dimanche 2 novembre 2014

Le bon et le mauvais casseur.



Il ne s’agit pas d’une faute de frappe : je ne vais pas traiter des chasseurs de gallinettes cendrées mais des braves jeunes gens qui en mémoire d’un des leurs tombé au champ d’honneur expriment avec véhémence leur tristesse en mettant nos jolies agglomérations à feu et à sang.

Comme c’est bien connu de ceux qui le savent, en fait, les mauvais casseurs sont des policiers déguisés, justement, en casseurs dont le seul rôle est de ternir la réputation des bons casseurs qui eux se caractérisent par leur répugnance à casser quoi que ce soit, un pacifisme en béton désarmé et un amour fou pour l’ordre et ceux qui tentent de l’assurer face à leurs collègues déchaînés.

On peut donc supposer qu’avant la manif pacifique, les forces de l’ordre se répartissent les tâches. Selon quel mode désigne-t-on qui sera casseur et qui sera en uniforme ? En tirant à la courte paille ? Suivant un roulement ? Ça ne peut pas être sur la base du volontariat, vu qu’il semblerait qu’on compte généralement plus de blessé du côté des soi-disant défenseurs de l’ordre que du côté des enragés lanceurs d’engins incendiaires. Les rôles répartis, tout ce beau monde se rend à la manif et fait son boulot. Masqués, casqués, armés de barres de fer, de cocktails Molotov et de bouteilles d’acide, les faux protestataires attendent que la manifestation touche à sa fin pour entrer en action.  Ils cassent et incendient tout ce qui est susceptible d’être cassé et incendié tandis que leurs collègues s’en prennent à d’innocents passants à grands coups de matraque. De temps à autre, les policiers en tenue attrapent un des pseudo-manifestants qui fait mine de se débattre un peu, l’emmènent dans un car afin qu’il s’y repose et quand les choses sont calmées, ils rentrent tous à la caserne prendre le pot de l’amitié et refaire le match.

Je suppose que durant les conversations joyeuses qui suivent certains reproches sont échangés, des « casseurs » blâmant  leurs opposants pour les avoir confondus avec d’innocents passants ou de pacifiques manifestants et leur avoir en conséquence administré une mémorable dérouillée  tandis que du côté de l’uniforme on tend à conseiller aux casseurs de mettre un peu moins d’essence ou d’acide dans leurs bouteilles parce que ça fait quand même des dégâts… Mais bon, on ne fait pas d’omelette sans casser d’œufs…

Ainsi, le discrédit ayant été mené à bien, on se prépare à la prochaine manif où l’on discréditera si possible encore plus. Ne riez pas, on peut lire ici ou là ce genre d’arguments. On m’a même reproché, dans un commentaire sur un mien article de ne pas connaître ce que chacun sait depuis plus de 40 ans. J’ai hypocritement répondu, pour tenter de me  faire pardonner cette terrible lacune,  que j’avais été très occupé ces derniers temps…

Une autre approche du phénomène des casseurs consiste, tout en reconnaissant l’existence de VRAIS casseurs à en minimiser le nombre : ils sont tout au plus une poignée, une grosse quinzaine ou une petite vingtaine à tout casser (jeu de mots !). On se demande alors comment des compagnies entières de CRS ou des escadrons de gendarmes mobiles n’en viennent pas à bout en quelques minutes…

La première théorie est gauchiste. La seconde plus modérée. Mais quelle que soit celle que l’on adopte, elle permet à la gauche de se dédouaner de certaines conséquences impopulaires des manifestations qu’elle organise.  Et dans le pire des cas de ne blâmer que du bout des lèvres les gentils extrémistes dont elle ne craint pas de souligner le côté « généreux » de la démarche, mêmes si ponctuellement elle mène à de contestables débordements…

Curieusement, il est à parier que si des groupuscules d’extrême droite mettaient le pays à feu et à sang tous les trois quatre matins, on déclarerait la République en danger alors que, ce faisant, les trublions gauchistes ne sauraient rien remettre en cause…

18 commentaires:

  1. Votre jeu de mot m'a bien fait rire, cher Jacques. Néanmoins, l'idée de roulement ou de tirer à la courte paille m'a rappelé cette sombre histoire locale de roulette russe (un soir de match, certes.)

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    1. Histoire édifiante que celle de la roulette. D'un autre côté, vu le stress auquel ils sont soumis, on peut comprendre que les policiers se laissent parfois aller...

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  2. Les casseurs étant de gauche (un peu extrême, j'en conviens) et le pouvoir actuel appartenant à la gauche confortable, une sympathie s'établit entre les seconds et les premiers. La réciproque n'est pas vraie, c'est pourquoi il se pourrait bien que la gauche en costume soit obligée de dire du bout des lèvres que "c'est inacceptable". Si les casseurs continuent leurs manifestations, il se pourrait que certains syndicats, traditionnellement ennemis des anarchistes, viennent à la rescousse du pouvoir pour ne pas être accusés d'être de son côté (c'est compliqué, hein?) et lancent quelques préavis de grève, organisent des manifestations (hélas! prétextes à des débordements), exigent l'ouverture de négociations sur les salaires et intiment au gouvernement l'ordre de "prendre ses responsabilités" sinon ils ne répondront plus de rien.
    Ce sera le bordel.
    Alors un vieux sage de gauche sera appelé pour sauver la France pendant que la droite organisera une manifestation sur les Champs-Elysées. L'Assemblée sera dissoute, les élections porteront la droite au pouvoir.
    J'espère me tromper.

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  3. Il y a aussi le bon et le mauvais musulman qui lisent pourtant le même coran.

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    1. Eh oui, gauchos et socialos révèrent le même livre mais ils l'interprètent différemment !

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  4. J'ajouterai que même en restant tranquilles comme des fonctionnaires de région socialiste
    les "groupuscules d'extrême-droite" sont tout de même réputés constituer un danger mortel
    pour la République alors que pour leurs confrères de l'autre extrémité c'est comme vous dites.
    C'est ainsi, les postulats ne se discutent pas.
    Amitiés.

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    1. C'est exact. D'ailleurs, dès que l'on s'éloigne de la doxa politiquement correcte on devient un dangereux monstre.

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  5. Vous avez quelque chose contre les réacs (au rang desquels je ne me compte pas comme je l'ai maintes fois expliqué)? Il y en a de charmants !

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  6. Troisième théorie, énoncée sur le site du syndicat de la magistrature...
    http://www.syndicat-magistrature.org/Stop-a-la-penalisation-du.html
    Si tu es (§1) et que tu agis parce que (§2), alors tu es légitime, mon fil-e-s !

    Amike

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    1. J'ai cru à un fake ! On risque vraiment d'être "jugé" par ça ? J'hallucine !

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  7. Le bon et le mauvais casseur ... Bové est mon casseur ?

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  8. Et j'oubliais: le con et le Bové masseur ...

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  9. J'adore cette "séquence" car elle permet de montrer et de démontrer à quel point notre démocratie est une oligarchie encadré par une pensée unique.

    Quand des gens de gauche et d'extrême gauche sont ultra-violent, cassent et balancent des cocktails Molotov sur les forces de l’ordre, les médias et les politiques sont particulièrement tolérant avec eux.

    Mais quand ce sont des familles qui défilent, sans casser, sans violence et sans agresser la police, qu'est ce qu'on entends pas sur les HLPSDNH, les chemises brunes, le fascisme etc...

    Au moins, maintenant les choses sont très très claires : les fascistes et les totalitaristes violents sont à gauche et à l'extrême gauche.

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    1. "Au moins, maintenant les choses sont très très claires : les fascistes et les totalitaristes violents sont à gauche et à l'extrême gauche"

      Ça ne date pas d'hier !

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  10. L'Etat socialaud que soudain vous vous mettez à défendre a assassiné Rémi Fraisse, point barre (j'imagine que si ç'avait été un jeune de la manif pour tous vous n'auriez pas eu la même réaction , 2 poids 2 mesures...)

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    1. Je ne défends pa l'état socialiste. D'ailleurs, le terme assassinat me paraît inapproprié, vu qu'il serait abusif d'imaginer une quelconque préméditation...

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    2. en tous cas c'est une bavure , contrairement à ce que prétend la nomenklatura d'Etat qui exclut toute sanction...

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