jeudi 21 mars 2013

Désarroi d’un éleveur potentiel



J’envisage d’élever quelques oies. Quelle curieuse idée me direz-vous !  Pas si curieuse, rétorquerai-je. En effet, une partie de mon terrain est occupée par un tertre d’assainissement des eaux ce qui rend la tonte de l’herbe malaisée et éreintante. Or, me dit-on, l’oie est friande d’herbe et vous la tond impeccablement. Outre l’économie d’efforts l’oie présente l’avantage non-négligeable de pouvoir se déguster rôtie à Noël ou à toute autre occasion, ce qui n’est pas le cas de la tondeuse qu’elle soit thermique ou électrique. Conjuguer l’utile et l’agréable est un des atouts de cet anatidé.

Seulement, j’ai autant de connaissance sur leur élevage que sur la physique nucléaire ou la neurochirurgie. Ne me laissant pas décourager, je fais comme  tout un chacun lorsqu’il veut installer une centrale nucléaire dans son jardin ou opérer sa belle-mère : des recherches sur Internet. Et c’est là que les choses se corsent : car les informations que j’y trouve sont aussi contradictoires que nombreuses. Sur des forums dédiés à ces volatiles, les divergences  sont aussi marqués que celles que l’on constate en lisant un blog d’un réac et celui d’un mélenchonniste. Pour les uns, si on ne veut pas retrouver son enclos vide, il est indispensable de le protéger de toute part : grillage enterré, abri dont la porte ferme  à double tour, protection aérienne etc.  Pour d’autres, l’oie est une robuste luronne qui non seulement  ne craint aucun prédateur mais joue le rôle d’un chien de garde  donnant « la chasse au gens portant bâtons et mendiants » .Elle possède sur cet animal, sauf pour nos amis chinois, le même avantage que je signalais plus haut au sujet de la tondeuse. De plus, la bougresse a horreur d’être enfermée : ça lui donne des boutons. C’est tout juste si on ne vous conseille pas de tenir éloignés d’elle le lion ou le tigre qui vous tiennent lieu d’animal de compagnie si vous ne souhaitez pas que n’en restent que les os et quelques touffes de poils imprégnées de sang.

Tout ça est bien embarrassant ! Mais ce n’est pas spécial aux forums avicoles. Ceux de bricolage ne le sont pas moins. Tel vous dira que le cœur de votre réacteur nucléaire est très bien protégé quand on l’entoure d'une feuille de papier d’alu, tel autre qu’il faut confectionner autour  une ceinture de béton d’au moins vingt centimètres d’épaisseur, tel autre encore que plusieurs fusions du réacteur l’ont fait renoncer à cette technique somme toute assez délicate  et à opter pour une éolienne laquelle lui donnerait toute satisfaction si ses oies n’avaient pas une fâcheuse tendance à en bouffer les pales.

Comme disait le bon Vladimir Ilitch Oulianov, mais à propos de toutes autres questions (il n’a à ma connaissance que très peu écrit sur l’élevage des oies dans les collines du bocage normand) : « Que faire ? » Écouter les optimistes ? Laisser les oies en liberté sans abri fermé ? Prêter l'oreille aux pessimistes et protéger leur faiblesse de toute part ? Ne pas s’emmerder avec des putains d’oies ?

Je crois que la meilleure solution sera d’interroger sur le sujet  un marchand d’oisons au marché et de suivre ses conseils éclairés.

19 commentaires:

  1. Ah, les forums, quelle belle invention!
    Cela dit, pour les oies, je pense qu'il convient de se référer à celles du Capitole qui firent, si j'ai bonne mémoire, fuir nos ancêtres les Gaulois.
    Je n'y étais pas, mais si l'histoire est correctement rapportée, elles se baladaient en liberté, ces oies antiques.
    Enfin moi, ce que j'en dis...
    Amitiés.

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  2. Une petite escapade en Périgord pour visiter une ferme ? j'en ai vu une où les bestioles avaient un grand pré à leur disposition, mais je ne me rappelle aps si on les rentrait la nuit

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  3. Ex-citadin, j'ai moi aussi habité quelques années dans des collines normandes. J'ai élevé quelques oies. Méfiez-vous des conseils du marchand d'oisons du marché.
    Si vous voulez profiter de mon expérience, il suffit de demander.

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    1. Je vous confirme mon intérêt par contact sur votre blog. Merci !

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  4. J'ai perdu une oie, trés probablement attaquée, tuée et laissée pour compte par une renarde. C'était en septembre et je ne m'étais pas méfié des petits cris que j'entendais le soir... J'avais un chien et j'avais espéré que sa présence éloigne les prédateurs.
    Donc, soit un grillage serré au sol, soit les oies sont rentrées et comptées le soir. Une renarde qui élève ses petits n'hésitera pas !
    Amike

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  5. Ne prêtez l'oreille ni aux optimistes ni aux pessimistes.
    Mais pensez au bruit des oies ! A toute heure !
    Un oiseau se perche sur une branche, elles approuvent.
    Un chien passe, elles approuvent.
    L'avantage, c'est que si un intrus essaie d'entrer, elles vont désapprouver.
    Faites votre expérience ^^
    Cela dit, je pense qu'elles mourront de vieillesse, vos oies !

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  6. Robert-Tugdual Le Squirniec n'a-t-il rien écrit sur l'élevage d'oie ?

    Soit dit en passant, votre projet me fait douter de votre patriotisme. Tout le monde sait que ces funestes volatiles ont empêché nos ancêtres les Gaulois de prendre le Capitole, ce qui devrait leur valoir la rancune éternelle de tout Français au coeur loyal.

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    1. Autant que je sache, Robert-Tugdual Le Squirniec n'a écrit que sur l'élevage des canards. Magistralement.

      N'étant pas rancunier, je considère que l'affaire du Capitole est frappée de prescription.

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  7. Pensez au Baudet mails il est vrai que je suis partial car si il m'arrivait de m'installer à la campagne, je serais assez heureux d'avoir un baudet celui de marque Poitou me plait beaucoup.

    Si la dame oie est une dure à cuire, son époux, le jars est encore plus vindicatif selon ce que m' en avait dit ma mère, dame née en Ariège.

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    1. Attention au baudet ! D'abord, considérer le fait qu'il est parti pour vivre une trentaine d'années : en général ça calme.

      Ensuite, qu'il ne peut pas vivre seul sous peine de dépérissement rapide. Il faut donc deux ânes, ou au minimum une chèvre pour lui tenir compagnie.

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    2. Mais, Didier, tant que je serais là l'âne ne serait pas seul!
      Pour des raisons culinaires, je lui préfère cependant l'oie.

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  8. 50 oies à 20m de chez moi pendant 15 ans, renouvelées chaque année.
    Donc jeunes. Une oie de 6 mois fait peu de bruit, ne vole pas donc se contente d'un grillage d'1 mètre, se fait manger par les renards la nuit si elle n'est pas enfermée dans du dur.
    Et si elle grignote de l'herbe, elle mange aussi du grain en sérieuse quantité.

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  9. Notre voisin-menuisier a deux oies et les rentre la nuit.

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