..Toi qui entres ici, abandonne tout espoir de trouver un contenu sérieux. Ici, on dérise, on batifole, on plaisante, on ricane.

mercredi 28 janvier 2015

Orange, oh désespoir !



La première fois que j’ai décroché, une voix de femme, apparemment jeune, me demanda si j’étais M. Seguin. Je lui exprimai mon regret de ne pas l’être ainsi que de ne posséder aucune chèvre. Pensant avoir composé un mauvais numéro, la dame s’excusa de m’avoir dérangé et raccrocha. Quelques secondes plus tard, la sonnerie retentit à nouveau et la même voix s’enquit à nouveau de ma seguinitude. Je déniai de nouveau cette qualité, et lui demandai quel numéro elle avait composé. Il s’agissait d’un numéro local, certes, mais pas du mien. Elle m’assura s’être appliquée en le tapant et que deux erreurs semblables étaient peu probables. J’en convins. Toutefois, je ne pouvais  me seguiniser pour lui faire plaisir. Peu après qu’elle eut raccroché, le téléphone sonna de nouveau et la même voix se fit à nouveau entendre. Devant ce troisième échec, la dame déclara renoncer à sa chasse au Seguin. Elle était bredouille, j’étais perplexe.

Quelques minutes plus tard nouvel appel. On aurait aimé parler à Christophe. Je me déclarai désolé de n’en avoir aucun sous la main et suggérai une erreur de numéro. On s’excusa et raccrocha. Quelques secondes plus tard, après que j’eus dit « Allo ! » d’un ton un peu agacé, on raccrocha sans mot dire.

Ensuite ce fut une voix d’enfant. Puis une dame apparemment âgée qui nia s’être trompée vu qu’elle était la mère de Mme Seguin. Je lui racontai mes déboires, elle comprit ma détresse sans pour autant en cerner l’origine.

Saisissant mon téléphone, j’appelai ma compagne et lui demandai de m’appeler pour voir s’il y avait un problème avec ma ligne. Elle fut étonnée que se soit affiché un numéro sur son téléphone (je suis sur liste rouge). Elle en prit note et vit qu’il s’agissait bien de celui d’un certain Seguin, habitant un hameau à quelques centaines de mètres de chez moi. Comme aucune sonnerie ne  vint ensuite, je rappelai ma compagne qui me dit qu’à mon numéro on tombait sur le répondeur. Pas d’erreur, il y en avait une !

Je téléphonai au service idoine d’Orange. Un automate me demanda si c’était bien au sujet du numéro de Seguin que j’appelai. Je répondis que non. Je tapai mon numéro mais y fis une erreur (je commençais à être un rien nerveux) et il me fut répondu que ma ligne avait été supprimée et que je devais contacter le service commercial.  Une nouvelle tentative où j’acceptai cette fois de parler de la ligne du père Seguin qui était visiblement dérangée (l’accord se fait avec la ligne, pas avec  Seguin dont j’ignore tout de  l’état mental !), une voix m’annonça, sur fond musical que dans moins de deux minutes un conseiller me répondrait. Une demi-heure plus tard, une charmante jeune femme condescendit à entendre mes doléances. Je les lui exprimai et lui donnai un numéro erroné (je me téléphone rarement et mon agacement montait). Le malentendu fut vite dissipé et il me fut annoncé que, normalement, le problème serait résolu dans les 48 heures. Je lui exprimai mon impatience et lui annonçai mon intention de débrancher le téléphone, vu la cadence à laquelle le téléphone sonnait et lui représentai les inconvénients que pourrait connaître Seguin en se trouvant coupé du monde. En insistant, j’obtins que le dossier fut classé « URGENT ».

Nous en sommes là.  Depuis, bien que je n’aie  pas débranché, personne ne semble avoir voulu contacter Seguin. Je conclus de l’aventure que les techniciens d’Orange sont soit maladroits soit facétieux…

mardi 27 janvier 2015

Syriza m’a tuer !



J’entends avec effarement le bulletin d’information de la RSC™. Point n’y est faite la moindre allusion au tsunami qui a balayé pas plus tard qu’avant-hier notre continent. On y parle de descentes anti-terroristes à Lunel et autres lieux, de nouvelles sanctions contre la Russie mais pas un mot sur les aventures du jeune Alexis Tsipras. Comme le disait avec une étonnante  prescience M. Jean-Baptiste Clément : « Il est bien court le temps des Syriza » !

N’empêche qu’il a fait des millions de victimes collatérales : les « Charlie » et leur enfant quasi-mort-né,  l’esprit du 11 janvier. Il faut dire qu’en nos temps de grand zapping, ils avaient quand même pas mal tenu le coup. Certes on ne parlait plus tellement des foules se ruant sur les kiosques à journaux,  d’individus irascibles se frayant à coup de machette un chemin dans les files d’attentes, impatients qu'ils étaient de faire l’emplette de leur périodique adoré, mais d’hommages en enterrements ça occupait les antennes…

Il faut dire que Syriza est moins consensuel. C’est même clivant. Certes annuler, réduire, étaler la dette est une excellente  idée, seulement certains esprits chagrins se refusent à voir dans aucune de ces trois options un début d’esquisse de queue de solution. Ils continuent de penser, ces obstinés, que la vraie solution est d’opérer des coupes drastiques dans une dépense publique qui a entraîné cette année un déficit de 4% de PIB de la France.  Une paille…

Sauf que, si on transforme ce pourcentage un peu abstrait en chiffres concrets, c’est quand même un peu inquiétant. Le PIB de la France en Euros constants étant, en 2013 et selon la  Banque de France d’environ 2060  milliards d’ € et vu qu’il n’a pratiquement pas bougé depuis, 4 % ça fait quand même la bagatelle de 82,4  milliards d’€,  divisé par les quelques 66 millions d’habitants de notre cher et beau pays on obtient une augmentation par tête de pipe de 1248 €, soit pour une famille de 4 personnes  4993 € pour ne pas dire 5000.

Les « Syrizistes » de tout poil vous diront que tout ça est sans importance, que le salut est dans l’augmentation du déficit et le non remboursement. Si on les suit, on pourra dire que les Charlot on remplacé les Charlie

lundi 26 janvier 2015

D’un autre temps ?



Hier soir, comme ça arrive à peu près deux fois par mois, j’ai eu une longue conversation téléphonique avec ma fille. Nous avons parlé bouquins, politique, boulot (pour elle), grand-mère (les « aventures » de mon ex-belle-mère sont  un sujet inépuisable et toujours réjouissant) de tout et de rien, comme d’habitude. Nous nous entendons très bien et ces  échanges sont très agréables, même quand  nos opinions divergent sur certains points de détail. Elle occupe le poste de DRH dans un grand magasin de province et, alors qu’elle évoquait un des nombreux sujets de discorde entre la direction et les représentants du personnel, nos avis différèrent ce qui me valut la remarque suivante : « Tu es quelqu’un du siècle dernier ! ». Loin de m’en offusquer, je ne pus qu’admettre cette évidence : étant né en 1950, j’ai été formé et ai passé l’essentiel de ma vie professionnelle (et probablement de ma vie tout court) au XXe siècle.  Ensuite, j’ai réfléchi à ce constat…

Est-ce vraiment à cause de mon appartenance à ce temps révolu que j’ai certaines conceptions de la hiérarchie ou bien faut-il en chercher la genèse autre part ? Contrairement à M. Noiret dans Coup de torchon, à force de réfléchir, je suis arrivé à une conclusion et celle-ci est claire, nette et précise : si je n’ai jamais attendu de mes supérieurs qu’ils soient exemplaires et me suis, passée ma prime jeunesse,  abstenu de participer à tout mouvement revendicatif, ce n’est pas dû à mon appartenance à une quelconque génération mais plutôt à mon tempérament profondément individualiste. Une grande partie de la  génération soixante-huitarde à laquelle volens nolens j’appartiens et sur laquelle certains jeunes font peser la responsabilité de tous nos malheurs actuels, avait un sens très développé de la revendication et de l’action collective. Elle se voulait antihiérarchique, « libertaire », collectiviste. Tout ce que je ne suis pas.

Ce que je demande à un dirigeant à quelque niveau que ce soit, c’est de diriger et non d’être un parangon de vertu. Il y a bien longtemps que je n’ai pas ressenti le besoin de « modèles ». Tant que je suis d’accord avec ses options et quelque soit la manière qu’il prend pour les atteindre, je suis. Si, avec ou sans l’assentiment de ses subordonnés, il me semble qu’il va dans le mur ou qu’il m’y mène, je quitte. Ainsi ai-je démissionné trois fois dans ma vie et cela sans avoir de solution de remplacement. J’ai toujours fini par en trouver de plus ou moins satisfaisantes. Je n’ai jamais hésité non plus, du moins quand je le jugeais utile,  à exprimer mes divergences, souvent ironiquement, à ma hiérarchie. Ça ne s’est pas toujours bien passé, mais qu’importe ? A mes yeux, le rapport qu’on entretient avec ses supérieurs est individuel. Dans une grande structure,  le dirigeant immédiat ne fait souvent que mettre en application des directives venues d’en haut.  Il se peut que lui-même les désapprouve. En ce cas, il peut tenter de les contourner ou s’y soumettre à regret en attendant d’hypothétiques « jours meilleurs ».  On ne saurait donc lui en vouloir personnellement mais il n’empêche que, quand le désaccord devient insupportable, et que la direction prise l’est avec l’assentiment enthousiaste, tacite ou résigné de la majorité des parties prenantes, il devient impossible de rester en place.

Je ne crois pas que ma conception des choses soit celle d’un siècle ou d’un autre. Je crains même qu’elle n’ait été de mode à aucune époque tant le grégarisme est une tendance constante de l’humain.  Idéalement, je crois que plutôt que pour diriger ou être dirigé, j’étais fait pour être rentier ou à l’extrême rigueur travailleur  indépendant…

dimanche 25 janvier 2015

Le Danemark



Ce pays ne se contente pas d’être inutile, il est gênant. En effet, si la presqu’île du Jutland et les 443 îles qui le composent n’existaient pas, la navigation entre la Mer de Nord (à l’ouest) et la Mer Baltique (à l’est) en serait grandement facilitée. On pourrait même envisager la fusion de ces deux mers avec les économies d’échelles que ça impliquerait. Je m’étonne que personne n’ait songé à éliminer les disgracieuses excroissances que constitue ce royaume. La tâche ne serait pas difficile vu que le pays est plat comme ma main avec un point culminant, à 170,86 m (plus quelques centimètres quand une taupe s’y aventure). Quelques pelleteuses et camions nous en débarrasseraient en peu de temps et on pourrait vendre la terre ainsi récupérée aux Pays-Bas, histoire de relever un peu leur niveau.  Seulement, pour cela il faudrait un minimum de clairvoyance et de détermination, qualités hélas rares au sein de l’Union Européenne.   Donc, aussi regrettable que cela soit, ce pays existe encore. D’une superficie plus de douze fois inférieure à celle de la France (par pitié nous éviterons la comparaison avec la Russie), il est peuplé de 5, 6 millions d’habitants appelés Danois et d’on ne sait combien de chiens du même nom dont la taille est sans rapport avec sa superficie. Le climat y est adouci par la proximité du Gulf Stream ce qui donne des hivers pourris et des étés qui ne valent guère mieux. Quelques petits fleuves le parcourent. On ne soulignera jamais assez le mérite qu’ils ont de parvenir à la mer vu la faible déclivité. Remonteraient-ils à leur source qu’on ne saurait leur en vouloir.
Petite parenthèse : Les Danois ayant eu, comme nous le verrons dans la partie historique la sale manie d’aller ennuyer un peu tout le monde, ils ont rattaché à leur couronne le Groënland, vaste île d’Amérique où grâce au réchauffement climatique ils ont pour projet de faire pousser des bananes et autres fruits exotiques. Les îles Féroé, archipel de peu d’intérêt situé au diable vauvert lui sont également liées. Mais, vu le peu d’intérêt de ces territoires, nous n’en dirons pas plus.

Du point de vue de l’histoire, comme nous l’esquissions plus haut, la constante principale de cet état a été d’emmerder ses voisins. A partir de son territoire, comme autant de vols de gerfauts hors de leur charnier natal, des Vikings partirent piller l’Europe. Unifié et converti au christianisme sous le règne d’Harald à la dent bleue (bonjour l’hygiène buccale !), il put donner libre cours à sa nocivité. Ainsi, un certain Knut le Grand parvint même un temps à régner sur l’Angleterre et la Norvège. Le Danemark parvint longtemps à unifier sous sa férule l’ensemble de la Scandinavie. A partir de 1814, cependant, son influence dépérit et il se trouva encore plus réduit par la guerre des duchés qui lui arracha 1864  le Schleswig-Holstein au profit de la Prusse. Suite à la défaite de l’Empire allemand, les Danois parvinrent à récupérer une partie du Schleswig en 1920 alors que, pleutres, ils étaient restés neutres lors du premier conflit mondial. Occupé par son puissant voisin du sud durant le second, le Danemark abandonna  ensuite sa neutralité et rejoignit l’Otan. Membre de l’Union Européenne depuis 1973, il n’alla cependant pas jusqu’à rejoindre l’Euro.

L’économie danoise est florissante, classant ses habitants parmi les plus riches du monde, ce qui prouve si besoin était qu’il n’y a de succès que pour la crapule. 32% de son PIB provient des exportations. On y produit en quantité des éoliennes, des panneaux photovoltaïques, du beurre, du bacon, des rollmops, de l’ameublement, du matériel médical, des machines, de l’électronique et même de la bière que les étrangers ont la coupable folie de leur acheter.

Pour ce qui est de la culture, disons que ce n’est pas le Pérou (et pourtant, le Pérou, pour la culture…). On y parle une langue gutturale qui donne à tout être accessible à la  pitié l’envie de taper dans le dos de ses locuteurs tant elle laisse penser qu’ils ont avalé de travers et sont sur le point de suffoquer. La religion traditionnelle est le luthérianisme. On y est traditionnellement social-démocrate même si entre 2001 et 2009 une alliance libéralo-conservatrice avait laissé poindre une lueur d’espoir. La littérature danoise est quasi-inexistante. Mis à part Hans Christian Andersen  qui fit beaucoup pour l’alarme incendie et Herman Bang, célèbre pour son gang, rien à signaler. Côté musique pas grand-chose non plus. Cinéma : à part Carl Theodor Dreyer qui nous fit beaucoup rire et un certain Lars von Trier dont les déclarations font frémir ceux qui se plaisent à frémir, rien. Quant à sa peinture, seuls ceux qui pensent que Leonardo Da Vinci et Vincent Van Gogh étaient danois la vantent.

Alors un petit voyage à Copenhague ? Est-ce vraiment envisageable ?

PS. Ouf, j’en ai fini avec la Scandinavie, région que ceux qui veulent nous voir mourir d’ennui souhaiteraient nous faire imiter ! Quel soulagement !

samedi 24 janvier 2015

Mauvaise tête et mauvais cœur !



J’ai mauvais cœur. Je n’en ai même pas honte : la seule chose qui m’ait bouleversé ces derniers temps, c’est le flot de conneries qui a submergé la France, façon tsunami,  suite aux récents  attentats. Il y aurait un avant et un après 11 janvier 2015 ! C’est l’évidence même. Comme il y a eu un avant et un après le lendemain de ce jour ou de tout autre jour passé. Les événements qui ont provoqué cette formidable mobilisation n’ont même pas fait chavirer mon cœur. Il est mauvais, jusqu’au trognon, je ne le répéterai jamais assez. Je n’arrive pas à m’indigner, même quand on m’y engage instamment. Et cela pour une bonne raison : j’ai également mauvaise tête. C’est comme ça, je n’y peux rien.

Peut-être me suis-je trop intéressé à l’histoire, laquelle est, qu’on le veuille ou non, largement parsemée d’épisodes autrement sanglants.  Pour tout arranger,  j’ai de la mémoire. Des trente glorieuses, je n’ai manqué que les toutes premières.  On les présente comme un paradis irrémédiablement perdu. N’empêche qu’à la radio, à la fin des années cinquante et au tout début des soixante, j’entendais parler des « événements » d’Algérie lors de chaque bulletin d’information. J’apprenais qu’un « accrochage » dans la région de Blida, de Sidi Bel Abbès ou de tout autre lieu avait infligé aux fellaghas de lourdes pertes tandis que les nôtres étaient sempiternellement légères. La légèreté des  pertes humaines est une notion bien relative. A force d’être légères les pertes accumulées finissaient par chiffrer : 25 000 soldats tués, 70 000 militaires blessés, 400 000 victimes civiles des deux bords, tout ça en moins de huit ans. Une paille ! Pas de quoi troubler une époque idyllique !  Vous me direz que ces plus ou moins braves jeunes gens ne dessinaient pas des dessins finement rigolos, qu’ils ne symbolisaient pas-la-liberté-d’expression-à-laquelle-notre-chère-république-est-si-attachée. Non, ce n’étaient pour plus de la moitié des tués que des ploucs qu’on arrachait à leur cambrousse pour les envoyer découvrir les charmes du bled. 13 000 appelés du contingent n’en revinrent jamais. Près de 150 par mois. Pour eux, pas de légion d’honneur à titre posthume. Aucun ministre ne venait partager la peine de leurs parents ou alliés. Pas la queue d’une cellule de soutien psychologique pour les survivants. Pas le plus restreint défilé unanime.  Le bon temps, je vous dis !

Alors, ma mauvaise tête prend toujours le pas sur un cœur irrémédiablement  mauvais et m’oblige à mettre en perspective les drames d’aujourd’hui, d’en voir le côté relatif et m’interdit de verser des larmes de crocodile. Plutôt que l’émotion tout drame devrait susciter la réflexion. On y vient, timidement, mais n’importe comment, quand on part sur des bases fausses, il est difficile d’arriver à de justes conclusions. Trop d’antipodisme fait oublier comment on marche sur ses pieds.De même, offrir des jumelles à une autruche n'est pas très utile...