialité d'autres risques cela pourrait alors nous entraîner assez loin... comme quoi nous vivons vraiment une époque de cons!
    Amitiés.

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