dimanche 2 octobre 2011

Mon prince, on a les révoltes du temps jadis qu'on peut...

Photo d'une classe de première en 1967. Ce n'est pas la mienne. 
N'empêche elle y ressemble : nombre,  joie, gaité, bonne humeur..



Hier soir, pour passer le temps avant que vienne un peu de fraîcheur, je me rendis sur un blog ami. Un fascinant débat s'y tenait. Il était question de la jeunesse d'aujourd'hui, laquelle,comme chacun sait, a bien des malheurs. Un jeune et brillant intervenant y expliquait,orthographe et syntaxe douteuses à l'appui, à quel point la génération Internet était supérieure aux vieux cons attachés à leurs poussiéreux grimoires : plus réactive, d'esprit délié et subtil, mieux informée, etc. C'était à vous donner envie de vous jeter un bon coup d'élixir de jeunesse derrière la cravate, de vous payer une connexion au web et de brûler vos satanés bouquins afin de devenir, ne serait-ce qu'un tout petit peu, moins con...

Ce n'est pourtant pas cela qui me fait réagir ce matin. C'est plutôt le débat portant sur le rejet du conformisme "moderniste" par une partie de la jeunesse. Ainsi, selon  M. Marchenoir  "il y a très clairement, parmi la jeune génération, une tendance à rejeter le pipeau gauchiste, qui était l'alpha et l'oméga des jeunes générations précédentes."

DES générations précédentes ? Là je tique un peu. Ayant l'honneur et l'avantage d'appartenir à la génération des baby-boomers j'ai connu les années 60. J'avais alors entre 10 et 20 ans. Contrairement à ce que pense un vain peuple, les swinging sixties, comme les nomment nos amis d'outre-Manche, ne swinguaient que moyennement. En fait, c'était une vie en noir et blanc. Et pas uniquement à cause de la télé ou du ciné. J'évoque plutôt ainsi le contraste violent qui naissait des fortes oppositions politiques, économiques, culturelles qui marquaient l'époque. Il y avait un fort Parti Communiste, certes. Mais aussi, en face et tout aussi déterminée, une droite, catholique parfois,  dont le conservatisme et les prises de position seraient jugés excessifs  par le FN d'aujourd'hui. Cela tenait probablement au fait que la génération qui nous précédait, celle de nos parents, avait eu la guerre pour jeunesse. Pas la version simpliste qu'on nous en donne aujourd'hui selon laquelle face à quelques salauds pétainistes une majorité d'héroïques français résistait comme  une folle. Les choses étaient plus complexes : on pouvait être à la fois pétainiste et attendre la libération, pétaino-gaulliste, en quelque sorte. L'épée et le bouclier... Travail, famille, patrie, ça leur allait comme un gant. Et puis plus que tout, ayant connu l'anarchie, ils rêvaient d'ordre.

Mes parents, comme la plupart de ceux des jeunes que je fréquentais, appartenaient à la petite (micro?) bourgeoisie catholique. On allait à la messe, on faisait des études secondaires puis supérieures :  on était une minorité. Et à la maison ça ne rigolait pas sur tout. Les mauvais sujets qui, comme moi, ne se sentaient pas trop de rentrer dans le moule avaient tendance à trouver étouffant le conservatisme ambiant. Les "Tanguy" n'étaient pas légion tant l'autorité des parents se faisait pesante. Et c'était tant mieux. Avoir en face de soi un mur de certitudes sur lequel on sait qu'on se fracasserait en fonçant contre bille en tête oblige à grandir. Beaucoup de jeunes d'aujourd'hui ont des parents sympas, compréhensifs, arrangeants : du coup, ils s'incrustent. Ils prolongent une enfance gâtée...

Face à ces partisans de l'ordre,  quoi de plus naturel que de répondre à l'appel des sirènes contestataires ? Ça ajoute des oripeaux idéologiques du meilleur effet à votre révolte individuelle... Ainsi, comme beaucoup de ma génération, j'ai un temps adhéré à ce que les jeunes de la droite d'aujourd'hui considèrent comme l'idéologie dominante... Et puis j'ai évolué. 

Certains sont restés "fidèles aux idées de leur jeunesse". C'est pratique : pas de remise en question. Ça a aussi ses limites : peut-on vraiment trouver fierté, par fidélité à sa jeunesse,  à continuer de porter des culottes courtes et de jouer aux billes ? 

Eh oui, j'ai eu les révoltes de mon époque. Comme certains jeunes d''aujourd'hui ont celles de la leur. 

On a les révoltes qu'on peut, celles qui sont dans l'air du temps....

9 commentaires:

  1. Eh oui, j'ai eu les révoltes de mon époque

    Vous aussi vous avez fait la guerre des boutons ?

    RépondreSupprimer
  2. Oh, la guerre des boutons, non. Même pas mai 68 et pourtant ça se passait à côté...

    RépondreSupprimer
  3. Le fond ET la forme: j'aime beaucoup votre blog !
    Ce n'est pas un compliment, c'est parole d'idiote.

    RépondreSupprimer
  4. La deuxième à gauche, dans le rang du bas, c'est la mère à XP.

    RépondreSupprimer
  5. Merci Carine !

    Clémentine : Il aurait donc des ancêtres humanoïdes ?

    RépondreSupprimer
  6. Mieux vaut avoir des ancêtres humanoïdes que des ancêtres hémorroïdes... Ça fait moins mal à l'estime de soi.

    RépondreSupprimer
  7. Je trouve que les troquets ferment de plus en plus tôt non ?
    Enfin, Dieu soit loué, le vôtre est encore ouvert...

    RépondreSupprimer
  8. Il est ouvert mais il y a dégun....

    RépondreSupprimer
  9. On s'en jette un p'tit, Fredi ? un dernier pour la route ?

    D'un autre côté, je comprends que le patron de notre dernier rade ait fermé : un ivrogne y menait son scandale...

    RépondreSupprimer

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.