Je n'en reviens pas. Qu'apprends-je ce
matin ? Que M. Bilal Hassani n'a pas remporté le prix de
l'Eurovision ! Certains trouveront ça inexplicable : on
offre à l'Europe entière un trans-truc perruqué d'origine émigrée
qui danse avec une obèse et on se retrouve quatorzième ? N'y
aurait-il aucune justice en ce bas-monde ? Qu'est-ce qu'ils
veulent, ces enfoirés d'Européens ? On leur propose, la grâce
et le talent et que choisissent-ils ? Un hollandais ! On se
croirait en plein cauchemar mais quand on se pince, ça fait mal et
rien ne change.
Vous me direz le Concours de
l'Eurovision, on s'en fout comme de l'an quarante. J'aurais du mal à
vous désapprouver vu qu'il y a des décennies que je ne me suis pas
donné la peine de regarder ce grand moment de télévision. J'en
suis resté à « France ziro poïnt ». Ça a
peut-être changé depuis... Mais le scénario reste le même. Un peu
comme le frère de Pimpon dans L'Été meurtrier, on se dit
que ce coup-ci on va gagner et au bout du compte on est battus. Et
en général très nettement. C'est pas faute d'avoir à peu près
tout essayé. On présente une chanteuse qui a un beau-frère qui a
été marié à une Russe (ce qui devrait nous valoir une pluie de
points venus d'Europe de l'Est), les chanteurs sans voix sont à la
mode, on présente un aphone, la femme à barbe gagne, on propose
l'homme aux gros nichons, tout le monde chante en anglais, on chante
en serbo-croate : rien n'y fait !
Je ne voudrais pas passer pour
complotiste mais il y a des évidences. La France est le pays de TOUS
les talents. Nous avons les meilleurs chanteurs et chanteuses du
monde. Seulement, il règne en Europe une indéniable francophobie
doublée d'une talentophobie indiscutable. Dans ces conditions, on ne
voit pas comment une victoire française serait concevable. On
pourrait essayer de présenter des candidats aussi minables que
les gagnants mais c'est impossible : nous sommes trop doués.
Faudrait-il que nous cessions de
participer ? Devrions nous organiser un Concours de l'Eurovision
réservé aux Français ? Je crains que dans les deux cas ce ne
soit inutile : les étrangers feindraient de ne pas remarquer
notre absence ou les chaînes étrangère boycotteraient notre
concours. Quand l'envie engendre la haine la seule réponse est le
mépris. Car, vu que les dés sont pipés, mieux vaut être un
excellent quatorzième qu'un piètre lauréat.