lundi 16 décembre 2013

Banques, ministères, etc. (1)



Être formateur en Français-Langue-Étrangère, si ça ne rapporte pas grand-chose présente au moins l’avantage de faire découvrir des milieux et des endroits  que l’on aurait sinon ignorés. Rencontrer des gens de toutes sortes est un des attraits de la vie. 

Un an durant, j’occupai cette fonction à Londres. Ça avait plutôt bien commencé. Ayant envoyé mon C.V. à divers instituts ou écoles je fus souvent convié à des entretiens qui ne menèrent à rien. Et puis un jour je rencontrai  M. Tous Langages, un Français,  qui sembla on ne peut plus intéressé par  ma candidature. Quand étais-je prêt à commencer ? Les conditions me convenaient elles ? Bref on était dans le concret. En tant que chômeur non indemnisé, j’avais hâte de cesser de vivre aux crochets de ma compagne : tout me convint donc à merveille et ma disponibilité fut totale.  Il me fut demandé si entre autres missions, j’accepterais de donner des cours d’initiation au français, en août, à de jeunes enfants d’une banlieue huppée. Tu parles que j’accepterais ! Prêt-à-tout était mon deuxième prénom ! Je préparai donc un cours en ce sens. Ça se passa super-bien. Parents, enfants, M. Tous Langages et son associé furent ravis et impressionnés par les merveilleux résultats obtenus en si peu de temps. M. T.L. en personne me convoqua pour un entretien.

J’en sortis abasourdi. Malgré mes immenses mérites si souvent reconnus (humour !) je crois n’avoir jamais reçu autant de compliments  et, qui mieux est, m’être vu ouvrir de perspectives aussi alléchantes. M. T.L. débordait d’enthousiasme à mon endroit. Il me fit miroiter des voyages à Paris en compagnie d’hommes d’affaires ou de politiciens importants à qui je servirais d’interprète à raison de plusieurs centaines de livres la journée, des missions de traduction grassement payées. Un brin mélancolique, il se déclara plus tout jeune, il fallait penser à l’avenir… Bientôt viendrait le temps où la fatigue des ans (- Allons, M. T.L ., vous êtes frais comme l’œil !) nécessiterait qu’il ait à ses côtés quelqu’un sur qui se reposer (en tout bien tout honneur, va sans dire, car le bougre en était un !). En fin d’entretien, il me demanda si je serais également  intéressé par m’occuper de cours aux enfants sur une base pérenne. Il ne me demandait pas une réponse immédiate, simplement d’y réfléchir. Je le quittai un peu étonné qu’il ne m’ait pas demandé huit jours de délai pour débarrasser son bureau des affaires personnelles dont il l’encombrait afin que je m’y installasse. Un oubli, probablement…

Je réfléchis donc à sa proposition et arrivai à la conclusion que je n’avais pas quitté le noble métier de professeur pour recommencer à me coltiner des morpions. Quelque temps plus tard, je lui signifiai ma préférence pour l’interprétariat, la traduction et les cours aux adultes. C’était la MAUVAISE réponse.  Du coup, il ne fut plus question de voyages, de traductions et encore moins de sous-direction.  On ne me confia plus que quelques heures de cours de ci-de là et mon salaire se fit bien maigre…

N’empêche ça me permit de découvrir de nouveaux univers comme la banque et les ministères…

7 commentaires:

  1. "je n’avais pas quitté le noble métier de professeur pour recommencer à me coltiner des morpions."
    Alors ça j'adore! Si on quitte l'E.N, on sait pourquoi, apparemment ça ne saute pas aux yeux de tout le monde.
    C'est amusant, j'ai eu une expérience un peu similaire: un banquier espagnol auquel je donnais des cours de conversation française me fit miroiter "des voyages à Paris...". A l'époque j'étais jeune et fringante, et surtout j'étais une femme (je précise que je le suis toujours). Méfiante, j'ai décliné et "il ne fut plus question..."

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    1. Ainsi nous fûmes collègues ! C'est un métier riche en surprises et enseignements...

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  2. Vous fîtes bien, je crois, "timeo danaos et dona ferentes", n'est-ce pas, les propositions des bougres doivent toujours se prendre avec des pincettes. Méfiance est mère de sûreté, comme on ne dit pas.
    Amitiés.

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    1. Et confiance deviendrait père de sécurité ? Voilà qui me laisse coi !

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  3. Et donc, vous continuâtes à vivre aux demi-crochets de votre belle par pure détestation des des morpions. C'est du joli ! Bougre de morpionophope et exploiteur de la gent féminine !

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    1. Vous vous méprenez, chère Louisa ! Du fait de l'amenuisement de mes ressources, je décidai de réduire drastiquement notre mode de vie et du coup, ma compagne n'ayant rien perdu de ses revenus se trouva vite à la tête de relativement importantes économies...

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