jeudi 21 février 2013

Mettons-nous vite à l’Haoussa !



L’enlèvement de sept ressortissants français dont quatre enfants a suscité chez  les meilleurs d’entre nous une vive et compréhensible émotion. Depuis ce matin, la prétendue libération des otages, puis leur éventuelle localisation, a offert à nos chers dirigeants une nouvelle occasion de nous régaler d’un de ces festivals de déclarations contradictoires qui ne sont pas pour rien dans leur popularité.

Cette agitation médiatique a fait passer inaperçu un phénomène linguistique de première grandeur. En effet, le groupe terroriste que l’on accuse d’être à l’origine de cette action odieuse se nommerait « Boko Haram »* ce qui, en Haoussa, signifierait  «l'éducation occidentale est un péché» (Source). Étonnant, non ? Ainsi dans cet intéressant idiome, deux mots suffisent pour exprimer ce qui dans le notre en nécessite six !  Neuf caractères pour  dire ce qui en français en demande trente-deux !

La langue française, c’est bien connu, manque de concision. Déjà, par rapport à l’anglais, nous employons 30% de signes de plus pour écrire la même chose. Ne faut-il pas voir là une des raisons qui justifie la perte d’audience de la langue de Coluche au profit de celle de Jasper Carrot  (Molière et Shakespeare, si vous préférez les clichés)?

Pour  l’haoussa, le rapport est encore meilleur. Une telle concision présenterait, si nous avions la sagesse d’abandonner notre langue trop complexe à son profit, d’immenses  avantages. Par exemple, l’examen de la loi sur le mariage pour tous aurait pu être mené en trois coups de cuiller à pot au lieu de mobiliser si longtemps nos élites.  Il faudrait trois fois moins de papier pour imprimer tous nos chefs d’œuvres  littéraires. Un discours de François Hollande durerait trois fois moins longtemps ou pourrait pour la même durée nous éclairer dans trois fois plus de domaines.

Tout plaide en faveur de l’adoption de l’haoussa. Je crains cependant que les pesanteurs sociologiques et les mentalités rétrogrades qui nous ont déjà fait louper tant de coches  n’empêchent que nous prenions cette sage décision.

*Je suppose qu’en haoussa « Sophia Aram » signifie « Celle qui en causant dans le poste certains matins avant neuf heures sur la RSC™, nous fait tant rire »

8 commentaires:

  1. Cher Jacques, à mon grand regret, je ne puis souscrire à votre suggestion. Boko Haram pourrait, en suivant et poussant votre argument [mode _celle_dont_on_ne_dit_pas_le_nom : OFF] à son paroxysme, être traduit par OTAN pourri, voire F r a n c e c a c a (les espaces pour ne pas nuire à votre réputation en cas de requête incongrue).

    Je crains cependant que cette forme de langage gagne du terrain.

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    1. Vous n'avez peut-être pas tort. n'empêche quelle concision !

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  2. Hollande a dit : "Pour le moment, le mieux est de travailler dans la discrétion pour d'abord identifier la place exacte où seraient retenus sans doute en deux groupes nos ressortissants et comment nous pourrions les faire libérer dans les meilleures conditions."
    Si on traduit, en haoussa ça se dit : "Motus et bouche cousue".

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  3. "L’enlèvement de sept ressortissants français dont quatre enfants a suscité chez les meilleurs d’entre nous une vive et compréhensible émotion."

    Pourtant, Aristide n'en a pas parlé.

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    1. Je ne parlais pas de ce genre de "meilleurs d'entre nous", mais de l'autre...

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  4. Il reste encore des coins où l'on s'exprime avec concision.
    Ah? Où ça?
    Amitiés.

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