lundi 24 novembre 2014

Pour en finir avec les communautés de communes



Suite à mon billet d’avant-hier, Nicolas  s’est donné la peine d’y répondre par un long billet et sans aucune animosité. Il est vrai qu’il est plus aisé de rester courtois lorsqu’on traite d’un problème concret d’administration que lorsque l’on est sur le terrain idéologique. Plutôt que de déposer un interminable commentaire au pied dudit article, j’ai décidé de consacrer ce billet à la question.

Je commencerai par saluer le soin qu’a mis Nicolas à se documenter sur la question. En effet, la carte qui accompagne son billet situe avec exactitude la communauté en question et c’est la lecture de l’article de La Manche Libre qu’il met en lien qui a provoqué mon ire. J’insère ci-dessous la carte en question qui permettra de visualiser autant que d’expliquer certains point de mon développement :  



La partie cernée de rouge est la communauté en question. Comme Nicolas l’a déduit, j’habite sa partie septentrionale et même l’extrême pointe de celle-ci ce qui fait qu’en m’éloignant de 3 km de chez moi, suivant la route choisie je me retrouve dans l’Orne ou le Calvados et que je me trouve plus près de Vire que de Mortain. Qu’il ait été ou non judicieux de rattacher les cantons de Vire, Saint-Sever et  du Béni-Bocage au département de la Manche plutôt qu’au Calvados est une question certes intéressante mais dont l’actualité s’est attiédie au fil des deux-cent-vingt années passées. D’ailleurs, comme le signale si justement Nicolas, organiser des comcoms dans le cadre départemental est absurde comme l’illustre si bien le cas d’Alençon auquel il fait allusion. L’idée selon laquelle mon canton gagnerait à être rattaché à une communauté Viroise se défend. Mais tout cela est sous-tendu par l’idée que les entités administratives devraient, sous peine de mourir, atteindre une taille minimum. J’ai exprimé naguère mon opinion sur la pertinence de la réforme des régions.  C’est là-dessus que je ne suis pas d’accord. En fait je suis contre les regroupements et je vais vous dire pourquoi :
Si j’ai choisi, et cela depuis une vingtaine d’année de m’installer dans des villages perdus, ce n’est pas par hasard : j’en apprécie la paix et le faible taux d’imposition locale, ce dernier étant justement dû à la quasi-inexistence de coûteux équipements collectifs.  Je pense de manière générale que ces équipements devraient être les plus réduits possibles. Combien de réalisations « prestigieuses » ne font que flatter la mégalomanie d’élus que couper des rubans fascine tandis que les services rendus ne concernent qu’une frange infime de la population mais participent grandement à l’endettement et à l’augmentation des impôts de tous ? Plus la communauté locale s’étoffe plus la tentation de dépenses somptuaires s’accroît.

Mais, pomme à l’eau, m’objectera-t-on, des équipements, il en faut bien un minimum ! Des écoles, des centres de soin, des piscines (pour éviter que nos chères têtes blondes ne se noient durant leurs premières vacances),  des salles des fêtes (pour s’y amuser), des cimetières (pour y pleurer)… Ben oui, il en faut un MINIMUM. Seulement quand on s’installe dans un trou perdu, sauf quand on est un parfait abruti, on ne s’attend pas à bénéficier des mêmes services qu’offre une métropole. Ainsi, moi qui vous parle, m’offrirait-on de décupler ma pension et un hôtel particulier (avec potager) sans loyer ni charges aucunes, je n’en refuserais pas moins de vivre à Paris, Lille, Lyon, Marseille, etc. C’est un choix.  J’ai la ville, même moyenne, en horreur.

Plutôt que d’inutiles regroupements, pour que soient assurés un MINIMUM de services, je serais plutôt favorable à des regroupements VOLONTAIRES de communes autour de projets spécifiques. Le besoin urgent d’une piscine se fait-il sentir (suite à la montée des eaux consécutive au réchauffement global) que les porteurs du projet se débrouillent pour fédérer autour de lui suffisamment de communes INDÉPENDANTES afin d’assurer sa faisabilité. On pourrait-même envisager que des promoteurs privés s’en occupent…

Voilà qui est bien libéral me dira-t-on. Eh bien oui : le socialisme rêve d’un nombre toujours plus grand de ce qu’il appelle des « services publics ». J’y suis opposé : si les gens veulent certains services, qu’ils se les offrent. S’ils n’en ont pas les moyens, qu’ils s’en passent ! Je n’ai comme, je le suppose, la majorité des habitants de ma commune pas plus envie de participer au financement d’un théâtre à Vire que d’un centre social à Mortain.

8 commentaires:

  1. "c’est la lecture de l’article de La Manche Libre qu’il met en lien qui a provoqué mon ire" : je n'ai pas d'ire mais l'article m'a convaincu de la connerie de ce projet. Et je me fais les mêmes réflexion pour ce qui se passe dans l'interco, chez ma mère (10000 habitants dans la commune principale) de même que la mienne (25000 habitants aux portes de Paris), non pas pour les services (eaux, déchets,...) mais pour certains équipements (même si je suis, presque par nature, moins radical que vous).

    Néanmoins, votre commune est particulière (je comprends votre choix d'implémentation et ce qui en découle : ne pas être emmerdé par des équipements à financer). Par rapport à Loudéac, par exemple, les communes voisines sont essentiellement des communes "dortoir". Les gens qui s'y installent travaillent à Loudéac et les gamins y vont lycée et profitent donc de la piscine. Ca me semble logique que la piscine (votre bête noire...) soit payée par l'Interco. Par contre, Loudéac a une nouvelle base de loisir, je ne vois pas pourquoi les gens des autres communes participeraient au financement. Et c'est pareil pour un tas de trucs : les salles de spectacle, de sport,... Et je vois encore moins pourquoi l'interco irait payer pour la salle des fêtes d'un trou de 600 habitants qui y organise trois bals par an.

    Merci d'avoir répondu.

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  2. "S’ils n’en ont pas les moyens, qu’ils s’en passent !"
    Voilà qui n'est pas du tout du tout dans l'air du temps et des droits à. Se passer de quelque chose? Mais vous n'y êtes pas; ça c'était autrefois quand on savait ne pas céder à la satisfaction immédiate de désirs plus ou moins onéreux. Maintenant c'est tout et tout de suite.

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    1. Donc si je n'ai pas les moyens de faire venir des bières Fischer dans un container réfrigéré à Ouagadougou, devrais-je m'en passer ?...

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    2. @ Orage : Eh oui, aujourd'hui on a des droits, pas des envies ou des désirs ! N'empêche que pour le droit à la Bently Continental il faudra attendre un peu...

      @ Dominique : Ils ne fabriquent pas des "marmites" de Gazelle à Ouaga ?

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  3. La piscine est un excellent exemple de la connerie des élus d'intercommunalités.

    Palaiseau possède une piscine découverte, ouverte de mai à septembre. Elle fait partie de la CAPS, interco du plateau de Saclay. Le reste de l'année, il y a les piscines des communes voisines, qui ne font pas toutes partie de cette interco, mais qui sont à 1/4 d'heure de la ville : Longjumeau, Massy, Verrières le Buisson, Les Ulis. De fait, les scolaires fréquentent ces établissements. Et puis les clubs de natation ont accès à la piscine de l'école Polytechnique. Autant dire que la flotte ne manque pas pour les aquaphiles. Cependant, cela n'a pas empêché l'intercommunalité de construire un centre aquatique avec quatre bassins, toboggan, etc. pour un coût total de 17 millions d'euros. Equipement qui n'est que peu utilisé par les habitants de l'interco puisqu'il a été implanté à Palaiseau, c'est à dire à l'extrémité est du territoire, la majorité des habitants devant se taper entre 20mn et 40 mn en bagnole vu qu'il n'y a pas de vrais transports en commun, sauf à considérer qu'une desserte locale qui aligne péniblement 1 bus toutes les 30 mn en tient lieu.

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    1. Que d'eau, que d'eau ...
      Silence, on coule !

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    2. @ Koltchak : L'exemple que vous donnez est typique du gaspillage en équipements. J'aimerais qu'on m'explique pourquoi dans le Mortainais il est urgent de regrouper 4 cantons pour obtenir une Interco qui regroupe moins de la population qu'une seule de vos communes...
      Je connais bien la partie de l'Essonne dont vous parlez : mon père fut un temps secrétaire général de mairie à Marcoussis, j'ai été élève au collège de Montlhéry et au lycée d'Orsay...

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