dimanche 9 décembre 2012

Des avantages de l’amnésie littéraire



Que vais-je bien pouvoir  lire ? Alors que je suis sur le point de terminer le dernier Robert Rankin sorti courant novembre et que le rythme de publication de mon auteur favori ne laisse rien espérer avant fin 2013 cette angoisse m’a saisi. Elle fut fugace. En effet, j’ai l’embarras du choix.

Je peux renouveler mon abonnement à la médiathèque et commander à la Bibliothèque Centrale de Prêt de la Manche tous les ouvrages qu’ils n’ont pas et que recommandent mes blogueurs préférés. La responsable s’en fera un plaisir tant elle a intérêt à lutter contre la désaffection du livre et les menaces que cela fait planer sur son avenir professionnel.

Je peux lire les quelques classiques que j’ai récupérés lors du sabotage de la bibliothèque du collège qu’opéra ma chère directrice peu avant mon départ parmi lesquels « La Guerre et la paix » (ce qui ne se fait pas en cinq minutes) , « Martin Eden » de Jack London  et autres « Jane Eyre ».

Je pourrais aussi, pour le quarantième anniversaire de leur achat effectué en mai 1973, essayer de dépasser les  premières  dizaines de pages des deux tomes d’Ulysse. Seulement pour que cette célébration ne soit pas prématurée, il me faudra attendre le printemps prochain.

Mais j’ai surtout une source quasi-infinie de lecture : les centaines de livres que j’ai déjà lus et dont je ne garde absolument aucun souvenir.  Car je bénéficie (ou souffre)  d’une totale amnésie littéraire. Je suis infoutu de me souvenir ne serait-ce que du sujet de la quasi-totalité des livres que j’ai lu. A part bien entendu des documentaires dont le titre met normalement sur la voie. Au point que des esprits malintentionnés pourraient m’accuser de n’avoir pratiquement rien lu de ma vie. Alors que depuis que je maîtrise la lecture j’ai du lire des milliers d’ouvrages. Avant même de pouvoir lire, je tarabustais mon frère aîné pour qu’il lût pour moi. A l’adolescence, il m’arrivait de lire plusieurs livres par jour quand j’en avais le temps. Que reste-t-il de tout cela ? Rien ou presque.

Ce phénomène est d’autant plus intriguant  que ma mémoire est encombrée d’une multitude de faits historiques, de paroles de chansons, de poèmes, de tirades, d’anecdotes ou de chiffres qui me rendent redoutable en matière de quizz. Je me souviens de qui à écrit quoi mais pas de ce qu’il a bien pu y dire.

Un peu comme ce personnage de René de Obaldia qui ne lisait que sa collection du « Petit Gaulois » des années 1880 et prétendait qu’à peu près tout s’y trouvait, ma curiosité s’est émoussée. Et puis à quoi bon lire des nouveautés qui bientôt sombreront dans l’oubli ? Pour en donner de brillants aperçus à qui me lira ? Je n’en ressens aucune envie comme je doute d’en être capable. Si l’on ajoute à ça que je consacre moins de temps à la lecture, je crois bien avoir sous la main de quoi m’offrir  d’agréables moments livresques  jusqu’à la fin des temps. Ou plutôt exactement du mien.

18 commentaires:

  1. Je me demande si on en est pas tous là (je parle de l'amnésie). S'il m'arrive, comme c'est le cas en ce moment, de relire mon journal de 2008 ou de 2009, je tombe sur des auteurs que j'affirme être en train de lire et dont même le nom ne m'éveille aucun souvenir, seulement trois ou quatre ans après…

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    1. @ Jacques : ce que vous écrivez d'Ulysse m'ôte tout scrupule quant au Girard, qui prend la poussière depuis 5 ou 6 ans au chevet de mon lit.

      @ Didier : ça rassure !

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  2. Pareil il m'est arrivé d'acheter deux fois le même livre à quelques années d'intervalle et lors d'un déménagement de me rendre que je l'avais en double exemplaires.

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  3. Bonjour Jacques-Etienne,
    Bonjour à tous,

    Pour ma part, il en est des livres comme des films, je ne supporte pas une 2ème fois. Je me fais parfois piéger car MON amnésie (chacun la sienne), concerne les pages de couverture. Mais dès l'instant où j'entame la lecture, l'histoire me saute à la figure et je referme rageusement le bouquin.

    Il y a tellement d'auteurs et de textes à découvrir que j'ai le sentiment que relire est une perte de temps. Par contre, il m'arrive assez souvent de photocopier des pages qui à mons sens, méritent d'être conservées comme des trésors.

    Je n'aime pas garder les bouquins ; Ils sont trop envahissants. Aussitôt lus, aussitôt rendus à ma bibliothèque ou donnés aux lecteurs de mon entourage.

    En petit-déjeunant, je fais le tour de la dizaine de blogs que j'ai pris l'habitude de visiter. Voilà 3 matins que j'ai comme une impression de malaise après être passée sur celui de Didier Goux qui a commenté plus haut. Les textes sont toujours très bien écrits et la nulle en histoire que je suis est souvent effarée par ce qu'elle y découvre comme ce fut le cas ce matin.

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    1. Mille pardons de vous gâcher vos petits-déjeuners ! Il est vrai que mes lectures, ces derniers temps, sont plutôt… roboratives.

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    2. J'ai de moins en moins cette impression de déjà vu... D'où pas l'impression de perdre mon temps.

      Pour ce qui est de Didier, c'est vrai que ses lectures du moment n'engendrent pas l'hilarité !

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  4. Mais les livres qui vous ont bouleversé, vous les oubliez aussi?
    Je m'étonne que vous vous demandiez quoi lire. En septembre dernier les éditeurs ont
    édité plus de 400 romans français et 200 romans étrangers. Ce serait ballot d'ignorer
    cette richesse créative.

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    1. En fin de compte, très peu de livres m'ont vraiment bouleversé. Du moins de manière durable. A l'adolescence, vu qu'on découvre tout, on est assez facilement troublé mais à la relecture, on ne comprend pas toujours pourquoi. En dehors de quelques Romain Gary (en particulier "L'Angoisse du roi Salomon" et "Clair de femme") et du Voyage, peu d'oeuvres continuent de m'enthousiasmer.

      Quant aux nouveautés... Disons que ce qu'on porte aux nues m'a si souvent déçu que comme le chat du proverbe je me méfie de l'eau froide...

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  5. Moi, c'est pareil : j'ai l'amnésie littéraire - normal -, l'amnésie cinématographique - un peu moins normal - et même l'amnésie de ma propre vie - ce qui pourrait bien être pathologique.
    J'ai écrit un journal pendant quelques mois dans les années 70, et quand les gens qui le lisent, me disent tu te souviens de ceci ou de cela, je ne me souviens de rien.
    Par contre sur les comptines de mon enfance, je suis imbattable !
    Et l'autre jour regardant le ciel noir d'hiver, je me suis surprise à chanter :
    "Madam' la Neige, madam' la Neige
    Réveillez-vous !
    Les vitres regardent
    Avec les yeux ronds
    Laissez tomber
    Vos jolis flocons
    Ne voyez-vous pas
    Que l'hiver est là ?
    Madam' la Neige, madam' la Neige
    Réveillez vous !

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    1. J'aimerais avoir vote amnésie concernant ma propre vie ! Tant d'anecdotes et de souvenirs, plus souvent mauvais que bons, me reviennent que j'aimerais bien m'en débarrasser...

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    2. Des histoires de saucisses et d'anglaises par exemple ?

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    3. Non, dsl, ça ça serait à ranger parmi les agréables...

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  6. Profitez en, relisez. Et comme le temps fait son oeuvre de
    sélection, ne gardez que le meilleur et oubliez le reste.
    Amitiés.

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  7. "Copier, c'est lire sept fois."

    Par conséquent, si vous voulez lutter contre l'amnésie, il faut lire en prenant des notes. Personnellement, c'est ce que je fais. Si je ne retiens pas forcément les intrigues des romans complexes (comme ceux de Dostoïevski), je retiens au moins des phrases qui m'ont plu.

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  8. Moi, c'est le contraire, je retiens tout ou presque. Par contre, ne me demandez pas de retenir des chiffres.

    En fait, les amnésiques littéraires, vous lisez sans intérêt et sans plaisir, pour lire, quoi. Voilà pourquoi vous oubliez tout.

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    1. Le plaisir n'est pas absent. L'intérêt, peut-être. Lire pour lire ? Pourquoi pas ? On vit bien juste histoire de vivre.

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