dimanche 18 septembre 2011

Malheur insigne

Y'en a marre ! Ça ne peut plus durer ! 

Et pourtant ça dure ! 

"La pire chose qui puisse arriver à un malheur, c'est d'être sans importance" disait Romain Gary. C'est vrai, en partie. Car il y a peut-être pire : l'impossibilité de trouver un responsable à son malheur. Prenons quelques exemples : si ta femme te trompe, si ton fils se drogue, si tu ne parviens pas à mettre la main sur ton tournevis cruciforme, si les riches ont plus d'argent que toi, le coupable est évident : c'est la faute à Sarkozy. Le responsable identifié, le remède devient simple : en 2012 on change de président et à toi la félicité conjugale, les enfants simples, honnêtes et droits, les vissages sereins, l'égalité avec les riches, bref le bonheur.

En revanche, quand le coupable ne peut être clairement identifié, le malheur est sans fond. C'est ce qui m'arrive. 

Hier, j'ai consacré l'essentiel de ma journée à monter l'armature métallique de la serre-tunnel dont j'avais fait l'emplette plus tôt dans la semaine. Entreprise titanesque !  Bravant les averses, ne me réfugiant à l'abri que lorsque leur violence eût transformé ma constance en vain entêtement, je parvins à mener la tâche à son terme. Enfin, presque : il ne me restait plus qu'à fixer deux barres stabilisatrices et le tour était joué. Vaincu par la fatigue, j'abandonnai, remettant à demain la complétion de mon ouvrage et courus me désaltérer de quelques rasades de jus de whisky en compagnie de mon aimée avant de dîner et de prendre un repos bien mérité. Rompu de fatigue, je ne me réveillai qu'à 8 heures et pour voir quoi, je vous le demande ?

A peu près ça :


Eh oui : Il pleut ! Encore et toujours. Trois mois que ça dure à quelques rares accalmies près !

Et là, parce que c'était l'averse de trop, d'un coup, du tréfonds de mes rancœurs, tout est remonté : ma récolte de haricots ruinée par l'oïdium, mes échalotes qui pourrissent faute d'avoir pu sécher, mon joli carrelage blanc perpétuellement souillé de bouillasse, la pelouse qu'il faut tondre sans cesse, mes plates-bandes envahies de mauvaises herbes, bref les mille et un instruments de ma crucifixion. 

Pourtant j'aime la pluie. Il y a de l'escargot en moi. A moins que ça ne vienne de mes origines bretonnes. Si j'ai choisi de vivre au cœur de ces vertes collines, ce n'est pas par hasard. Je savais la Normandie pluvieuse. Mais à ce point...

Et je ne peux m'en prendre à personne ! Il y aurait bien le réchauffement global et les changements climatiques qu'il entraînerait mais je ne crois qu'à moitié à ces foutaises. Et quand bien même ? Coller le réchauffement global en prison à perpette pour que cesse la pluie me paraît utopique...

Il n'y a rien à faire. Mon deuil est infini.

4 commentaires:

  1. Bonjour,

    Mais si c'est le réchauffement, climat tropical= mousson.

    Bon pour l'hiver prochain, si la température baisse encore j'attends les ours polaires dans le métropolitain.

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  2. Vous avez des préoccupations bien matérialistes dans votre parallélépipède de granit.
    Heureusement qu'il pleut: ça nous donne un blog plein d'humour.

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  3. Je trouve néanmoins assez triste qu'un prof de Français retraité de l'EN, ne trouve rien d'autre à raconter sur son blog que ses courses au Bricorama, la météo locale ou l'état de son carrelage.
    Faute de contenu sérieux, il est encore temps pour vous de réapprendre le biniou ou à presser vos pommes.
    Et de venir nous en parler.

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  4. Grandpas :

    Comme on dit en Asie du sud-est : "Cette année, mousson pas piquée des hannetons". Quant à l'ours blanc, il y a belle lurette qu'il se réfugie des frimas dans les couloirs du métro. Seriez-vous distrait au point de ne l'avoir pas remarqué ?

    Fredi :

    Merci pour l'humour. Pour le reste, je partage votre tristesse : le manque de sérieux de mes préoccupations m'afflige au-delà des mots...

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