jeudi 27 février 2014

Parlons un peu de la Mongolie



Vu le succès rencontré par mon premier billet géographique consacré à l’Ukraine, je me sens investi du devoir moral  de continuer d’éclairer la lanterne de mes contemporains sur de petits pays auxquels on ne consacre, malgré leurs grands mérites, pas suffisamment d’attention.

Je vous parlerai aujourd’hui de la Mongolie, dont la caractéristique principale est, comme son nom l’indique, d’être totalement extérieure, ce qui, vous en conviendrez, n’est pas banal.

La Mongolie se trouve littéralement coincée entre deux pays modérément sympathiques nommés Chine et Russie.  Ses habitants s’expriment dans un charabia incompréhensible. Ils utilisent une écriture qui ne ressemble pas à grand-chose. En voici un exemple : ᠭᠠᠳᠠᠭᠠᠲᠤ ᠮᠣᠩᠭᠣᠯ. C’est ainsi que les mongols écrivent le nom de leur pays. Amusant, non ? Dans ces conditions, comment s’étonner  qu’on ne les prenne pas vraiment au sérieux ? On a pourtant tort car le Mongol mérite plus que bien d’autres, comme par exemple le Belge ou l’Ouzbek, qu’on le considère avec un certain respect.  Ce fut d’ailleurs le cas du temps de Gengis Khan (dans son galimatias : ᠪᠣᠷᠵᠢᠭᠢᠨ ᠲᠡᠮᠦᠵᠢᠨ ) ou de son petit fils Kubilaï Kahn. Lorsque les populations asiatiques voyaient arriver  leurs hordes conquérantes juchées sur leurs chevaux ridiculement bas sur pattes, il était rare qu’avant de se voir joyeusement massacrées elles  fussent prises d’un irrépressible  fou rire. Peut-être que l’hilarité qu’ils provoquent de nos jours est due à la pardonnable confusion que beaucoup font entre ces deux grands empereurs et les frères Kahn (Jean-François et Axel).

Trêve d’histoire, revenons à nos moutons qui sont géographiques, ne l’oublions jamais. Or donc, la Mongolie est un pays plutôt vaste et peu peuplé. Moins de trois million d’habitants sur un pays grand comme trois fois la France, c’est vraiment du gâchis !  Surtout qu’un tiers d’entre eux habitent la capitale, Oulan-Bator, dont la principale caractéristique est de compter de nombreux lecteurs de ce blog, regroupés en un fan club dont je tiens à saluer le dynamisme. Un tiers des autres sont des nomades. Ce qui prouve bien que le Mongol est plus tolérant que le Français. Que dirait-on ici si plus de vingt millions de gens du voyage sillonnaient les routes de France ? Le nomade Mongol vit dans une yourte, sorte de tente où règne une atmosphère feutrée du fait du caractère débonnaire de ses occupants et de la matière qui la constitue.  C’est à tort que l’on raconte qu’il s’y livre sans réserve à son sport favori, le vélo d’appartement. Dire que le Mongol pédale dans la yourte n’est qu’un jeu de mot très approximatif et moyennement drôle qui n’a aucune place dans un billet sérieux.

Le faible peuplement de la Mongolie est parfois expliqué par l’aridité de son sol et la rudesse d’un climat où les températures peuvent varier de + à – 40° selon les régions et les saisons. Politique de l’excuse, quand tu nous tiens ! En réalité, c’est surtout  dû au fait qu’on y fait pas beaucoup d’enfants, ce qui est d’autant plus étonnant que dans le désert de Gobi ou dans les solitudes glacées de l’Altaï on manque bougrement de distractions, que les programmes de la télé y sont remarquablement ennuyeux et que boire du lait de jument fermenté constitue un bien piètre dérivatif.

Une agriculture médiocre, une industrie quasi inexistante, des services très approximatifs font de ce vaste pays un nain économique dont le PIB nous ferait rire si nous n’étions gens austères.

Vous savez maintenant tout ce qui vous sera nécessaire pour briller dans les dîners en ville si d’aventure la conversation venait à  rouler sur ce pays. Maintenant, me demanderez vous, après cet exposé objectif mais peu enthousiasmant, en quoi consistent les grands mérites de la Mongolie que vous évoquiez dans votre introduction ? Bonne question. Eh bien disons qu’un voyage en Mongolie vous guérira à jamais de l’envie d’y émigrer et vous fera trouver qu’en comparaison, vivre en France, même sous Hollande, présente bien des avantages.  Ce n’est pas rien !

20 commentaires:

  1. Monsieur des Collines
    Etant allée lire la page "Ecriture mongole" chez l'ami Wikipedia il semblerait que l'alphabet le plus en usage actuellement en Mongolie soit l'alphabet cyrillique adapté au Mongol.
    "L'alphabet mongol le plus récent est une forme légèrement modifiée de l'alphabet cyrillique. L'alphabet est phonémique : il possède un haut niveau de cohérence dans la représentation des sons individuels. Il fut introduit dès 1937 à la suite de la révolution communiste en Mongolie (sous la pression des soviétiques) et fut en usage officiel de 1941 à 1990. Même après la chute du régime marxiste, est encore très utilisé de nos jours (selon le linguiste Jacques Leclerc, l'alphabet cyrillique risque même de supplanter définitivement l'écriture traditionnelle)1."

    A part ça je n'ai rien à rajouter car, très franchement, je ne connais rien à la Mongolie.

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    1. Monsieur des Collines

      C'est joli ça. Ça sonne comme le titre d'un roman de Pagnol.

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    2. Franchement, remplacer une écriture indéchiffrable par une autre qui l'est tout autant (surtout qu'une fois qu'on a appris cet alphabet, on ne comprend toujours rien vu que ça reste du mongol) ne me paraît pas très judicieux.

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  2. Pas un mot sur les homosexuels mongols, et rien non plus sur leurs LGBT ! C'est d'une tristesse !

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    1. Disons que je n'ai pas voulu trop insister sur d'autres causes probables du faible développement démographique de ce beau pays...

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  3. Eh bien je ne suis pas de votre avis ! La Mongolie a la réputation d'être un pays sauvage à l'abri du monde moderne. La réalité est bien différente. À Oulan-Bator, 4×4 et bornes Wi-Fi abondent. Les bergers nomades utilisent des téléphones portables, et les enfants font des démonstrations de breakdance à l'ombre de la statue de Gengis Khan.


    Coupée du monde durant la majeure partie du XXe siècle, la Mongolie est devenue dans l'imaginaire collectif l'archétype de la contrée lointaine et isolée. Ces vingt dernières années, elle s'est employée à combattre ce cliché, notamment en encourageant la venue de voyageurs étrangers. Comparé à ce qui se passe ailleurs en Asie centrale, les visas sont désormais assez faciles à obtenir, et certains ressortissants n'en ont même pas besoin. Les autorités ont conscience que le tourisme joue un rôle clé dans la croissance économique et constitue une source de revenus importante pour les communautés locales. Cependant, malgré l'accueil chaleureux, sachez que votre voyage ne sera pas une promenade de santé. La Mongolie demeure en effet un pays pauvre qui, hormis dans la capitale, dispose d'infrastructures et de services rudimentaires.

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    1. Regardons les choses en face, cher Léon : il est rare que nous soyons d'accord. Contrairement à vous, comme tend à le laisser penser votre plaidoyer, je ne suis pas à la solde des oligarques du tourisme mongol. Je me contente donc de brosser un tableau objectif et fidèle de ce pays.

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  4. Je vois avec plaisir qu'après l'Ukraine, vous avez tenu compte de ma suggestion. Avez-vous l'ambition d'être un nouveau Elisée Reclus?

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    1. Vous n'êtes en effet pas totalement étranger à ma nouvelle vocation de géographe. Quant à être Élisée Reclus ou rien, je ne partage pas cette ambition de notre bon président qui a échoué à la réaliser n'étant devenu que reclus à l'Élysée, son impopularité lui compliquant les sorties.

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  5. Mince alors, non seulement je me suis bien amusé mais encore j'ai appris des tas de choses. Figurez vous, par exemple, que je croyais que les habitants de la Mongolie étaient tous trisomiques et ce de père en fils et qu'on les appelait, par conséquent, Mongoliens. D'après les éléments que vous nous fournissez il semblerait qu'il n'en soit rien, comme quoi il faut se méfier des idées reçues.
    Amitiés.

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  6. ...Oups, excusez moi, pas fait gaffe...

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    1. Mon rôle a toujours été, reste et demeurera de faire profiter mes semblables de mes lumières. Je suis heureux d'avoir pu vous aider à corriger une erreur bien excusable. Consolez-vous en vous disant que bien des gens pensent à tort que les habitants de la Trisomie (en Côte d'or) ont pour gentilé "trisomiques" alors qu'ils sont trisomiens.

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  7. j'ai bien ri, ce qui était votre intention première il me semble. Urga, un joli film qui se déroule en Mongolie; je n'ai pas poussé le vice jusqu'à le regarder en V.O. comme le recommandaient les critiques de l'époque

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    1. Mon intention, comme vous l'avez devinée était bien de faire rire ! Quant à ce film dont vous parlez, je suppose qu'une VF peut faire perdre toute la subtilité des jeux de mots hilarants dont le Mongol sait nous réjouir...

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  8. Enfin un peu d'érudition!

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  9. Pardon c'est totalement hors sujet mais je suis moi aussi tombé sur le cul en lisant un certain "29 janvier".
    Je le dis ici puisque je ne peux plus le lui dire chez lui.
    Penser qu'entre Sologne et Gatinais nous aurions pu nous croiser, chacun sur nos bleues rentrant chez nos vieux.

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    1. Vous savez, que ce soit ici ou ailleurs, l'important est que ce soit dit... Ce 29 janvier est en effet émouvant, bien que je garde pour moi les réflexions qu'il m'inspire.

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  10. Tous les nomades mongoles qui ont échoué à Oulan Bator, aveuglés par le mirage du fric ont sombré dans l'alcool, la misère, la prostitution et la délinquance.

    Ceux, qui ont eu la sagesse, de rester avec leurs chevaux malins et leurs moutons laineux dans leur yourte, ont une vie rude, certes, mais sont heureux quand ils ont de la visite impromptue, font volontiers trois jours de cheval pour voir cousins et parents qui les accueillent comme des rois, composent des chants pour leurs chevaux et se déplacent comme bon leur semble sans se préoccuper de Vigie-pirate ou des embouteillages dus aux déplacements de leurs hauts élus.

    Leur bon coeur les pousse à récupérer les enfants de leurs familles qui moisissent dans les bidonvilles d'Oulan Bator et à leur faire une place autour du feu dans la yourte.

    Leurs distractions diffèrent de celles des Français, c'est sûr : enseignement de l'équitation à ses gosses, élevage de chevaux, courses nationales mixtes à partir de 6 ans, lutte mongole, concours de tir à l'arc à cheval (excusez du peu), concours de chants équins, de tissage et de bijoux, chasse au faucon, artisanat à l'occasion des foires où chacun se retrouve et fait ses emplettes...et je dois en oublier.

    Nous autres avons mieux que les Mongols : nous avons les anti-dépresseurs prescrits treize mois sur douze par un service de santé compatissant : ça vaut toutes les excursions à cheval dans les vastes plaines de Mongolie.

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  11. Vous pouvez toujours vous installer une yourte dans votre jardin:

    http://www.yourte.com/

    Renseignement , les lutteurs mongols s'expatrient au Japon où ils tiennent le haut du pavé dans le sumo, les deux yokozunas actuels se nomment respectivement;DAVAANYAM Byambadorj (harumafuji) et MÖNKHBAT Davaajargal ('Hakuho) entre parenthèses leurs shikona , nom de lutteur en japonais.

    Un bon moment de culture en lisant votre reportage.

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