..Toi qui entres ici, abandonne tout espoir de trouver un contenu sérieux. Ici, on dérise, on batifole, on plaisante, on ricane.

mercredi 24 mars 2021

Indépendance charcutière

S’il est une chose dont un homme ou une femme puissent s’enorgueillir, c’est bien, à force d’efforts et de ténacité, d’être parvenu à s’émanciper de l’odieuse tutelle qu’exercent sur eux ces filous de charcutiers, leur vendant à prix d’or des produits souvent frelatés. En effet, comment connaître la proportion exacte de viande de pangolin, de chat ou de chauve-souris que contiennent leurs terrines, rillettes et autres préparations  ?

J’ai accompli en partie cet exploit mais je dois dire que ce ne fut pas sans mal. La première étape de mon activité charcutière fut de m’attaquer à la confection de pâtés de campagne. Je la relatai dans un article prônant cette activité comme remède à l’angoisse covidienne qui saisissait la France en ce triste mois de novembre 2020. J’en donnai alors la recette mais ce que j’omis de dire ce sont les affres par lesquels je passai en hachant les viandes. Mon vieux hachoir, s’il remplissait sa mission sans problèmes quand il s’agissait de préparer le bœuf bouilli  d’un hachis parmentier se montra bien moins performant face à de la viande crue. Je tentai de pallier ses bourrages en achetant de nouvelles grilles aux trous d’un diamètre supérieur mais en vain. Le désespoir commençait à me gagner quand, en dernier ressort, je décidai de changer la lame. Miracle : le problème était résolu ! Depuis, les fournées de pâté se sont succédé pour mon plus grand régal.

Ensuite, je m’attaquai à la préparation de rillons, charcuterie que j’avais découverte en Touraine mais à laquelle je n’avais plus goûté depuis trente ans. La nostalgie me poussa à rechercher des recettes sur le Net et j’en trouvai une à la fois simple et rapide. A la différence de celle que j’appliquais en Touraine et dans le Berry la cuisson n’impliquait pas que les morceaux de poitrine de porc cuisissent longuement dans le saindoux mais seulement 40 minutes dans une cocotte-minute. J’avoue qu’un certain doute me saisit quant au résultat mais ma nature aventureuse me le fit surmonter et j’obtins un mets délicieux. Depuis, coupés en morceaux, ces rillons font les délices de mes apéros. Comme le pâté, ils se conservent au congélateur et y gardent toute leur saveur. 

Mes rillons maison

Encouragé par ce succès, je décidai de m’attaquer aux rillettes. L’échec fut cuisant. J’expérimentai une première recette où, après avoir cuit à feu doux six heures durant dans le saindoux jambon et poitrine étaient censés se transformer en rillettes en les écrasant à la fourchette. Le résultat fut déplorable car je me trouvai au bout du compte avec des viandes trop frites et si dures que la plus obstinée des fourchettes n’aurait su les écraser. La raison en était que même après avoir été réglé au plus bas le plus petit des feux de ma plaque produisait trop de chaleur. J’étais sur le point de jeter l’éponge quand je réalisai que mon four, lui, pouvait cuire à basse température. Seulement, pouvait-on cuisiner des rillettes au four ? Une rapide recherche m’apprit que c’était le cas. J’y trouvai la recette du regretté Jean Carmet. Je la mis en œuvre et après 10 heures de cuisson à 120 degrés (en sortant ma cocotte toutes les heures pour en remuer le contenu et en éliminer progressivement os et couennes), j’obtins, après écrasement des chairs à la fourchette, ces deux terrines de délicieuses rillettes :




Sera-ce là la fin de mes aventures charcutières ? Je l’ignore. Mais il m’arrive de caresser, entre autres, des projets de saucisses, de pâtés en croûte, de saucissons secs, de magrets de canard séchés et de bien d’autres gourmandises. L’avenir me dira si à terme je pourrai passer devant les étals de charcuterie sans le moindre regard d’envie, fier de ma totale indépendance charcutière.


mercredi 17 mars 2021

Ça ne date pas d'hier...

 

Les Chamards : un lieu de rêve !

Cet article, ramenant à ma mémoire une expérience ancienne, m’a été inspiré par le dernier billet de l’excellent Nouratin qui évoquait les angoisses d’un « petit blanc » face à la détérioration des conditions de vie dans sa résidence HLM au début des années soixante-dix. Je tiens à rendre hommage à l’auteur de ce texte émouvant.

En septembre 1972 , de retour du Sénégal où j’avais 18 mois durant effectué mon Service National dans la coopération, j’eus l’honneur et l’avantage d’être nommé instituteur en classe de 3e Terminale Pratique au collège Pierre et Marie Curie de Dreux. Ce collège se trouvait dans le quartier des Chamards qui connut quelques années plus tard sinon son heure de gloire du moins la célébrité nationale en tant que quartier à problèmes au point que sa réputation lui valut par la suite d’être débaptisé . Au début des années1960, on y construisit une première tranche de 400 logements d’un certain standing pour y loger employés et cadres moyens…

En cet automne 1972, les choses avaient déjà commencé à changer. Je n’habitais pas les tours, m’étant vu offrir un petit logement au sein même du collège mais certains de mes collègues y logeaient. La répartition des logements y était organisée d’une main de fer par un homme dont les sympathies envers les « nouveaux venus » étaient plus que tièdes : les immigrés dans les petites tours, les Français dans les grandes. « Pour vivre heureux, vivons séparés », telle était sa devise. Moyennant quoi, la vie y était encore assez paisible. Il y avait même, en bas des grandes tours de petits commerces.

Qui étaient ces immigrés ? En plus des Portugais on y trouvait une large majorité de Marocains qu’on était allé chercher dans leur pays afin d’approvisionner en main d’œuvre bon marché les usines automobiles et électroniques locales ou plus ou moins proches. N’oublions pas qu’alors le plein emploi faisait rage. Bien que le regroupement familial n’ait pas encore été promulgué, les petites tours abritaient des familles. Ça se ressentait dans les effectifs scolaires.

La classe qui m’était confiée était disparate, n’ayant pour commun dénominateur que l’échec scolaire. Les Marocains y constituaient le groupe le plus important. Souvent débarqués du bled de fraîche date en ignorant tout du français, il n’y avait là rien d’étonnant. Venaient s’ajouter à eux deux portugais, un fils de harki (méprisé des autres pour son ignorance de l’arabe et sa traîtrise héritée), et quelques français dont un Juif à qui les musulmans n’oubliaient pas de rappeler sa religion.

Dire qu’encadrer ma petite équipe était une sinécure serait exagéré. J’y jouissais d’une liberté quasi-totale, vu que les programmes pour ce genre de classes-dépotoirs, totalement hétérogènes étaient pour le moins flous. Partisan que j’étais des techniques Freinet, j’organisai la classe sur le modèle coopératif, nous avions un journal qui regroupait textes libres et rubriques diverses que les élèves vendaient pour alimenter les fonds de la coopérative et nous permettaient d’acheter des fournitures pour les travaux manuels, chacun définissait son programme. La grande majorité des élèves, en dehors de leur retard scolaire, ne posaient aucun problème. Toutefois il arrivait que se produisent des incidents.

Un beau jour, suite à un échange en arabe, une Marocaine, élève d’ordinaire calme et docile , fut prise d’une rage folle envers un de ses compatriotes. S’emparant du compas de tableau, instrument en bois d’une bonne trentaine de centimètre et muni d’une pointe métallique, elle le projeta vers ce dernier, avant de commencer à lui lancer tout ce qui lui tombait sous la main. Pour mettre fin à ce déluge de projectiles je dus m’emparer d’une table et la plaquer contre un mur jusqu’à ce que sa rage se transforme en pleurs puis qu’elle se calme. Je ne réussis jamais à savoir ce qui avait pu engendré cette violence.

Parmi mes ouailles, il s’en trouvait un dont le comportement violent et l’indiscipline perturbaient souvent l’ambiance. Il provoquait des bagarres que je parvenais à calmer par des interventions musclées. Il avait un père que son comportement général inquiétait. Comme bien des immigrés de l’époque, il n’avait pas quitté son pays pour la France afin que ses enfants y devinssent des voyous. Aussi venait-il régulièrement s’enquérir de la conduite de son fils. Le problème était que ce père avait une conception de la discipline un peu, disons, archaïque : il était arrivé que pour punir son fils de son inconduite, il le batte jusqu’à ce qu’il reste sur le carreau. L’ayant appris, j’hésitais à signaler ses incartades au père.

Un autre cas était celui d’un autre élève marocain qui lui était à la limite de l’incontrôlable. Seul le fait qu’il me craignait (j’étais alors jeune et vigoureux) l’empêchait de sortir de la classe pour aller semer le trouble dans l’établissement. Il réussissait parfois à tromper ma vigilance et alors s’amusait, entre autres facéties à jeter les seaux d’eau des femmes de ménage dans les escaliers ou à perturber les cours d’autres classes. Un jour que nous revenions avec des collègues de prendre un café en ville après le déjeuner, il s’amusa à nous foncer dessus au guidon d’un cyclomoteur probablement « emprunté ». Notre chauffeur dut faire un écart pour éviter qu’il ne nous percute. Quelques années plus tard, j’appris qu’il se trouvait en prison pour avoir assommé à coup de poings avant de lui voler son portefeuille un automobiliste naïf qui lui avait demandé son chemin et auquel ce brave garçon avait proposé de l’accompagner jusqu’à bon port.

Le temps a passé. Le quartier s’est vite détérioré, j’ai pu le constater en rendant visite à des amis  : les commerces ont peu à peu fermé, les français qui le pouvaient sont progressivement partis, le chômage et la délinquance se sont développés, les étrangers sont devenus français… Quarante ans plus tard un vaste et coûteux plan de réhabilitation fut mis en œuvre on changea le nom du quartier*. Les problèmes ont-ils pour autant été résolus ? Je n’en sais rien mais c’est que je sais, c’est qu’il y a cinquante ans de cela leurs germes étaient déjà présents.

Certains de mes élèves surnommaient, avec fierté, leur quartier « Chicago », signe qu’ils se considéraient dans un lieu à part où la loi n’était déjà plus la règle. La ghettoïsation rendit plus difficile voire impossible l’assimilation dont certains de leurs parents rêvaient et les maintint, eux et leurs descendants dans un « gloubi-boulga » culturel : pas mieux adaptés à la société où ils vivaient qu’à celle d’où ils venaient. Leur faible niveau d’éducation ne leur permettait de prétendre qu’à des emplois sous-qualifiés. Or, en 1973, la première crise pétrolière vint mettre fin aux « Trente glorieuses » et, partant, au plein emploi. Cerise sur le gâteau, le gouvernement Chirac par décret du 29 avril 1976 vint autoriser, sous conditions, le regroupement familial. Alors que le chômage s’amplifiait, le gouvernement Barre par décret du 10 novembre 1977 en suspendit l’application mais ce dernier fut annulé par le Conseil d’État en décembre de la même année. Depuis quarante-cinq ans, la porte est donc ouverte…

Alors que les difficultés d’assimilation étaient perceptibles au début des années soixante-dix, plutôt que de tenter de les résoudre alors qu’il en était peut-être encore temps, on a préféré ouvrir les vannes à une immigration de population. Nous en voyons en maints endroits les déplorables conséquences et ce n’est probablement qu’un début.

*Ce long article d’un blog de Mediapart vous en dira plus


Des nouvelles de l'ordinateur fou !

 Il a rechuté ! Voici les nouvelles estimations de ma consommation qui apparaissent ce matin  sur le site d'EDF : 

Ce site est censé aider le  consommateur à surveiller sa consommation afin, on le suppose, de la réduire celle-ci. Comment serait-ce possible si on y trouve n'importe quoi ? 

Les consommations raisonnables de février et mars ne font que souligner l'absurdité du reste.

lundi 15 mars 2021

Ils sont farceurs chez EDF !


Pour moi, le 18 décembre 2020 fut un jour à marquer d’une pierre blanche. Ceci à cause d’un compteur vert-jaune dénommé Linky. Comme Jack Lang le 10 mai 1981, je pensais « avoir franchi la frontière qui sépare la nuit de la lumière ». Adieu les factures estimées ! Adieu les visites du releveur de compteurs qui semblait prendre un malin plaisir à ne venir qu’en mon absence ! J’entrais enfin dans la modernité, et par la grande porte ! J’allais pouvoir changer mon contrat heures pleines/heures creuses dont je n’avais aucun besoin sans la coûteuse intervention d’un technicien !


Le 20 janvier, après une très longue période d’attente durant laquelle une suave voix féminine m’annonçait qu’on allait s’occuper de moi tout de suite, je finis par avoir le technicien qui sait et lui exprimai mon désir de changer de formule. Il m’assura que ce serait fait incessamment sous peu et je raccrochai, avec aux lèvres le sourire de l’homme dont l’âme est soulagée d’un grand poids. De temps en temps, je me rendais sur le site d’EDF pour voir si ma modification avait été enregistrée. Il n’en était rien.


Le vingt-six février au matin, je reçus l’appel d’un technicien qui m’annonça être en train de mettre la dernière main aux modifications que j’avais requises. Comme le bon vieux que chanta Brassens dans Le nombril des femmes d’agents et bien que la cause de ma félicité fût différente, je m’écriai in petto « Alléluia, de mes tourments voici la trêve, grâces soient rendues au Bon Dieu, je vais réaliser mon rêve » ! Je me rendis une fois de plus sur le site d’EDF, vis que rien n’y avait changé sauf un détail au niveau de mes estimations de consommation.



Pour une raison inconnue, depuis le mois d’octobre on m’attribuait une consommation pour le moins surprenante : des trente et quelques euros mensuels, ma consommation était passée à une estimation dix fois plus élevée avant de culminer en décembre à 519 €, de se stabiliser en Janvier avant de plonger à un modeste montant de 240 € à deux jours de la fin février. Je sais bien qu’en hiver on consomme plus qu’aux autres saisons à cause de l’éclairage mais quand même !


Je pris mon plus beau téléphone pour expliquer mon trouble à Qui-de-droit. N’étant pas du genre qu’un rien affole, je lui signalai, sur un ton guilleret, l’anomalie. Le M. Qui-de-droit en question n’était pas des plus brillants. Il commença par contester ma possession d’un Linky. Je lui répliquai que le fait qu’un gentil technicien était venu échanger mon antique compteur noir contre un nouveau et pimpant compteur vert-jaune sur lequel on pouvait lire « Linky » inscrit en creux dans son plastique constituait pour moi un faisceau d’indices m’amenant à conclure qu’il se trompait. Après quelques recherches, il admit que j’avais raison.


Il me demanda donc de lui indiquer les indices heures pleines et heures creuses que mon Linky affichait. Malheureusement, ce dernier ayant été mis à jour, il n’indiquait plus qu’un chiffre en KW de base. Toutefois, vu qu’un relevé avait été fait le 18 décembre lors du changement de compteur, je lui en indiquais les chiffres qui lui permirent après calcul de constater que les chiffres estimés, d’octobre, novembre et de décembre étaient totalement aberrants. Il les justifia en les attribuant à l’ordinateur. Je lui fis part de mes craintes que ledit ordinateur ne s’adonne sans modération à la consommation d’alcools forts et/ou de substances. Il reconnut que des erreurs pouvaient se produire mais que tout cela était ensuite contrôlé et que je ne risquais aucunement de recevoir une facture de plusieurs milliers d’Euros. Nous nous quittâmes bons amis après avoir bien ri.


Il me fallut attendre encore plus d’une semaine pour qu’au lieu des estimations aberrantes en apparaissent de plus raisonnables. Que ce soit la conséquence de mon intervention ou d’un retour à la sobriété de l’ordinateur, toujours est-il que l’estimation de ma facture se trouvait divisée par dix :



Cet épisode est certes, pour qui a le sens de l’humour et surveille ses comptes, plutôt réjouissant. Cependant, il peut être inquiétant car au cas où un abonné n’aurait pas ma vigilance, serait absent lors du relevé et n’aurait pu transmettre un relevé à temps, celui-ci recevrait une facture fantaisiste et se verrait prélever des sommes faramineuses qu’il risquerait de ne pas avoir sur son compte avec toutes les conséquences fâcheuses que cela pourrait entraîner. Il paraît que ça arrive...

vendredi 12 mars 2021

Adoptez un islamophobe !

Étant actuellement souffrant, je vous prie d'excuser les fautes ou coquilles que ma fatigue aurait pu laisser passer.

Plus je connais les animaux, plus j’aime les humains. Robert Tugdual Le Squirniec, Philosophe Breton, in Être Breton et philosophe n’est qu’apparemment paradoxal.

Il arrive parfois que, lassé de la compagnie d’un animal à pattes, nageoires ou ailes, à poil, à plumes ou à écailles et des nombreux inconvénients qu’ils présentent on se tourne vers cette espèce plus proche de soi que l’on appelle l’humain. Seulement, vue sa grande diversité, il est parfois difficile de déterminer de quel type d’humain on aimerait se rapprocher. C’est pourquoi, afin d’éclairer votre lanterne, j’ai décidé de vous en décrire quelques-uns et de vous en indiquer les éventuels inconvénients et avantages. Vous serez ainsi, je l’espère mieux à même de choisir celui ou celle qui sera votre pote, avec qui vous boirez des canon, repeindrez la cuisine et irez taquiner le goujon (Toutes choses dont on est souvent privé en cas d’absence de beau-frère) . Il est important de le souligner d’emblée, l’humain, quel qu’il soit, présente un avantage indéniable sur l’animal  : comme le montrèrent clairement Messieurs Montaigne et La Boétie, vous pouvez profiter de sa compagnie sans pour autant vous voir contraint de l’installer chez vous, de le nourrir et de payer ses frais de santé, d’habillement, de toilettage et autres produits de beauté.

Nous commencerons par définir ce qu’est au juste un islamophobe et à quoi on le reconnaît. L’islamophobie est une maladie qui, comme toutes les autres phobies, consiste en « une peur démesurée et dépendant d’un ressenti plutôt que de causes rationnelles, d’un objet ou d’une situation précise. L’objet ou la situation qui déclenche la phobie est nommé « phobogène » ». C’est ce qu’en dit M. Wikipédia et pourquoi ne lui ferait-on pas confiance ? Le phobogène qui plonge l’islamophobe dans des abîmes de terreur est tout ce qui de près ou de loin rappelle l’Islam. C’est totalement incompréhensible pour vous et moi qui savons que cette religion n’est qu’amour, douceur, bonté et paix, mais c’est comme ça. Encore plus bizarrement, à la différence de l’arachnophobe, du claustrophobe ou de l’agoraphobe, cet être fragile est parfois mis au ban de la société. C’est pourquoi, lui témoigner votre amitié fera de vous ce rayon de soleil qui illuminera sa vie et il se montrera envers vous d’une fidélité constante. Votre absence de préjugé sera donc largement récompensée.

En dehors de tout indice de présence musulmane réelle ou supposée, l’islamophobe se comporte aussi rationnellement qu’il en est capable. Si donc, pour d’autres raisons, vous vous sentez des affinités avec lui, il sera un ami aussi acceptable que reconnaissant. Afin d’éviter qu’il ne se mette à trembler comme une feuille avant de s’enfuir en courant et n’attire l’attention des éventuels passants par ses cris de terreur, il est prudent de ne pas l’exposer à quoi que ce soit qui puisse provoquer une crise. Je vous en donnerai quelques exemples.

Si vous êtes musulman, inutile d’essayer : au contraire des racistes et autres antisémites que, comme le proclament leurs ennemis, l’on reconnaît à ce qu’ils déclarent selon le cas, avoir des amis arabes, noirs, berrichons ou juifs, il ne pourra que vous éviter. C’est plus fort que lui. Il réagira de même, si par coquetterie, vous vous êtes laissé pousser une barbe par trop fournie et/ou portez une djellaba.

L’Islamophobe, par prudence, ne vit que dans des endroits ignorant largement l’immigration musulmane. Ses crises étant proportionnelles à la densité de musulmans , ou supposés tels, dans son environnement, il est préférable d’éviter en sa compagnie les métropoles où, quoi qu’il en pense, notre enrichissement se fait le plus sentir.

Il est également conseillé de ne pas fréquenter avec lui les boulangeries-pâtisseries où la seule vue d’un croissant, surtout au beurre*, l’irriterait gravement.

Il est toutefois, pour peu qu’il soit amateur d’art et en particulier d’architecture romane ou gothique des lieux où vous pouvez l’emmener en toute quiétude : il est en effet assez rare de rencontrer ses phobogènes dans les musées, abbatiales et autres cathédrales, lieux que leur timidité les pousse à ne pas trop fréquenter.

J’espère que ces quelques conseils vous encourageront à accorder votre amitié à ces malheureux dont la maladie ne saurait raisonnablement engendrer le réflexe d’exclusion qu’ont, à tort, certains partisans de valeurs de la république mal comprises.

*Jeu de mots d'une finesse remarquable !