jeudi 21 juin 2012

Espagne, le retour




Hier, nous fûmes en Espagne. Juste une incursion frontalière. Au nom de la quête charcutière. Nous allâmes déjeuner, ma foi correctement, dans un restaurant du col d’Ibardin bénéficiant  de vues imprenables d’un côté sur les Pyrénées et de l’autre sur un groupe e Tamalous en goguette. Le prix m’étonna, vu que pour celui d’un plat du jour en (pas si) Doulce (que ça) France, nous eûmes entrée, plat de résistance, dessert et quart de vin rosé. L’entrecôte s’avéra d’une tendreté remarquable. Rassasiés, nous nous dirigeâmes vers un des nombreux magasins qui offrent à la concupiscence des touristes français force produits à prix avantageux :  alcools, vins, charcuteries, cigarettes, conserves de poulpes, olives fourrées, huile dudit animal, produits de beauté, que sais-je encore ?

Comment font-ils ?  Peu importe.  Ils font. Le seul problème, c’est qu’il faisait une chaleur à ne pas mettre un Malien dehors. Alors, mon appétence pour les alcools forts et les charcuteries s’en trouva amoindri. C’est sans trop d’enthousiasme que je fis cependant quelques emplettes.

J’achetai également des cigarettes. Plus de deux euros moins cher par paquet qu’en (décidément pas) Doulce (du tout) France. J’en pris deux cartouches. Et ce fut l’occasion de constater que ce cher vieux pays était en marche. Traditionnellement, en lieu et place de « Fumer tue » ils inscrivaient, entre autres avertissements sanitaires, « Fumar puede matar ». Fumer peut tuer, ça laisse de l’espoir… On peut se dire qu’avec un peu de chance on peut fumer et  s’en tirer, mourir d’autre chose, par exemple. Il était urgent de corriger. Maintenant c’est « Fumar mata » qui prévaut. C’est inéluctable : tu fumes, tu en meurs et puis c’est tout. Il n’y a pas à tortiller face à l’inéluctable.  Ça c’est de la mise en garde !

Mon premier voyage en Espagne fut en 1969. 43 ans déjà ! J’y étais allé en stop. Comme je travaillais, je pouvais me permettre de descendre dans des 3 étoiles tout à fait corrects et de manger au restau. J’y avais passé la Semaine Sainte.  A Madrid j’avais pu voir armée, croix rouge, phalange, défiler au pas de l’oie suivis d’une interminable kyrielle de confréries de pénitents  différenciées par les couleurs vives de leurs robes. Les régiments allaient en cœur se confesser en vue de Pâques, créant  de longues files d’attente devant les églises. Un autre monde…

Dieu et UE merci, tout ça s’est arrangé. L’Europe s’uniformise. En dehors de ses monuments, le seul intérêt d’un pays finira par devenir le tarif avantageux de quelques produits. Pour combien de temps ?

21 commentaires:

  1. Je me suis souvent demandé pourquoi vous privilégiez si souvent les billets écrits au passé simple au lieu d'employer le présent de narration qui me semble tellement plus léger que le "nous fûmes", "nous allâmes" etc ?
    J'ai quelques jolis souvenirs d'Espagne ou plutôt de la Costa Bava ce qui n'est pas tout à fait la même chose, paraît-il.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. J'aime bien le passé simple :il a un côté suranné et vieille France comme son frère morphologique l'imparfait du subjonctif.

      Supprimer
    2. Je ne vous dirais pas le contraire. Un passé simple ou un imparfait du subjonctif au détour d'un phrase crée en général une heureuse surprise. Mais il n'empêche que tout un texte au passé simple peut sembler lourdingue.
      Mais comme dirait Carine : "Ce que j'en dis..."

      Supprimer
  2. Costa Brava veux-je dire.
    Et tant que j'y suis je voulais parler de Pals ce village médiéval si joliment restauré.

    RépondreSupprimer
  3. Ah ! le chanceux, qui a connu l'Espagne au beau temps du Général ! Chance que je n'ai pas eue, pour ma part. comme me le répétait l'un de mes anciens rédacteurs en chef : « La mort de Franco a porté un coup fatal au tourisme espagnol… »

    (Et tout mon soutien pour le passé simple !)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Désolée de vous contredire, mais l'Espagne que j'ai traversée une fois "au beau temps du Général", il ne fallait pas avoir peur d'y laisser sa voiture tant les routes étaient défoncées.
      Mais après tout, peut-être en est-il de même des routes défoncées que du passé simple : il y a des gens pour aimer cela ?

      Supprimer
    2. C'est justement ce qui fait le charme et le prix de ces endroits. Il faut avoir l'envie chevillée au corps pour aller à leur découverte.

      Supprimer
    3. Mais bien sûr que les routes étaient défoncées en Espagne. Tout ceux qui ont lu Astérix en Hispanie le savent.
      Et puis les prix y augmentent régulièrement. Chaque été les Ibères deviennent plus rudes.

      Supprimer
    4. Je ne me souviens pas que les routes aient été particulièrement défoncées. Avec un Suisse de rencontre, nous étions allés de San Sebastian à Madrid (via Soria) dans la voiture d'un jeune Américain, un cabriolet Triumph flambant neuf, qui faisait son "Grand Tour", études terminées (Le Yankee, pas le cabriolet). Je me souviens d'une soirée dans un bar à Soria où les gens étaient sincèrement ravis de voir trois étrangers à la fois. Ils nous ont si généreusement payé à boire qu'ils ont du nous ramener à l'hôtel. Sur les murs du bar étaient affichées des photos de chasse au loup où ces pauvres barbares, inconscients de l'amitié profonde que porte ce canidé à l'homme, exhibaient les dépouilles desdits loups attachés par les pattes à une perche portée sur les épaules de leurs bourreaux souriants et fiers. Que de chemin parcouru !

      Supprimer
    5. @ Aristide : et le réchauffement global, qu'en faites-vous ?

      Supprimer
  4. "tu fumes, tu en meurs et puis c’est tout"

    Plus cancéreux que moi, tumeur.
    P. Desproges

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Ah c'est malin ! Le Bon Dieu l'a bien puni !

      Supprimer
    2. Quand il a sorti cette saillie il se savait déjà atteint. Il a préféré se rire de la faucheuse plutôt que de se répandre en lamentations.

      Supprimer
  5. Parler de Franco, qui pis est sur l'air des regrets, c'est un piège pour attirer Léon (et Castille) ?

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. http://www.youtube.com/watch?v=K4Jkh5aAn-0

      Supprimer
  6. Combien de temps tout cela va t-il durer avant la grosse
    catastrophe? Qui sait? En tout cas, c'est une bonne idée d'en profiter tant que ça dure.
    Mais c'était quand même plus marrant du temps du Caudillo!
    Olé!

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Ce n'est pas Franco que je regrette, c'est l'Espagne, une Espagne encore "exotique" en dehors des côtes. Le progrès économique en a fait un pays banal. C'est comme ça.

      Et puis il ne faudrait pas oublier que De Gaulle qui, depuis quelque temps, est devenu un saint incontestable a, au cours de son dernier voyage à l'étranger, rencontré le Caudillo...

      Supprimer
  7. "Et puis il ne faudrait pas oublier que De Gaulle... a au cours de don dernier voyage à l'étranger, rencontré le Caudillo..."
    Comme quoi, entre dictateurs on se comprend !
    Ah non ! Sortez de ce corps Léon (et Castille) !

    RépondreSupprimer
  8. J'approuve vigoureusement votre emploi du passé simple. Le présent de narration prend bien plus de relief lorsqu'il est utilisé pour dramatiser une action précise, au sein d'un texte au passé simple.

    RépondreSupprimer
  9. Bonjour Jacques,

    Et côté boisson, avez vous profitez de incursion en Espagne pour acheter de l' absinthe qui une fois passée la frontière devient mortelle.

    Sinon, il y a l' Izarra.

    RépondreSupprimer
  10. Rentrâtes-vous ? Ou repartîtes-vous déjà ?

    RépondreSupprimer

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.