jeudi 6 septembre 2012

La vie éternelle


Ceux qui me connaissent ou me suivent me savent non croyant et hermétique à toute considération métaphysique ou même spirituelle. Ne passant pas ma vie à taper sur la religion, reconnaissant l’importance qu’à eu dans mon éducation et dans l’histoire de mon pays l’église catholique, je fais un bien mauvais athée. On m’a souvent refusé ce dernier qualificatif lui préférant celui d’agnostique. « Personne qui pense que l'absolu est inaccessible, et qui est donc sceptique vis-à-vis de la religion et de la métaphysique. » Admettons. D’un total scepticisme.

Et ça ne va pas en s’arrangeant. Avec l’âge on se rapproche forcément de la fin, celle-ci fût-elle due à cet épuisement total qui menait à ce qu’il était convenu d’appeler la mort de vieillesse. Et pourtant, je ne ressens aucune angoisse particulière à la perspective de mourir. Oh bien sûr, ça m’ennuierait un peu. Je me suis toujours connu vivant. Ne plus me connaître du tout serait un choc. Ou pas. En fait, je n’en sais et n’en saurai jamais rien.

La longévité, ce substitut modernoeud  à la vie éternelle ne m’intéresse pas particulièrement comme je l’ai déjà dit. Quant à la vie éternelle…

En tant qu’agnostique, j’ai du mal à la concevoir. Et à quoi servirait-elle ? On me parlera purs esprits vivant dans la contemplation. Je veux bien. Mais si je devenais un pur esprit, je ne serais plus moi. Sans renter dans les détails j’ai toujours été plus amateur de joies physiques  que spirituelles. Il ne me souvient même pas d’en avoir goûtée ne serait-ce qu’une seule. Quant à la contemplation, moi qu’une seule journée où je n’ai rien fait de mes dix doigts déprime profondément… Pour apprécier une telle condition, il faudrait que je sois quelqu’un d’autre..



Vous me direz, il y a l’enfer. S’il consiste en la simple privation de la contemplation de mon créateur, je ne vois pas au juste en quoi, moi qui ne lui consacre aucun temps, en être privé pourrait m’ennuyer. Reste la vision traditionnelle : en train de brûler dans un feu éternel avec des diablotins qui vous piquent le cul à coups de fourche, ça parait un peu moins monotone. Ça s’inscrit dans le droit fil de ce que fut parfois la vie mais en nettement pire. M’étant une fois brûlé une main entière à l’essence, je trouve ça plutôt sévère. Disproportionné.  Si notre si bref passage terrestre est un examen, infliger au recalé, quoi qu’il ait fait, un tel châtiment me paraît abusif. Et puis, de la part du Responsable Suprême, ça aurait un côté mesquin. Je ne Le vois pas pire que le pire des hommes, incapable de la moindre pitié. Surtout s’Il est omniscient et qu’Il connait les moindres méandres de nos esprits comme de nos (plus ou moins) tristes vies.




Quoi qu’il en soit, comme pour bien des choses, ce n’est pas moi qui décide. Si vie éternelle il y a, il faudra bien s’y faire. Mais pour en avoir le cœur net, il faudra d’abord mourir. La belle mort qu’on  nous propose, vous savez, celle qui vous envoie ad patres sans crier gare, ne me dit rien du tout. Je préfèrerais qu’on me laisse le temps de me retourner, de rendre mes livres à la bibli, de finir de trier mes papiers, et tout plein de choses visant à ne pas trop compliquer la vie de mes proches. Et tant pis si ça a pour conséquence de passer par d’affreuses souffrances : on ne peut pas tout avoir. N’importe comment, ce n’est pas moi mais la vie qui une fois encore en décidera. Il faudra bien faire avec…

13 commentaires:

  1. Et s'il y a quelque chose, vous reviendrez sur ce blog pour nous pondre une petite brève : "les amis, y'a kekchose !"

    Mais ne vous pressez pas pour autant : je supporte très bien l'incertitude ;)

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    1. Il semblerait que s'il y a quelque chose la communication passe mal. Un peu comme entre les collines et le reste du monde.

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  2. Ne vous en faites pas, ça viendra toujours bien assez tôt.
    Ca me rappelle la petite comptine que chantait une amie de ma grand-mère:
    Quand on est mort on est foutu,
    On est foutu dans un bière,
    Les asticots nous bouffent le cul,
    Quand on est mort on est foutu.
    Vous me direz que je me sers un peu trop de ce "on est foutu", que ce n'est pas très littéraire et pas non plus très drôle.
    Oui, d'accord, mais je crains bien que ce soit vrai.
    Amitiés.

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  3. "Mais si je devenais un pur esprit, je ne serais plus moi."
    Certes, mais vous n'êtes pas non plus ce corps, et cses joies "physiques" qui semblent vous avoir comblé ne sont pas non plus des choses matérielles.
    S'identifier à son corps, à la seule matérialité de la vie me semble une erreur car l'essentiel de la vie est immatériel (les sensations, les pensées, les joies, les peurs, les idées...).
    Cela ne prouve rien quant à la vie éternelle mais cela remet en question à mon sens cette apparente primauté de la matière qui n'est qu'une illusion.

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    1. Comblé, n'exagérons rien...
      N'empêche, je doute que privé de support matériel, comme le cerveau, il y ait beaucoup de pensées, de joies,etc.

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  4. Mezigue je m'en tamponne je suis déjà un pur esprit comme tout un chacun l'aura remarqué..

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  5. Un professeur de médecine de ma connaissance qui enseigne l'anatomie me posait un jour cette question : est-il imaginable que le simple hasard ait pu produire une mécanique aussi complexe que le corps humain ?
    Vous pouvez appeler ce hasard nature, ou évolution ou ce que vous voudrez si vous préférez.
    Il a fallu des milliers d'années pour que l'humanité toute entière parvienne à concevoir et à fabriquer un simulacre mécanique pas même capable de pisser tout seul. Et encore, en y mettant une sacré dose de volonté.

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    1. Pourquoi pas par hasard ? Après tout, l'homme n'a, comme le cafard, que les organes qui permettent sa survie temporaire. S'il ne les avait pas, il ne serait pas là pour s'émerveiller sur sa nature.

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    2. Oui mais quels organes !

      Le hasard n'est pas exclu mais plus la mécanique est complexe, plus la probabilité du simple hasard diminue. Et plus notre science progresse, plus nous mesurons l'extrême (infinie ?) complexité du corps humain, et de tout ce qui l'entoure.

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    3. Si la complexité vous mène vers la foi, je n'y vois aucun inconvénient. en ce qui me concerne, elle ne me mène nulle part et m'apparaît normale. Mais je vous l'ai dit : la métaphysique et moi ne nous fréquentons pas.

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  6. L'immortalité, pour en faire quoi?

    Magnifiques illustrations de ieronymus van Aken dit Jérôme Bosch.

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