dimanche 3 novembre 2013

De Quimper à Kidal



J’ai dit hier à quel point la « révolte » des bonnets rouges me laissait sceptique. Mais le traitement qu’en ont fait les média me paraît d’une malhonnêteté profonde, mettant sur un quasi-pied d’égalité 15 000 à 30 000 participants pacifiques et 150 à deux-cents casseurs car 0.5 à 1 % des personnes présentes se sont ainsi vu offert un écho totalement disproportionné.

Quiconque a regardé les reportages de BFM, a pu constater qu’on y repassait en boucle les mêmes images de mêmes personnes jetant les mêmes projectiles ou se précipitant vers les mêmes grilles de la préfecture tandis que les mêmes policiers dégageaient d’un même jet d’eau les mêmes assaillants.

Les orateurs pouvaient s’époumoner tout leur soûl, ça n’intéressait aucunement les média. Car que voulez-vous qu’ils racontent, sinon qu’ils n’aiment ni la crise, ni les fermetures d’usines et que si le gouvernement pouvait balancer un peu d’oseille plutôt que d’en  pomper toujours plus ce serait bien mieux (notons au passage le paradoxe : comment pourrait-il distribuer sans ponctionner ?). Les casseurs, en revanche sont intéressants. Une bonne baston, avec incendie de bâtiments public, quelques blessés et interpellations, ça c’est un sujet. On sentait chez les journalistes comme un regret de ne pas avoir vu les 15 000 (ou 30 000) manifestants se ruer sur la préfecture et les forces de l’ordre. C’eut  été beau, grand, spectaculaire… Même si la mollesse imposée à nos forces de l’ordre interdisait qu’on rêvât de quelques morts…

Ben des morts, justement, on en a eu mais aux environs de Kidal, charmante commune de l’Adrar des Ifoghas, jusqu’ici injustement ignorée des tour operators comme de la presse pipole. Une journaliste chevronnée et son technicien (tout aussi couvert de chevrons) s’y sont fait abattre par des méchants. Du coup, les Finistériens ont perdu beaucoup de leur attrait. Le tout-média n’avait plus d’yeux que pour ces innocentes victimes lâchement assassinées alors qu’elles ne faisaient qu’exercer leur mission ou plutôt leur sacerdoce en récoltant d’inestimables renseignement sur ce qui se passe au juste dans le coin de Kidal. Bon. Je respecte le deuil de leurs proches et, sans partager leur peine, les plains. Maintenant, il me paraît logique qu’une envoyée spéciale en territoire de conflits armés coure plus de risques que moi en allant acheter une baguette au village voisin. Que ces risques puissent inclure celui d’y mourir n’est pas exclu (pas plus que n’est totalement exclu qu’un moment d’inattention m’amène à quitter la route et, après quelques tonneaux, transforme mon excursion boulangère en fatal accident ). J’ai donc du mal à comprendre en quoi ce triste fait justifie une réunion d’urgence à l’Élysée. Il est vrai que, depuis que la mort d’un  ou de quelques soldat(s) lors d’une opération militaire surprend et justifie un hommage national, il ne faut plus s’étonner de rien…

Transformer l’insignifiant en événement majeur est devenu la mission quasi-unique de tous les « informateurs » qui se respecte. Il faut dire à leur décharge que des faits aussi importants que l’affaire Leonarda, l’urgence qu’il y a à sanctionner les michetons ou les dérapages de Marine Le Pen,  s’ils sont pain bénit, ne se produisent pas tous les jours et que si l’on veut éviter de lasser téléspectateurs et lecteurs, ce ne sera pas en évoquant des faits insignifiants comme la montée du chômage, de la dette et des impôts qu’on y parviendra. Pas plus qu’en les bassinant avec ces faux problèmes que sont l’insécurité, l’immigration ou la montée des communautarismes.

8 commentaires:

  1. Je ne disais pas autre chose chez l'autre andouille de Melclalex et il a pris la mouche. Du coup, il m'a blacklisté. Heureusement que les gauchistes défendent la liberté, d'expression entre autres.

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  2. Hélas! C'est à ce demander comment tout cela peut réussir encore à tenir à peu près debout. Je crains, d'ailleurs, que le pire ne nous pende au nez à bref délai. Nous ne mériterions pas autre chose!
    Amitiés.

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  3. Pour le 1er paragraphe, c'est a peu près ce qui s'est passé lors de smanifs pour tous. Ce qui retenait l'attention des médias,c'étaient les casseurs. Comment mieux ridiculiser une manif si ce n'est en montrant les quelques débordements. Si en plus y a du sang..; C'est tout benef et bon pour l audimat.

    Pour le reste, rien à ajouter si ce n'est vous conseiller de regarder la dernière vidéo d'Arschiscmock intitulée " Claude verlon "

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  4. Si je souscris à la presque totalité de votre billet, je ne puis que m'inscrire en faux (en faute ?) à la lecture de cette assertion :
    "Pas plus qu’en les bassinant avec ces faux problèmes que sont l’insécurité, l’immigration ou la montée des communautarismes."

    Il ne s'agit pas de faux problèmes, mais d'impressions de problème. Ce qui met à mal, ou à bast, tout le reste. Quel dommage !

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  5. Ces deux journalistes morts, ça tombe bien, d'habitude Pépère est obligé de fabriquer des informations pour faire oublier ses bévues ou ses reculades. Moi j'habites au brésil depuis quelques années et je n'ai pas droit, comme vous en France, ' un grand choix de médias. Avec TV5Monde, c'est vraiment les nouvelles de l'Elysée. Je suis aussi sur blogspot. Amicalement

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  6. Les media feraient mieux de nous renseigner sur " toutes les précautions en matière de sécurité" dont ces journalistes ont bénéficié.

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  7. Je ne comprends pas ce qui vous étonne. On sait comment fonctionne le
    journal de 20 heures: fabriquer une émotion collective.
    Un violent dans une manif ou le meurtre d'un journaliste ça déclenche le processus émotionnel fédérateur plus sûrement que l'interview d'un ouvrier qui cherche du boulot.

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  8. Je ne comprends pas ce qui vous étonne. On sait comment fonctionne le
    journal de 20 heures: fabriquer une émotion collective.
    Un violent dans une manif ou le meurtre d'un journaliste ça déclenche le processus émotionnel fédérateur plus sûrement que l'interview d'un ouvrier qui cherche du boulot.

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