samedi 21 janvier 2012

Franchouillard, je vous dis...



Comme disait l’autre, « La vieillesse est un naufrage ». Un naufrage qui laisse des loisirs. 

Ainsi, moi qui ne regarde que très peu le téléviseur, même aux rares moments où il est allumé, pendant que je casse la croûte, charcuterie et fromage arrosés de Côtes du Rhône, me suis-je pris à regarder le journal de 13 heures de TFI. Ce ne sont pas les "déformations" (informations me paraît un terme abusif) qui m’intéressent. J’ai dès le matin entendu causer, d’une oreille distraite, des  petites phrases, polémiques, sondages et faits divers qu’on essaie de nous vendre comme importants. Non,  ce qui m’intéresse ce sont les petits sujets magazine qui les suivent. Je peux ainsi, sans dommage,  rater le début de l’émission.

Entendons-nous bien : il ne s’agit pas de s’instruire mais de se distraire agréablement. Ces sujets sont brefs, bien filmés et  rythmés. Grosso-modo, il s’agit de faire découvrir les jolis côtés de notre pays. Et il y en a beaucoup. Paysages,centre- villes historiques, villages, artisanats, personnages cocasses, tout est bon.

Il est de bon ton de mépriser ce journal : les grandes questions n’y sont pas abordées, encore moins traitées. On nous montre une France profonde, rurale,  plutôt heureuse. Quid de la souffrance sociale ? Du chômage ? Du stress au travail ? Des koalas sans papiers réduits à la prostitution ? Des petits commerçants  ou artisans en dépôt de bilan, des agriculteurs en cessation d’activité ? *De ces pauvres immigrés dont la misère nous enrichit ?  De l’insécurité ? Des problèmes de santé ? Des écoles auxquelles manquent désespérément 60 000 enseignants pour assurer notre suprématie mondiale ? RIEN SUR TOUT ÇA ! Que du futile, je vous dis.

Seulement, il se trouve qu’il me montre la France que j’aime. Parce que figurez-vous, j’aime mon pays. Étonnant, non ? Pour moi, ce n’est pas un pays de merde mais le mien, celui où j’aime vivre. Je sais bien que la France rurale est en perte de vitesse, qu’elle ne représente au mieux que 20 à 25 % de la population. Et alors ? Là n’en sont pas moins nos racines, là peut se définir notre identité dans SA diversité. Le monde urbain tend à l’ « universel », la société rurale, elle, est spécifique,  a une forte identité. Les banlieues de nos grandes villes, où qu’elles soient situées, pavillonnaires ou autres, tendent à être identiques tandis que hameaux, villages et bourgs sont partout différents.

Alors, ces sujets « futiles » qui font naître chez l’homme de gauche ce sourire supérieur qui le rend si attachant quand ils ne provoquent pas son ire, je les trouve importants en ce qu’ils montrent de notre pays ce qui fait son attrait et y attire le touriste étranger. Ils montrent le contraire de la nouvelle société que l’on voudrait nous vendre et qui n’a aucun intérêt, ni pour nous ni  pour personne (à l’exception bien entendu de ceux qui n’y voient qu’une oasis de prospérité où fuir leur misère originelle et de ceux qui, abrutis par la propagande, se rêvent « citoyens du monde »).


*Soyons honnêtes, ces catégories tout le monde s’en fout !

7 commentaires:

  1. J'ai aimé ce billet et je comprends très bien ce que vous voulez dire.
    Cependant, en ce qui me concerne, je n'ai pu me situer dans aucunes de vos catégories, car il en est une dont vous ne parlez pas : c'est celle de ces Français qui sont nés à l'étranger, et qui poussés par les hasards de la vie - constatant que leurs racines sont inexistantes ou si fragiles - ont décidé un jour, que la France allait être leur pays, sa langue, leur langue, son histoire, leur histoire.

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  2. Mais Mildred, je ne vois là aucune opposition. Ceux qui ont choisi d'être français de cœur partagent cet héritage. Quant aux racines, Breton d'origine, parisien de naissance, ayant vécu dans plusieurs pays et dans ce pays dans bien des régions, je ne vois pas au juste où plongent mes racines si ce n'est dans cette culture, dans cette langue, dans cette histoire dans lesquelles je me reconnais. Et que j'aime. C'est honteux, je sais...

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  3. Tout à fait !
    Je regarde le journal de 13 heures toutes les fois que possible. Et je savoure, comme vous les ptits restaurants de campagne, les tables d'hôte, les paysages reculés, les artisans, les grands fleuves le long desquels s'est faite l'histoire, le bonheur tranquille loin de la foule... En ce moment, c'est le temps de la montagne et de la neige. Ca donne des envies de changer de coin. J'aime !

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  4. Tout à fait ! Le 3° tiers du 13 H de TF1 est un musée fugace et éphémère du patrimoine immatériel de notre pays. Je suis le premier à en faire la promo !
    (ceci-dit avec une pointe de tristesse en constatant qu'on a les mausolées qu'on peut...)

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  5. @ Carine et Plouc :Ça fait plaisir de savoir qu'on n'est pas seul...

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  6. Moi, le 13 H de Pernaud m'ennuie. On se croirait à la maison de retraite. Et puis cette succession de chromos sur la France rurale, ça me fait penser à Amélie Poulain. Du coup je zappe ou j'éteins la télé. Je suis un citadin pur et dur.

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    1. Eh oui... Je crains que nous ne finissiez à gôche, Sébastien : les cités sont socialistes, le campagnes le sont rarement...

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