mercredi 7 novembre 2012

Touche pas à mon steak !



J’apprends avec effarement qu’un supermarché  situé dans un quartier « populaire » de Lille vient d’équiper d’antivols les steaks emballés sous vide d’une célèbre marque dont je tairai le nom, lesquels se vendent à un prix dépassant les20 Euros du kilo.

La RSC, où « La voix est libre », évoquant l’affaire,  a donné la parole à plusieurs personnes afin qu’elles commentassent ce scandale majeur. On a eu droit à un festival de remarques intelligentes. Mettre des antivols serait un signe de défiance vis-à-vis du client, ce qui est choquant vu qu’il n’arrive jamais à personne de voler quoi que ce soit dans aucun magasin. On a eu droit à la déclaration d’un brave jeune qui ne se sentait pas concerné, vu qu’il n’achetait pas de viande, n’en ayant pas les moyens. Bien entendu, on n’échappa pas à la remarque sur la crise qui poussait  d’honnêtes gens repentis à recourir au vol pour se nourrir. Ventre affamé n’a pas d’oreilles  et, comme chacun  sait, la moralité se niche dans le conduit auditif.

Ces réactions donnent à penser.

Sauf à être atteint de paranoïa aiguë, il me semble probable que si le directeur du supermarché a pris cette décision c’est suite à de nombreux vols. Poser et retirer les antivols prend du temps et le temps, ça coûte. Cette défiance ne serait donc pas si injustifiée que cela.

Le jeune homme qui renonce à la viande trop chère doit cacher sous une impécuniosité  de bon aloi une tendance inavouable au végétarisme. Logiquement, en tenant compte la troisième réaction, si tel n’était pas son cas, il devrait en voler.  A moins qu’il ne soit tout simplement honnête ?

L’argument qui consiste à dire que la faim justifie ces vols ne me paraît que moyennement crédible. C’est le prix des articles protégés qui  me fait tiquer.  Pourquoi les victimes de la crise ne volent-elles pas des côtes de porc ou des escalopes de dinde, plutôt que des viandes  chères ? Vous me direz que tant qu’à se faire voleur, autant voler des choses de prix. Je suppose que vous avez raison. Mais dans ce cas elles ajoutent  le goût du luxe à leur  vilaine tendance à commettre des larcins. Ce qui n’est pas bien.

En fait l’argument de la crise ne tient pas si l’on considère les autres produits généralement protégés par des antivols, par exemple les bouteilles de whisky et les lames de rasoir. Si on peut à la rigueur admettre que des malheureux tentent d’oublier la crise en s’alcoolisant, il est beaucoup plus douteux qu’ils y parviennent en se rasant…  A moins que ce ne soit pour se couper l’appétit…

Plutôt que de justifier le vol de steaks par le besoin et les circonstances économiques, je crois que, sauf rares exceptions, il vaudrait mieux admettre qu’il résulte, dans le meilleur des cas, d’un désir d’obtenir  ce que ses moyens ne permettent pas de se payer.  Je dis dans le meilleur des cas parce que les voleurs ne sont pas nécessairement impécunieux.

Et si cela était dû à une crise morale plus qu’économique ?

28 commentaires:

  1. La crise morale c'est quand dans un pays de tradition paysanne on en est réduit à faire ses courses dans des magasins qui cadenassent la barbaque, si vous voulez.

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  2. "C’est le prix des articles protégés qui me fait tiquer. Pourquoi les victimes de la crise ne volent-elles pas des côtes de porc ou des escalopes de dinde, plutôt que des viandes chères ?"
    Oh que cette remarque est pertinente Jacques!

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  3. Voilà une analyse fort pertinente de ce qui se dit dans l'poste, ce qui n'est pas évident pour moi, à l'heure ou les paupières peinent à s'ouvrir pour faire tomber difficilement une cuiller de poudre dans le bol -et non à côté.

    Amicalement.
    Ali -à l'o

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    1. Heureux homme qui n'avez pas été en mesure d'entendre toutes les âneries sur Obama !

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  4. Je ne comprends pas, l'amoralité de notre société est engagée depuis quelque temps. Cela se sent, se constate assez facilement. Voici peu de temps, j'ai du m'arrêter en voiture parce que deux femmes, dont une bien avancée en âge, discutaient au milieu de la route, l'une dans son véhicule. Elles ont mis un certain temps avant de me faire de la place. Je n'avais rien dit pour voir jusqu'où irait leur irrespect. C'était la première fois de ma vie en cinquante ans. Et c'est partout ainsi. Je n'achète plus d'occasion sans de solides garanties, quand je fais un appel de phares à quelqu'un qui a été imprudent, les gens réagissent avec agressivité...
    Jard
    Jard

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    1. Le plus choquant c'est encore les enfants dans les magasins.

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    2. Et encore ! J'imagine votre coin encore épargné par les rues piétonnes ou interdites à la circulation automobile le samedi : les stridulations des mômes y deviennent alors assourdissantes !

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    3. Chez moi la route est vachère, pas piétonne !

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    4. Et bien une vache qui meugle, ou beugle, est toujours moins pénible que les cris d'un enfant qui a fait tomber par terre sa niniche -ou sa glace sur vos pieds.

      Dixit Ali bab-el-ouest

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  5. Mais il y a tout de même une bonne nouvelle.
    C'est d'ailleurs étonnant qu'on n'en parle pas dans le poste, le prix du mouton a sensiblement baissé.

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  6. Vie et mort des blogueurs, que deviennent Grandpas et Majeur ?

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    1. Vie et mort des blogueurs
      Que deviennent Grandpas et Majeur ?

      C'est mieux comme ça je trouve.

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    2. Voyons...
      Il n'est jamais venu chez vous ?
      Rare mais toujours pertinent.

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    3. Il semblerait qu'on puisse survivre sans !

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  7. Il y a peu, le rayon viande de Ed l'épicier de Palaiseau a été totalement dévalisé en plein jour par une bande de roms.

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    1. Koltchak, vous errez ! Les Rroms ne sont ici que pour trouver un emploi,scolariser leurs enfants et accessoirement rendre service aux personnes âgées.

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    2. Pour les personnes âgées, je suis d'accord avec vous. Il y a 3 semaines ils ont délesté une petite vieille de son collier en or, à l'arraché. C'est ce qu'un anticapitaliste appellerait une opération de réappropriation.

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    3. Si en plus la petite vieille a eu un infarctus suite à son agression, c'est un service signalé rendu à la sécurité sociale.
      Il me semble que l'on devrait leur accorder la médaille du travail.

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    4. Si vous saviez à quel point j'éprouve de la tristesse dès qu'un petit vieux se fait agresser. J'ai d'abord de la peine, et ensuite, sentiment peu glorieux sans doute, de la colère, mais une colère telle que je ne supporte plus aucun discours de gauche. Cette gauche qui nuance la délinquance, je la déteste. Je me retrouve confronté à mes propres limites concernant ce qui est supportable ou pas.
      C'est très commun, pas très moral, mais je déteste les agresseurs, les cambrioleurs...

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    5. Pierre, ressaisissez-vous que diable !
      Cette vieille rombière, capitaliste non repentie, exhibait sa joncaille à qui veut la voir. C'est un comportement obscène dans une république socialiste. Elle n'a eu que ce qu'elle méritait. :-)

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    6. Allez, ça marche, je me ressaisis.
      Merci Koltachak, 2ème fou rire de la journée suite à la lecture d'un commentaire.

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  8. Tss, tss, tss. Vous êtes décidément têtu. Allons, répétez après moi : "C'est la faute de la société-eu", "c'est la faute au capitalisme-eu".
    Ca vous revient maintenant?

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    1. Mais oui, ça me revient ! Vivrai-je suffisamment pour expier ? Je m'y mets dès maintenant.

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  9. On pourrait quand même se demander pourquoi ces gens
    n'éprouvent pas le besoin d'antivoliser les saucissons pur-
    porc, lesquels sont pourtant hors de prix et faciles à dérober.
    Je livre à votre réflexion, comme ça, en passant.
    Amitiés.

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