mercredi 4 septembre 2013

De la guerre et de ses crimes



L’actuel débat sur l’intervention en Syrie est certes passionnant. Figurez-vous qu’une ligne rouge, blanche ou noire a été franchie et ça, c’est intolérable. Rendez-vous compte : au nombre des victimes on compte d’innocents  enfants morts dans d’atroces douleurs, victimes du GAZ ! Beaucoup d’autres, enfants, femmes, vieillards, hommes  jeunes ou vieux conserveront à vie des séquelles de cette exposition.  Il est donc urgent d’aller larguer quelques bombes de plus sur ce malheureux pays, histoire d’enseigner à ses dirigeants la différence entre l’acceptable et l’inacceptable. Bien entendu, comme le soulignait Michel Desgranges, il se pourrait bien que ces frappes fassent quelques victimes innocentes mais, comme le disait si bien un de ces charmants professeurs communistes qui nous endoctrinaient en Terminale, « on ne fait pas d’omelette sans casser d’œufs » (il justifiait ainsi les peccadilles staliniennes).

Moi, cette histoire d’acceptable ou d’inacceptable, j’ai du mal à l’accepter quand on parle de guerre. Mille gazés, c’est pas bien. Cent mille tués, c’est correct. A croire que le bon vieux missile traditionnel, la rafale de mitrailleuse ou de Kalachnikov, le bombardement aérien, les tirs d’artillerie et jusqu’au poignard ou au sabre ne font jamais d’innocentes victimes, que les gens qui meurent broyés sous les décombres de leurs maisons ou après avoir reçu une rafale dans les tripes meurent dans de bien douces douleurs. A croire que ces méthodes traditionnelles ne laissent aucunes  séquelles aux survivants. A croire que les unijambistes, manchots, culs-de-jattes et autre gueules cassées que l’on croisait encore en  nombre dans mon enfance, suite à Grande Guerre, étaient autant de simulateurs faisant leurs intéressants.

Les crimes de guerre ou autres crimes contre l’humanité (ces derniers étant  généralement perpétrés durant des conflits) me semblent des notions stupides. Comme s’il existait des gentillesses de guerre ! Comme si la guerre, toute guerre, n’était pas un crime en soi. Eh oui, c’est triste à dire en nos temps de bellicisme de salon, mais je suis un pacifiste. Je n’aime pas les guerres. Même « justes ». Même de « libération ». Pur ou impur, je n’aime pas trop voir le sang abreuver nos sillons. Ce n’est pas que je place la vie humaine au-dessus de tout, je l’ai déjà dit, voir une crapule irrécupérable se faire trancher le cou m’émeut bien moins que l’ultra-sensible Badinter. Mais la guerre, elle, ne fait à de rares exceptions près, que d’innocentes victimes qu’elles soient militaires, civiles, hommes, femmes enfants ou vieillards. Et il semble qu’à terme elle ne résolve rien.  Les victoires d’hier préparant souvent les conflits et défaites de demain.

Mais, pomme à l’eau, que ferais-tu si l’on venait, jusque dans tes bras égorger ta fille et ta compagne ? Hein, que ferais-tu ?  Je n’en sais rien. Je n’ai pas de solution réelle, je crois simplement que, si possible, je tâcherais de quitter les lieux avant que les féroces soldats ne poussent leurs premiers mugissements. Contrairement à l’immense majorité de mes contemporains pour qui l’héroïsme est une seconde nature, je me comporterais en lâche, laissant le beau rôle et la gloire à ceux qui les méritent et qui seront, n’en doutons pas, légion.

Je sens que je vais me faire des amis. Car pour tous  les va-t-en-guerre (civile ou extérieure) le pacifiste est un monstre à massacrer en priorité avec toute la haine et le mépris qu’il inspire.

Et puisqu’en France tout finit par des chansons je vous en proposerai d’abord deux de Brassens que vous trouverez ici et , une de Ferré (sur un poème D’Aragon qui n’a pas écrit que des conneries) et pour finir, bien qu’il s’agisse d’un autre problème,  je vous suggérerai d’écouter ce que Félix Leclerc a pu chanter sur « Les 100 000 façon de tuer un homme ».

23 commentaires:

  1. Il n'y a pas de guerre "propre", il n'y a pas de bonnes guerres, je déteste toutes les guerres, moi aussi je suis lâche, peut être.

    J'ai lu hier l'interview complète de Assad, je le crois assez honnête, au vu de son passé, de sa jeunesse, ce "tyran" n'est probablement pas celui que l'on nous montre, l'histoire nous disait il y a quelques années, qu'il avait hésité à quitter sa vie à Londres et prendre cette charge (son frère aîné, dauphin, venait de mourir)

    Je pense que nos interventions font plus de mal que de bien, la Turquie me parait bien fragile si la Syrie devient islamiste, on dit que les pays du golfe, fournissent argent et armes à ces soi disant rebelles et vrais terroristes, quel pacte avons nous conclu avec eux?

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  2. Et puisque vous en êtes aux chansons, j'en ai une pour Hollande :
    "S'il faut verser le sang
    Allez verser le vôtre
    Vous êtes bon apôtre
    Monsieur le Président."

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    1. Comment osez-cous, Mildred ? Imaginez la perte que ce serait pour la galaxie !

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  3. Je partage entièrement votre sentiment. Les morts à la guerre (et les morts pendant la guerre) sont rarement ceux qui la déclarent. J'aurais pu mourir très jeune quand les bombes américaines tombaient (pour me libérer!). "Armons-nous et partez" semble être le mot d'ordre des princes qui nous gouvernent.
    Quand les va-t-en guerre tiennent le haut du pavé, c'est la lâcheté qui réclame le plus grand courage.

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    1. Il serait intéressant de connaître la proportion de morts de la seconde guerre mondiale due aux bombardements alliés...
      Ça doit être classé "secret défense".

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  4. pourquoi écrivez vous que vous êtes lâche car vous ne savez comment vous comporteriez face à des hordes assassines peut être en homme résolu comme beaucoup d'autres l'ont fait face à l'absurdité d'une guerre.

    L'histoire des batailles me passionne mais cela ne fait pas de moi un belliciste, je suis un passionné des armes et l'en possédais une quand je faisais du tir à titre sportif pourtant l'idée d'occire mon prochain ne m' a jamais traversé l'esprit même si par le passé , il m'est arrivé de remonter les moustaches 1m50 à quelques malotrus

    Non la guerre n'est pas belle, elle ne fait pas que des héros et de plus en plus les gans qui se battent ne connaissent pas et pourtant ils se massacrent, pourquoi, allez savoir.

    Nos "va t en guerre" modernes, eux restent à l' abri et cela qui me déplais le plus.

    Maintenant cette histoire de gaz me laisse sans réaction car je m'en tamponne le coquillard , ils peuvent se massacrer si cela leurs fait plaisir avec tous lmes moyens qu'ils peuvent trouver et quand il s'agit de réduire l'autre à un mas de chair, l'homme n' a jamais été avare pour inventer des armes ou des moyens pour le faire le plus rapidement possible.

    Je suis égoïste, non humain tout simplement.

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  5. Voilà un billet aux cheveux blancs comme je les apprécie.

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    1. Merci Al. Pas un peu corpulent également ?

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    2. Je l'ignore. J'ai failli le prétendre roboratif dans mon commentaire précédent pour parer à cette objection que j'attendais-, mais cela m'a semblé excessif. "Qui peut le plus peut le moins" dirai-je donc pour botter en touche -)

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  6. Etant fort paisible et tout à fait dépourvu de velléités belliqueuses, je vous donne raison.

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    1. Mouais, de la part d'un amateur de chansons où on s'étripe à qui mieux-mieux, ça me laisse un peu sceptique !

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  7. Cher Jacques Etienne, vous avez entièrement raison dans votre analyse et dans vos convictions. Attaquer la Syrie serait une action irresponsable qui ne réglerait rien en Syrie et embraserait la région, le Liban en premier lieu.
    Il aurait fallu, il y a deux ans, aider la Syrie à résoudre son problème politiquement en n'exigeant pas le départ de Bachar El Assad mais en menant une véritable action de médiation. Les belliqueux qui nous gouvernent, à la solde des états Sunnites, en ont décidé autrement et à cause de leur position tranchée n'ont fait qu'envenimer la situation.

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    1. "à la solde des états Sunnites," joli.

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    2. Ils attaqueront, quel qu'en soit le prix. Au nom de quoi au juste ?

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  8. Bonjour mon cher Jacques.
    Mais n'avez-vous pas entendu nos éminences hier? Nous, Français sans histoire, sommes en danger. Oui, en danger! Et pour cette raison nous devrions donner notre accord pour cette guéguerre que les politiques essayent de nous faire suivre comme un match de foot.

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    1. En danger, je n'en doute pas. Mais que rapport avec la Syrie ?

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    2. Et bien il y aurait un danger à ne pas leur mettre sur la gueule car ils auraient des armes chimiques et nucléaires et menaceraient le monde occidental avec ces armes.

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  9. Comme on disait dans le temps, "la peur du gendarme est le commencement de la sagesse". Eh bien la lâcheté en est l'accomplissement final.
    Tout est fait pour nous faire gober le contraire mais il convient de résister. Exemple: si à Marignane, le pauvre type qui s'est fait flinguer par l'ami Redouane, ou Marouane, je ne sais plus, avait été lâche, il vivrait toujours et profiterait de son opulente retraite d'Air France.
    La lâcheté et l'égoïsme, dans tous les domaines,sont des preuves éminentes d'intelligence.
    Laissons les Syriens régler leurs problèmes et occupons nous des nôtres, y a assez de boulot!
    Amitiés.

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    1. Dans le cas que vous évoquez, je ne sais pas si je ferais l'éloge de la lâcheté. Car si tout le monde baisse les bras, les racailles se croiront tout permis.

      En revanche, prendre parti dans un conflit ou personne ne m'apparaît blanc-bleu est une autre paire de manches.

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