Notre chère gauche et nos non moins
chers syndicats nous rebattent les oreilles avec un soi-disant
modèle français qu’il est urgent de préserver et que le monde
est censé nous envier.
Avant
d’aller plus loin, il est intéressant de rappeler les différentes
acceptions du mot modèle. Pour
premier sens, nous trouvons « Ce qui sert comme base à
l‘imitation ». En second vient « Personne qui pose pour
un artiste (peintre ou sculpteur) ». En troisième position
arrive « Prototype ». On
parle aussi d’un « objet de même forme qu’un objet plus
grand ».
Il
va de soi que le second sens ne peut réellement s’appliquer au
système social de notre beau pays. Car si un sculpteur archaïsant
voulait représenter, par exemple, « Le modèle
français terrassant la misère », pour incarner cette
allégorie, il lui faudrait faire appel à un modèle humain. Pour ce
qui est du prototype, il ne me semble pas qu’un système se
réclamant du programme du Conseil National de la Résistance, vieux
de soixante-quinze ans et que l’on tente de sauvegarder plutôt
que de perfectionner soit d’une
nouveauté renversante ou
susceptible de précéder une
fabrication en série. Quant
à le qualifier de modèle réduit, ce serait lui faire offense.
Nous
reste donc le
sens premier. Et là, ça ne semble pas coller tout à fait. Il
semble que rares soient les
pays qui tentent de
copier notre modèle. A cela, des explications peuvent se trouver.
Championne du monde des prélèvements obligatoires, connaissant un
taux de chômage très élevé, étant paralysée tous les trois
quatre matins par des conflits sociaux menés
par des syndicats cryptocommunistes aux effectifs réduits quand elle
n’est pas agitée d’émeutes destructrices, on voit mal comment
la France pourrait provoquer chez ses voisins et ses concurrents une
irrépressible envie de l’imiter. Un modèle ne peut l’être que
s’il fonctionne. Et il ne semble pas que ce soit vraiment le cas du
nôtre.
J’en
voudrais pour exemple la grève de nos sympathiques cheminots
et RATPistes qui provoque
quelques menus troubles dans la circulation des personne et
des biens en ce moment.
Celle-ci est supposée être
soutenue, selon les sondages
par une majorité de Français. Lesquels verraient dans les héros
du rail de braves gens qui se battent pour eux. On parle de grève
« par procuration » : ne
pouvant faire grève eux-même parce qu’ils n’en ont pas les
moyens, l’envie ou le temps, ils chargent des êtres d’exception
de combattre
pour eux. Ce qui est amusant, c’est que cette « procuration »
est également donnée par le personnel de la SNCF, en large majorité
non gréviste, aux super-héros que sont les conducteurs de train. Or
un train sans conducteur ça pose problème. Au
bout du compte, quelques
milliers d’employés, bénéficiant probablement de cagnottes mises
de côté à cet effet et bénéficiant du soutien ou de la
compréhension de millions de gogos, sont en mesure de troubler
gravement les transports du pays. Je serais prêt à parier que si
demain le premier ministre déclarait « Mes chers CGTistes de
la SNCF, mes adorés Sudistes du même tonneau, je vous ai compris,
et je maintiens votre statut jusqu’à la fin des temps, voire
davantage. » la grève
s’arrêterait immédiatement et les donneurs de « procuration »
seraient gentiment priés
d’aller se faire voir chez
Plumeau.
Pour
résumer, notre
modèle-qui-n’en-est-pas-un a été mis en place et est maintenu en
réanimation par les tenants d’une idéologie qui, sous prétexte
de défendre les droits de tous, tentent
à tout prix de maintenir leurs
propres avantages. Et
qu’importent le chômage de masse, les dommages causés à
l’économie du pays et à la paix publique quand
la cause est noble ?