mardi 12 novembre 2013

Morts pour la France ?



Hier, M. Hollande s’est fait conspuer par des voyous. Quelques dizaines selon la Police qui en arrêta soixante-treize. 3 millions selon les organisateurs et une poignée d’après une presse attentive. Une sorte de non-événement qui prit des proportions démesurées. L’indignation, ressort essentiel de la Gauche (à tout seigneur, toute majuscule !) se déchaîna comme il est convenable. Souiller de sifflets un tel moment, propre s’il en est à rassembler dans le chagrin, la mémoire et le recueillement toute une nation unie autour de son bien-aimé (aux dernières nouvelles par 21% de ses membres, ce qui n’est pas rien) conducator est proprement honteux ! Il est de ces moments où l’incommensurable fierté d’être Français cède le pas à la honte.

Eh bien, voyez-vous, au risque de défriser certains de mes lecteurs, à l’idée des commémorations de cette boucherie « héroïque » que fut la Grande Guerre (pour les majuscules, cf. Supra) ma fibre patriotique a du mal à vibrer. Et cela pour des tas de raisons. Louis le Grand (Pour LA majuscule, voyez plus haut) conquit Strasbourg offrant  ainsi, sous la forme du Rhin, une frontière « naturelle » de plus à la France. Le Prussien, revanchard et pour tout dire mauvais d’esprit, ayant coalisé autour de lui nombre de royaumes, principautés et grands duchés teutoniques de moindre viande, entreprit en l’an soixante-dix du siècle dix-neuvième de notre ère de réunir à l’Empire qu’il proclama à Versailles l’Alsace et la Lorraine germanophones, s’ensuivit chez le Gaulois (pour la majuscule, etc.) une certaine rancœur. On créa même une école gratuite, laïque et obligatoire afin que des « hussards noirs » y inculquassent à nos chèreux têteux blondeux l’idée de reconquérir la patrie des bretzels et de la sauerkrout en libérant au passage ces chères cigognes sans lesquelles la France ne serait pas tout à fait la France.  But noble et largement aussi irréfutable que l’éléphant du  bon Vialatte.  

Chauffés à blanc par la propagande, nos chers pioupious partirent pour une guerre fraîche et joyeuse qui se fit bien vite boueuse et morne. Les plus belles intentions tournent parfois au médiocre… Un million trois cent mille (plus ou moins) jeunes Français n’en revinrent pas.Quatre millions deux cent mille se retrouvèrent gueules cassées, aveugles, sourds ou diversement estropiés. On défila pour la victoire. C’était la Der des ders ! Plus jamais de guerres ! Réjouissances, cotillons, serpentins. Sauf que… Cette victoire, portée par son « père », le vieux Clémenceau, scellée par des traités humiliant et ruinant l’Allemagne sèmera les germes d’une autre guerre…

Alors, moi, « mort pour la France », ça ne veut pas dire grand-chose.  J’ai surtout l’impression qu’on a arraché, plus de quatre ans durant, de pauvres paysans (mes deux grands-pères en furent, ce qui fait de moi un égal du premier Marocain qui passe) à leur terre et qu’on les a envoyés au casse-pipe sous forme de chair à canon pour pas grand-chose.  Mes aïeux en sont revenus. Sinon je ne serais pas là. De là à ce que je considère que le 11 novembre est un jour sacré, il y a loin. La fin d’une horreur qui en prépare une autre n’a rien de glorieux et ne justifie pas qu’on pavoise.

Je suis d’un pacifisme total. Juste, injuste, civile, incivile, de libération ou d’asservissement,  j’ai du mal à aimer la guerre, à y voir quoi que ce soit de positif. Je ne suis pas un héros. Je ne rêve ni de plaies ni de bosses. Écraser un « ennemi » ne crée que des « martyrs » dont se réclameront  d’autres qui les vengeront lors du prochain bain de sang. Alors, faire de la commémoration de la fin de l’une d’elle un moment sacré où l’on a même pas le droit d’aller siffler un peu un président désavoué, très peu pour moi. Surtout quand ceux qui condamnent avec force les perturbateurs ne se découvrent « patriotes » et attachés aux rituels que quand les trublions sont ceux qu’ils haïssent et dont ils prônent l’éradication.

14 commentaires:

  1. hollande conspué, c'est pas bien mais alors pas bien du tout mais cette fois, c''est la faute aux vilains gars du FN.

    pour votre billet, votre honnêteté vous honore car n'étant pas un va t en guerre comme notre bon président que le monde nous envie, je n'aurais eu la franchise de l'écrire, peut être par tabou,.

    Mon grand père maternelle ue les pieds congelés aux chemin des dames pour le côté paternel, ils n'en parlaient jamais, il faut dire qu'étant de Pas de Calais , la guerre de 1914 est toujours présente dans la terre que des milliers d'hommes ont abreuvée de leur sang.

    Monument Canadien, Mémorial de Notre Dame de Lorette.

    Dans certains bois autour de Vimy, on y trouve encore des obus, triste et dangereux souvenirs.

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    1. On peut être patriote sans être belliciste... La gauche est souvent belliciste sans être patriote.

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  2. Non, je ne pas cliquerai pas sur "A chier", (c'est faux) ; quant à "Génial", ça fait vraiment faux-derche.

    Ce sera donc Hilarant.

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    1. Je ne sais pas si hilarant est vraiment adapté au sujet ni à la façon de le traiter...

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  3. Sauf que… Cette victoire, portée par son « père », le vieux Clémenceau, scellée par des traités humiliant et ruinant l’Allemagne sèmera les germes d’une autre guerre…

    Alors, moi, « mort pour la France », ça ne veut pas dire grand-chose. J’ai surtout l’impression qu’on a arraché, plus de quatre ans durant, de pauvres paysans


    Nous savons tous cela.
    C'est même pour ça qu'il est indigne de faire du bruit ce jour là, de tenter de le récupérer maladroitement.
    Que l'on soit au pouvoir ou dans quelque opposition.

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    1. Huer M. Hollande n'a rien à voir avec les respect du aux victimes. Ça ne remet pas en cause ce dernier.

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  4. Il n'y a pas eu de Nuremberg pour les criminels de la première.
    Ça manque un peu à notre histoire.

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    1. Quoi mouais ?
      Y'a pas de responsables de cette boucherie ?
      Ou bien sont-ils responsables mais pas coupables, pour reprendre une formule célèbre ?

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    2. Les Nuremberg sont faits par les vainqueurs.

      D'autre part, je revendique haut et fort le droit au "mouais", hélas trop souvent bafoué.

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  5. Cette bronca et cette mini-manif étaient mal venues puisque n'ayant aucun rapport avec l'événement.
    J'admets très bien que l'on puisse (et même que l'on doive pour le faire descendre de son piédestal) huer un homme politique fût-il président lorsqu'il agit en homme politique (inauguration de chrysanthèmes, déplacement en province, visite d'une entreprise méritante, discours bafouillé ou toute autre opération de communication pour passer à la télé) mais dans le cas du 11 novembre, il s'agissait de la commémoration d'un "armistice-victoire" ou d'un hommage "aux morts pour pas grand chose" (selon l'opinion de chacun). Cela n'avait donc rien de politique et n'appelait pas de réponse politique. Hollande n'était pas Hollande mais le président, un symbole, une marionnette qu'on sortait de sa malle comme on sort de la sacristie une bannière avant une procession.
    A part ça, je partage votre pacifisme viscéral. En me demandant toutefois comment je réagirais si quelqu'un avait l'intention de venir chez moi pour me faire monter dans un camion sous la menace de son arme.

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    1. " Hollande n'était pas Hollande mais le président, un symbole, une marionnette qu'on sortait de sa malle comme on sort de la sacristie une bannière avant une procession."

      Mon sens religieux doit être atrophié. Surtout en ce qui concerne les politiciens qui à mes yeux n'incarnent pas grand chose de grand.

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  6. Le "Prussien" n'est plus revanchard pour un sou. Ça fait longtemps qu'il a compris que la seule guerre qui vaille la peine d'être gagnée c'est la guerre économique. Il s'y emploie avec succès puisqu'il a réussi à soumettre la France à ses diktats grâce à son mark fort - rebaptisé "euro".
    Il nous laisse donc à nos commémorations dont il se fout comme de son premier casque à pointe.

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    1. Il est certain que la guerre traditionnelle, dans une société développée est un archaïsme. Au moins lorsqu'elle devrait opposer des économies post-industrielles. Ailleurs, ça "marche" encore bien...

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