jeudi 18 décembre 2014

Vers une mort digne (ou pas) ?



Amateurs de truismes, bonjour !

Si l’on en croit certains, la civilisation occidentale (si tant est que ce terme soit approprié vu qu’on est toujours à la fois l’occident et l’orient d’autrui) serait vieillissante voire moribonde. Ce que recouvre ce terme est assez flou. Grosso-modo, il s’agirait d’un ensemble de valeurs principalement fondées sur le christianisme, d’un mode de vie inspiré de ces valeurs qui a émergé, fleuri puis essaimé dans le monde entier. Cette civilisation, du fait des avances techniques qu’elle a su acquérir au fil des siècles a pu soumettre à sa puissance la quasi-totalité du monde lors de l’avant dernier siècle. De ce fait, certains aspects de son mode de vie se sont vus adoptés par les peuples de la terre entière.

En dehors des leucémies et des lymphomes, le cancer est la prolifération anarchique d’une cellule qui ensuite dissémine des cellules anormales vers d’autres organes où se créent de nouvelles tumeurs nommées métastases. Si on veut, par métaphore, faire de l’Occident le cancer de l’humanité, il a établi des métastases plus ou moins similaires aux USA, au Canada, en Australie, en Argentine, au Chili, en Nouvelle-Zélande, au Brésil, etc. qui attestent du côté universel de sa prolifération. Si on ne prend en compte que les innovations technologiques qu’ont su développer ce cancer et ses métastases, on peut considérer que l’ensemble de l’humanité a été infectée (à un degré plus ou moins aigu) vu qu’en dehors de quelques fondamentalistes rares sont ceux qui n’aspirent pas à en bénéficier, voire à les copier ou à les améliorer.

Cela dit, ce fameux Occident, en dehors de l’exportation de la démocratie et de sa technologie, a renoncé à se montrer conquérant. Comme un vieil ogre vainqueur, incapable de digérer ses conquêtes, il est victime d’une phénoménale gueule de bois qui entraîne culpabilité, remords et perte de confiance en soi.  Il est en proie à une délectation morose qui l’amène à douter de tout et à aspirer à expier l’interminable kyrielle de ses fautes passées en oubliant ce qu’il a fait de bon.

Cette mélancolie pourrait s’avérer fatale, accélérer  son inéluctable fin. Car toute civilisation, comme tout être,  évolue au point de devenir méconnaissable avant de disparaître. Ce qui ne disparaît jamais, c’est ses apports. Ceux-ci connaissent des éclipses d’une plus ou moins grande durée. La civilisation grecque a disparu en tant que telle mais ce qu’elle a su apporter dans les domaines de la philosophie, des mathématiques, de la culture en général, nous a permis d’aller plus loin en en éliminant certains aspects inadaptés aux données nouvelles.

Pas plus que pour un humain la certitude de sa fin ne saurait justifier le suicide d’une civilisation. Ce qui m’ennuie dans l’environnement idéologique d’aujourd’hui c’est l’appel constant au renoncement à soi et l’incitation à précipiter sa propre fin. Notre civilisation est vieillissante, certes, mais la vieillesse n’implique ni la lamentation sur ses erreurs, ses bonheurs passés ou sa force déclinante ni le désespoir face à un avenir qu’on sait réduit. Comme un humain, l’Occident, s’il sait qu’il va mourir n’a aucune raison de se laisser aller ni de cesser d’assumer ce qu’il fut et sera encore.

15 commentaires:

  1. Très beau billet qui bien entendu va à l'encontre de ce que préconise notre société, à savoir : laissons-nous submerger par ceux qui sont prêts à se battre pour nous vaincre, puisque nous, nous ne sommes tout juste bons qu'à souhaiter avoir une mort douce.

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    1. J'ai 71 ans. Ce n'est pas l'"euthanazie"qui me préoccupe, mais l'avenir de mes petits-enfants.
      Je redoute, par dessus-tout, qu'une de mes petites-filles soit confrontée à l'avortement, poussée par notre société mortifère. Là ce serait un vrai "désespoir" pour moi.

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    2. @ Mildred : Merci pour le compliment !
      @ Anonyme : Vous évoquez là un des aspect du suicide social...

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  2. Je suis une fois de plus en parait accord avec vous-même et avec Mildred. Et je trouve que votre métaphore tout à fait pertinente -en plus d'un superbe pied de nez au Modernœud qui s’aventurerait à vous lire

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  3. Nous vivons une décadence qui, par certains aspects, ressemble fort à celle de l'Empire Romain.
    Ces gens-là n'étaient plus sûrs d'eux mêmes et s'étaient peu à peu laissé supplanter par des
    Barbares, d'abord à l'intérieur même de leur civilisation et ensuite par l'extérieur qui finit par
    déferler en tsunami dévastant tout sur son passage. Les mêmes causes produisant les mêmes
    effets c'est ce qui nous pend au nez à nous aussi;
    Amitiés.

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    1. Toutes les sociétés décadentes suivent grosso modo le même chemin...

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  4. " ... vu qu’on est toujours à la fois l’occident et l’orient d’autrui" me rappelle cet épicier et restaurateur marocain sis à Bruxelles ayant appelé son échoppe "Aux délices de l'Orient" ...
    Je lui avais bien sûr rappelé que c'est Bruxelles qui était à l'orient du Maroc !

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    1. Plus à l'est, certes, mais en regardant vers la Belgique, du Maroc on ne voit pas le soleil se lever. C'est aussi une question de latitude.

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  5. Je me retenais depuis la mi-journée, mais devant le peu de commentaires sur ce billet pourtant "profond" ...

    Amateur de truismes, peut-être, mais plus sûrement de la truite de Schubert.
    Ce qui ne devrait pas déplaire ni Orage, surtout s'il est grand, ni notre hôte s'il a des frères ...



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    1. Les Frères Jacques et leur truite (saisie ?) de Schubert dans laquelle il est question d'un orage ...

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  6. Certainement un de vos plus beau billet dont je partage l'idée.

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    1. Merci Grandpas ! Apprécié par certains mais peu commenté...

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  7. J'ai signalé que son mode de vie demeurait conquérant !

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