samedi 23 août 2014

Changer le monde



Certains changent leur bébé (et c’est la moindre des choses),  d’autres changent de voiture, à Châtelet pour aller à Gare du Nord, une roue crevée, de sexe, leurs Euros en Dollars, d’avis comme de chemise, d’adresse ou encore la combinaison du digicode. Parmi les désireux de changement, nombreux sont ceux qui voudraient changer le monde. Contrairement aux exemples donnés auparavant, cette ambition est difficilement atteignable.

Il faut dire que la tâche est si rude que s’y atteler seul relève de l’utopie.  Même les plus optimistes ressentent le besoin pour boucler l’affaire, de s’entourer de partisans voire même d’alliés. Et c’est là que le bât commence à blesser. Car s’il est possible qu’une majorité éprouve un désir de tout changer, il est rare qu’elle s’entende sur les modalités à appliquer et les buts à atteindre. Du coup, le changeur de monde se voit contraint à ne s’appuyer que sur une minorité qui contraindra, de préférence en instaurant la terreur, les autres à feindre de partager son projet et sa manière d’y parvenir. Et ça ne marche pas. MM. Staline, Hitler et Mao, pour ne citer que les plus marquants  n’ont connu que des succès locaux et fugaces.

D’ailleurs, pourquoi désire-t-on le changer, ce foutu monde ? Il semblerait que la radicalité du changement désiré soit directement proportionnelle à la sensation d’inadaptation que ressent le désirant. Ainsi un esclave insatisfait de sa situation est généralement plus abolitionniste que son propriétaire quand ce dernier est content de ses services et du système qui lui permet d’en profiter. De même, un modeste ouvrier satisfait de son sort, si médiocre soit-il, est moins pour le changement qu’un patron fortuné selon lequel  le système actuel l’empêche de donner sa véritable mesure. On pourrait aussi considérer qu’un retraité vivant dans un cadre qui lui convient et jouit d’une liberté lui permettant de pratiquer sans autre contrainte que ses propres limites ses loisirs préférés  souhaite moins le changement que celui que ses ailes de géants empêchent de marcher…

Et puis, ce foutu monde, il a tendance à changer tout seul, le bougre, du fait d’innombrables initiatives individuelles rarement coordonnées ou concertées mais dont les actions, réactions et interactions qu’elles entraînent ont pour effet de le transformer et d’orienter sa mutation. Qu’il change pour le meilleur ou pour le pire est porter un jugement moral sur un phénomène aussi inéluctable que la gravitation universelle et personne ne songe à dire si le fait qu’une lourde pierre tombe à terre plutôt que de monter en l’air est bon, mauvais, juste ou injuste. La seul' chos' qui compt'c'est, pour parodier Boris Vian, [de ne pas se trouver à] l'endroit où s'qu'ell' tombe.

Mais je m’aperçois que ces considérations fatalistes sont cruellement dépourvues de merles, de campagnols et de mildiou. Pour m’en remettre, je vais de ce pas planter des choux au potager en rêvant d’un monde plus juste où aucune piéride ne viendrait  les boulotter....

21 commentaires:

  1. Le plus souvent, ceux qui souhaitent changer le monde veulent en réalité que les autres cessent de les embêter. Pour reprendre les mots de Renaud "si tous les gars du monde voulaient me lâcher la grappe" ou, en d'autres termes: le bonheur, c'est quand on me fout la paix.
    Bons choux!

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    1. Vu tout ce qu'il y avait à faire au potager, le plantage de choux a été remis à demain.
      Pour le reste : d'accord avec vous !

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  2. MM. Staline, Hitler et Mao, pour ne citer que les plus marquants

    Avouez que vous l'avez fait exprès de ne citer que des socialistes...

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    1. Il faut dire que le désir de changement des non-socialistes est souvent plus modéré...

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  3. Certains espéraient changer le monde avec entre autres slogans "choux les pavés la plage" (en version arverne) ...

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  4. J'ai eu une collègue qui voulait "humaniser la terre' ; insupportable

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    1. Comme disait l'autre: "Si tu croises quelqu'un disant vouloir ton bonheur, change de trottoir !"...

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    2. Ça ne veut surtout rien dire...

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    3. Tandis que certains veulent terrasser l'humanité ...

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  5. Esclave, propriétaire, modeste ouvrier, patron fortuné ...
    Et les envoyés spéciaux permanents exclusifs et bénévoles dans des contrées sahélo-tropicales ?

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    1. Seriez-vous bénévole ? Quelle erreur !

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    2. Je sais: benêt volé !...

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    3. J'ai toujours été épaté pour na pas "dire" attristé par ceux qui sont fiers d'être bénévoles pour des évènements brassant des milliards, tels que Coupe de Normandie, euh non du Monde de Football et autres Jeux Olympiques ...
      Avec des vedettes elles aussi millionnaires.
      Idem pour ceux "bénévolant" pour le P.S. ou l'U.M.P. ...

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  6. Je ne suis pas loin de penser que personne ne vous a jamais expliqué que nous vivions dans un monde formidable.

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    1. Formidable ? Et pourquoi le serait-il ?

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    2. Formidable me rappelant "Stromae" dont je me demande toujours si on ne nous a pas "empapaouté" ?...

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  7. Jacques le fataliste s'en va cultiver son jardin en sifflotant du Vian.

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  8. "Il changeait la vie" Jean-Jacques Goldman

    C'était un cordonnier, sans rien d'particulier
    Dans un village dont le nom m'a échappé
    Qui faisait des souliers si jolis, si légers
    Que nos vies semblaient un peu moins lourdes à porter

    Il y mettait du temps, du talent et du cœur
    Ainsi passait sa vie au milieu de nos heures
    Et loin des beaux discours, des grandes théories
    A sa tâche chaque jour, on pouvait dire de lui
    Il changeait la vie

    C'était un professeur, un simple professeur
    Qui pensait que savoir était un grand trésor
    Que tous les moins que rien n'avaient pour s'en sortir
    Que l'école et le droit qu'a chacun de s'instruire

    Il y mettait du temps, du talent et du cœur
    Ainsi passait sa vie au milieu de nos heures
    Et loin des beaux discours, des grandes théories
    A sa tâche chaque jour, on pouvait dire de lui
    Il changeait la vie

    C'était un p'tit bonhomme, rien qu'un tout p'tit bonhomme
    Malhabile et rêveur, un peu loupé en somme
    Se croyait inutile, banni des autres hommes
    Il pleurait sur son saxophone

    Il y mit tant de temps, de larmes et de douleur
    Les rêves de sa vie, les prisons de son cœur
    Et loin des beaux discours, des grandes théories
    Inspiré jour après jour de son souffle et de ses cris
    Il changeait la vie

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    1. On peut toujours changer un peu (en bien ou en mal) la vie de son entourage mais la vie, elle, poursuit inexorablement son cours.

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